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fur fon corps. Les paroles fe font fentis
aux extremités des doigts fitués d'une
certaine façon :& on peut croire que le
oreilles formées pour recevoir cette im-
preffion, la recevront auffi beaucoup
plus forte.

L'effet des fenteurs nous paroît par
l'impreffion qu'elle fait fur la tête. De
plus, on ne verroit pas les chiens fuivre
le gibier, en flairant les endroits où il a
paffé, s'il ne reftoit quelques vapeurs
forties de l'animal poursuivi. Et quand
on brûle des parfums, on en voit la fu-
mée fe répandre dans toute une cham-
bre, & l'odeur fe fait fentir en même
temps que la vapeur vient à nous.
doit croire qu'il fort des fumées à peu
prés de même nature, quoiqu'imper-
ceptibles, de tous les corps odoriferans,
& que c'est ce qui caufe tant de mauvais
effets dans le cerveau. Car il faut ap-
prendre à juger des chofes qui ne fe
voyent pas, par celles qui fe voyent.

On

Il eft donc vrai qu'il fe fait dans toutes nos fenfations une impreffion réelle & corporelle fur nos organes; mais nous avons ajoûté qu'elle vient immédiate ment ou originairement de l'objet.

IV.

Les mouverels qui fe font en nous

mens corpo

dans les fenfations,

objets par le

Elle en vient immédiatement dans le viennent des toucher & dans le goût, où l'on voit milieu.

les corps appliqués par eux-mêmes à nog organes. Elle en vient originairement dans les autres fenfations, où l'applica tion de l'objet n'eft pas immédiate; mais où le mouvement qui fe fait en vient jufqu'à nous tout du long de l'air par une parfaite continuité.

C'est ce que l'experience nous décon vre auffi certainement que tout le reste que nous avons dit. Un corps interpofé 'empêche de voir le tableau que je res gardois: quand le milieu eft tranfparent felon la nature dont il eft, l'objet vient à moi differemment. L'eau qui rompe la ligne droite, le courbe à mes yeux. Les verres felon qu'ils font colorés ou tailés,en changent les couleurs, les gran deurs & les figures. L'objet ou fe groffit, ou s'appetiffe, ou fe renverfe, ou fe redreffe, ou fe multiplie. Il faut done premierement, qu'il fe commence quel que chofe fur l'objet même,& c'eft la ré flexion dequelque raïon du Soleil,oud'un autre corps lumineux. Et il faut fecon dement, que cette réflexion qui fe com mence à l'objet, fe continue tout le long de l'air jufqu'à mes yeux, ce qui montre que l'impreffion qui fe fait fur moi, vient originairement de l'objet même. Il en eft de même de l'agitation qui

aufe les fons, & de la vapeur qui excite les fenteurs. Dans l'ouie, le corps réfonnant qui caufe le bruit, doit être agité, & on y fent au doigt un trémousfement tant que le bruit dure. Dans l'odorat, une vapeur doit s'exhaler du corps odoriferant, & dans l'un & dans l'autre fens, fi le corps qui agite l'air rompt le coup qui venoit à nous, nous ne fentons rien.

Ainfi dans les fenfations, à n'y regarder feulement que ce qu'il y a dans le corps , nous trouvons trois chofes à confiderer l'objet, le milieu, & l'organe même. Par exemple, les yeux & les oreilles.

V.

corps, auf

fations font

Mais comme ces organes font compofés de plufieurs parties: pour fçavoir Les mouveprécisément quelle eft celle qui eft le mens de nos propre inftrument deftiné par la nature quels les fenpour les fenfations, il ne faut que fe attachés,font fouvenir qu'il y a en nous certains petits les mouvefilets qu'on appelle nerfs, qui prennent nerfs. leur origine dans le cerveau, & qui de là fe répandent dans tout le corps.

Souvenons-nous auffi qu'il y a des nerfs particuliers attribués par la nature à chaque fens. Il y en a pour les yeux, pour les oreilles, pour l'odorat, pour le goût : & comme le toucher fe répand

mens des

VI.

if

partout le corps, y a auffi des nerfs répandus par tout dans les chairs. Enfin, il n'y a point de fentiment où il n'y a point de nerfs, & les parties nerveufes font les plus fenfibles. C'eft pour quoi tous les Philofophes font d'accord que les nerfs font le propre organe des fens.

Nous avons vû outre cela que les nerfs aboutiffent tous au cerveau, & qu'ils font pleins des efprits qu'il y en voye coutinuellement ce qui doit les tenir toûjours tendus pendant que l'ani mal veille. Tout cela fuppofé, il fera facile de déterminer le mouvement précis auquel la fenfation eft attachée, & enfin tout ce qui regarde tant la nature que l'ufage des fenfations-en-tant qu'el les fervent au corps & à l'ame.

C'est ce qui fera expliqué en douze Propofitions dont les fix premieres feront voir les fenfations attachées aux mouvemens des nerfs, & les fix autres expliqueront l'ufage que l'ame fait des. fenfations, & l'inftruction qu'elle en reçoit, tant pour le corps, que pour elle

même..

I. Propofition. Les nerfs font ébranlés six propofi- par les objets du debors qui frappent les tions qui fens. C'est de quoi on ne peut doutes

expliquent.

fenfations

aux mouve inens des

dans le toucher, où l'on voit des corps comment les appliqués immédiatement fur le nôtre, font atachées qui étant en mouvement, ne peuvent manquer d'ébranler les nerfs qu'ils trou- nerfs. vent répandus partout. L'air chaud ou froid qui nous environne, doit avoir un effet femblable. Il eft clair que P'un dilate les parties du corps, & que l'autre les refferre,ce qui ne peut être fans quelque ébranlement des netfs. Le même doit arriver dans les autres fens, où nous avons vû que l'alteration de l'organe n'eft pas moins réelle. Ainfi les nerfs de la langue, feront touchés & ébranlés par le fuc exprimé des viandes: les nerfs auditifs, par l'air qui s'agite aumouvement des corps réfonnans : les nerfs de l'odorat , par les vapeurs qui fortent des corps: les nerfs optiques, par les rayons ou directs ou réflechis du Soleil, ou d'un autre corps lumineux; autrement les coups que nous recevons, non feulement du Soleil trop fixement regardé, mais encore du blanc ou du noir, ne feroient pas auffi forts que nous les avons remarqués. Enfin, generalement dans toutes les fenfations les nerfs font frappés par quelque objet, & il eft aifé d'entendre que des filets fi deliés & fi bien étendus, ne peuvent man

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