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ae Eccléfiaftique.

effet un Concile dans la Ville de Brague, où il tenoit fa ANNE'E DE Cour. Ainfi le premier jour de Mai de la troifiéme année de fon Régne, l'on fit l'ouverture du Concile, où conde la Difcipli- coururent Lucréce Métropolitain de Brague, André Evêque d'Iria Flavia, qui eft le Patron en Galice, Saint Martin, Evêque & Abbé du Monastére de Dume, Cotus & Hilderic, defquels on ignore les Siéges, Lucence Evêque de Coimbre, Thimothée, de qui il ne m'a pas été poffible de découvrir l'Evêché, & Maliofe Evêque de Britonia, à qui répond aujourd'hui le Siége Epifcopal de Mondognedo.

Lucréce, en qualité de Métropolitain, fit un difcours,
dans lequel il expofa, combien il y avoit de tems que les
Evêques défiroient la tenue d'un Concile pour le rétabliffe-
ment de la pureté de la Foi, & pour la réformation des abus
qui s'étoient introduits au grand préjudice de la Difcipli-
ne Eccléfiaftique. D'abord l'on convint de lire la Profef-
fion de Foi, que les Evêques des Métropoles de Tarra-
gone,
de Carthagêne, de Lufitanie & d'Andaloufie
avoient dreffée par ordre du Pape Saint Léon contre l'Hé-
réfie de Prifcilien, & avoient remife à Balconius, pour
lors Métropolitain de Brague, de qui j'ai parlé en l'année
448. Après qu'on en eut fait la lecture, les Peres du Conci-
le crurent devoir en expliquer les Articles avec plus de
clarté, & le firent par ceux que je rapporterai. Quicon-
que lira ce Concile, y reconnoîtra par ces mots : Poft lec-
tionem Capitulorum, &c. que fes Chapitres ou Articles font
différens de ceux du premier Concile de Toléde, & de
ceux du Concile que les Métropolitains & Suffragans des
Provinces de Tarragone, de Carthagêne, de Lufitanie &
d'Andaloufie, ont célébré par ordre du Pape Saint Léon;
& qu'ils ont été faits par le premier Concile de Brague,
pour condamner avec plus de clarté, & d'une maniére
plus diftincte les erreurs de Priscilien.

Les Evêques affemblés anathématiferent & excommunié-
rent par le I. ceux qui ne confefferont pas, que le Pere
le Fils, & le Saint Efprit font trois Perfonnes d'une mê-
me Substance, d'une même Vertu & d'un même Pouvoir,
dans le méme doute, en fuppofant
comme il paroit naturel, qu'il ne s'a-
git ici que des années que ce Prince
régna feul

Quoique cette date femble décider || la question fur le commencement du Regne de Théodomir, & détruire par conféquent la refléxion faite par une Note fous l'année 552. on retombera

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comme l'enseigne l'Eglife Catholique & Apoftolique, ou
qui au contraire croiront, confefferont, ou diront, que
ce n'eft qu'une feule Perfonne, c'eft-à-dire, que le Pere
est le même que le Fils, & le même que le Saint Efprit,
ainfi que l'ont foutenu Sabellius & Prifcilien.

Par le II. ceux qui fe ferviront, en parlant de la Divi-
nité, d'autres noms que ceux emploïés par l'Eglise dans
l'expreffion du Mystére de la Sainte Trinité, & qui di-
ront, que dans la Divinité il y a Trinité de Trinité, com-
me les Gnoftiques & les Prifcilianiftes l'ont prétendu.

Par le III. ceux qui diront que Notre Seigneur, le
Fils de Dieu, n'a point été avant que d'être né de la
Vierge Marie, ainfi que l'ont enfeigné, Paul Samofate,
Photin, & Prifcilien.

Par le IV. ceux qui ne vénéreront pas, comme on le
doit, le jour de la Naiffance de Notre Seigneur Jefus-
Chrift fuivant la Chair, jeûnant ce jour-là & les jours de
Dimanche, dans la croïance que le Chrift n'eft pas né
de la Vierge Marie avec une véritable Nature humaine,
ainfi que Pont cru Cerdon, Marcion, Manes & Prifcilien.

Par le V. ceux qui croiront que les Ames des Hommes, & les Anges font de la Substance même de Dieu, comme Manes & Prifcilien l'ont publié.

