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gé dans toute l'Egypte ; mais elle a chargé le Confeil de vous faire fçavoir, qu'il ne convient point du tout qu'il s'expofe à tenter de nouvelles découvertes, fous quelque prétexte que ce foit vous lui. donnerez, part de cette résolution, le plus promptement qu'il vous fera poffible, faciliterez de tout vôtre pouvoir fon retour en Provence, quand vous trouverez une. occafion favorable pour fon embarquement.

Cet ordre étant auffi précis qu'il étoit, je partis du Caire le 9. Août 1717. accompagné de M. Jolain, premier Drog man de la Nation Françoife, qui alloit à Alexandrie avec un Aga du Pacha, pour faire préparer les trois Vaiffeaux,qui devoient conduire le Gouverneur à Tripoli de Syrie, & les envoier à Da-: miet

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miette, où il avoit réfolu de s'embarquer. Comme nôtre navigation fur le Nil fut fort heureufe nous arrivâmes en deux jours à Rofette, d'où nous partîmes le douze, fur une petite Germe, pour aller à Alexandrie.. Dès que je fus arrivé en cette Ville; je traitai avec M. Pélegrin de la Siouta, dont le Vaiffeau étoit prêt à partir, & m'étant embarqué le 22. on fit voile fur les neuf heures du matin.. Comme le vent étoit Nord, nous fûmes obligez de faire une. bordée, qui nous porta le 26. à la vûë de la terre de la Caramanie. Ce fut ce jour-là que nous aperçûmes un Vaiffeau, › que nous crûmes être un Corfaire Turc.. Le Capitaine fit mettre le canon à la Mer, & fit force de voiles fur lui; mais il reconnut à l'a

proche, que › que c'étoit un Vaiffeau Mal

Malthois, qui croifoit fur cette Mer. Le vent s'étant mis à l'Eft, nous arrivâmes le 29. à la hauteur de l'Ifle de Candie. Le cinq de Septembre,nous revîmes deux Vaiffeaux Barbarefques; mais comme le nôtre étoit très bon voilier, nous les perdîmes de vûë fur le foir. Nous ne laiffions pas d'être toûjours fur nos gardes ; car on nous avoit avertis que quelques Corfaires d'Alger avoient arboré le pavillon de Salé, pour courir fur tous les Vaiffeaux qu'ils rencontreroient. Le 9. nous dépaffàmes l'Ifle de Malthe. Quelques jours après nous doublâmes le Cap Bon. Et labonace nous aiant obligé d'arrêter le 18. auprès des Imbres, qui font des Ifles à la hauteur de Bizerte, nous aperçûmes pendant la nuit un Vaiffeau qui chaffoit fur nous; mais nous aprimes, à l'aproche

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que c'étoit un Bâtiment François, monté par le Capitaine. Calas, qui venoit de Marseille, & qui alloit au Levant chargé de bled.. A peine fûmes-nous. délivrez de la crainte que nous avoit donnée le Vaiffeau dont je viens de parler, que nous en aperçûmes un autre qui faifoit force de voiles pour nous aborder; mais aiant reconnu par nôtre contenance que nous étions en état de nous défendre, il prit le large & s'éloigna fans nous tirer aucun coup. Le foir du même jour nous aperçûmes l'Ifle de Sardaigne, & nous entendîmes toute la nuit le bruit du canon & des bombes, que les Efpagnols tiroient au Siége de Cagliari. Le 20. après avoir côtoïć cette Ifle avec un petit vent, nous paffâmes près des Ifles de S. Pierre ; & nous arrivâmes à

la

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la vûë de l'Ile de Corfe, où l tems s'étant changé tout d'un coup, le vent devint fi violent, que nous fûmes obligez de relâcher à l'Oriftan; qui eft une Baye de l'Ile de Sardaigne, où nous nous mêmes à couvert de la tempête. Après y avoir demeuré fept jours, on remit à la voile, & on vint moüiller par un affez beau tems au Port de la Siouta, d'où nous arrivâmes aux Ifles de Marseille le quinze. Après avoir débarqué, nous fûmes conduits au Lazaret pour y faire la quarantaine, précaution. que l'on prend à l'égard de tous. ceux qui reviennent du Levant, pour éviter le mauvais air qu'ils pourroient aporter d'un païs où. la peste & d'autres maladies contagieufes regnent fouvent. Le Lazaret eft un des plus beaux Bâtimens qu'on puiffe voir; les.

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