Imágenes de páginas
PDF
EPUB

eau ces vapeurs fubtiles qui achevent de s'y former en efprit, en la maniere qui a été dite : que ces efprits revenus au cœur par les nerfs, caufent fon premier battement, qui fe continue enfuite à peu-prés comme celui d'une pendule aprés une premiere vibration.

On peut penfer auffi, & peut-être plus vrai-femblablement, que l'animal étant tiré des fémences pleines d'efprits, le cerveau par fa premiere conformation en peut avoir ce qui lui enfant, pour exciter dans le cœur cette premiere pulfation, d'où fuivent toutes les autres.

Quoi qu'il en foit, l'animal qui fe forme venant d'un animal déja formé, on peut aisément comprendre que le mouvement fe continue de l'un à l'au tre, & que le premier reffort, dont Dieu a voulu que tout dépendît, étant une fois ébranlé, ce même mouvement s'entretient toûjours.

Au refte, outre les parties que nous venons de confiderer dans le corps, il y en a beaucoup d'autres connues & inconnues à l'efprit humain ; mais ceci fuffit pour entendre l'admirable œconomie de ce corps, fi fagement & fi délica tement organifé, & les principaux ref forts par lefquels s'en exercent les ope→

rations.

L iiij

XII.

maladie, la

Quand le corps eft en bon état, & a fante, la dans fa difpofition naturelle, c'eft ce nort,& pro- qui s'appelle fanté. La maladie au conpos des ma- traire eft la mauvaise difpofition du paffions en- tout, ou de fes parties. Que fi l'acotant qu'elles nomie du corps eft tellement troublée corps. que les fonctions naturelles ceffent tout-à-fait, la mort de l'animal s'enfuit.

ladies, les

regardent le

Cela doit arriver précisément, quand les deux maîtreffes pieces, c'eft-à-dire le cerveau & le cœur, font hors d'état d'agir, c'est-à-dire quand le cœur ceffe de battre, & que le cerveau ne peut plus exercer cette action quelle qu'elle foit, qui envoye les efprits au cœur. Car encore que le concours des autres parties foit neceffaire pour nous. faire vivre, la ceffation de leur action nous fait languir, mais ne nous tuë pas tout à coup au lieu que quand l'action du cerveau ou du cœur ceffe tout à fait on meurt à l'inftânt.

Oron peut en general concevoir trois chofes, capables de caufer dans ces deux parties cette ceflation funefte. La premiere, fi elles font ou alterées dans leur fubftance, ou dérangées dans leur compofition. La feconde, fi les efprits qui font, pour ainfi dire, l'ame du reffort,

viennent à manque. La troifiéme, fi ne manquant pas & fe trouvant préparés ils font empêchés par quelque autre cause, de couler ou du cerveau dans ou du cœur dans le cer

le cœur

veau.

,

Et il femble que toute machine doi❤ ve ceffer par une de ces caufes. Car ou le reffort fe-rompt, comme les tuyaux dans une orgue, & les roues ou les meules dans un moulin, ou le moteur ceffe, comme fi la riviere qui fait aller les roues, eft détournée, ou que le foufflet qui pouffe l'air dans l'orgue, foit brifé, ou le moteur & le mobile étant en état, l'action de l'un fur l'autre eft empêchée par quelque autre corps, comme fi quelque chofe au-dedans de l'orgue empêche le vent d'y entrer, ou que l'eau & toutes les roues étant comme il faut, quelque corps interpofé en un endroit principal, empêche le jeu.

Appliquant ceci à l'homme, machine fans comparaifon plus ingenieuse & plus délicate, mais en ce qu'il a de cor porel pure machine, on peut concevoir qu'il meurt, fi les refforts principaux fe corrompent, fi les efprits, qui font le moteur s'éloignent, ou fi les refforts étant en état & les efprits prêts, le jeu

en eft empêché par quelque autre caufe S'il arrive par quelque coup, que le cerveau ou le cœur foient entâmés, & que la continuité des filets foit interrompue, & fans entâmer la substance, fi le cerveau ou fe ramollit,ou defféiche exceffivement, ou que par un accident femblable, les fibres du cœur fe roidisfent, ou fe relâchent tout à fait, alors ces deux refforts d'où dépend tout le mouvement, ne fubfiftent plus & toute la machine eft arreftée.

Mais quand le cerveau & le cœur demeureroient en leur entier, dès-là que les efprits manquent, les refforts ceffent faute de moteur. Et quand il fe formeroit des efprits conditionnés comme il faut, fi les tuyaux par où ils doivent paffer, ou refferrés, on remplis de quelque autre chofe, leur ferment l'entrée c'eft de même que s'ils n'étoient plus. Ainfi le cerveau & le cœur, dont l'action & la communication nous font vivre, reftent fans force, le mouvement ceffe dans fon principe, toute la machine demeure, & ne fe peut plus rétablir.

Voilà ce qu'on appelle mort, & les difpofitions à cet état s'appellent maladies

Ainfi toute altération dans le fang, qui l'empêche de fournir pour les efprits une matiere louable, rend le corps malade. Et fi la chaleur naturelle, ou étouffée par la trop grande épaiffeur du fang, ou diffipée par fon exceffive fubtilité, n'envoye plus d'efprits, il faut mourir : tellement qu'on peut définir la mort, l'extinction de la chaleur naturelle dans de fang & dans le cœur.

Outre les alterations qui arrivent dans le corps par les maladies, il y en a qui font caufées par les paffions, qui, à vrai dire, font une espece de maladie. Il feroit trop long d'expliquer ici toutes ces alterations, & il fuffit d'observer en general, qu'il n'y a point de paffion qui ne faffe quelque changement dans les efprits, & par les efprits dans le cœur & dans le fang. Et c'est une fuite neceffaire de l'impreffion violente que certains objets font dans le cerveau.

De-là il arrive neceffairement que quelques-unes des paffions les y excitent & les y agitent avec violence, & que les autres les y ralentiffent. Les unes par confequent les font couler plus abondamment dans le cœur, & les autres moins. Celles qui les font abonder comme la colere & l'audace, les,répan

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »