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On ne voit point quand ce jour a ceffé d'étre jeûné, ni quand il a commencé d'être fête, au moins Belete qui vivoit à la fin du douziéme fiécle n'en parle point on fçait feulement qu'Eudes de Sully Evêque de Paris, voulant abolir les boufonneries qui fe faifoient en ce jour, ordonna que dorénavant la Circoncifion feroit célébrée à la maniere des autres fètes fimplement dou bles, ce qui marque qu'elle ne l'étoit pas auparavant. Nous avons encore une lettre de la Faculté de Theologie de Paris de l'am 1444. écrite aux Evêques de France pour achever d'extirper ces excés: elle eft à la fin des œuvres de Pierre de Blois.

Chez les Chartreux & en d'autres endroits aux Vêpres de cette fête on dit les antiennes & les pfeaumes du jour de Noël ; Tecum principium; & fi la Circoncifion vient un Dimanche, on fait mémoire du Dimanche aux Vêpres & à Laudes avec l'orai fon Omnipotens.... dirige actus. Dans Ulric on voit que l'Evangile de ce jour étoit celui de Noël; Paftores loquebantur, auquel on ajoûtoit Et poftquam confummati funt

dies octo.

Les jours qui fe trouvent entre la Circoncifion & l'Epiphanie font occupez des jours d'octaves de faint Etienne & des autres, mais cela n'eft dans aucun ancien mar

tyrologe, ni dans Amalaire, quoiqu'on le cite ordinairement comme s'il en avoit parlé, non plus que dans Adon. Il faut que ces octaves foient des derniers fiécles.

Mais le Dimanche entre la Circoncifion & l'Epiphanie fe lit en plufieurs ordinaires, Dominica prima poft octavas natalis. Dans les ordres Romains il y a feulement Dominica prima poft natale Domini, fans dire fi c'étoit après Noël ou après fon octave. Dans le miffel gothique il n'y a point de Dimanche après Noël, mais après la Circoncifion; Dominica poft Circumcifionem. La premiere Epître eft d'Ezechiel 43. Fili hominis, hi funt ritus altaris. La feconde Epître, Ephefe 1. v. 3 Benedictus Deus & Pater D. N. J. C. l'Evangile, Matth. 9. Obtulerunt turba hominem damonium habentem.

DE LA FESTE DE L'EPIPHANIE, de fa Vigile, & de fon Octave.

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Ette fête étoit d'aborden Orient celle de la naiflance de J. C. on la célébroit l'onzième jour du mois de Tibi, felon les Egyptiens, qui répondoit au fixiéme Janvier des Haref.1. Romains, dit S. Epiphane. Caffien nous ap prend auffi que l'ancienne tradition de l'Êgypte étoit que J. C. étoit né le jour qu'il

Tom s'

avoit été baptifé, & on célébroit en même jour ces deux myfteres; Utriufque facra- collat. 10: menti natalem non bifarie ut fub occiduis provinciis, fed fub una die hujus feftivitatem celebrant. Saint Chryfoftome prêchant à An- ferm. 3 tioche le jour de Noël, avoue qu'il n'y avoit que dix ans que l'Orient connoiffoit cette fête, & qu'il l'avoit reçûë de l'Eglife d'Occident; Nondum decimus annus eft, ex quo hic ipfa dies manifefte nobis innotuit. Saint Ifidore de Damiette ne reconnoît la fête de Noël que fous le nom de Theophanie; Theophania aut carnalis Chrifti nativitas. Saint Grégoire de Nazianze a fait deux dif- Serm. 38. cours, l'un de la Theophanie ou de Noël, l'autre de l'Epiphanie ou du baptême de J. C. & donne la raifon pourquoi l'une de ces fêtes s'appelle Noël & Theophanie.

On voit neanmoins ces deux fêtes diftinguées dans les conftitutions Apoftoliques; In ipfo die natalis vacent, pour Noël; In die fefto Epiphania vacent, voilà l'Epiphanie. Saint Jerôme appelle Epiphanie le jour in Ezech que J. C. avoit été baptifé : ce jour fut ainsi nommé à cause du témoignagne qu'il y reçût, où fa gloire fut manifeftée: au lieu que le jour de fa naiffance, fut un jour d'obfcu rité & d'humiliation pour le Sauveur. Il réfulte de là que l'Eglife d'Antioche eft la premiere dans l'Orient qui fe conforma aux

rat. 20.

Occidentaux, & qu'on a inferé cette fête depuis dans les conftitutions: car faint Epiphane, faint Grégoire de Nazianze, n'auroient pû ignorer ce qui eft porté par ces conftitutions.

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On ne peut nier que l'Epiphanie ne fût une des grandes folemnitez de l'Eglife, fur tout quand on y joignoit celle de Noël; Eib. 1. auffi Ammien Marcellin rapporte que Julien, qui fut depuis Apoftat, fe trouva avec les Chrétiens dans l'Eglife le jour de l'Epiphanie: c'étoit à Vienne en revenant de Paris; Feriarum die quam celebrantes mense Fanuario Epiphaniam diclitant, progreffus in Ecclefiam folemniter numine adorato, dif ceffit. L'Empereur Valens affiftoit auffi à Poffice ce jour là, comme le rapporte faint Grégoire de Nazianze & y admira la foule innombrable de peuples, & le bel ordre avec lequel faint Bafile pontifioit; Erat autem Epiphania dies cœtufque ampliffimus. Ce Pere ne rapporte point cette fête à l'adoration des Mages, mais au feul baptême de Heref.s. J. C. & àf. Nativité. Saint Epiphane y joint le miracle fait aux nôces de changer l'eau en Serm. 19. vin. Saint Auguftin dit qu'on s'étoit partagé dans l'Eglife Latine fur l'objet de cette folemnité; les uns y célébroient l'adoration. des Mages, d'autres le baptême de J. C. en d'autres licux c'étoit fon premier mira

cle qu'on honoroit. Saint Paulin dans ses earm. §. Poëlies dit la même chofe. Depuis ces trois objets ont été réunis en une feule fête, d'où vient la célébre antienne; Tribus miraculis, ornatum diem colimus. Saint Maxime de Homil, 6. Turin parle auffi de ces trois fêtes réunies de Epiph. en une même folemnité, fans qu'on pût dire laquelle des trois étoit arrivée le lix Janvier. Et faint Ifidore de Seville; Tribus offic. lib caufis hac dies Epiphania dicitur quia Chrif. 1. c. 16. tus in baptifmo...& quòd eo die fideris ortu Magis eft proditus five quod primo figno per aquam vinum factam... Quelques-uns ont cru que l'Eglife a joint cette triple gloire de la manifeftation de J. C. pour l'oppofer au triple triomphe de l'Empereur Augufte, que les payens folemnifoient à Rome le fix Janvier, comme le rapporte Orofe. Lib. Epiphanie s'interprete ordinairement ma- . 18. nifestation, mais plufieurs prétendent qu'il fignifie préfence, & que Theophanie veut dire préfence de Dieu, le Pere aiant fait fentir fa préfence au baptême de fon Fils: conformément à ce que les Payens, longtems avant le Chriftianifme emploioient ce terme pour marquer la préfence de leurs dieux quand ils s'imaginoient qu'ils avoient fait quelque miracle, comme on voit dans Plutarque. En France on appelle commu- Lib. de nément cette fête les Rois, cela eft fondé music.

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