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fainte, dit qu'on appelle cette femaine la « grande femaine, parce que J. C. a operé de « grands myftéres en ce tems; il a délivre les hommes de la tyrannie du démon, il a « vaincu la mort, lié le fort armé, effacé le « pêché. Mais comme cette femaine eft la « grande femaine, parce qu'elle eft la pre- « miere des femaines, par la même raison le « samedi eft appellé le grand jour ; c'est ce qui fait que plufieurs fidéles augmentent en « ces jours leurs éxercices; quelques-uns font des jeûnes plus auftéres ; d'autres les « paffent en veilles continuelles ; & d'autres « font de grandes aumônes. Les Empereurs mêmes honorent cette femaine, & accor- « dent les vacances à tous les Magistrats, afin que délivrés des foins du monde, ils paffent « ces jours dans le culte de Dieu. Ils ̃hono- « rent encore ces jours, en envoyant par tout < des lettres par lefquelles ils veulent qu'on " ouvre les portes des prifons. Honorons " donc ces jours, & au lieu de rameaux & “ de palmes offrons notre cœur à J. C. Tou- " tes ces paroles font de S. Chryfoftome.

DE L'OFFICE DU JEUDI-SAINT,

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Ien n'eft plus conforme à l'ancienne maniere de dire l'office, que celui de ces trois jours, de commencer par les pleau

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mes, de n'avoir ni Domine labia, ni invitatoire, ni hymnes; d'avoir des leçons de l'ancien Testament au premier nocturne, de lire les traités des Peres aufecond, & le nouveauTestament au troifiéme.Il n'y a donc aucun myftere dans toutes ces chofes qu'une confervation de l'ancien ufage, & toutes les différentes explications myfterieufes qu'on s'eft efforcé d'y donner depuis, font tout au plus des pensées ingenieuses qu'on s'eft efforcé d'inspirer aux fidéles pour entretenir leurs pieté dans ces jours; car la vraye raison & la feule pour laquelle cet office s'eft confervé, c'eft qu'on a regardé l'office de ces trois jours comme l'office des obfeques de J. C. & on l'a rendu tout conforme à celui des morts. Il paroît feulement furprenant que les moines qui devoient le moins introduire des nouveautés dans leur office, ayent été les premiers à changer celui de ces trois jours, & qu'au lieu d'imiter l'Eglife Romaine qui n'avoit ofé toucher à l'ancienne fimplicité de ces trois jours, ils ayent au contraire renversé et ordre, pour rendre l'office de ces jours conforme aux autres jours. Cela paroît par Abaëlard qui fe plaignit à faint Bernard même que les religieux de Cîteaux chantoient matines avec l'invitatoire, une hymne, trois leçons, trois répons avec Gloria Patri durant

les derniers jours de la semaine-fainte, ce qu'Abaëlard dit être contraire aux pratiques de toute l'Eglife, qui par le retranchement de ces prieres joycufes, témoigne la trifteffe où elle eft à la confidération des fouffrances & de la mort de J. C, dont on fait comme les obfeques, & qu'on a donné le nom de Tenebres à ces vigiles, à caufe des tenebres où l'on entre en éteignant les cierges. Ubi Ep.si &invitatorium & hymnum cum tribus tantum lectionibus & refponforiis cum Gloria contra omnem ecclefiæ morem &, ut dicitur, rationem, nos dicere inftituiftis. Cùm enim hoc triduum tanquam exequia Domini in luctu peragatur, atque hinc vulgo horum dierum vigilia nuncupantur Tenebra, quod extinctis ibi luminaribus maror hic exprimitur. Saint Bernard répondit pour juftifier fon ordre, qu'il fuivoit ce que faint Benoît avoit prefcrit par fa regle. Cet ordre de faint Benoît étoit de dire toûjours l'office de la même

maniere.

Cependant Hildemar rapporte que dans l'affembée qui fe tint à Aix-la-Chapelle du tems de Louis le Débonnaire, on étoit convenu de fe conformer à l'ufage de Rome dans la maniere de dire l'office durant ces trois jours malgré la réfiftance des autres, Amalaire dans fon fupplément aux offices diyins femble attribuer à faint Gregoire la

difpofition de ces offices, & dit qu'en quelques monaftéres on ne difoit ni invitatoire Supplem, ni hymnes; In quibufdam locis non ignoro in paffione Domini tribus noctibus duodecim Pfalmos & duodecim lectiones cum refponforiis agi, ubi prætermittuntur hymni & cantici, quippe qui pertinent ad lætitiam, officia in choationis,itemque invitatorium non recitant, Prefque tout l'ordre de faint Benoît & Cîteaux même depuis faint Bernard s'eft conformé à l'ufage de Rome qui eft celui de toute l'Eglife, & j'aurois bien mieux aimé que les reviseurs du nouveau breviaire de Cluni, qui fe difoient fi amateurs de l'antiquité euffent toûjours confervé ce refte d'antiquité en fe conformant à toutes les autres Eglifes durant ces jours, que d'avoir inferé l'invitatoire, l'hymne, le Te Deum, & autres prieres qui ne fe difoient point avant S. Benoît, &peut-être même du tems de S.Benoît; car bien des gens prétendent, & ce n'eft pas fans fondement,que ce qui regarde l'office divin dans cette regle a été pris de lafregle de Ghrodegand,& inferé ou ajoû té à celle de S. Benoît, à cause de la conformité des chofes & des termes, & auffi parce que cette regle n'a reçû fa derniere perfection que dans le concile d'Aix-la-Chapelle du temps de Louis le Debonnaire. On trouve dans les ftatuts de Lanfranc, dans

Ulric,

Ulric, dans tous les Breviaires Benedicins, dans ceux de Câteaux, chez les Chartreux & autres, qu'on ne dit ni Te Deum, ni l'Evangile à Matines, ni capitules, ni verfets, ni Gloria Patri aux pleaumes ni aux répons, qu'on répetoit feulement le dernier répons de chaque nocturne, qu'on ne dit point fube avant les leçons, ni Tu autem à la fin, que l'office fe fait comme celui des Morts, chaque heure commençant par l'antienne & le pfeaume; qu'elles finiffent par Kyrie eleifon, par le Pater & les prieres, que l'oraifon Refpice fe dir fans Domine exaudi, ni Dominus vobifcum, & fans Benedicamus à la fin. Voilà les anciennes rubriques des Chartreux; His diebus nec Deus in adjutorium, nec hymnos, nec Te Deum, nec Evangelium ad Matutinas, nec capitula, nec verfus, nec Gloria Patri ad pfalmos & refponforia, tertia refponforia iterato dicuntur; nec fube domne ad lectiones, nec deprecatio, nec benedictio,nec Tu autem dicuntur ; fed more lectionum mortuorum finiuntur matutina & laudes, & vefpera a fuis incipiunt antiphonis; reliqua hora à fuis inchoantur pfalmis.

Dans Amalaire on voit que Theodore ar- Amalar chidiacre de Rome dit qu'il n'avoit point Lib. 4. ᏞᎥᏓ vû éteindre les cierges la nuit à l'office en l'Eglife de S. Jean de Latran où le Pape affi

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C.44.

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