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Toit, & il voit bien que rien n'auroit été fait, fi ces loix n'étoient ailleurs parEfaitement entendues, & il faut reconnoître une fageffe éternelle, où toute loi, tout ordre, toute proportion ait fa raifons primitive.

Car il eft abfurbre qu'il y ait tant de fuite dans les verités, tant de proportion dans les chofes, tant d'œconomie dans leur affemblage, c'est-à-dire, dans le monde, & que cette fuite, cette proportion, cette œconomie ne foit nullepart bien entendue. Et l'homme qui n'a rien fait, la connoiffant veritablement, quoique non pas pleinement, doit juger qu'il y a quelqu'un qui la connoît dans fa perfection, & que ce fera celui-là même qui aura tout fait.

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Nous n'avons donc qu'à réfléchir fur nos propres opérations, pour entendre que nous venons d'un plus haut principe.

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l'imperfec tion de fon

qu'il y a ail

telligence

Car dés-là que notre ame fe fent ca- intelligence. pable d'entendre, d'affirmer & de nier, leurs une in & que d'ailleurs, elle fent qu'elle ignore parfaite. beaucoup de chofes, qu'elle fe trompe fouvent, & que fouvent auffi pour s'empêcher d'être trompé, elle eft forcée à fufpendre fon jugement, & à se tenir dans le doute: elle voit à la verité

qu'elle a en elle un bon principe, mais elle voit auffi qu'il eft imparfait, & qu'il t y a une fagelle plus haute à qui elle doit

fon Eftre.

و

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En effet, le parfait eft plûtôt que l'imparfait, & l'imparfait le fuppofe, comme le moins fuppofe le plus dont il eft la diminution & comme le mal fuppofe le bien, dont il eft la privation, ainfi il eft naturel que l'imparfait fuppofe le parfait, dont il eft, pour ainfi dire, déchu. Et fi une fageffe imparfaite, telle que la notre, qui peut douter, ignorer, fe tromper, ne laiffe pas d'être à plus forte raifon devons nous croire que la fageffe parfaite eft & fubfifte, & que la notre n'en eft qu'une étincelle.

Car fi nous étions tous feuls inteligens dans le monde, nous feul nous vaudrions mieux avec notre intelligence imparfaite, que tout le refte qui feroit tout à fait brute & ftupide, & on ne pourroit comprendre d'où viendroit dans ce tout qui n'entend pas, cette partie qui entend, l'intelligence ne pouvant pas naître d'une chofe brute & infenfée. Il faudroit donc que notre ame,avec fon intelligence imparfaite ne laiffaft pas d'être par elle-même, par confequent

étre éternelle & indépendante de toute autre chofe, ce que nul homme, quelque fou qu'il foit, u'ofant penfer de foi-même, refte qu'il connoiffe au-deffus de lui une intelligence parfaite, dont toute autre reçoive la faculté & la mesure d'entendre.

Nous connoiffons donc par nous mêmes, & par notre propre imperfection qu'il y a une fageffe infinie, qui ne se trompe jamais, qui ne doute de rien, qui n'ignore rien, parce qu'elle a une pleine comprehenfion de la verité, ou plûtôt qu'elle eft la verité même.

Cette fageffe eft elle-même fa regle, de forte qu'elle ne peut jamais faillir. & c'est à elle à regler toutes chofes.

Par la même raifon, nous connoiffons qu'il y a une fouveraine bonté qui ne peut jamais faire aucun mal, au lieu que notre volonté imparfaite fi elle peut faire le bien, peut auffi s'en détourner. De-la nous devons conclure que la perfection - de Dieu eft infinie, car il a tout en lui-même, fa puiffance l'eft auffi, de forte qu'il n'a qu'à vouloir pour faire tout ce e qu'il lui plaît.

C'eft pourquoi il n'a eu besoin d'aus cune matiere précedente pour créer le Monde, comme il en trouve le plan &

VII.

le deffein dans fa fageffe, & la fource dans fa bonté, il ne lui faut auffi pour l'execution que fa feule volonté toute puiffante.

Mais quoiqu'il faffe de fi grandes choses, il n'en a aucun befoin, & il est heureux en fe poffedant lui-même.

L'idée même du bonheur nous mene à Dieu, car fi nous avons l'idée du bonheur, puifque d'ailleurs nous n'en pouvons voir la verité en nous même, il faut qu'elle nous vienne d'ailleurs, il faut, dis-je, qu'il y ait ailleurs une nature vraiement bienheureufe, que fi elle eft bienheureufe elle n'a rien à defirer, elle eft parfaite, & cette nature bienheureufe, parfaite pleine de tout bien, qu'eft-ce autre chofe que Dieu ?

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Il n'y a rien de plus exiftant ni de plus vivant que lui, parce qu'il eft, & qui vit éternellement. Il ne peut pas qu'il ne foit, lui qui poffede la plenitude de l'Eftre, ou plutôt qui eft l'Eftre même, felon ce qu'il dit parlant à Moïfe, je fuis celui qui fuis, celui qui eft menvoye à vous.

En la préfence d'un Eftre fi grand & L'ame qui fi parfait, l'ame fe trouve elle même un& fe fent pur néant, & ne voit rien en elle qui de merite d'être eftimé, fi ce n'eft qu'elle

conoift Dieu,

capable

l'aimer, fent

eft

eft capable de connître & d'aimer dés-là qu'el Dieu.

pour

Elle fent par-là qu'elle est née lui. Car fi l'intelligence eft pour le vrai, & que l'amour foit pour le bien, le premier vrai a droit d'occuper toute notre intelligence, & le fouverain bien a droit de poffeder tout notre amour.

Mais nul ne connoît Dieu que celui que Dieu éclaire, & nul n'aime Dieu que celui à qui il infpire fon amour. Car c'eft à lui de donner à fa Créature tout le bien qu'elle poffede, & par confequent le plus excellent de tousles biens, qui eft de le connoître & de l'aimer.

le eft filte

Ainfi le même qui a donné l'Eftre & la Créature raifonnable, lui a donné le bien-Eftre. Il lui donne la vie, il lur donne la bonne vie, il lui donne d'être jufte il lui donne d'être fainte, il lu donne enfin d'être bienheureuse.

Je commence ici à me connoître mieux que je n'avois jamais fait, en me confiderant par rapport à celui dont

je tient l'Eftre.

pour lui, & qu'elle tieng tout de la

à à

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noiffant qu' elle o faker

Moïfe qui m'a dit que j'étois fait Pinge de Fimage & reffemblance de Dieu, en Dica. ce feul mot, m'a mieux appris quelle eft ma nature, que ne peuvent faire tous les livres & tous les difcours des Philo fophes.

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