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afin que ceux qui lifoient ou qui chantoient fuffent mieux entendus, Efdras fit élever un marche-pied de bois qui l'élevoit au-deffus du Peu le pour fe faire enEfdr. 1.2. tendre lorfqu'il fifoit la loy de Moyse: Stetit Efdras fuper gradum ligneum quem fecerat ad loquendum. S. Cyprien l'appelle tribune, Tribunal ecclefia; on le nomme encore lutrin ou letrin de lectum ou lego, parce qu'on y lifoit. Jubé,parce qu'avant que de lire on en demandoit la permission au fuperieur en difant jube. Ce n'étoit d'abord qu'un degré, ou marche-pied; chez les Chartreux le diacre n'eft encore élevé que fur une planche de bois. Dans les grandes églifes où il y avoit un grand peuple, on montoit plufieurs degrez pour être plus élevé & fe faire entendre de plus loin; auffi dans l'ordination des lecteurs, l'évêque leur dit: Dum legitis in alto loco ecclefia, ftetis, ut ab omnibus audiamini. Durand dit de même, que le diacre monte à un lieu fort élevé pour être mieux entendu : Afcendit diaconus ut in edito & alta voce, annuntiet Evangelium ubique & ab omnibus audiendum.

On voit à Rome dans l'église de saint Clement, qui paffe pour la plus ancienne de cette ville, trois jubez, l'un tourné vers l'autel pour y lire l'épître, l'autre tourné

vers le peuple pour y lire les prophéties, & un troisième à gauche un peu plus élevé & plus orné, fur lequel on lit l'évangile.

En plufieurs églifes de France on lifoit l'épître fur un pupitre au milieu du chœur,& on ne montoit au jubé que pour l'évangile, ce qui s'obferve encore à Lyon & à Vienne ; dans la plupart des autres

on monte

au jubé pour lire l'épître & l'évangile, en quelques églifes il y a deux tribunes, l'une pour l'épître & l'autre pour l'évangile : les Mofcovites font lire l'épître & l'évangile hors du chœur, afin qu'ils puiffent être mieux entendus du peuple.

On faifoit lire ordinairement l'épître par des lecteurs; on leur donnoit un livre à leur ordination pour leur apprendre qu'ils étoient destinez à lire les leçons dans l'églife, & ce n'eft que depuis le feptiéme ou le huitiéme fiécle que cela eft réfervé aux foudiacres, on les faifoit lire quelquefois

par

Hist. c.7.

des prêtres, & Gregoire de Tours parle Lib. 8. d'un évêque de Saintes nommé Palladius qui lifoit la leçon tirée des prophetes.

Le Soudidiacre aprés avoir lû l'épître remonte à l'autel & baife la main du célébrant. En quelques églifes le célébrant lui donnoit fa bénédiction, cela fe trouve dans le livre des Miracles de faint Dunftan écrit de Lanfranc, où un chapelain

du

temps

Sæcul

તે

Seul. dit, qu'aprés avoir lû l'épître il étoit ven Benedic. fe jetter à fes pieds recevoir fa bénédiction Cumque perfecta à me fuisset epiftola, ad pedes illius acceffi, benedictionem petii, & ita cum benedi&tione ejus convalui. Dans un ancien miffel de Bayeux aprés l'épître le foudiacre vient demander la bénédiction au célébrant qui la lui donne, lui faifant baiser fa main, & difant: In nomine Patris

de verbis

Apoft.

Lectâ epiftola Sub liaconus genuflexus petit benedictionem dicens Bene licite: Epifcopus fignans eum dicit: Bene lietus tu & fermo oris tui, In nomine Patris, & Filii, & Spiritus fancti.

D. Pourquoi dit-on le graduel ou le trait aprés l'épître ?

R. Entre les leçons on chantoit ordinairement un pfeaume ou plufieurs; saint Auguftin parle fouvent du pfeaume qu'on Serm. 8. chantoit aprés l'épître : Apoftolum audivimus, pfalmum audivimus, & ailleurs, primam lectionem audivimus Apoftoli; deinde cantavimus pfalmum, poft hæc Evangelica lectio. On appelloit ce pfeaume graduel, parce que les chantres le chantoient fur un degré élevé pour être mieux entendus, comme le marque Amalaire: Lector & cantor in ap. 17. gradum afcendunt more antiquorum; cela fe trouve dans le concile de Laodicée, non oportet prater canonicos cantores qui fuggeftum

Lib.

3.

afcendunt, alium in ecclefia pfallere. Le livre fur lequel on chantoit étoit fur une eftrade ou lieu élevé, & il n'y avoit que les chantres marquez qui y chantoient.

Ce pfeaume ou graduel fe chante à Rome fur les degrez du jubé ou du lutrin, in gradu ambonis; en d'autres églifes, comme à Rheims, fur les degrez du fanctuaire, in gradibus fanctuarii.

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Le graduel eft appellé pfalmus refponforius, Lib. 8. par Gregoire de Tours, parce qu'on le Hiff.c.3. difoit comme un répons aprés l'épître, ou qu'on le chantoit en répons, car ce pfeaume eft appellé Répons ou Trait, felon la maniere qu'on le chantoit; quand les chantres chantoient feuls, & qu'enfuite le chœur y répondoit, cela s'appelloit répons & c'étoit l'ancienne maniere de chanter les pfeaumes; cela paroît par la fœur de Moyfe qui formoit un choeur avec les autres femmes, chantant elle-même la pre-. miere puis les autres lui répondoient en répétant ce qu'elle avoit chanté: Sumpfit Exod. Maria tympanum in manu fua, egreffeque c.15.0.10 funt omnes mulieres poft eam cum tympanis & choris, quibus pracinebat dicens, Cantemus Domino, gloriofe enim magnificatus eft; où l'on voit qu'elle chantoit la premiere pracinebat, d'où eft venu le nom de pracentor, qu'on donne à celui qui chante le premièr au

chœur, au lieu que le fuccentor étoit celui

qui répétoit en chantant aprés ; aussi saint Lib. 1. Ifidore affure que les répons n'étoient ainsi Offer. c.8. nommez, que parce que tout le chœur répondoit à ce que le chantre avoit chanté le premier: Refponforia vocata funt hoc nomine, quod uno canente, chorus confonando respondet; cela s'observe encore dans l'alleluia qui fuit le graduel; car aprés que car aprés que les chantres l'ont chanté, le chaur le répete, & aprés le verfet on le répete encore : on répetoit ainfi dans un pfeaume le premier verset à chaque verfet que le chœur chantoit.

On appelloit Trait le pfeaume qui fe chantoit tout de fuite fans interruption, fans reprise & fans reclame, Trait de tractim dicere, comme on fait encore au temps de la feptua gefime où les chantres chantent feuls le trait, fans être interrompus ni accompagnez par le chœur.

Ce que nous appellons graduel & trait étoient des pfeaumes entiers qu'on a abregez en les réduifant à quelques verfets, il n'y a que certains jours qu'on a retenu le pfeaume entier, comme le premier dimanche de Carême, celui des Rameaux, le Ven dredy faint, & quelques autres jours.

Il n'y a des traits en Carême que le lundy, le mercredy & le vendredy, parce qu'autrefois qn ne s'affembloit que ces

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