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J. C. 408.

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Saül étant parti avec fes inftructions, fe poita dans les Gorges les plus fûres des Alpes Cottiennes par où Alaric de- ANNE'E DE voit paffer. Celui-ci qui étoit en marche, s'étant arrêté le jour de Pâques par refpect pour une fi grande Fête qu'il vouloit célébrer tranquillement, quoiqu'il fut Arien, Saül à qui l'occafion & le lieu parurent favorables, le chargea vigoureusement. Alaric fit tout ce qu'il put, pour éviter le combat, mais voïant que Saül ne ceffoit point fes attaques, il fut forcé de mettre fes Troupes en ordre de bataille & de faire face à l'ennemi fur lequel il fondit avec tant de valeur, qu'il le défit,& qu'il remporta une victoire très-complette * Cependant irrité de fe voir traiter avec tant de fourberie, il retourna en Italie avec toutes fes Troupes, & il s'achemina vers le Pô, s'approchant des Légions Romaines qui étoient campées proche de Pavie.

te.

Pendant ce tems, Olympius Capitaine des Gardes de l'Em- Sa trahifon pereur Honorius, de qui Saint Auguftin parle avec éloge eft découver dans les Lettres 1 24. & 129. découvrit à l'Armée & aux. principaux Officiers les pernicieux deffeins de Stilicon. Illeur apprit à tous que cet ambitieux avoit formé le projet. d'ufurper l'Empire d'Orient ; qu'afin d'empêher qu'Honorius ne s'y oppofat, il avoit travaillé à donner de l'occupa-tion à cet Empereur par le moïen des Gots & des autres Ña-tions qui étoient entrées par fon ordre dans les Provincesdes Gaules, & que connoiffant la nonchalance d'Honorius, il avoit attiré les Gats en Italie, pour le chaffer enfuite lui-même du Trône Impérial d'Occident, & fe rendre Maître de tout. Les affûrances qu'il donna des intrigues cri- minelles de Stilicon aux Officiers de l'Armée, furent fi fortes,.

que

la nouvelle de cette trahifon s'étant répandue parmi les . Troupes, tous les Soldats furieux prirent les armes contre le : perfide Général, & contre fes Confidens ; deforte qu'Olym- · pius aïant informé de tout l'Empereur Honorius, on maffacra les principaux Partifans de Stilicon, & tous les Barbares qui. fervoient dans l'Armée, fans distinction d'âge, ni de féxe... Le bruit de ce foulevement vint bien-tôt aux oreilles de. Stilicon, qui fe trouvoit à Boulogne. Ce Traître comprit. ni de mott, d'abord qu'il étoit perdu, & ne croïant pas pouvoir même. se fier aux Huns ni aux Gots, il entra dans Ravenne avec. quelques perfonnes de fa fuite, & il fe retira dans une Eglife. Mariana qui la met en 402. dit, que tué dans le combat.

Saül étoit Juif de naiffance, & qu'il fut

Stilicon pu

ANNE'E DE

J. C. 408.

Les Soldats voulureut l'enlever de cet azile facré, mais l'E-
vêque de la Ville s'y oppofa avec une conftance chrétien-
ne. A la fin, les Soldats aïant protefté avec un ferment so-
lemnel, qu'ils n'avoient ordre que de s'affûrer de sa perfon-
ne, & non pas de lui ôter la vie, Stilicon fortit de l'Eglife,
de crainte d'aggraver par la méfiance le crime de la trahison
dont il étoit déja coupable. Pour lors ils montrerent un au-
tre ordre fecret de l'Empereur, qui portoit fon Arrêt de
mort ; & Héraclien, qui étoit un des principaux Officiers, le
tua le 23. Août. Eucherius, fon fils qu'il avoit tant d'envie
d'élever à l'Empire, s'échappa fécretement; mais aïant été
arrêté par la fuite, il fubit le même fort que fon pere. Di-
gne récompenfe de la trahifon & de la perfidie!

Après la mort de Stilicon,la plupart des Barbares qui fer-
voient dans l'Armée Romaine, réfolus de venger le fang de
de leurs Compatriotes, fe joignirent à Alaric dont les Trou-
pes augmenterent ainfi de plus de trente mille hommes. Ce-
pendant le Roi Got réflechiffant fur les moïens d'affûrer fa
fortune & celle de tout fon monde, envoïa des Ambassa-
deurs à l'Empereur Honorius pour conclure la paix, sous
des conditions honnêtes. Il prit ce parti, ou parce qu'il fou-
haitoit véritablement la paix, afin d'en goûter les douceurs
après tant de travaux, où parce qu'il jugea, qu'après avoir
perdu Stilicon,il ne trouveroit plus perfonne avec qui il pût
avoir des intelligences fecretes, & que fi la fortune se dé-
claroit une fois contre lui, il périroit de même qu'il étoit
arrivé à Radagaife. Entr'autres propofitions qu'il fit faire
à Honorius, il demanda qu'on lui donnât quelque argent,
& il offrit de fortir de l'Italie, & de retourner dans la Pan-
nonie, laissant à l'Empereur de bons Otages pour fûreté de
la paix. Honorius mal confeillé, au lieu de prêter les mains
au Traité, & de délivrer ainfi à peu de frais l'Italie d'un en-
nemi si formidable, à qui il n'étoit pas d'ailleurs en état de
faire tête par la voie des armes, répondit avec aigreur aux
Ambaffadeurs, qu'il ne feroit jamais la paix avec les Gots,
ni avec les Barbares qui s'étoient déja joints à eux. Alaric à
qui il étoit arrivé un nouveau renfort de Huns & de Gots,
qu'Ataulphe fon beau-frere lui avoit amené, réfolut de faire
connoître à l'Empereur le peu de cas qu'il faifoit de lui,
& de fa réponse ; c'eft pourquoi laiffant Honorius à Ra-
venne, il marcha vers Rome à la tête de fon Armée, & il

