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L'Abbaye de S. Gildas (a) va

PIER

quoit.Les Moines de cette Abbaye RE ABE'charmez de la réputation d'Abé- LARD. lard, & ne le connoiffant que par ce bel endroit, le choifirent en 1127. pour leur Abbé d'un confentement unanime. Il n'étoit âgé que de 48. ans.Ce fut fur la fin de 1129. qu'il vint mettre Heloise en pofleffion du Paraclet. Son féjour à Argenteuil pendant 12. ou 13. ans l'avoit empêché de jouir de la prefence de ce cher époux, qui en faveur d'Heloife fe depoüilla de tout ce qui lui appartenoit au Paraclet. La donation fut faite en forme.

Abelard partit pour S. Gildas, il y donna fon Explication de l'Oraifon Dominicale, celle du Symbole des Apôtres & de celui de S. Athanafe, & fon Traité des Hérefies qui eft moins éloquent que fes autres Ouvrages, parce que ce n'eft qu'un tiffu des paflages de l'Ecriture. Dupin (b) affure que ce Traité

(a) Ordre de S. Benoît fitué fur le bord de la mer, Diocese de Vannes.

(b) Biblioth. Ecclef. Auteurs du XI. Siecle.

LARD.

PIER-n'eft point d'Abélard, fes preuves RE ABE'- n'ont rien de plaufible. On apperçoit dans ce Traité quelques uns de ces fentimens finguliers dont Abelard étoit fi entêté, & qui n'ont que fon imagination pour fondement & pour preuve.

C'eft dans la même folitude qu'il écrivit la Lettre vigoureuse contre S. Norbert Il ne le défigne que par ces termes, quemdam Canonicum Regularem. Ce Saint mettoit les Chanoines Reguliers au-deffus des Moines. M. Gervaise est persuadé que leP.Mabillon & les Chanoines Reguliers ont tiré de cette Piece d'Abélard tout ce qu'ils ont avancé dans les Factums qu'ils ont faits pour leurs préféances les uns fur les autres aux Etats de Bourgognevers 1689.

Il fit auffi dans cette Abbaye fon Commentaire fur l'Epitre de S. Paul aux Romains.

Ces Moines accoûtumez à toure forte de libertinage, ne purent fouffrir celui qu'ils avoient mis à leur tête, refolus d'imiter leurs anciens Confreres, qui dans la naif

fance de l'Ordre voulurent empoi- PIERfonner S. Benoît leur Patriarche; RE ABEils empoisonnerent même le Cali- LARD. ce d'Abélard, le vin & tout ce qui pouvoit lui être utile ou à table, ou dans les Minifteres les plus refpectables. Ils chercherent en un mot à le poignarder. Un égout fervit d'azile à cet Abbé, & le fauva.

C'eft après toutes ces perfécutions violentes qu'il mit au jour cette longue Lettre à un Ami, où il étale toutes les circonftances de fes calamitez. Cette Piece interefle le Lecteur, & l'on ne peut lui refufer au moins un peu de fenfibilité.

M. Gervaife a donné en 1713.en 2. vol. in 12. imprimez à Paris une traduction fidele de toutes les Lettres qui ont entretenu ce commerce fi téndre & fi ingenieux entre Abelard & Heloife, pendant qu'il étoit à Ruys.. Celle-ci eft la pre

miere.

S. Bernard par occafion ou au-. trement étant venu au Paraclet comme l'on chantoit Vêpres, de geur d'interrompre l'Office Divin,,

PIER- entra dans l'Eglife; il fut furpris RE ABE'- de ce que la Superieure à la fin de

LARD.

que

l'Office recitoit l'Oraifon Dominicale tout haut, & dans cette Priere, au lieu du mot quotidien elle lifoit celui de supersubstantiel. Notre Saint en fit le fujet de la converfation qu'il eut avec Heloife. Elle foûtint la thefe & tâcha de lui prouver par l'Hebreu de S. Matthien, par les Peres & par l'Ufage de l'Eglife Grecque, que le mot de fuperfubftantiel étoit le mot veritable & authentique de cette Priere. S. Bernard n'avoit gueres pour lui que l'ufage de l'Eglife Romaine. Abelard fut bien-tôt inftruit de cette vifite & de la petite controverfe qui s'étoit agitée entre le Saint & Héloïfe. C'est le fujet de la Lettre qui eft p. 244. des Ouvrages d'Abélard.

Quelque temps après cette Abbeffe lui demanda ce qu'il penfoit des devoirs des Religieufes, & le pria d'avoir la bonté de compofer une Regle pour des femmes, parce que la Regle de S. Benoît renfermoit plufieurs chofes qui ne peuvent

PIER

RE ABE'

convenir qu'aux hommes. Cette
Piece eft le plus bel Ouvrage de
l'Abbé de Ruys, le plus fçavant, LARD,
& celui où il a répandu le plus

d'onction.

L'Exhortation Latine à l'étude des Lettres vint après. Cet Ecrit fut bien-tôt fuivi d'une Réponse aux Problêmes qu' Heloife lui avoit propo fez, & qui n'étoient que des queftions que plufieurs Religieufes,qui avoient cultivé l'étude des Langues faintes fous cette fameuse Abbeffe, faifoient fur les endroits difficiles de l'Ecriture fainte. Abélard y joignit un autre Ouvrage (a) dans lequel il rapporte tous les Paffages de la Bible qui femblent fe contredire. Il l'intitule: Sic &❀. non: le oui & le non.

(a) Ce Traité fe trouve mf. dans la Bibliotheque de S. Germain des Prez, dans celle du Mont S. Michel de l'Ordre de S. Benoît en France, & à Cambrige en Angleterre, dans la Biblioth. publique Cod. 168. & dans le College de S. Benoît de la même Ville Cod 390. V. Oudin Supplem. ad Biblioth. Labbe p. 412. Edit in 8. Et le P. Alexandre fac.XII Part. III.Difert, 7.

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