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vent de fondement à la démonftration.
Voilà ce qui s'appelle les trois opera
tions de l'efprit. La premiere ne juge de
rien, & ne difcerne pas tant le vrai
d'avec le faux, qu'elle prépare la voye
au difcernement en démêlant les idées
La feconde commence à juger, car elle
reçoit comme vrai ou faux ce qui eft
évidemment tel, & n'a
pas befoin de
difcuffion. Quand elle ne voit pas clair,
elle doute, & laiffe la chofe à examiner
au raifonnement, où fe fait le difcerne-
ment parfait du vrai & dufaux.

Mais on peut douter en deux manie XIV. res. Car on doute premierement d'une Diverfes difpofition chofe avant que de l'avoir examinée, & de l'entens on en doute quelquefois encore plus demens. aprés l'avoir examinée. Le premier dou te peut être appellé un fimple doute, le fecond peut être appellé un doute raifonné, qui tient beaucoup du juge ment, parce que tout confideré, on pro nonce avec connoiffance de caufé que la chofe eft douteufe..

Quand par le raifonnement on entend certainement quelque chofe, qu'on en comprend les raifons, & qu'on a acquis la facilité de s'en reffouvenir, c'est ce qui s'appelle fcience. Le contraire s'appelle ignorance.

Il y a de la difference entre ignorance & erreur. Errere c'eft croire ce qui n'eft pas; ignorer, c'eft fimplement ne le fçavoir pas..

Parmi les chofes qu'on ne fçait pas, il y en a qu'on croit fur le témoignage dautrui, c'eft ce qui s'appelle foi. Il y en a fur lesquelles on fufpend fon jugement, & avant & aprés l'examen c'eft ce qui s'appelle doute. Et quand dans le doute on panche d'un côté plûtôt que d'un autre, fans rien déterminer abfolument, cela s'appelle opinion.

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Lorfque l'on croit quelque chofe fur le témoignage d'autrui, ou c'eft Dieu qu'on en croit, & alors c'eft la foi divine; ou c'eft l'homme, & alors c'eft la foi humaine.

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La foi divine n'eft fujette à aucune erreur, parce qu'elle s'appuye fur le témoignage de Dieu, qui ne peut tromper, niêtre trompé.

La foi humaine en certains cas peut auffi être indubitable, quand ce que les hommes rapportent paffe pour conftant dans tout le genre humain fans que perfonne le contredife; par exemple, qu'il y a une Ville nommée Alep, & un Fleuve nommé Euphrate, & une Montagne nommée. Caucafe,& ainfi du

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refte. Ou quand nous fommes tres-allurés que ceux qui nous rapportent quelque chofe qu'ils ont vû, n'ont aucune raifon de nous tromper. Tels que font par exemple, les Apôtres, qui dans les maux que leur attiroit le témoignage qu'ils rendoient à J. C. reffufcité, ne pouvoient être portés à le rendre conftamment jufqu'à la mort, que par l'a mour de la verité.

Hors de là, ce qui n'eft certifié que par les hommes, peut être crû comme plus vrai-femblable, mais non pas com

me certain.

Il en eft de même toutes les fois que nous croyons quelque chofe par des raifons feulement probables, & non tout-àfait convaincantes. Car alors nous n'avons pas la fcience, mais feulement une opinion, qui encore qu'elle panche d'un certain côté, ainfi qu'il a été dit, n'ofe pas s'y appuyer tout-à-fait, & n'eftjamais fans quelque crainte.

Ainfi nous avons entendu ce que c'est que fcience, ignorance, erreur, foi divine & humaine opinion & doute.

0 Toutes les fciences font comprises XV. dans la Philofophie. Ce mot fignifie Les Scien l'amour de la fageffe,à laquelle l'homme Aus

ces & les

parvient en cultivant fon efprit par les

Sciences.

Parmi les Sciences, les unes s'attachent à la feule contemplation de la verité, & pour cela font appellées fpeculatives les autres tendent à l'action, & font appellées pratiques.

Les Sciences fpeculatives font la Métaphyfique, qui traite des chofes les plus immaterielles, comme de l'Eftre en general; & en particulier, de-Dieu & des Eftres intellectuels faits à fon image. La Phyfique, qui étudie la nature. La Geometrie, qui démontre l'effence & les propriétés des grandeurs comme l'Arithmetique celle des nombres. L'A ftronomie, qui apprend le cours des Aftres,& par là le Systême universel du Monde, c'eft-à-dire, la difpofition de fes principales parties, chofe qui peut être auffi rapportée à la Phyfique.

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Les Sciences-Pratiques font la Logique & la Morale, dont l'une nous enfeigne à bien raifonner, & l'autre à

bien vivre.

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Des Sciences font nés les Arts, qui ont apporté tant d'ornement & d'utilité à la vie humaine.

Les Arts different d'avec les Sciences, en ce que premierement, ils nous font

produire quelque ouvrage fenfible; au lieu que les Sciences exercent feulement on reglent les operations intellectuelles: & fecondement, que les Arts travaillent en matiere contingente.

La Rhetorique s'accommode aux pafGions & aux affaires prefentes. La Grammaire au genie des langues, & à leur ufage variable. L'Architecture aux diverfes fituations; mais les Sciences s'oc cupent d'un objet éternel & invariable, ainsi qu'il a été dit.

Quelques-uns mettent la Logique & la Morale parmi les Arts, parce qu'el les tendent à l'action. Mais leur action eft purement intellectuelle, & il femble que ce doit être quelque chofe de plus qu'un Art, qui nous apprenne par où le raifonnement & la volonté eft droite, chofe immuable & fuperieure à tous les changemens de la nature & de l'ufage.

Il est pourtant vrai qu'à prendre le mot d'Art pour induftrie & pour, me thode, on peut dire qu'il y a beaucoup d'Art dans les moyens qu'employe la Logique & la Morale, à nous faire bien taifonner & bien vivre joint auffi que dans l'application il peut y avoir certains préceptes qui changent felen les perfonnes.

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