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nos yeux pendant la nuit ? Et même eit confiderant ce qui profite au corps s l'ame découvre par occafion une infini té d'autres chofes, en forte que du petic corps où elle eft enfermée, elle tient à tout, & voit tout l'Univers fe veniz pour ainfi dire, marquer fur ce corps, comme le cours du Soleil fe marque fur un cadran. Elle apprend donc par ce moyen des particularités confiderables', comme le cours du Soleil, le flux & le reflux de la mer, la naiffance, l'accroif fement, les proprietés differentes des animaux, des plantes, des mineraux, & autres chofes innombrables, les unes plus grandes, les autres plus petites: mais toutes enchaînées entr'elles. De ees particularités-elle compofe l'histoire de la Nature, dont les faits font toutes les chofes qui frappent nos fens. Et par un efprit de rapport, elle a bien-tôt. Lemarqué combien ces faits font fuivis. Ainfi elle rapporte l'une à l'autre : elle compte elle mefure, elle obferve les oppofitions & le concours, les effets du mouvement & du repos, l'ordre, les proportions, les correfpondances, les eaufes particulieres & univerfelles, cel les qui font aller les parties, & celle qui tient tout en état. Ainfi joignant en

IX.

femble les principes univerfels qu'elle a dans l'efprit, & les faits particuliers qu'elle apprend par le moyen des fens elle voit beaucoup dans la nature, & en fçait affez pour juger que ce qu'elle n'y voit pas encore, eft le plus beau, tant il a été utile de faire des nerfs qui puffentêtre touchés de fi loin, & d'y joindre des fenfations par lefquelles l'ame eft avertie de fi grandes chofes.

Voilà ce que nous avions à confiderer fur l'union naturelle des Senfations avec le mouvement des nerfs. Il faut maintenant entendre à quels mouvemens du corps l'imagination & les pas→ fions font attachées.

Mais il faut premierement, remarquer De l'ima- que les imaginations & les paffions s'exgination & citent en nous, ou fimplement par les des paffions, & de quelle fens ou parce que la raifon & la volon forte il les té s'en mêlent.

faut ici con

fiderer.

Car fouvent nous nous appliquons expreffément à imaginer quelque chofe, & fouvent auffi il nous arrive d'exciter exprés & de fortifier quelque paffion en nous-mêmés, par exemple, ou l'audace ou la colere à force de nous réprefenter, ou nous laiffer réprefenter par les autres, les motifs qui nous les peuvent caufer.

par

Comme nos imaginations & nos pafGons peuvent être excitées & fortifiées par notre choix, elles peuvent auffi là être rallenties. Nous pouvons fixer par une attention volontaire,les pensées confufes de notre imagination diffipée. & arrêter par vive force de raisonnement & de volonté, le cours emporté de nos paffions.

Si nous regardions cet état mêlé d'imagination, de paffion, de raifonnement & de choix, nous confondrions enfemble les operations fenfitives & les intellectuelles, & nous n'entendrions jamais l'effet parfait des unes & des autres. Faifons-en donc la féparation. Et comme pour mieux entendre ce que fe roient par eux-mêmes des chevaux fougueux, il faut les confiderer fans bride, & fans conducteur qui les pouffe, ou qui les retienne; confiderons l'imagination & les paffions purement abandonnées aux fens, & à elles-mêmes, fans que l'empire de la volonté, ou aucun raifonnement s'y mêle, ou pour les exciter ou pour les calmer. Au contraire, comme il arrive toûjours que la partie fuperieure eft follicitée à fuivre l'imagination, & la paffion, mettons encore avec elles, & regardons comme une par

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vement du

tie de leur effet naturel, tout ce que la partie fuperieure leur donne par neceffité avant qu'elle ait pris fa derniere réfolution ou pour, ou pour contre. Ainfi nous découvrirons ce que peuvent par elles-mêmes l'imagination & les paffions, & à quelles difpofitions du corps elles s'excitent.

Et pour commencer par l'imagina De l'ima- tion, comme elle fuit naturellement la gination en particulier, fenfation, il faut que l'impreffion que aquel mou le corps reçoit dans l'une, foit attachés orps elle eft à celle qu'il reçoit dans l'autre ; & par attachée, la feule conftruction des organes, il nous paroîtra qu'il eft ainti. Il ne faut que fe fouvenir que le cerveau où aboutillent

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tous les nerfs, eft d'une nature fort mol le, & par-là ne peut s'empêcher de recevoir quelque impreffion par leur ébranlement, non plus que la cire par Fattouchement des corps qui la pres

fent

Et la chofe fera encore plus aifée à fentendre, fi on regarde toute la fubftance du cerveau ou quelques-unes de fes parties principales, comme compofées de petits filets qui tiennent aux nerfs, quoiqu'ils foient d'une autre nature, à quoi l'anatomie ne répugne gas, & au contraire l'analogie des autres

parties du corps nous portent à le croire Car les chairs & les mufcles, qui no paroiffent à nos yeux qu'une malle com pacte & confufe, dans une diffection délicate paroiffent un amas de petites cordes tournées en divers fens, fuivant les divers mouvemens aufquels ces parties doivent fervir. On trouve la mê me chofe de la ratte & du foye. La peau & les autres membranes font auffi un compofé de filets tres-fins, dont le tiffa eft fait de la maniere qu'il faut, pour donner tout-enfemble à ces parties La fouplefe & la confiftance que de mandent les befoins du corps.

On peut bien croire que la nature a'auroit pas été moins foigneufe du cerveau, qui eft l'inftrument principal des fonctions animales, & que la compofition n'enfera pas moins induftrieufe.

On comprendra donc aifément qu'il fera compofé d'une infinité de petits filets, que l'affluence des efprits à cette partie, & leur continuel mouvement, tiendront toûjours en état en forte qu'ils pourront être aifément mûs & pliés à l'ébranlement des nerfs en autang de manieres qu'il faudra.:

Que fi on n'obferve pas cette diftine, tion de petits filets dans le cerveau d'un

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