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en certaines parties du corps,ainfi qu'il a été dit. Ces humeurs font de différentes qualités, tant par leur propre nature, que felon qu' felon qu'elles font diverse ment préparées; & pour ainfi dire criblées. C'eft de cette maffe commune que font empreintes & formées la falive, les urines, les fueurs, les eaux contenues dans les vaiffeaux lymphatiques qu'on trouve auprés des veines: celles qui rempliffent les glandes de l'eftomac, par exemple, qui fervent tant à la digef tion; ces larmes enfin que la nature tient refervées en de certains tuyaux auprés des yeux, peut-être pour les rafraîchir & les humecter.

Les efprits font la partie la plus vive & la plus agitée du fang. C'est une efpece de vapeur extraordinairement fubtile, mouvante, que la chaleur du cœur enfait élever, & qui eft portée promptement par certains vaiffeaux au cerveau, où par les efprits s'affinent davantage par leur propre agitation, par celle du cerveau même, & par la nature des parties où ils paffent à peu prés comme des li queurs s'épurent & fe clarifient dans les inftrumens par où on les coule.

De-là ils entrent dans les nerfs qu'ils tiennent tendus. Par les nerfs ils s'infi

X.

tis De la connoissance de Dien

nuent dans les muscles qu'ils font joüef, & mettent en action toutes les parties. Quand les efprits font épuifés à force Le fommeil, d'agir, les nerfs fe détendent, tout fe La nouriture. relâche, l'animal s'endort, & fédélaffe du travail & de l'action où il eft fan s

la veille, &la

ceffe pendant qu'il veille.

Le fang & les efprits fe diffipent continuellement, & ont auffi befoin d'être réparés.

Pour ce qui eft des efprits, il eft aisé de concevoir qu'étant fi fubtils & fi agités, ils pallent à travers les pores, & fe diffipent d'eux-mêmes par leur propre agitation.

On peut auffi aifément comprendre, que le fang à force de paffer & de repaf fer dans le cœur, s'évaporeroit à la fin. Mais il y a une raifon particuliere de la diffipation du fang, tirée de la nourri

ture.

Les parties de notre corps doivent bien avoir quelque confiftance. Mais fi elles n'avoient auffi quelque molleffe, elles ne feroient pas affez maniables ni affez pliantes pour faciliter le mouvement. Etant donc, comme elles font, affez tendres, elles fe diffipent & fe confument facilement, tant par leur propre chaleur, que par la perpetuelle

agitation des corps qui les environnent. C'eft pour cela qu'un corps mort, par la feule agitation de l'air auquel il eft expofé, fe corrompt & fe pourrit. Car l'air ainfi agité, ébranlant ce corps mort par le dehors, & s'infinuant dans les pores par fa fubtilité, à la fin l'altere & le diffout. Le même arriveroit à un corps vivant, s'il n'étoit réparé par la nourriture.

و

Ce renouvellement des chairs & des autres parties du corps paroît principalement dans la guérison des bleffures, qu'on voit fe fermer, & en même temps les chairs revenir par une affez

regeneration.

prompte

Cette réparation fe fait par le moyen du fang qui coule dans les arteres, dont les plus fubtiles parties s'échapant par les pores, dégouttent fur tous les membres, où elles fe prennent, s'y attachent, & les renouvellent. C'eft par-là que le corps croît & s'entretient, comme on voit les plantes & les fleurs croître & s'entretenir par l'eau de la pluie. Ainfi le fang toûjours employé à nourrir &à réparer l'animal, s'épuiferoit aifément s'il n'étoit lui-même réparé,& la fource en feroit bien-tôt tarie.

La nature y a pourvû par les alimens

qu'elle nous a préparés, & par les organes qu'elle a difpofés pour renouveller lefang, & par le fang tout le corps. L'aliment commence premierement à s'amolir dans la bouche par le moyen de certaines caux épreintes des glandes qui y aboutiffent. Ces eaux détrempent les viandes, & font qu'elles peuvent plus facilement être brifées & broyées par les mâchoires, ce qui eft un commencement de digestion..

De-là elles font portées par l'afophage dans l'eftomac, où il coule deffus d'autres fortes d'eaux épreintes d'autres glandes, qui fe voyent en nombre infini dans l'eftomac même. Par le moyen de ces eaux, & à la faveur de la chaleur du foye, les viandes fe cuifent dans l'eftomac à peu près comme elles feroient dans une marmite mife fur le feu. Ce qui fe fait d'autant plus facilement, que ces eaux de l'eftomac font de la nature des eaux fortes, car elles ont la vertu d'incifer les viandes, & les coupent fi menues, qu'il n'y a plus rien de l'ancienne forme.

C'est ce qui s'appelle la digeftion, qui n'eft autre chofe que l'alteration que fouffre l'aliment dans l'eftomac, pour être difpofé à s'incorporer à l'animal.

Cette

& de foy-même.

Cette matiere digerée blanchit & devient comme liquide. C'eft ce qui s'appelle le chyle.

Il eft porté de l'eftomae au boyau qui eft au-deffous, & où le commence la féparation du pur & de l'impur,laquelle Le continue tout le long des inteftins.

Elle fe fait par le preffement continuel que caufe la refpiration, & le mouvement du diaphragme fur les boyaux. Car étant ainfi preffés, la matiere dont ils font pleins, eft contrainte de couler dans toutes les ouvertures qu'elle trouve dans fon paffage; en forte que les veines lactées, qui font attachées aux boyaux, ne peuvent manquer d'être remplies par

ce mouvement.

Mais comme elles font fort minces elles ne peuvent recevoir que les parties les plus délicates, qui exprimées par le preffement des inteftins, fe jettent dans ces veines, & y forment cette liqueur blanche, qui les remplit & les colore, pendant que le plus groffier par la formet du même preffement, continue fon chemin dans les inteftins, jufqu'à ce que le corps en foit déchargé.

Car il y a quelques valvules difpofées d'efpace en efpace dans les inteftins, qui empêchent la matiere de remonter, & L

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