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fainte. Dans la feconde partie où commence l'oblation & la célébration du faint facrifice. Et la troifiéme confifte dans l'action de graces qu'on fait à Dieu aprés la Communion. D. A t'on toujours commencé la Meffe par dire In nomine Patris, & en faifant le figne de la croix ?

R. Non: encore aujourd'hui le chœur com mence àchanter laMeffe par l'antienne de l'Introïte fans faire le figne de la croix ; & avant qu'on eût introduit l'Introïte on commençoit par les lectures de l'écriture, comme on fait encore le Vendredi faint mais depuis que le Prêtre dit à l'autel à voix baffe les prieres qui n'étoient autrefois que préparatoires au facrifice, il commence par faire le figne de la croix qu'on a de tout tems attaché à ces paroles In nomine Patris, &c. & l'on dit Innomine Patris, pour témoigner que c'eft pour glorifier la fainte Trinité qu'on va cé lébrer le facrifice, ainfi que les Chrétiens ont de tout tems fait le figne de la croix, & dit cette invocation quand ils commençoient quelque action confidérable. Toutes les fois que nous entreprenons quelque chose, nous faisons le figne de la croix fur nôtre front, dit Tertullien.

On a donc jugé à propos de commencer l'action la plus fainte de la Religion par le figne de la croix,l'accompagnant de l'invoca

De coron.

milit.c.3.

tion des trois perfonnes de la fainte Trinité, pour implorer le fecours divin, & offrir en même tems le facrifice au nom des trois. En quelques Eglifes au lieu de ces paroles feules In nomine Patris & Filii & Spiritus fanéti, on difoit en faifant des fignes de croix, In nomine Patris & Filii, & Spiritus fancti fit fignatum & confecratum & benedictum hoc facrificium. D. Y a-t-il long-tems que le Prêtre dit au bas de l'Autel l'antienne Introibo, & le pfeau me Judica.

R. Non: dans quelques miffels, comme dans celui de Sens de l'an 1489. au lieu d'Introibo, le Prêtre dit en entrant à l'Autel: Intret oratio mea in confpectu tuo Domine. Dans un ancien miffel de Châlons fur Marne le Prêtre dit Introibo & le pfeaume Judica dans la facristie aprés avoir pris l'étole, & avant

que

de mettre la chafuble : les Chartreux, les Dominicains, les Carmes & autres ne le difent point; on ne le difoit point encore à l'Autel à Paris dans le Miffel dont on fe fervoit avant 1608. Le pfeaume Judica n'étoit que de dévotion dans plufieursEglifes;l'usage de le réciter vient de l'antienne Introibo qu'on difoit en entrant àl'Autel,comme fait encore l'Evêque dans la bénédiction d'un Autel, qui commence en difant, Introibo ad altare Dei. De myft. Saint Ambroife dit que les Neophytes récitoient auffi Introibo allant des fons à l'autel;

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à l'occaffion de l'antienne on dit enfuite le

pleaume Judica, d'où l'antienne étoit tirée, excepté aux Meffes des morts & au tems de la Paffion où l'on a retenu l'ancienne pratique de ne dire que l'antienne Introibo. Ce pleaume doit être regardé comme une préparation au facrifice ou à la communion. A Rheims le Célébrant dit Introibo dans la facriftie, vers le Crucifix, puis on va à l'Autel où il ne monte qu'à l'Offertoire; jusqueslà il est dans une chaire à bras tourné vers le peuple; il porte un mouchoir à fon petit doigt gauche.A Sens on dit le pfeaume Judica dans la facriftic avec le Confiteor, le Célébrant fait à l'Autel, étant à genoux, une longue proftration, & y monte en difant Aufer. D. Pourquoi dit-on le verfet Adjutorium en faisant le figne de la croix?

R. Pour invoquer le nom de Dieu avant que de commencer ce facrifice; on a joint le figne de la croix à ce verset Adjutorium noftrum in nomine Domini, comme à cet autre, In no mine Patris & Filii,pour marquer que c'est par la croix que J. C. nous a inérité toute forte de fecours, & que c'est par fa médiation que nous efperons les recevoir du Pere. C'est ainfi l'usage de l'Eglife de faire le figne de la croix quand on invoque le nom de Dieu In nomine Domini, comme quand on dit Adjutorium, Sit nomen Domini, ou In nomine Patris. D. Expliquez-nous l'origine du Confiteor

à la Meffe, & les manieres differentes dont cette confeffion s'eft faite.

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R. La confeffion de fes pechez a été de tout tems une préparation au facrifice. Saint ». Cor. 11. Paul la recommande, Que l'homme s'éprouve foi-même. On avertiffoit les fidéles de fe purifier avant que de recevoir le Saint des Saints, Sanita fanctis ; à plus forte raison ceux qui alloient l'offrir devoient être faints mais cette confeffion qui eft la préparation au facrifice se faifoit dans la facristie; depuis on la fait au bas de l'autel, & la confeffion du Prêtre eft fuivie de celle des affistans qui se préparent par cet acte public de la pénitence à affifter au facrifice. Originairement le Prêtre venant à l'autel s'inclinoit profondément comme on fait à Rome le Vendredi faint, faifant quelque priere humiliante qui s'eft réduite à la formule du Confiteor ; c'étoit une préparation du Prêtre avant que d'approcher de l'autel, de s'incliner & "de s'humilier, déteftant fes pechez, & paroiffant comme un pénitent en fuppliant.

On frapoit la poitrine en difant Confiteor, & non pas à Meà culpâ. Saint Auguftin dit en In Pf.G. plufieurs endroits, La confeffion des péchez eft fi fort connue de tout le peuple, que lorsque In Pf.7. dans une leçon il entend prononcer le nom de confeffion, foit en matiere de louange ou de pénitence, il fe frappe aussi-tôt la poitrine; &

sela fuivant la coûtume de ceux qui confeffoient leurs pechez, ce qui eft la marque & le figne du repentir qu'on en a, à l'exemple du Publicain de l'Evangile. Chez les Juifs & chez toutes les nations c'étoit une marque de douleur que de fe fraper la poitrine.

Dans quelques Eglifes on dit Confiteor dans la facriftie; à S. Martin de Tours on le dit fur le tombeau de ce Saint, auffi-bien que l'Introïte & le Kyrie. A Châlons fur Marne il n'y a que l'Evêque qui dit l'Introibo à l'autel; les Dignitez & les autres le disent à la porte du chœur.

Dans plufieurs Eglifes le Prêtre fe tourne avec ses miniftres du côté du peuple en difant Confiteor, auffi fe confeffe-t-il devant l'affemblée Vobis fratres: dans plufieur's Milfels il y a Confiteor vobis fratribus & fororibus... Ideo precor vos fratres & forores. Au Mans pendant la confeffion tous les Ministres de l'autel font à genoux, & s'y mettent avec le Prêtre au Sufcipe deprecationem.

D. A-t-on toûjours dit la même formule du Confiteor que nous disons aujourd'hui ? › R. Non: Au tems du Micrologue, qui étoit environ l'onzième siècle, on difoit encore, Je confeffe à Dieu tout puiffant, à ceux-ci cap. 13. &à tous les Saints, & à vous mon Pere que j'ay grievement peché par pensées, paroles & actions, c'est pourquoi je vous fupplie de prier

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