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peuplée qu'elle l'étoit dans les tems dont je viens de parler; les guerres, la pefte, & les autres fleaux en ont fort diminué les habitans, & la pareffe naturelle des Turcs laiffe aujourd'hui trop de terres incultes, pour que le païs en puiffe nourrir un plus grand nom bre. On ne laiffe pas que de trouver encore dans le Delta, fur les bords des Canaux du Nil, une très-grande quantité de Villages, qui font affez peuplez; mais ce n'eft rien en comparaifon des tems où ce Roiau • meétoit fi floriffant.

forte

de gens.

Ceux qui habitent à prefent De l'Egypte, font de quatre fortes, quelle. les Turcs, les Maures, les Arabes & les Chrétiens Coptes: Egycar on ne parle pas ici des Grecs, pre est des Juifs & des Marchandsétrangers qui s'y font établis, habi

Je téc

ne dirai rien des Mœurs, de la Religion, ni des Coûtumes des premiers ni des feconds, parce qu'on fçait affez de quel le maniere ils vivent dans tous ces lieux où ils font établis. Les Arabes font ici, comme par tont ailleurs, fourbes & voleurs ; ils vivent la plûpart errans & vagabonds, & habitent les lieux les plus inacceffibles

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pour faire delà des courfes fur leurs

ennemis > qu'ils pillent & masfacrent fans miféricorde, n'épargnant ni les Marchands ni Tes Voiageurs qui ont le mal

heur de tomber entre leurs mains. Ce font gens dont il faut toûjours fe défier, malgré leurs careffes & leurs promeffes les plus folemnelles. Pour ce qui regarde les Coptes, qui font en affez grand nombre dans la Haute Egypte ; ils vivent la

plû

plûpart dans une grande ignorance & dans une extrême pauvreté. Ce qui font les moins ignorans, fervent de Secretaires aux Princes Arabes, fur-tout dans la Haute Egypte. Je n'ai rien à ajoûter ici, à ce que les relations des Miffionnaires Jéfuites en ont apris au public depuis quelques années.

parti

Provin

Je dois entrer maintenant dans Defcriune defcription particuliere des ption differentes Provinces de l'Egy- culiere pte. Ce que j'ai dit dans mon de quelJournal du Delta, & la Carte ques que j'en ai donnée,fuffit pour en ces d'Efaire connoître la fituation & la YP. fécondité; & j'ai affez parlé de fes principales Villes, pour n'être pas obligé d'en rien dire ici, non plus que du Caire & de fes environs. Mais comme je ne fuis pas entré dans un fi grand détail fur le Fioum, la Thebaïde

&

fioum.

& le Saïd, on auroit lieu de fe plaindre de moi, fi je n'ajoûtois ici ce qui manque à na relation fur ce fujet.

Le Fioum eft un des païs des plus abondants & des plus peuplez de toute 1 Egygte; il eft fitué à l'Occident du Nil, & commence à Laon, petit Village fur le Canal de Jofeph. Les Lables & les deferts de la Lybie le bornent au Couchant. Cette Province contient près de trois cens foixante Villages, & on y recüeille quantité de lin, plufieurs fortes de fruits, & beaucoup de raisins. C'est ce grand Canal du Nil qu'on apelle le Fleuve Joufeph, qui porte la fertilité dans ce païs, & va fe jetter ensuite dans le Lac Moris, près de la Ville de Fioum. Les figuiers y font en grande quantité, & ce païs eft fi bon, que ces arbres

eroiffent en peu de tems, & on y recueille une grande quantité de figues. On y feroit auffi de fort bons vins, s'il étoit permis aux Arabes de cultiver les vignes. Les Peres de TerreSainte qui en ont, fe trouvent obligez de cueillir le raifin avant qu'il foit mur, parce qu'autrement on le leur arracheroit; ain fi leur vin eft toûjours verd. : Il Il y a à quelques journées de Fioum, dans le defert, un lieu de peu d'étendue, rempli d'une infinité de Palmiers, qui portent les meilleures dattes de toute l'Egypte. Les Arabes qui les cultivent, ont grand foin de les arrofer de l'eau qu'ils tirent des Puits, qu'ils ont eu l'induftrie de creufer dans ce defert, & ils paient en dattes le tribut qu'ils doivent au Pa

cha.

Tome III,

G La

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