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Le fujet ordinaire étoit l'Evangile qu'on venoit de lire, c'eft pour cela que nos Prédicateurs d'aujourd'hui, lors qu'ils prêchent les Dominicales ou le Carême, prennent toujours pour texte un verfet de l'Evangile du jour, quoique fouvent ils parlent de tout autre matiere.

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On appelle ordinairement Prône le difcours que l'on fait pendant la meffe, foit parce qu'il fe fait au milieu de la nef, in pronao, où eft la chaire du prédicateur foit parce qu'on y proclame les bans de mariage & autres chofes qu'il faut annoncer au peuple, comme fi pronaum venoit de praconium, ou par abregé praonium. Le nouveau Rituel de Paris dir, que le Prone: eft le fermon que le Pasteur fait à fon peuple au milieu de la meffe: Pronaum quod pronum dicitur, eft fermo quem parochus inter mif farum folemnia habet ad plebem.

D. Comment divife-t-on le Prône

Decretal..

R. Le Prône a trois parties; dans la pre miere on annonce les fujets pour lesquels on va prier, conformément au concile Part d'Orleans rapporté par Yves de Chartres mais avec cette difference que ces prieres. felon le decret, fe difoient après l'inftruction, au lieu qu'aujourd'hui elles la précedent on commençoit donc par la prédi cation: In diebus Dominicis vel felis poft fer Ск

monem intra miffarum folemnia habitum, pl bem facerdos commoneat ut juxta apoftolican inftructionem, omnes in commune pro diver fis neceffitatibus preces fundant pro Rege, & Epifcopis, & rectoribus Ecclefiarum, pro pace, pro pefte, pro infirmis, qui in ipfa parochia lecto decumbunt, pro nuper defunctis in quibus fingulatim precibus plebs orationem Dominican Jub filentio dicat, facerdos vero orationes ad boc pertinentes per fingulas admonitiones folemniter expleat. Poft hac facra celebretur oblatio. Les Capitulaires de Charlemagne recommandent la même chofe; on trouve dans faint Auguftin que les annonces fe faiSerm. 1. foient après le fermon, Poft concionem quod novit charitas veftra, fuggerimus.... Dies anniverfarius ordinationis Domni fenis Aurelii craf tinus illucefcit; rogat & a limonet per humilitatem meam charitatem veftram ut ad bafilicam Faufti devotiffime convenire dignemini. Deo gratias.

Lib. 5.

Dans la feconde partie du Prône on doit expliquer l'Evangile où quelques fujet de doctrine ou de morale, comme l'orSeff. 22. donne le concile de Trente, Paftores fre8.8. quenter inter miffarum celebrationem ex iis qua Seff. 24. in miffa leguntur, aliquid exponant, ce qu'il de refor. repete encore en un autre endroit : ainfi il paroît que c'étoit toujours le matin & au milieu de la meffe que fe difoit le fer

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mon. Le matin étoit le tems du fermon, comme il l'eft encore du Prône; & dans les cathedrales on ne prêche encore que le matin : on n'a commencé à prêcher l'après-midi que depuis les Mandians, qui faifoient prêcher en leurs églifes après Vêpres; & à leur exemple les Curez ont auffi fait prêcher le foir dans leurs Paroiffes, pour retenir leurs peuples chez eux. L'ancien ufage s'eft cependant confervé, en ce que c'eft le curé qui eft chargé du fermon ou prône du matin: car pour celui de l'après-midi, c'eft ordinairement à la fabrique à le faire prêcher.

Dans la troifiéme partie du Prône on doit annoncer les préceptes de l'Eglife; celui d'entendre la meffe de Paroiffe, les jeûnes & 1es fêtes qui pourroient fe rencon trer dans la femaine; publier ceux qui auroient encouru l'excommunication ou

qui la pourroient encourir, proclamer les bans de mariages.

D. N'eft-ce pas auffi dans le Prône qu'on doit chaffer les excommuniez de l'Eglise avant de célébrer le facrifice ?

R. Oui, & on les chaffe encore tous les Dimanches en les avertiffant de fortir du lieu faint comme indignes de participer aux faints myfteres, fuivant l'ancienne maniere de congédier à ce tems les Catechumenes,

Poft fermonem fit missa, ou demissio Cate Str. 217 chumenis, dit faint Auguftin; ou comme dit d: Temp. l'ordre Romain, fi quis eft Catechumenus, recedat foras. Dans les Conftitutions Apoftoliques on dit aux Catechumenes de s'en al-ler en paix; Catechumeni exeunto in pace. On. faifoit encore fortir les Energumenes ou poffedez auffi bien que les pénitens, excepté: les confiftans, c'eft-à-dire ceux de la dernie-`re claffe,nommiez confiftans,parce qu'ils demeuroient dans l'Eglife & fe tenoient avec. les autres fidelles jufqu'à la fin du facrifice, quoi-qu'ils n'y communiaffent pas; confif tentia eft ut cum fidelibus confiftat, dit faint: Grégoire de Nyffe.

D. Eft-ce un ancien ufage de chaffer des affemblées ceux qu'on en jugeoit indignes

R: Oui, cette pratique s'obfervoit chez. les Juifs, d'exclure des facrifices les lépreux, les impurs, auffi-bien que les. Gentils, qui n'ofoient pas même approcher du Temple. Les payens rejettoient auffi des fa crifices ceux qui n'étoient pas initiez dans: leurs myftéres, & les regardoient comme profanes, ce que Virgile a marqué, procul efto profani, conclamat vates, totaque abfiftite luco. Dans faint Grégoire on, trouve cette maniere de congédier les excommuniez avant le facrifice, Si quis non communicat, det lorum: ce qui fe doit plûtôt entendre des

excommuniez que de ceux qui ne commu nioient pas, puifque comme on a déja dit, on y laifloit les pénitens de la quatriéme claffe, quoiqu'ils ne dûflent pas con munier.. Ainfi tous ceux précifement, qui ne communioient point, n'étoient pas congédiez ni exclus de l'affiftance au facrifice, mais feulement ceux qui étoient excommuniez.

D. D'où vient l'ufage des prédicateurs. de donner la bénédiction à la fin du fermon ?

P.. C'étoit l'ufage en plufieurs Eglifes d'accorder des indulgences après le fermon, ou de donner l'abfolution publique au peuple, comme on fait encore à notreDame de Paris le Mercredi-Saint, & dans toutes les Paroiffes le jour de Pâques, où après avoir dit le Mifereatur & Indulgentiam, on ajoûte, Benedictio Dei amnipotentis, Patris & Filii & Spiritus fancti defcendat fuper vos. Les Evêques donnent encore cette bénédiction folcmnelle à la fin du fermon quand on prêche devant eux : l'ufage à préfent eft que le prêtre la donne fans folemnité à la fin de fon difcours : cette bénédiction, ou priere avec impofition des mains, a été fubftituée aux prieres & à l'impofition de mains qu'on faifoit après le fermon fur les Catechumenes, fur les pénitens, & fur les Energumenes, com

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