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on remarque outre cela qu'ils font tour nés en-dedans comme une espece de vis, qui détermine la matiereà prendre un certain cours, & la conduit aux extremités par où elle doit fortir.

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La liqueur des veines lactées, eft celle que la nature prépare pour la nourriture de l'animal. Le refte eft le fuperflu, & comme le mare qu'elle rejette, qu'on appelle auf par cette raifon excrément. Ainfi fe fait la féparation du liquide d'avec le groffier & du pur d'avec l'impur, à peu prés de la même forte que le vin & l'huile s'expriment du raifin & de l'olive preffée, ou comme la fleur de farine par un fas plûtôt que le fon, ou que certaines liqueurs paffées par une chauffe, fe clarifient & y laiffent ce qu'elles ont de plus groffier.

Les détours des boyaux repliés les uns fur les autres, font que la matiere digerée dans l'eftomac y féjourne plus longtemps, & donne tout le loifir néceffaire à la refpiration pour exprimer tout le bon fuc, en forte qu'il ne s'en perde aucune partie,

A cela fert beaucoup encore cette difpofition des parties intérieures des boyaux en forme de vis. Ce qui fait que

la matiere digerée ne peut s'échaper qu'aprés de longs circuits, durant lefquels la nature tire toûjours ce qui lui

eft propre.

Il arrive auffi par ces détours & cette difpofition interieure des boyaux, que l'animal ayant une fois pris fa nourriture, peut demeurer long-temps fans en prendre de nouvelle parce que le Luc épuré qui le nourrit eft long-temps à s'exprimer, ce qui fait durer la nutrition, & empêche la faim de revenir fitôt.

Et on remarque que les animaux qu'on voit prefque toujours affamés comme par exemple les loups, ont les inteftins fort droits. D'où il arrive que l'aliment digeré y féjourne peu, & que le befoin de manger eft preffant & revient fouvent.

Comme les entrailles preffées par la respiration, jettent dans les veines lactées la liqueur dont nous venons de parler, ces veines preffées par la même force, la pouffent au milieu du méfan-. tere, dans la glande où nous avons dit qu'elles aboutiffent, d'où le même prellement les porte dans certain refervoir nommé le refervair de Pequet, du nom d'un fameux Ana

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tomifte de nos jours, qui l'a découvert. De-là il paffe dans un long vaiffeau, qui par la même raifon eft appellé le Canal, ou le conduit de Pequet. Ce vaisfeau étendu le long de l'épine du dos, aboutit un peu au deffus du col, à une des veines qu'on appelle fous-clavieres, d'où il eft porté dans le cœur, & là il prend tout-à-fait la forme de fang.

Il fera aifé de comprendre comme le chyle eft élevé à cette veine, fi on con fidere que le long de ce vaisseau de Pe quet, il y a des valvules difpofées par intervalles, qui empêchent cette liqueur de defcendre, & que d'ailleurs elle est continuellement pouffée en haut, tant par la matiere qui vient en abondance des veines lactées, que par le mouvement du poulmon, qui fait monter ce fuc en preffant le vaiffeau où il eft con

tenu.

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Il n'eft pas croyable à combien de chofes fert la refpiration. Elle rafraîchit le cœur & le fang: elle entraîne avec elle, & pouffe dehors les fumées qu'excite la chaleur du cœur : elle four. it l'air dont fe forme la voix & la pa role: elle aide par l'air qu'elle attire à Ja génération des efprits: elle pouffe le chyle des entrailles dans les veines lace

tées, de-là dans la glande du méfantere, enfuite dans le refervoir & dans le canal de Pequet, & enfin dans la fousclaviere, & en même-temps elle facilite l'éjection des excrémens toûjours en preffant les inteftins.

Voilà quelle eft à peu-prés la difpofition du corps, & l'ufage de fes parties, parmi lesquelles il paroît que le cœur & le cerveau font les principales, & celles pour ainfi dire, qui menent toutes les autres.

X1.

Lechur &

Ces deux maîtreffes parties influent dans tout le corps. Le cœur y renvoye le cerveau par-tout le fang dont il eft nourri, & font les deux le cerveau y diftribue de tous côtés les parties. efprits par lefquels il eft remué.

Au premier, laNature a donné les ar teres & les veines pour la diftribution du fang, & elle a donné les nerfs au fecond pour l'adminiftration des efprits.

Nous avons vu que la fabrique des vû efprits fe commence par le cœur, lorfque battant le fang & l'échaufant, il en éleve les parties les plus fubtiles au cerveau, qui les perfectionne, & qui enfuite en renvoye au cœur ce qui eft neceffaire pour exciter fon batte

ment.

Ainfi ces deux maîtreffes parties.

maitreffes

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qui mettent pour ainfi dire, tout le corps en action, s'aident mutuellement dans leurs fonctions, puifque fans les vapeurs que le cœur éleve du fang, le cerveau n'auroit pas de quoi former les efprits, & que le cœur auffi n'auroit point de battement,fans les fprits que le cerveau lui renvoye.

Dans ce fecours neceffaire que fe donnent ces deux parties, laquelle des deux commence, c'eft ce qu'il eft mal aifé de déterminer, & il faudroit pour cela avoir recours à la premiere forma tion de l'animal.

Pour entendre ce qu'il y a ici de plus conftant, il faut penfer avant toutes chofes que le fœtus ou l'embrion, c'està-dire, l'animal qui fe formes eft engendré d'autres animaux déja formes & vivants, où il y a par confequent du fang & des efprits déja tout faits, qui peuvent fe communiquer à l'animal qui

Commence.

On voit en effet que l'embrion eft nourri du fang de la mere qui le porte. On peut donc penfer que ce fang étant conduit dans le cœur de ce petit animal qui commence d'eftre, s'y échaufe & s'y dilate par la chaleur naturelle à cette partie : que de-là paffent au cer

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