Imágenes de páginas
PDF
EPUB

pénitencier qui les donne au Pape ; en d'autres Eglifes c'eft le pénitencier qui fait la ceremonie des cendres. Dans la fuite les perfonnes mêmes de pieté s'en firent mettre fur la tête pour marque d'humiliation, ainsi que dans les afflictions, les occafions de deuil & de douleur, on fe couvroit de pouffiere; rien ne faifoit plus paroître fon abbaiffement qu'en mettant fur fa tête ce Cap. 4. qui eft foulé aux pieds; Cum fuerint cinis

2.3.

fub planta pedum, dit Malachie, les pécheurs feront foulez aux pieds comme la cendre l'eft fous la plante des pieds. Chacun fe faisant alors pénitent volontaire, on fe préfentoit pour recevoir la cendre, & cette ceremonie eft devenue generale pour le Clergé même & pour les Evêques Dans Can. 4. le concile de Benevent en 1091. il est dit que le jour des cendres tous clercs, laïques, hommes & femmes, recevront des cendres fur leurs têtes.

porte

de

La proceffion qui fe fait en ce jour étoit
pour conduire les penitens à la
Ï'Eglife, on la faifoit nuds pieds en plu-
fieurs monafteres, comme l'ordonne Lan-
franc dans fes ftatuts, Difcalceent fe ad
proceffionem. A Cluni cette proceffion se fai-
foit nuds pieds les mercredis & les vendre-
dis, & faint Odilon permit de fe chauffer
depuis les calendes de Novembre jufqu'au

1

1

jour des Cendres à caufe du froid de la faifon. A Laon on va faire les cendres en une Eglife particuliere, comme à Paris à faint Christophle.

DU CAR ESM E.

Lobfqucas font établis fur les exemples
Es quarante jours de jeûnes que nous

de Moïfe, d'Elie, & principalement de J.C. Lib. 3.
qui fanctifia le jeûne des Chrétiens, dit faint cont. v.
Jerôme; Dominus quadraginta diebus jeju-
nium Chriftianorum fanctificavit. Saint Au- Ep. 119.
guftin l'a dit de même. Il n'eft pas aifé de
montrer par Tertullien l'ufage du Carême
parmi les Catholiques. A la verité Montan
vouloit qu'on en obfervât trois ; & Tertul-
lien parlant des Catholiques, dit qu'ils
étoient perfuadez que J. C. n'avoit com-
mandé à fes disciples de jeûner qu'aux jours
que l'Epoux leur feroit ravi (ce font les deux
jours avant Pâques) & que les Apôtres
avoient laiffé à chacun la liberté de jeûner
felon fa dévotion. Certe in Evangelio dies Lib. de
illos jejuniis determinatos putant in quibus jejun.
ablatus eft fponfus, & hos effe folos legitimos
jejuniorum chriftianorum, abolitis legalibus
&propheticis vetuftatibus. Itaque de cetero
indifferenter jejunandum ex arbitrio, non ex

imperio nova difciplina, pro temporibus & cav fis uniufcujufque ; fic & apoftolos jejunasse, nullum aliud imponentes jugum certorum & in commune omnibus obeundorum jejuniorum. Ep. 54. Mais S. Jerôme affure que c'étoit une tradition venue des Apôtres de jeûner un Carême, & non trois comme Montan. Nos unam Quadragefimam fecundum traditionem Apoftolorum, toto anno, tempore nobis conCan so. gruo jejunamus. Le concile de Laodicée condamne ceux qui rompoient le jeûne du Carême le Jeudi-faint; Oportet per totam qua dragefimam jejunare.

Can. S.

Le concile de Nicée parle du Carême. S. Epiphane dit que c'est la coûtume de l'Eglife de jeûner quarante jours avant la femaine-fainte; Ante feptem Pafchalis dies quadragefimam obfervare, atque in jejuniis perfeverare, eadem confuevit Ecclefia. Saint Ort. Bafile dit que l'ordonnance s'en publioit de jejun. tous les ans par toute la terre; Per univer

[ocr errors]

.

fum terrarum orbem denuntiatur jejunii præconium. Saint Gregoire de Nyffe & S. Chryfoftome font pleins d'exhortations à jeûner le Carême.

Le jeûne confiftoit à s'abftenir de chair & de vin, & ne faire qu'un repas vers le foir. S. Jerôme met la rigueur du jeûne à fe contenter de pain & d'eau ; Fortiffimum jejunium eft aqua & panis. Il permet des legu

mes, rarement des petits poiffons, & un Ep. ad peu de vin aux infimes.

Latam.

jejun.

S. Auguftin fait confifter le jeûne à s'ab- Lib. so. ftenir de chair & de vin; Si quadragefima contra Fauftum. fine vino & carnibus, non fuperftitiofe, fed divinâ lege fervatur. Saint Bafile défend la Orat.de chair & le vin aux jours de jeûne, & rappelle les hommes aux legumes & à l'eau, felon le premier ufage avant le déluge. Saint Gregoire de Nyffe ne permet que les légu- Serm. de mes & l'eau, encore en défend-il les affaifonnemens.

A'Rome on ne mange point d'œufs ni de lait quelque jeûne que ce foit. A Rouen la tour où eft la cloche, nommée George d'Amboife, cft appellée la tour de beurre, pour avoir été conftruite par les fideles, qui ont eu la permiffion de manger du beurre en Carême, ce qui étoit défendu. A Paris toutes les parroiffes vont encore en proceffion à la Cathedrale pour obtenir la permiffion d'ufer de laitage pendant le Carême.

Le jeûne confiftoit principalement à ne manger qu'une fois le jour & au foir, felon tous les anciens, tels que font S. Ambroife, S. Jerôme, S. Auguftin, Caffien & d'autres; Dîner & jeûner, Prandere & jejunare sont deux termes entierement oppofés; parce que jeûner n'étoit autre chofe que ne pas

jejun.

dîner; mais differer fa refection jusqu'au foir; Stationes in vefperam producimus, dit De jejun. Tertullien, & cela s'eft pratiqué durant plus de douze fiecles. Theodulphe d'Or

in Quadr.

leans prononce encore que ce n'est point Cap. 37. jeûner que de manger avant que l'office de Vêpres foit achevé au soir ; Nullatenus jejunare credendi funt, fi ante manducaverint, quam vefpertinum celebretur officium. Saint Benoît en a fait un ftatut dans fa regle; cette coûtume duroit encore du tems de Serm. 3. S. Bernard, qui difoit à fes religieux qu'avant le Carême ils avoient jeûné feuls jufqu'à l'heure de None; mais que dans le Carême tous les fideles jeûnoient jufqu'au foir; Hactenus ufque ad Nonam jejunavimus, nunc ufque ad vefperam jejunabunt nobifcum 2.1.q. univerfi. Saint Thomas prescrit encore la 147. ^ 6. neceffité de cet ufage de ne manger qu'une fois aux jours de jeûne, par la coûtume univerfelle de l'Eglife; Communis confuetudo populi chriftiani; & parce que cette unique réfection fuffit pour entretenir la fanté, & qu'elle fert à mortifier notre corps; Ecclefia moderatione ftatutum eft, ut sem:l à jejunantibus comedatur.

Les Grecs confervent encore religieufement cette maniere de jeûner jufqu'au foir; ils ne font qu'un repas dans les jours de jeûne après le foleil couché. Les Juifs jeû

« AnteriorContinuar »