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adreffe ces paroles; & il revient au côté gauche, parce que le livre eft pour lors à fa gauche, au lieu que quand il eft à fa droite il fe retourne du côte droit. La pensée de Durand eft moins naturelle, lors qu'en parlant du cercle que le prêtre fait alors en fe tournant, il lui applique ces paroles du Prophete Circuivi & immolavi in tabernaculo ejus.

D. Dites-moy l'origine de la priere ap pellée Secrette, & pourquoi on la nomme ainfi ?

le

R. On appelloit Secrette ou Secret tout

corps de la Liturgie, parce qu'on en faifoit un myftere & un fecret à ceux qu'on avoit renvoyé, comme n'étant pas dignes d'y affifter, tels qu'étoient les Catechumenes & autres auffi dans quelques Sacra mentaires, au lieu de Secreta, on l'appelle Arcana, qui veut dire myftére, parce qu'on ne la difoit que quand on avoit fait fortir ceux à qui il n'étoit pas permis d'être pre fens au facrifice: on leur en cachoit par là l'intelligence, & c'étoit pour eux un fecret impénétrable: c'eft en ce fens que le mot de Secreta peut être pris.

Mais dans tous les anciens Sacramentai res cette prière eft appellée, Oratio fuper oblara: dans un concile de Lyon tenu au fixieme fiécle elle eft appellée Oratio plebis;

la priere que l'on dit quand il ne reste plus à l'églife que le peuple fidelle, appellé par excellence le peuple faint, comme dans le canon, Sed & plebs tua fanita; on l'appelle auffi, Oratio fuper oblata ; parce qu'elle fe dit fur le pain & le vin qui ont été offerts à l'au tel, & c'eft que dans quelques anciens miffels il eft ordonné que le prêtre tiendra la main étendue fur le calice en di fant cette priere, pour marquer qu'elle eft dite pour benir & offrir à Dieu les obla tions du peuple.

pour cela

D. N'eft-elle point appellée Secrette, parce qu'on la difoit à voix baffe?

R. Non, puifqu'on ne la difoit jamais qu'à voix haute & intelligible; & c'est à cette priere qu'a rapport le Dominus vobifeum, l'Oremus de l'offertoire & l'Orate fratres, comme pour avertir les fidelles de s'u nir aux prieres que le prêtre va dire fur les oblations. Cette priere eft appellée Secrette, parce que, comme j'ai déja dit, on ne la commençoit que quand on avoit fait fortir les Catechumenes & les Pénitens, & qu'il ne reftoit que les fidelles qui en é toient pour lors féparez ; Secreta à fecernendo, comme on appelloit collecte à colligen lo ce! le qui fe difoit au commencement quand

peuple étoit affemblé : le nom de la SeCrette n'étoit pas particulier à cette prieres.

on le donnoit encore à tout ce qui fe difoit depuis la fortie des Catechumenes, d'où vient que le canon eft fouvent appellé Secreta miffa, dans la meffe d'Illyricus on lit ces paroles, Oratio ante Secreta, priere avant le canon: un concile d'Yorc fous le pape Celeftin III. marque la même chofe, Sacerdos fecretum incipit, pour dire que tre commence le canon.

que le prê

On récitoit donc à haute voix la Secrette, & il en refte encore la conclufion que le prêtre chante à haute voix, Per omnia fecula, afin que le peuple y donne fon confentement en difant, Amen. On a ceffé de la dire à haute voix quand le chant eft devenu plus figuré, & moins fimple qu'il n'étoit autrefois, & que les orgues ont joué pendant l'offertoire; car le célébrant s'ennuiant d'attendre que le chœur ou les orgues cuf fent fini, s'eft accoûtumé à réciter les Secrettes à voix baffe; au lieu qu'autre fois le célébrant regardoit le chœur, lui faifant figne de fe taire, après quoi il fe tournoit vers le peuple & difoit, Orate fratres, & la Secrette, comme le marque l'ordre Ro main, les ufages de Cîtaux, & l'ordinaire des Chartreux, qui ne commencent la Secrette qu'après le chant de l'offertoire,

D. L'ufage de prier fur les oblations eft il ancien ?

R. Oui, faint Juftin dit que le prêtre récitoit des prieres fur le pain & fur le vin of ferts par les fidelles : les conftitutions apof toliques difent aufli que le célébrant récitoit à voix baffe & fans chant une priere avec les prêtres qui l'accompagnoient; Orans pro fe pontifex cum facerdotibus. Saint Augustin fait mention d'une oraifon qu'on difoit avant la préface; ce ne pouvoit être que nôtre Sex crette; Poft orationem admonemini, furfum babere cor.

D. Pourquoi fait-on baifer la patene oy une image à ceux qui prefentent leur offrande ?

R. Dans l'Eglife d'Orient c'étoit avant l'offrande qu'on fe donnoit le baiser de paix pour fe préparer au facrifice, comme il paroît par faint Juftin, par les conftitutions apoftoliques, par faint Cyrille de Jérufalem, par faint Chryfoftome, & comme les Grecs l'obfervent encore. Dans l'E glife Latine on ne donne le baifer de paix qu'après l'Agnus pour fe difpofer à la communion, mais ceux qui apportoient leur of frande baifoient la main du célébrant, & on y a fubftitué la patene ou quelque image, D. Expliquez-nous le Per omnia, qui fe dit avant la préface?

R. Le Per omnia, qui fait aujourd'hui le Commencement de la préface eft la fin de

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la Secrette; après que le prêtre l'a récitée à voix baffe, il éleve fa voix au Per omnia qu'il chante aux grandes meffes, afin, diț Amalaire, que fa priere foit ratifiée par la réponse du peuple, Per omnia facula faculorum altius dicit, ut pramiffa oratio per amen à populo poffit confirmari, A Milan le Perom nia de la Secrette fe chante comme celui de la collecte & de la postcommunion. Ailleurs on prend le ton de la préface, & celą s'obferve de même le Samedi-Saint à la bénédiction des Fons, où le prêtre aiant dit la priere fur le ton de la collecte, chante le Per omnia fur le ton de la préface, qui eft ce lui fur lequel il chante une nouvelle priere pour la bénédiction des Fons,de maniere que le Per omnia qui appartient proprement à la priere qu'on vient de dire, ait rapport à la préface qui la fuit, ce qui marque qu'il ne devroit point avoir d'interruption entre ces deux prieres, mais qu'elles devroient être dires de fuite.

D. Que fignifie le Sursum corla?

R. Le Surfum corda eft appellé préface par faint Cyprien, & ce nom lui eft resté. L'b. de Le prétre, dit-il, prépare dans la préface qui ? at, précede la priere, l'efprit de fes freres, en leur difant, élevez vos cœurs au ciel, afin que quand le peuple lui répond, nous les avons élevez au Seigneur, il foit averti lui-même

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