S. SOR- nau natif comme lui de Saint Ambroix. BIERE. , Ce fut alors qu'ayant formé le deffein de fe fixer en quelque endroit pour y exercer la Medecine, il alla demeurer à Leyde. Mais il étoit trop inconftant pour demeurer toûjours dans le même endroit. A peine eut-il été quelque temps à Leyde, qu'il revint en France, où il fut fait Principal du College d'Orange en 1650. Sur la fin de l'an 1653. il alla à Vaifon, où il abjura le Calvinifme & embraffa la Religion Catholique, à la perfuafion de Jo feph Marie Suarés, Evêque de cette Ville, dont il prit le nom, lorfqu'il fe fit confirmer. Il vint enfuite à Paris au commencement de l'année 16'54. & y publia felon la coûtume un difcours touchant fa converfion, qu'il dédia au Cardinal Mazarin, Le Clergé lui accorda une penfion de 400 liv. & il prit le petit Collet dans l'efperance d'avoir quelque bon Benefice, fuivant la promeffe de ce Cardinal, qui lui donna en attendant une penfion de 300 liv. S. SOR Il alla enfuite faire un voyage BIERE. à Rome, où il fe fit connoître au Pape Alexandre VII. par une Lettre latine qu'il lui adreffa, & qui étoit écrite contre fes envieux Proteftans. reçu ce De retour en France il fut dans l'Academie de Phyfique, qui fe tenoit chez M. de Montmor, Doyen des Maîtres des Requestes. Il paffa enfuite en Angleterre, & fit imprimer la Relation de voyage, qui fut cause qu'il fut exilé par une Lettre de Cachet à Nantes, d'où il fut rappellé peu de temps après. On a parlé diverfement du fujet de fon exil, que la plupart ont attribué à quelque plainte que le Roi avoit reçue de lui, au fujet de la liberté qu'il s'étoit donnée en parlant du Comte d'Ufeld, qui avoit époufé une fille naturelle du Roi de Danemarc Le Cardinal Rospigliofi étant fur les rangs pour être Pape après la mort d'Alexandre VII. Sorbier qui l'avoit connu à fon premie BIERE. S. SOR- Voyage de Rome,& qui avoit publiċ un Recueil de Poëfies à fa louange, se preffa de retourner en Italie en 1667. pour le trouver à fon exaltation. Ce Cardinal fut élu en effet, & prit le nom de Clement IX. Mais Sorbiere qui efperoit beaucoup de lui fut trompé dans fon elperance. Ce Pape le reçut fort bien, mais il fit de chofes pour lui. Ainfi il fut obligé de revenir en France après avoir reçu une bourfe de cent piftoles pour les frais de fon voyage, mais dont le porteur lui excroqua vingt. On lui donna à la verité quelques Benefices en Bretagne; mais comme ils étoient litigieux,il n'en profita pas beaucoup. peu Si Sorbiere n'eût pas été fi fort adonné à ses plaisirs, il auroit été plus content de fa deftinée qu'il ne l'étoit, & il ne fe feroit pas plaint continuellement, comme il faifoit, de l'injuftice de la fortune à fon égard. Car outre que le Roi Louis XIV. l'avoit honoré en 1660. de la Charge de fon Hiftoriographe, il lui avoit donné quelques mois après une pension de mille livres S. SOR fur l'Abbaye d' Homblieres de l'Or-BIERE, dre de S. Benoît au Diocese de Noyon, & deux ans après une autre de pareille fomme en qualité de Sçavant. D'ailleurs le Pape Alexandre VII. lui donna en 1656. deux pétites penfions fur des Benefices du Comtat Venaiffin, & en 1664. le Prieuré de S. Nicolas de la Guierche au Diocese de Rennes, qui lui rapportoit soo. liv. Le Cardinal Mazarin lui avoit fait auffi donner une Chapelle de même valeur, & lui avoit procuré en 1660. une penfion de 800.liv. du Clergé, On peut même affurer que s'il cût eu l'efprit un peu tourné à la pieté, & s'il n'eût pas préferé à la vie d'un veritableEcclefiaftique cel le d'un Philofophe qui aime un peu trop les plaifirs, il auroit été infailliblement pourvû d'autres Benefices plus confiderables. Car au fond il étoit honnête homme, il fçavoit l'art de plaire à tout le monde, il avoit du merite & ne manquoit pas de Patron. Il mourut le 9.Avril 1670.après BIERE. S. SOR- une maladie d'environ trois mois, caufée par une hydropifie redoublée. M. Graverol dit avoir appris d'un de fes plus proches parens, que connoiffant qu'il n'en pouvoit revenir, il prit quatre grains de Laudanum pour s'étourdir & s'épargner les horreurs de l'agonie & de la mort. Il étoit fort connu des Grands & des Sçavans de France, d'Italie, d'Angleterre & d'Allemagne. Clement IX.avant fon élevation au Pontificat étoit en grand commerce de Lettres avec lui; mais il ne` le traita jamais que comme fon ami, fans avoir foin de fa fortune. Sorbiere s'en plaignoit auffi plaifamment,en difant qu'il avoit plus de befoin d'une charetée de pain, que d'un baffin de confiture. On envoye, ajoûtoit-il, des manchettes à un homme qui n'a point de chemife. Sa science au refte étoit mediocre & affez bornée, & l'on peut dire que fa qualité de neveu de Samuel Petit le fit autant confiderer que fa doctrine. Peu de gens cependant ont fçu comme lui la |