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cequi fe paffe au-tour d'elle, pour enfuite pourvoir aux befoins du corps, & faire fes réflexions fur les merveilles de la na ture. Peut-être que la chofe s'entendra mieux en la reprenant d'un peu plus

haut.

La nature intelligente afpire à être heureufe. Elle a l'idée du bonheur, elle le cherche, elle a l'idée du malheur, elle l'évite. C'eft à cela qu'elle rapporte tout ce qu'elle fait, & il femble que c'eft-là son fond. Mais fur quoi doit être fondée la vie heureuferfi ce n'est fur la connoiffance de la verité ? Mais on n'eft pas heureux fimplement pour la connoître, il faut l'aimer, il faut la vouloir. Il y a de la contradiction de dire qu'on foit heureux fans aimer fon bonheur & ce qui le fait. Il faut donc pour être heureux, & connoître le bien & l'aimer, & le bien de la nature intel ligente, c'eft la verité, c'eft-là ce qui-la nourrit & la vivifie. Et fi je concevois une nature purement intelligente, il me femble que je n'y mettrois qu'entendre & aimer la verité, & que cela feul la rendroit heureufe. Mais comme l'homme n'est pas une nature purement intelligente, & qu'il eft, ainsi qu'il a été dit, une nature intelligente unie au

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rps il lui faut autre chofe, il lui faut les fens. Et cela fe déduit du même principe, car puifqu'elle eft unie à un corps, le bon état de ce corps doit faire une partie de fon bonheur, & pour achever l'union, il faut que la partie intelligente pourvoye au corps qui lui ek uni, la principale à l'inferieure. Ainfi une des verités que doit connoître l'ame unie à un corps, eft ce qui regarde les befoins du corps, & les moyens d'y pourvoir. C'est à quoi fervent les fenfations, tomme nous venons de le dire, & comme nous l'avons établi ailleurs. Et notre ame étant de telle nature que fes idées intellectuelles font univerfelles, abftraites, feparées de toute matiere particuliere, elle avoit befoin d'être avertie par quelque autre chofe, de ce qui regarde ce corps particulier à qui elle eft unie, & les autres corps qui peuvent ou le fecourir, ou lui nuire, & nous avons dit que les fenfations lui font données pour cela, par la vûës par l'ouie,& par les autres fens, elle dif cerne parmi les objets ce qui eft propre ou contraire au corps. Le plaifir & la douleur la rendent attentive à fes befoins, & ne l'invitent pas feulement mais la forcent à y pourvoir.

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Voilà quelle devoit être l'ame. de-là il eft aifé de déterminer quel devoit être le corps.

Il falloit premierement, qu'il fût capable de fervir aux fenfations, & par confequent qu'il pût recevoir des impreffions de tous côtés; puifque c'étoit à ces impreffions que les fenfations de

voient être unies.

Mais fi le corps n'étoit en état de prêter les mouvemens aux deffeins de l'ame, en-vain apprendroit-elle par les fenfations ce qui eft à rechercher & à

fuir.

Il a donc fallu que ce corps, fi fropre à recevoir les impreffions, le fût auffi à exercer mille mouvemens divers.

Pour tout cela il falloit le compofer d'une infinité de parties délicates, & de plus les unir enfemble, en forte qu'elles Fuffent agir en concours pour le bien

commun.`

En un mot, il falloit à l'ame un corps organique, & Dieu lui en a fait un capable des mouvemens les plus forts, auffi-bien que des plus délicats & des

plus induftrieux.

Ainfi tout l'homme eft conftruit avec An deffein fuivi, & avec un art adm rable. Mais fi la fageffe de fon auteur

éclate dans le tout, elle ne paroît pas moins dans chaque partie.

l'ouvrage

admirable.

Nous venons de voir que notre corps devoit être compofé de beaucoup d'or ganes capables de recevoir les imprefLions des objets, &d'exercer des mouvemens proportionnés à ces impreffions. Ce deffein eft parfaitement executé. Touteft ménagé dans le corps humain II. avec un artifice merveilleux. Le corps Le corps reçoit de tous côtés les impreffions des humain eft objets fans eftre bleffé. On lui a donné d'un deffein des organes, pour éviter ce qui l'offenfe profond & ou le détruit, & les corps environnans qui font fur lui ce mauvais effet, font encore celui de lui caufer de l'éloignement. La délicateffe des parties, quoiqu'elle aille à une fineffe inconcevable, s'accorde avec la force & avec la folidité. Le jeu des refforts n'eft pas moins aifé que ferme, à peine fentons-nous battre notre cœur, nous qui fentons les moindres mouvemens du dehors, fi peu qu'ils viennent à nous, les arteres vont, le fang circule, les efprits courent, toutes les parties s'incorporent leur nourriture fans troubler notre fommeil, fans diftraire nos penfées, fans exciter tant foit peu notre fentiment, tant Dieu a mis de regle & de proportion, de déli

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catelle & de douceur dans de fi grands mouvemens. Ainfi nous pouvous dire avec affurance,que de toutes les propor tions qui fe trouvent dans les corps, celles du corps organique font les plus parfaites, & les plus palpables.

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Tant de parties fi bien arrangées, & propres aux ufages pour lefquels elles font faites, la difpofition des valvules, le battement du cœur & des arteres, la délicateffe des parties du cerveau, & da varieté de fes mouvemens d'où dépendent tous les autres: la diftribution du

fang & des fprits, les effets differens de la refpiration qui ont un fi grand ufage dans le corps tout cela eft d'une œconomie, & s'il eft permis d'ufer de ce mot, d'une méchanique fi admirable, qu'on ne la peut voir fans raviffement, ni`affez admirer la fageffe qui en a établi les regles.

Il n'y a genre de machine qu'on ne trouve dans le corps humain. Pour fuf cer quelque liqueur, les lèvres fervent de tuyau,& la langue fert de pîton. Au poulmon eft attachée la trachée-artere, comme une espece de flutte douce d'une fabrique particuliere, qui s'ouvrant plus ou moins, modifie-l'air & diverfifie le ton. La lague eft un archet qui battant

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