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où il étoit, de vouloir lui donner du vin, que la couleur de la boiffon que je lui prefentois, étoit la teinture des fimples que j'avois emploiées à cette compofition, & qu'il n'avoit qu'à en boire fans crainte & en quantité, ce qu'il executa avec un fuccès fi heureux, qu'en trois jours il fut entierement hors d'affaire, & fe trouva en état de monter à cheval.

Comme la Barque que nous avions prise à Bajoura ne de voit nous conduire que jufqu'à Girge, nous en løüâmes une autre pour aller au Caire; avec cette condition que nous nous arrêterions par tout où nous voudrions. Nous partîmes le vingt-huit & nous arrivâmes. le même jour à Axmin, où le Cacheïf Kalif me fit toutes fortes d'amitiez & me donna trois C C6 pains

pains de fucre qui pefoient vingtlivres chacun. Comme je lui faifois le recit desavantures qui m'étoient arrivées pendant mon voiage, & que je lui parlois des monumens les plus remarquables de la Haute Egypte, il me dit que puifque j'étois fi curieux, je ne devois pas oublier de paffer à Siouth, où il y avoit une Grotte dans laquelle on entendoit continuellement un bruit femblable à celui d'un moulin; ajoûtant que perfonne jufqu'à prefent n'avoit pû deviner la caufe d'un événement fi extraordinaire. Je lui promis d'y paffer & d'examiner la chofe avec attention. Après avoir remercié le Cacheïf de toutes fes honnêtetez, & lui avoir promis un fufil , que je lui envoiai dès que je fus arrivé au Caire, je me rembarquai pour continuër à def

defcendre le Nil. J'eus grand foin de recommander au Patron de la Barque de ne point dépaffer Siouth fans m'en avertir, ce qu'il me promit.

Nous fuivîmes le courant du Fleuve tout ce jour-là & la nuit fuivante, jufqu'à deux heures après minuit, que nous jettâmes l'ancre au milieu du Nil, qui étoit fort large en cet endroitlà. Le lendemain matin, à la pointe du jour, nous remîmes à la voile, & le foir nous arrivâmes au Port de Siouth ouh nous paffâmes la nuit dans nô-. tre Barque. Dès que le Soleil fut levé, j'allai avec Moustapha à la Ville pour faluër Omer Chalibi qui en eft Gouverneur. Il n'étoit pas encore levé mais fon Caïa, à qui nous nous adreffâmes, nous pria de l'attendre. Comme il nous demanda

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pendant la conversation, pour quel fujet nous étions revenus dans cette Ville; je lui dis que Grot- c'étoit pour voir une Grotte qui eft dans le voisinage, où l'on veilleu- m'avoit affuré qu'on entendoit fes aux un bruit extraordinaire. Il me

tes

mer

rons de

envi- dit là-deffus qu'on m'avoit tromSiouth, pé, & qu'il n'avoit jamais entendu parler de rien de pareil ; mais fes domeftiques s'étant aprochez; lui affurérent que la chofe étoit ainfi que me l'avoit dit le Caimacan d'Axmin. Ce qui l'obligea de me faire prépa rer des chevaux pour y aller, avec deux perfonnes qui y avoient été & qui nous devoient montrer le chemin. A deux lieuës ou environ de Siouth s'éleve une haute Montagne,qui eft toute remplie de Grottes, fi belles & fi vaftes, qu'il a fallu un tems infini pour les tailler.

J'en:

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J'entrai dans quelques-unes de celles qui me parûrent les plus curieufes, fur-tout dans une où il demeure une douzaine de familles de Chrétiens Coptes, qui y ont une Eglife taillée dans le Roc, avec trois Prêtres & quelques Laïques pour la deffervir. Cette petite République fubfifte là depuis long-tems, & y joüit des priviléges que les Empereurs Ottomans qui conquirent l'Egypte lui accordérent, en les délivrant de toutes fortes de tributs & d'impofitions, à condition feulement qu'ils exerceroient l'hospitalité à l'égard des Turcs qui pafferoient par cette Montagne. La Grotte où demeurent ces bonnes gens, prefente d'abord un affez beau Portique, par où l'on entre dans une cour, où l'on a taillé le Roc avec tant de

pro

pre

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