Imágenes de páginas
PDF
EPUB

la Pentecôte en ces jours: car ce n'eft point l'office du jour de Pâques qu'on fait ce Dimanche, mais le commencement du tems Pafchal; & le Dimanche d'après-la Pentecôte, on ne fait pas même mémoire du Saint-Efprit: regardant ce myftere comme paffé: auffi dans les decretales il eft rap- Extra de porté un decret de Celeftin III. qui die feriis. que la Pentecôte n'a point d'octave; Quod caret octavis. Saint Dunftan dans fa Concorde dit que la Pentecôte n'a que fept jours, en l'honneur des fept dons du SaintEfprit, & point d'octave: on en trouve cependant des veftiges en quelques Auteurs. Benoît XII. vouloit qu'on fit en ce jour de l'octave de la Pentecôte plûtôt que de la Trinité. Dans les ftatuts de Lanfranc on en disoit au moins la Meffe, qui eft celle du jour de la Pentecôte; Spiritus Domini.

Raoul de Tongres qui vivoit à la fin du quatorziéme fiécle dit qu'un peu auparavant à Rome on ne faifoit ni l'octave de la Pentecôte, ni la fête de la Trinité : qu'on y lifoit les livres des Rois; qu'il y avoit des Eglifes en Allemagne où l'on faifoit de l'octave de la Pentecôte, & qu'en France on faifoit prefque par tout la fête de la Trinité avec octave, & que tout recemment on venoit d'admettre à la Cour de Rome la fête de la Trinité, ce que plufieurs Eglifes d'Al

Cc

Cup.60.

Protes.

16.

lemagne commençoient aufli de pratiquer; Hodiernis temporibus Rome, & in curia Ro mana folemnis kabetur feftivitas fančte Trinitatis in octava, quod plures Alemanni caperunt fequi. C'est donc en France qu'on a commencé à célebrer cette fète; aufli trouve-t-on encore des Eglifes où on la célebrẹ deux fois, le premier & le dernier Dimanche après la Pentecôte, comme à Sens, & en quelques Eglifes de Paris, à faint Be noît, & à l'Hôpital de la Trinité,

DE LA FESTE DE LA TRINITE'.

E Pape Alexandre III. au douzième

Lfiècle dit que la fête de la Trinité étoit diverfement obfervée en differentes Eglifes, les uns la célebrant le jour de l'octave de la Pentecôte, les autres le Dimanche qui précede l'Avent ; mais que l'Eglife Romaine n'avoit point de fête particuliere de la Trinité, parce que tous les jours dans fes offices elle loüoit & glorifioit les trois Fira de perfonnes divines; Præterea feftivitas fanferis cap la Trinitatis, fecundum confuetudines diver

10.

niam.

farum regionum à quibufdam confuevit in octavis Pentecoftes, ab aliis in Dominica prima ante adventum Domini celebrari, Ecclefia fiquidem Romana in ufu non habet

que

quod in aliquo tempore hujufmodi celebret fpecialiter feftivitatem, cum fingulis diebus gloria Patri & Filio & Spiritui fanto, & catera fimiliter dicantur ad laudem pertinentia Trinitatis. L'objet de tout notre culte c'eft Dieu dans fa nature, & par confe→ quent la Trinité, qui n'eft autre chofe Dieu en trois perfonnes ; c'eft pourquoi on a été fi long-tems fans cette fête, qui n'a été introduite que par la dévotion de quelques particuliers: ce n'eft encore qu'une fête votive, où l'on fait une profeffion fpeciale du mystere de la Trinité. Nous voyons→ dans Alcuin qu'il avoit compofé une Messe votive de la Trinité, pour dire le Dimanche, à la priere de faint Boniface de Mayence, c'est-à-dire pour honorer fpecialement Dieu dans ce jour qui lui eft confacré : & le concile de Salingeftad en 1022. parle de la dévotion de quelques femmes, qui vouloient qu'on leur dit tous les jours la Meffe de la Trinité ou de faint Michel, & ce concile défendit de dire ces Meffes qu'aux jours de leurs fêtes; Quidam, maxime matrone, habent in confuetudine ut per fingulos dies Miffas peculiares, de fanita Trinitate, aut de fancto Michaële .... Et ideo fanctissime, ne hoc ulterius fiat, nifi fuo tempore. Il femble qu'il y avoit déja un teins déterminé à cette fête, ne voulant pas qu'on chan

geât la Meffe du jour en Messe votive. Le Micrologue parle de ceux qui faifoient l'office de la Trinité le jour de l'ocDe Ed. tave de la Pentecôte, & qui le continuoient obfer.c. pendant huit jours fans Alleluia, ce qu'il

60.

Eccl.

n'approuve pas ; il dit que ce fut Etienne
de Liege qui composa cet office & celui de
l'Invention de faint Etienne; que l'Eglise
Romaine rejetta l'un & l'autre, & qu'Alé-
xandre III. avoit déclaré qu'on ne faifoit
point de fête particuliere de la Triniré ni
de l'unité divine, parce que tous les Di-
manches & fètes les pfalmodies font con-
facrés à la Trinité; Unde Alexander papa
de hac re inquifitus, refpondit juxta Roma-
num ordinem nullum diem fpecialiter ascribi
folemnitati fanctæ Trinitatis, ficut nec fanita
unitatis, pracipue cum in omni Dominica,
imo quotidie utriufque memoria celebretur.
Cela excita une difpute en ce tems-là, Ber-
non abbé d'Auge écrivit pour donner une
octave à la Pentecôte, afin de s'opposer
auffi-bien que
que le Micrologue à la fête de la

Trinité.

Cependant Rupert parle de la Trinité comme d'une fête prefque univerfellement D' div. reçûë de fon tems; Celebrata folemnitate de fic... adventu Spiritus fanéti, ftatim è veftigio gloriam fanita Trinitatis Dominica fequentis officio recta difpenfatione concinimus.

C. I.

Pralat.

Elle ne fut pourtant ordonnée à Rome qu'au tems du pape Jean XXII. & Gerfon en parle comme d'une fête inftituée depuis peu; De fefto Trinitatis folemnifando, prout Lib. de noviter Papa inftituit. Durand qui vivoit fitati un peu avant Jean XXII. dit que plufieurs Eglifes n'admettoient pas encore cette fète, où la mettoient en differens jours. D'au tres attribuent à Benoît XIII. d'avoir or- Lib. s. donné que cette fete fe célebreroit par tou- c. 14... te l'Eglife comme celle de Noël & de Pâques, & y attacha des Indulgences

Les moines font les premiers qui ont célebré cette fête, & Rome ne l'a accepté que long-tems après eux. Ulric dans fes coûtumes de Cluny dit qu'on la célebroit dans cette Abbaye le Dimanche après la Pentecôte; & encore qu'elle n'eut point d'octa- 25. ve, on ne laiffoit pas d'en dire la Meffe tous les jours de la femaine avec une antienne à Magnificat.

Le Chapitre général de Câteaux en 1230. l'ordonna pour tout l'ordre comme une fête folemnelle; folemnitas fanita Trinitatis cum tribus lampadibus in pofterum femper fiat, & abbas celebret in conventu fed fermonem in capitulo propter materia difficultatem fieri non oportet. On défendit d'y prêcher à caufe de la difficulté du fujet.

Cap. 24.

« AnteriorContinuar »