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ment des reprefentations d'Ifis & d'Ofiris, les deux grandes Divinitez d'Egypte, qui pour avoir enfeigné l'Agriculture aux Egyptiens furent mis après leur mort au rang des Dieux, & honorez fous les fymboles de ces deux animaux. On m'affura qu'il y avoit une autre Statuë à deux lieuës delà d'une groffeur prodigieufe, dont la tête representoit une femme fur le corps d'un Lion ou de quelqu'autre animal, & qu'on trouvoit en ce même endroit un nombre prodigieux de momies, qu'on retiroit des Puits & des autres lieux foûterrains. Comme tous les environs font remplis de ruïnes & de monumens, je ne doute point que le lieu dont on me parloit ne fut celui des Catacombes, ou d'Hermontis ou de Latopolis, qui en étoit pro

che.

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che. La chaleur exceffive & la grande fatigue, qui m'avoit entierement épuifé, ne me permirent pas d'y aller ce jour-là; & le lendemain, comme je me difpofois à y aller, le Pere François fe trouva fi mal, que je ne pûs pas me difpenfer de demeurer tout le jour auprès de lui. Après tout il ne fait pas bon s'écarter dans une campagne fi deferte, & où les Arabes font fi méchans, qu'ils ne cherchoient que l'occafion de me voler & de m'affaffiner. Le Chex, lui-même, qui me parut un fort hon nête homme, m'afsura que fa protection ne me garantiroit pas, & qu'il fe trouvoit fouvent obligé, malgré lui, de diffimuler & de laiffer impunies les entreprises que fes Vaffaux font tous les jours. Il m'avertit même charitablement, que com

me

me ils étoient perfuadez que je n'avois d'autre deffein que de déterrer les trefors qu'ils croient, cachez fous ces ruïnes,ils étoient réfolus de fe défaire de moi, & que tout ce qu'il avoit pû obtenir, étoit qu'ils ne me feroient point de mal si je partois le lendemain. Il n'en fallut pas davantage pour m'obliger à prendre. les mesures neceffaires à un départ si précipité ; je fis faire un brancard pour porter nôtre malade, & nous le conduifîmes ainfi fur le bord du Nil, qui eft à une demi lieuë du Village de Sélim. Un Chrétien Copte, d'Armant nous aida à le porter; car les Turcs n'oferoient rendre ce service à un Chrétien comme fi la charité ne devoit pas être une vertu dans toutes Religions; & quand l'Evangile, qui recommande fi forte

Tome III.

B ment

ment l'amour du prochain, dans la belle Parabole de cet homme qui fut bleffé par des voleurs & abandonné dans un chemin, ne contiendroit pas d'ailleurs les préceptes de la morale la plus pure, il feroit dans ce feul article, qui eft fi conforme à la Loi naturelle, infiniment fupérieur à toutes les fectes du monde.

Sélim & fon fils vinrent nous accompagner à nôtre Barque, après nous avoir fait donner quelques provifions. Je les remerciai de toutes leurs honnêtetez, & leur témoignai l'envie que j'avois de leur être utile en quelque chose. Ce fut alors que le Chex m'aiant tiré à part, me pria de lui communiquer le fecret de faire de l'or, étant perfuadé, comme il me l'affura, que j'en avois une parfaite connoiffance, il me montra même

une

une petite boëte où il y avoit da mercure, croiant que je n'avois qu'à y mêler un peu de poudre pour le mettre en état d'executer lui-même ce grand œuvre; j'eus beau me défendre d'une connoiffance que perfonne que je crois n'a jamais poffedée, il me fut impoffible de le perfuader, & il fe retira affez mécontent de moi. Ainfi a-t-on quelquefois autant de peine à desabufer les autres des connoiffances qu'on n'a pas, qu'à les convaincre de celles qu'on pofféde. Après avoir pris congé de nos deux Arabes, nous nous embarquâmes à une heure après midi pour defcendre le Nil, & nous L'Aufaiffant aller au courant de l'eau, nous paffâmes devant les deux le Nil. Luxor. C'est dans ces lieux où l'on trouve les plus belles antiquitez de la Haute Egypte. Je B 2 n'cu

teur redefcend

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