Par le V I. ceux qui difent que les Ames des Hommes ont d'abord péché dans le Ciel, & que pour cette raison, elles ont été jettées fur la Terre, & enfermées dans des Corps humains, ainfi que Prifcilien a eû la témérité de l'enseigner.

Par le VII. ceux qui foutiennent que le Diable n'a point été d'abord un bon Ange que Dieu ait crée, ni fa Nature un Ouvrage de Dieu, affûrant qu'il eft forti du Cahos, & des ténébres, fans avoir jamais reçu fon exiftance d'aucun Auteur, d'aucune fource, & qui prétendent qu'il eft le premier Principe & la Subftance du mal, comme Manes. & Prifcilien ont ofé l'avancer.

Par le VIII. ceux qui croïent avec Prifcilien, que le Diable a fait quelques Créatures, & que de fa pleine autorité & de fon plein pouvoir, il caufe les tonneres éclairs, les tempêtes & les féchereffes.

les

Par le IX. ceux qui s'imaginent que les Ames & les Corps humains, font foumis aux Etoiles par une fatale né

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ceffité, comme les Païens & Prifcilien l'ont enseigné.
Par le X. ceux qui foutiennent de même que l'a fait Prif-
cilien, que les douze Signes que les Mathématiciens ob-
fervent dans le Zodiaque, font difpofés conformément aux
membres du Corps humain, & aux parties de l'Ame, &
qu'ils portent les noms des Patriarches.

Par le XI. ceux qui condamneront le Mariage, & déf-
approuveront la propagation des enfans, comme l'ont fait
Manes & Priscilien.

Par le XII. ceux qui difent, après Manes & Prifcilien, que la formation du Corps humain eft l'ouvrage du Démon; que celles des Créatures dans les ventres de leurs meres, fe fait auffi par l'opération du Diable, & que pour cette raison, l'on ne doit point croire la Résurection de la Chair.

Par le XIII. ceux qui prétendent avec Manes & Prif-
cilien, que la Création de toute la Chair eft l'ouvrage des
mauvais Anges & non pas de Dieu.

Par le XIV. ceux qui croiront, comme l'ont enfeigné
Manes & Prifcilien, que la Chair que Dieu a créée pour
la nourriture des Hommes, & non pas pour l'affection
du corps,
eft impure; & qui s'en abstiendront jusqu'au
point de ne pas vouloir même manger des herbes avec
lefquelles elle auroit été cuite.

Par le X V. les Eccléfiaftiques ou les Moines, qui fous
prétexte d'adoption, auront chez eux quelques autres
femmes, qu'une mere, qu'une foeur, qu'une tante ou qu'une
parente, & habiteront avec elles, fuivant le confeil de
Prifcilien.

Par le XV I. ceux qui dans la cinquiéme Férie, in Cana Domini, c'eft-à-dire le Jeudi -Saint, n'affifteront point à l'Eglife à l'heure marquée, & n'entendront point à jeûn la Meffe, quoiqu'ils y communient; & ceux qui fuivant la Secte de Prifcilien, fêteront ce jour, rompant le jeûne à l'heure de Tierce, & difant la Meffe des Morts.

Par le XVII. ceux qui liront les Ecritures, que Prifcilien a corrompues & altérées pour les rapprocher de fes erreurs, ou les Traités que Dictin a écrit avant fa converfion à l'Eglife Catholique, ou toutes fortes de Livres d'Hérétiques, donnés fous les noms des Patriarches, des Prophétes ou des Apôtres, & écrits en conformité des

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Héréfies de leurs Auteurs: ceux qui fuivent & qui foutien-
nent leurs fictions, font auffi excommuniés.

Après que l'Hérébe de Prifcilien & fes erreurs eurent été
ainfi condamnées en dix-fept Chapitres, Lucréce repréfen-
ta qu'il étoit auffi très-important de réprimer les abus qui
s'étoient introduits contre la Difcipline Eccléfiaftique, &
que pour cet effet, il étoit à propos de lire l'Inftruction
envoïée à Profuturus fon Prédéceffeur par le Siége Apof-
tolique, de laquelle j'ai parlé en l'année 538. Tous les
Peres du Concile aïant été du même fentiment, l'Inftruc-
tion fut lue, & l'on dreffa enfuite vingt-deux Canons, afin
que l'uniformité régnât dans toute la Métropole.

