Imágenes de páginas
PDF
EPUB

a donné à ces oiseaux un inftin& fi particulier fur ce fujet, qu'ils vont les attendre dans la faifon fur les Frontieres de l'Egypte, & les engloutiffent en volant. On trouve des Ibis de deux fortes, de blancs & de noirs; ces derniers ne fe rencontrent que dans la Baffe Egypte les premiers font fi communs dans le païs, qu'on en voit quelquefois des quantitez prodigieufes. Les Egyptiens, qui honoroient dans. l'Auteur de la Nature, tous les prefens utiles qu'il avoit fait à l'homme, ne manquérent pas de confacrer l'oiseau dont je viens de parler, & ils l'embaûmoient après la mort, pour conferver le fouvenir des fervices qu'il avoit rendus pendant fa vie, en purgeant le païs des ferpens & des autres infectes qui y caufoient tant de ravages..

On

On rencontre encore en Egypte de ces Eperviers, à qui on rendoit auffi un culte religieux; c'est un oiseau de proie, de la groffeur d'un corbeau, dont la tête reffemble à celle d'un vautour, & les plumes à celles d'un faucon. Les Prêtres de ce païs reprefentoient de grands mifteres fous le fymbole de cet oifeau. Ils le faifoient graver fur leurs obélifques, & fur les murailles de leurs Temples, pour representer le Soleil, qui étoit leur grande Divinité. La vivacité de fes yeux, qu'il tourne inceffamment vers cet aftre, la rapidité de fon vol, fa fécondité, fa longue vie, tout leur parût propre à marquer la nature du Soleil, qu'ils regardoient comme le pere visible de la nature; auffi apelloient-ils, cet oifeau Bajeth, qui veut dire, dans

l'an

l'ancienne langue des Coptes, la vie & le cœur ; & on puniffoit de mort celui, qui par hafard ou à deffein, tuoit un Ibis ou un Epervier: au lieu qu'on rendoit de grands honneurs aux perfonnes qui prenoient foin de porter à Buris & d'ensevelir ceux qu'ils avoient trouvez dans la Campagne.

morts

Je ne dirai rien ici de plufieurs autres oiseaux, qui ne font pas. fi particuliers à l'Egypte que ceux dont je viens de parler: comme les Aigles, les Vautours, les Oyes fauvages, les Péli-cans, les Poulles d'Aby ffinie, les Hérons, & plufieurs autres ; & je ne dirois rien auffi des Autrûches, fans une particularité, vraie ou fauffe, qui a donné lieu à une pratique pieuse parmi les Coptes. Quand le Prêtre, parmi eux, célébre le Service Di

vin,

vin, on fufpend vis-à-vis de lui une lampe allumée, entre deux œufs d'Autrûche

› pour l'avertir d'être atentif à ce qu'il fait, afin que fes diftractions ne lui faffent pas perdre le fruit qu'il doit retirer de l'exercice de fon miniftere ; & cette coûtume eft fondée fur ce qu'on dit dans le païs, que lorfque les Autrûches ont fait leurs œufs, ils ne fe mettent pas deffus & ne les couvent que de leurs regards, & lorfque l'un des deux couples veut aller chercher fa nourriture il avertit l'autre par fon cri, qu'il va s'éloigner & il revient enfuite pour lui laiffer la liberté d'aller où fes befoins l'apellent.

[ocr errors]

Tels font les animaux, les oifeaux & les poiffons qu'on trouve encore aujourd'hui en Egypte, & qui fondoient autrefois

une

une partie du culte des anciensEgyptiens. Tout ce qui étoit utile ou pernicieux y étoit respecté, & les Villes les plus célébres portoient fouvent le nom des animaux, pour lesquels on y avoit le plus de vénération ; ainsi la Ville de Bufiris rendoit un culte religieux au Bœuf, ainsi que celles de Memphis & de Mnevis; celle de Crocodilopolis aux Crocodiles; celle de Bubafte aux Chats ; celle de Mendes aux Boucs; celle de Kinopolis aux Chiens, fans parler de plufieurs autres qui fe diftinguoient par le culte qu'elles rendoient à d'autres animaux. Si j'entreprenois ici d'aprofondir la Théologie de cet ancien peuple, il ne me feroit peut-être pas difficile d'en faire l'apologie, contre les accufations des anciens Poëtes & hiftoriens; mais je crois qu'on

n'at

« AnteriorContinuar »