alla

ERE D'

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446.

TD D'ES

GNE.

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447.

J. C. 408. Erreurs de

Vigilance refutées par S. Jérôme.

alla affiéger cette Capitale de l'Empire d'Occident (A).
Le glorieux Saint Jerôme aiant écrit fon Livre contre les ANNE'E DE
Erreurs de Vigilance, l'envoïa à Ripaire, qui lui avoit fait
tenir celui de cet Héréfiarque (B). Il écrivit aussi à Théo-
dore veuve de Lucinius de Bétique, pour la confoler fur la
jufte douleur que lui caufoit la mort de fon mari, dont il lui
loua beaucoup les vertus & pour l'exhorter à éxécuter
le projet qu'elle avoit formé de paffer en Palestine, afin d'y
embraffer la vie Monaftique (C). Comme Abigaus Prêtre
d'Andalousie avoit perdu la vûe, Saint Jerôme lui écrivit
auffi une Lettre de confolation à ce fujet, & lui recommen-
da Théodore veuve de Lucinius (D).

ric.

409% Rome blo

Alaric arrivé à la vûe de Rome, ne voulut point faire dans les formes le fiége de cette Ville. Se contentant de lui couper les vivres, afin d'obliger les Romains à forcer Ho- quée par Alag norius de faire la paix, il ferma tous les paffages. Par cette conduite, il réduifit Rome à une fi grande extrêmité, que beaucoup de fes Habitans moururent de faim, outre un grand nombre d'autres qui périrent par la pefte dont cette Ville fut encore affligée. Les Romains dans cet état déplorable, envoïerent des Députés à Alaric, afin de l'engager, fous des conditions raisonnables, à lever le blocus. Ceux qu'ils chargerent de cette négociation, furent Bafile, Espagnol de naiffance & Préfident de la Province, & Jean, Prépofé, ou le premier des Sécretaires, qui étoient les perfonnes les plus qualifiéesde la Ville. Alaric écouta volontiers les propofitions des Députés, foit par le défir qu'il avoit de la paix, foit pour montrer aux Romains qu'il ne demandoit pas mieux que de vivre avec eux en bonne intelligence. Il promit donc de décamper, & de fe retirer avec fes Troupes, pourvû que l'on follicitât l'Empereur Honorius de conclure avec lui une paix honnête, & qu'on lui donnât cinq mille écus d'or, trente

mille

autres d'argent, quatre mille habits communs & trois mille habits d'écarlate. La néceffité fit que les Romains accepterent ces conditions, & pour y fatisfaire, on fut oblige non feulement de faire contribuer les particuliers & lepublic,mais encore de dépouillerles Temp les des Gentils (4) OROSE, Liv. 7. chap. 37. OLYM-| beaucoup d'autres.

Liv. 9.

GILANCE.

PIODORE dans la Bibliothèque de РHO- (B S. JEROME, Livre contre Vi-
TIUS, Cod. 80. SoZoMENE,
chap. 4. ZOSIME, Liv. 5. PROSPER,
IDACE, JORNANDES, S. ISIDORE &
Tome II.

(C) S. JEROME, Lettre 29-
(D) S. JEROME, Lettre 30.
C

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de toutes leurs richeffes. Alaric fatisfait, décampa avec fes
Troupes, & fe retira en Tofcane, pendant que les Romains
envoïerent leurs Députés à l'Empereur Honorius pour le
porter à un accommodement conformément au Traité.