I. Il fut réglé que l'Office Divin feroit le même pour les Matines & pour les Vêpres, afin d'empêcher que, ni la diverfité & la fingularité des Coutumes, ni les Ufages des Monaftéres fe mêlaffent dans la Régle que l'Eglise observe pour la célébration de l'Office Divin..

II. Toutes les Eglifes diront les mêmes Leçons, les jours de Fétes & de Vigile, & à la Messe.

III. Les Evêques de même que les Prêtres, falueront le Peuple, en difant : Dominus fit vobifcum ; & le Peuple répondra: & cum Spiritu tuo, comme toute l'Eglife Orientale le pratique par Tradition Apoftolique, & non pas comme l'enfeigne la Secte de Prifcilien..

IV. Ils célébreront tous la Meffe, conformément à l'or-
dre & au Rit prefcrits par le Siége Apoftolique à Profu-
turus, ci-devant Evêque Métropolitain de Brague..

V. L'on ne changera rien à l'ordre & à la forme du Bap-
tême, que l'Eglife de Brague obferve depuis très-long-
tems, & que pour
ôter tout doute, le Siége de Saint Pierre

a marqué par écrit à Profuturus.

VI. Le Métropolitain confervera toujours fa Primatie
dans toutes les occurrences, & les autres Evêques pren-
dront rang,
chacun fuivant le tems de fon Sacre.

VII. L'on fera des biens de l'Eglife, trois parts égales,
dont l'une fera pour l'Evêque, la feconde pour les Ecclé-
fiaftiques qui defferviront l'Eglife, & la troifiéme pour
las
réparation de la Fabrique, & pour l'entretien du luminai--
re: L'Archiprêtre ou l'Archidiacre fera chargé de cette der
niére, & en rendra compte à l'Evêque.

VIII. Aucun Evêque n'ordonnera des perfonnes d'um

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autre Diocéfe, ainfi qu'il a été défendu par les anciens Ca-
nons de l'Eglife, à moins qu'elles ne produifent un Dé-
miffoire ou une permiffion par écrit de leur Evêque.

IX. Les Diacres, pour pouvoir être diftingués des Sous-
Diacres, porteront à découvert fur l'épaule l'Orarium. [ Ce
Canon fut fait, parce que dans les Eglifes de cette Provin-
ce, les Diacres avoient coutume de mettre l'Orarium sous
la Tunique; de forte qu'ils n'avoient à l'extérieur aucune
marque qui pût empêcher de les confondre avec les Sous-
Diacres. Il paroît que l'Orarium eft l'Etole dont le Diacre
fe fert, & l'on peut voir fur ce terme, ce que dit le Car-
dinal d'Aguirre au Canon XL. du Concile I V. de Toléde,
& ce que rapporte Voffius dans le Liv. 3. De vitiis Sermonis,
chap. 30.]

X. Aucun Lecteur ne pourra toucher les Vafes Sacrés; c'est-à-dire le Calice & la Patenne; cela ne fera permis qu'à ceux qui auront été ordonnés Sous - Diacres par les Évêques.

Xİ. Les Lecteurs, en chantant dans l'Eglife, ne porteront point d'habit Séculier, ni leurs cheveux épars, fuivant le Rit des Gentils. [ O tems, dans lequel les Eccléfialtiques s'étudient fi foigneufement de paroître Séculiers en ce point, qu'ils font même ufages des perruques !]

XII. A l'exception des Pfeaumes, & de ce que contiennent les Ecritures Canoniques du Vieux & du Nouveau Teftament, on ne chantera rien compofé en Vers dans l'Eglife, ainfi qu'il est prescrit par les Saints Canons. [Qu'il feroit à fouhaiter que l'on mît aujourd'hui en vigueur ce Décret dans une grande partie de l'Espagne, où l'on entend dans plufieurs jours de Fêtes des Rondeaux rifibles & indécens, qui devroient être fupprimés!]

XIII. Aucun Laïc, foit homme, foit femme, ne pourra recevoir la Communion dans le Sanctuaire : les Eccléfiaftiques feuls auront ce droit, suivant que le portent les

anciens Canons.

XIV. Pour ôter tout foupçon de Prifcilianifme, les Eccléfiaftiques qui ne mangent point de Chair, mangeront des légumes ou herbes avec lefquelles elle aura été cuite, fous peine en cas de refus, d'être excommuniés & interdits de leurs fonctions, comme Fauteurs d'Héréfie, conformément aux Décrets des Péres.

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