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rive à Gorne.

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qu'à une heure après minuit,. que nous amarâmes pour paffer le refte de la nuit près de terre. Nous avions alors dépaffé L'Au- Luxor, & nous étions vis-à-vis teur ar- de Gorne, gros Bourg qui eft à une lieue du Nil. Le lendemain matin j'envoiai le Cauvas porter la Lettre d'Agi Achmet à fon Caimacan; mais il en fut très-mal reçû cer Officier avoit aparemment apris que Moustapha avoit mal-traité les gens de fon Maître, lorsqu'ils voulurent nous faire changer de: Barque, pour nous en donner une que nous trouvâmes trop petite. Il vint cependant à nôtre bord; mais il ne voulut nous fournir aucun fecours, pas même du pain dont nous avions alors un extrême befoin. Il refufa, avec la même dureté, la propofition que nous lui fîmes

de

de laifler aller à Gorne le Pcre François, dont la maladie augmentoit confidérablement : ainfi nous fumes obligez de paffer outre. Comme le vent étoit contraire, nous ne fîmes qu'une lieuë de chemin, & il fallut s'arrêter vis-à-vis le Village d'Armant, qui eft à une lieuë delà.

A peine avions-nous été une heure dans cet endroit, que nous vimes venir trois Cavaliers, parmi lesquels étoit le fils d'un Chek Arabe de ce canton avec deux de fes domestiques il nous parla fort gracieufement, & nous offrit fes fervices. La premiere chofe que nous lui demandâmes fut de nous donner du pain, qu'il fit aporter fur le champ.

Comme la maladie du Pere François augmentoit confidé

A 6

ra

plus

haut.

tablement, que

, que la plupart des gens de l'équipage étoient incommodez,que Moustapha n'en pouvoit plus de fatigue, que le vent étoit toûjours contraire, & les chaleurs très-violentes; je réfolus de tenir un petit confeil pour fçavoir fi nous devions continuër nôtre route. Tout le monde s'offrit d'abord

à m'accompager par tout, mêRaifon me au péril de la vie ; mais pour-, après avoir meurement pesé e mon- tous les inconvéniens dont je te pas viens de parler, il fut réfolu tout d'une voix de ne point paffer outre, & de nous en retourner au Caire. J'étois extrêmement mortifié de ne pouvoir pas aller jufqu'à Effenay, où l'on voit les ruïnes d'un Temple magnifique; mais il fallut céder à la neceffité, efperant de me dédommager par la vifite des

lieux que j'avois laiffé fur la route, du plaifir que j'aurois eu à parcourir les antiquitez qui font aux environs des cataractes. Après cette réfolution, dont nous fimes part au jeune Seigneur Arabe qui étoit à nôtre bord, nous le priâmes de nous fournir quelques voitures pour nous conduire à son Village, ce qu'il fit de la meilleure grace du monde. Ainfi aiant fait monter fur une bourique le Pere François, que deux hommes foûtenoient, nous fuivîmes nôtre conducteur, dont le Pere nous reçût parfaitement bien, & nous fit donner les rafraîchiffemens dont nous avions be foin.

Le lendemain aiant témoigné à Selim (c'est le nom du Chek Arabe chez qui j'étois logé ) l'envie que j'avois de voir les

antiquitez d'Armant, il me fit préparer des chevaux, & vint lui-même m'y accompagner. Nous trouvâmes à une demie lieuë de fon Village, dans une affez belle Plaine les ruïnes d'un ancien Temple, dont les matereaux ont fervi à bâtir un Marabous. Les figures & les hiérogliphes dont les pierres font remplies, marquent que l'édifice auquel ils avoient été emploiez étoit de la premiere antiquité; elles ne fervent plus maintenant qu'à orner le Tombeau d'un Chek Arabe, nom❤ mé Affa Balla. A cent pas de cette Chapelle on trouve encore un grand nombre de débris parmi lesquels il y a plus 200. Colomnes du plus beau marbre granite qu'on puiffe voir; les pieds d'eftaux & les chapiteaux de ces Colomnes font répandus

de

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