Imágenes de páginas
PDF
EPUB

dre favorables à leur faction. Ils pouffent même leur autorité jufqu'à fe rendre maîtres des biens de ceux qu'ils ont fecourus pendant leur vie, fe contentant. fouvent de donner quelque penfion à leurs enfans; tyrannie qu'ils exercent dans prefque tous les lieux où ils ont quelque pouvoir & quand le Pacha, informé de leur violence veut entrer dans ces fortes de difcuffions, ils trouvent le moien de l'apaifer, en lui faifant quelque prefent. Si l'on continue à donner à ces Janiffaires la propriété des Villages, comme on a fait depuis vingt-cinq ou trente ans, on peut compter qu'ils feront bien-tôt les plus riches & les plus puiffants de toute l'Egypte car dès qu'un bien eft entré une fois dans ce Corps, il p'en fort jamais. La Porte n'i

gnore

i

gnore pas une pratique fi. contraire à fes intérêts; mais il faudroit, pour y remédier, une profonde Paix, encore le Grand Seigneur feroit-il obligé de venir lui-même en Egypte.

C'est dans les Plaines du Sahidy qu'on trouve les plus beaux chevaux qui foient peut-être dans le rèste du monde, & les Chexs Arabes en ont ordinairement d'un très- grand prix. Ces chevaux ont tout ce qu'il faut pour plaire, la taille le poil, la fierté ; mais comme ils font nez dans un païs plat, & dont le terrain eft ferme, on prétend qu'ils n'ont pas la vigueur de ceux qu'on tire du côté d'Alep & de Damas, & qu'ils ne font propres ni aux boües ni aux païs de Montagnes. Ils ne laiffent pas cependant d'être en très- grande ré

pu

putation à la Porte, & les Pa chas du Caire, ainfi que fes principaux Officiers, s'en fervent avec avantage. C'est audeffus d'Affoüan que le Nil commence à n'être plus navigable à caufe des Cataractes, & on eft obligé en cet endroit de transporter les marchandises par

terre.

Les belles émeraudes fe trouvoient autrefois dans la Haute Egypte, mais la Mine où étoit cette belle Roche eft perduë depuis quelques années. Elle étoit entre les mains d'un de ces Princes Arabes dont je viens de parler. Ce Chex, quoique très-fidelle au Grand Seigneur, s'étant enrichi en peu de tems, il n'en fallut pas da vantage pour le rendre fufpect à la Porte; le Pacha entreprit de le perdre, & aiant

mar

marché contre lui avec quelques Troupes, l'Arabe prit une réfolution qui a peu d'exemples. Comme il n'y avoit que cinq ou fix perfonnes qui euffent connoiffance du lieu où étoit l'ouverture de la Mine, il les fit étrangler en fa prefence, & s'étant avancé enfuite vers fon ennemi, il combattit avec une valeur extraordinaire, & mourut percé de coups, trop content, à ce qu'il difoit, d'avoir trouvé le moien de punir l'insatiable avarice des Turcs, qui ne lui avoient déclaré la guerre que pour se rendre maîtres d'une Mi ne, qui alloit par-là devenir inutile à tout le monde. On affure qu'il y a encore quelques Arabes qui en ont connoiffance, mais la chofe eft fort fecrette.. On voit, à trois journées au-deffus de Sienne, les Carrieres dont

on

[ocr errors]
[ocr errors]

on a tiré autrefois cette grande quantité de Colomnes ďObélifques & d'autres monumens de marbre granite, dont l'Egypte eft encore remplie. Il fal loit un travail immenfe & une grande industrie, pour tirer de ces Rochers ces morceaux prodigieux de marbres, & des machines bien curieufes pour les faire defcendre dans les Canaux du Nil, qu'on avoit conduits jufqu'à la Carriere, & cela avec tant d'art, qu'ils entroient jufque dans la Carriere même ; & lorfque le Nil étoit débordé, le radeau fur lequel on devoit enlever la Colomne ou l'Obélisque, montoit jufqu'à l'endroit où les ouvrages avoient été taillez, & on les faifoit defcendre deffus, pour les tranfporter enfuite dans les lieux pour lesquels ils étoient deftinez; ce que j'ai vû, avec

une

« AnteriorContinuar »