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poids d'un des côtés, on fe fert de l'autre à contrepefer. Une femme qui porte un feau d'eau pendu à la droite, étend le bras gauche & le panche de ce côtélà. Celui qui porte fur le dos, fe panche en avant, & au contraire quand on porte fur la tête.le corps naturellement fe tient droit. Enfin il ne manque jamais de fe fituer de la maniere la plus convenable pour fe foûtenir, en forte que les parties ont toûjours un même centre de gravité, qu'on prend au jufte comme fi on fçavoit la méchanique. A cela on peut rapporter certains effets des paffions que nous avons remarqués. Enfin, il eft vifible que les parties du corps font difpofées à fe prêter un fecours mut uel, & à concourir enfemble à la confervation de leur tout.

Tant de mouvemens fi bien ordonnés, &fi forts felon les regles de la mechanique, fe font en nous fans fcience, fans raifonnement, & fans réflexion: au contraire la réflexion ne feroit ordinairement qu'embarraffer. Nous verrons dans la fuite qu'il fe fait en nous, fans que nous le fçachions, ou que nous le fentions une infinité de mouvemens femblables. La prunelle s'élargit ou fe retrécit de la maniere la plus convenable

M

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XIV..

tion où font

à nous faire voir de loin ou de prés. La trachée-artere s'ouvre & fe refferre felon les tons qu'elle doit former. La bouche fe difpofe, & la langue fe remue comme il faut pour les differentes articulations. Un petit enfant pour tirer des mammelles de fa nourrice la liqueur dont il fe nourrit, ajufte auffi bien fes lévres & fa langue, que s'il fçavoit l'art des pompes afpirantes ce qu'il fait même en dormant, tant la nature a voulu nous faire voir que ces chofes n'avoient pas befoin de notre atten

tion.

ya

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Mais moins il y a d'adreffe & d'art de notre côté dans des mouvemens fi proportionnés & fi juftes, plus il en paroît dans celui qui a fi bien difpofé toutes les parties de notre corps.

Par les chofes qui ont été dites, il eft Recapitula aifé de comprendre la difference de l'a ramafees les me & du corps ; & il n'y a qu'à confideproprietés de rer les diverfes proprietés que nous y Fame & da avons remarquées.

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Les proprietés de l'ame font, voir, ouir, goûter, fentir, imaginer, avoir du plaifir ou de la douleur de l'amour ou de la haine, de la joie ou de la triftelle, de la crainte ou de l'efperance affurer, nier, douter, raifonher, ré

fléchir & confiderer, comprendre, déliberer, fe réfoudre, vouloir ou ne vouloir pas. Toutes chofes qui dépendent du même principe, & que nous avons entendues tres-diftinétement fans nommer le corps, fi ce n'eft comme l'objet que l'ame apperçoit, ou comme l'organe dont elle fe fert

La marque que nous entendons diftinctement ces operations de notre ame, c'eft que jamais nous ne prenons l'une pour l'autre. Nous ne prenons point le doute pour l'affurance, ni affirmer pour nier, ni raifonner pour fentir : nous ne confondons pas l'efperance avec le défefpoir, ni la crainte avec la colere, ni la volonté de vivre felon la raifon, avee celle de vivre felon les fens & les pafLions.

Ainfi nous connoiffons diftinctement les proprietés de l'ame. Voyons maintenant celles du corps.

Les proprietés du corps & des parties qui le compofent, font d'être étenduës plus ou moins, d'être agitées plus vête ou plus lentement, d'être ouvertes ou d'être fermées, dilatées ou preffées, tenduës ou relâchées, jaintes ou féparées les unes des autres, épaiffes ou dé-liées, capables d'être infinuées en ces

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L'ame eft

naturelle

corps,

tains endroits plûtôt qu'en d'autres Chofes qui appartiennent au corps, & qui en font manifeftement la nourriture, l'augmentation, la diminution, le mouvement & le repos.

En voilà affez connoître la na→

pour

ture de l'ame & du corps, & l'extreme difference de l'un & de l'autre.

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CHAPITRE III. De l'union de l'ame & du corps.

I

a plû neanmoins à Dieu, que des natures fi differentes fuffent étroite

ment unie au ment unies. Et il étoit convenable, afin qu'il y eût de toutes fortes d'êtres dans le monde, qu'il s'y trouvât, & des corps qui ne fuffent unis à aucun efprit, telles que font la Terre & l'Eau, & les autres de cette nature; & des efprits, qui, Comme Dieu même, ne fuffent unis à aucun corps, tels que font les Anges, & auffi des efprits unis à un corps, telle qu'eft l'ame raifonnable, à qui, comme à la derniere de toutes les créatures intelligentes, il devoit écheoir en partage, ou plûtôt convenir naturellement, de faire un même tout avec le corps qui lus

eft uni.

Ce corps à le regarder comme organi que, eft un par la proportion & la correfpo ndance de fes parties de forte qu'on peut l'appeller un même organe, de même & à plus forte raifon qu'un luth, on une orgue, eft appellé un feul inftrument. D'où il refulte que l'ame lui doit être unie en fon tout, parce qu'elle lui eft unie comme à un feul organe parfait dans fa totalité.

II.

C'eft cette union admirable de notre corps & de notre ame que nous avons à Deux effets confiderer. Et quoiqu'il foit difficile, de cette uniprincipaux & peut-être impoffible à l'efprit humain on, & deux d'en penétrer le fecret, nous en voyons perations pourtant quelque fondement dans les dans l'ame chofes qui ont été dites.

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Nous avons diftingué dans l'ame deux fortes d'operations: les operations fenfitives, & les operations intellectuelles, les unes attachées à l'alteration, & au mouvement des organes corporels, les autres fuperieures au corps & nées pour le gouverner.

Car il eft vifible que l'ame fe trouve affujettie par fes fenfations aux difpofitions corporelles, & il n'eft pas moins clair que par le commandement de la volonté, guidée par l'intelligence, elle remue les bras, les jambes, la tête, &

genres d'o

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