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n'oubliai rien pour engager le Patron de la Barque de nous y arrêter; mais il n'en voulut rien faire, à cause que les habitans de ces deux Villages étoient en guerre avec leur Chek. Comme nous allions affez doucement, je confidérai à loifir ces vaftes Palais, ces Temples magnifiques, ces Obélifques, & ce nombre prodigieux de groffes Colomnes qui font encore fur pied, fur quoi l'on peut confulter ce que j'en ai dit dans mon premier Voiage, & le comparer avec la defcription qu'à fait Strabon de ces édifices, qu'il avoit vûs à peu près dans le même état où ils font aujourd'hui. Quelque tems après nous paffâmes près d'une Ile où nous vîmes des Crocodiles d'une grandeur prodigieufe. A une heure après minuit

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nous

nous jettâmes l'ancre au milieu du Fleuve » pour n'être point infultez par les Arabes. Nous fûmes même obligez de faire bonne garde pendant la nuit, parce qu'ils viennent quelquefois en nageant entre deux eaux, & emportent, fans qu'on s'en aperçoive, les hardes & les provifions qu'ils trouvent fous leurs mains.

Le 6. après trois heures de navigation, nous arrivâmes à la hauteur de Négade, où nous fûmes obligez de nous arrêter, pour donner le tems au Pere François de rétablir fa fanté. J'eus le bonheur, pendant le féjour que je fis en ce lieu, de guérir le Caimacan d'une maladie qui le faifoit languir depuis fept mois. Comme il n'y a rien de curieux à voir à Négade, j'y cherchai des Médailles, & j'en B. 3

trou

(

trouvai plufieurs, fur tout des Prolemées.

Le huit, après avoir pris les provifions que le Caimacan m'avoit données pour le prix de fa guérifon, nous reprîmes nôtre navigation, & voiant que j'étois près de Kous, je mis pied à terre pour aller avec Moustapha vérifier l'Infcription que j'avois copiée fur ce fameux monument, qu'on croit être le Tombeau de Cléopâtre. Le vent, qui étoit favorable, nous obligea à revenir à la Barque & le même jour nous arrivâmes devant la petite Ville de Canne, où j'allai porter la lettre de l'Aga du Bey de Girge, au Chek des Cherifs, qui me reçût parfaitement bien. Ce fut-là où je trouvai cette belle Médaille de grand bronze, où font les deux êtes de Vefpafien & de Tite

fon

fon fils, qui a été mise dans le Cabinet du Roi.

Comme mon principal deffein en defcendant le Nil, étoit d'aller vifiter les antiquitez d'Andera, que je n'avois pu voir en remontant, j'engageai Moustapha à y venir avec moi. J'eus bien de la peine à l'y déterminer: il ne manquoit pas de bonne volonté ; mais outre qu'il étoit très-fatigué de toutes les courfes que je lui faifois faire, la crainte qu'il avoit des Arabes redoubloit chaque jour. Elle n'étoit pas fans fondement, & quand nous arrivâmes à Canne, le bruit s'y étoit déja répandu qu'on nous avoit affallinez. Nous aprîmes même que nous étions partis fort à propos du Village de Sélim, où l'on armoit deux Barques, pour venir nous infulter & enlever l'ar

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gent & les pierreries qu'on croioit que nous avions trouvez dans les ruïnes qui font aux environs. Enfin après avoir fait prefent à Moustapha d'une trentaine de ces cruches où les Egyptiens font rafraîchir l'eau du Nil, il me promit qu'il m'accompagneroit par tout où je voudrois.

Le lendemain neuf du mois, après une heure de navigation, nous voiant à la hauteur d'Andera, nous mîmes pied à terre, & après une heure & demie de chemin dans une campagne deferte, nous arrivâmes auprès des ruïnes que j'avoistant d'enBeaux vie d'examiner. La premiere Monu- chofe qui fe prefenta à mes d'An- yeux, fut un beau portique fait dera. en arc de triomphe, & rempli

mens

de figures en bas reliefs entreQuelle mêlées d'hierogliphes. Je crûs,

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Lans

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