L'Empereur Honorius à la follicitation de fes Confidens,
refusa de se prêter à la paix, & ordonna aux Députés de s'en
retourner. Cette opiniâtreté de l'Empereur fit que le Pon-
tife Saint Innocent effraïé des maux dont Rome,qui étoit fans
défense, fe trouvoit menacée à la vûe d'un fi puissant enne-
mi, alla fur le champ à Ravenne trouver Honorius, & lui
repréfenter par de fortes & de vives raisons, combien il étoit
important de s'ajufter avec Alaric. Honorius vaincu par les
remontrances & les inftances du Saint Pape, chargea Jo-
vius Préfet du Prétoire d'aller traiter cette affaire à Rimini,
où Alaric fe rendit en perfonne, afin de faciliter l'accommo-
dement. Les Articles qu'Alaric propofa, furent, qu'on lui
donneroit tous les ans une certaine quantité de vivres & d'ar-
gent pour fon Armée, & qu'on lui abandonneroit le Païs
des Vénitiens, le Norique & la Dalmatie, afin qu'il pût s'y
établir & y vivre. Jovius y ajoûta fécrettement que l'on de-
voit déclarer Alaric Généraliffime des Armées de l'Empire,
perfuadé que ce Prince s'acquitteroit dignement de ce pofte.

Jovius porta ces Articles à l'Empereur Honorius, lui donnant à entendre qu'il falloit céder au tems & à la néceffité, & par conféquent foufcrire aux conditions du Traité. Mais l'Empereur effraïé fans doute du danger qu'il y avoit de donner le Commandement de fes Troupes à un Prince qui lui avoit fait la guerre jusqu'alors, ne voulut point paffer cet article. Alaric picqué du refus, & de la méfiance de l'Empereur, fe mit auffi-tôt en Campagne avec fon Armée qui étoit renforcée de quarante mille Barbares Esclaves, fugitifs, & marcha droit vers Rome. Cependant, dès qu'il se mit en marche, il députa à l'Empereur Honorius quelques Evêques, par lefquels il lui fit faire des propofitions de paix trés-raisonnables, afin d'éviter, s'il lui étoit poffible, de commettre de nouvelles hoftilités. Il fe reftraignit à demander outre les vivres & la païe, les Provinces du Norique, qui font l'Autriche & la Baviere en Allemagne, pour y faire fa demeure. Quoique ces demandes fuffent beaucoup plus modérées que les précédentes, Honorius les rejetta, parce qu'animé d'un faux zéle de Religion, il se persuada qu'il ne

ERE D'I

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ANNE'E
J. C.

DE

409. Le Sénat fe

foumet à ce

pouvoit violer en aucune maniere, le ferment par lequel il EL D'ES- s'étoit engagé de ne jamais faire la paix avec Alaric. Erreu qui a été fi préjudiciable à la confervation de l'Empire ! Alaric indigné de la folle vanité d'Honorius, s'empara d'abord du Port d'Oftie, où il se faifit de tous les grains & Prince, de tous les vivres deftinés à fuftenter les Romains, afin de réduire par la famine la Capitale de l'Empire d'Occident. S'étant enfuite campé à la vue de Rome, il ferma toutes les avenues de cette grande Ville pour empêcher qu'il n'y entrât rien de dehors. Difpofé néanmoins à épargner cette Place, il envoïa dire au Sénat qu'il ne tenoit pour ennemi qu'Honorius, & qu'ainfi les Romains pouvoient mériter fon amitié, en se joignant à lui, ou s'attendre au contraire à éprouver les fureurs de la plus cruelle guerre, & à voir leur Ville détruite jusqu'aux fondemens, s'ils perfiftoient à demeurer attachés à l'Empereur. Sur cette propofition, les Romains, qui commençoient de manquer de vivres, & qui n'entrevoïoient aucun reméde à leurs maux, confentirent de s'unir à Alaric, & de laiffer à fa difpofition le Trône Atalus EmImpérial. Dès qu'ils eurent fait fçavoir à Alaric leur réfo- pereur. lution, le Prince Got fit proclamer Empereur Atalus qui le déclara Généraliffime de fes Armées, & Ataulphe Général de la Cavalerie (A).

Suéves, des & des

Pendant qu'en Italie les affaires de l'Empire étoient dans Entrée des cet état déplorable, les Barbares qui avoient expérimenté Vandales, des l'année précédente la fécondité, la richeffe, & l'agréable Alains, climat de l'Espagne, réfolurent de profiter de l'occupation Silingiens en Efpagne. que les Gots donnoient aux armes de l'Empire Romain, pout envahir cette Province. Dans ces vûes, ils inviterent les Vandales, les Suéves, les Alains & les Silingiens leurs compagnons qui étoient dans les Gaules, à paffer avec eux en Espagne, afin de jouir des richeffes de ce Païs & de s'y établir, leur faifant entendre que l'entrée leur étoit libre & affûrée, puifqu'ils étoient chargés de la garde des Gor ges des Pyrénées. Tous ces Peuples s'étant donc réunis ils entrerent en Efpagne au commencement d'Octobre, étant commandés, les Suéves par Herménéric, les Alains par (4) OROSE, Liv. 7. chap. 42. Zost-fée dans les Auteurs cités, prouve que ME, Liv. 5.& 6. SozoMENE, Mariana a eu tort de placer dans l'année 410. l'irruption de ces Barbares en Efpagne.

Liv. 9.
chap. 6. 7. & 8. OLYMPIODORE, IDA-
CE,
PROSPER, MARCELLIN & d'autres.
* Cette Epoque que Ferseras a pui-

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