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plufieurs années. Il n'est pas aifé de marquer l'endroit où ANNE'E DE étoit ce Monaftére : les uns veulent qu'il ait été proche de ERE D'E Xativa; Diago qui fuit Malvenda, dit qu'il étoit proche d'Oliva ou Elche, & qu'il a été le même que le Monaftére de Saint Martin, dont je ferai mention par la fuite. La difficulté qu'il y a d'éclaircir cette matiére, fait qu'un chacun peut en penfer ce qu'il voudra (A).

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Saint Ildefonfe raconte, que l'on difoit, que Saint Do-
nat avoit apporté le premier en Espagne l'usage & la Ré-
gle de l'obfervance Monacale. L'on a donné à ce récit dif-
férentes interprétations, parce qu'il y avoit déja en Ef-
pagne des Moines & des Monaftéres depuis long-tems.
Pour moi, je m'imagine que Saint Ildefonfe ne rapporte ceci
que comme une opinion commune,
& que
c'est pour cet-
te raison qu'il se fert de ces termes : Dicitur adduxiffe ; ou-
tre que Saint Donat peut bien avoir été le premier qui soit
paffé d'Afrique en Espagne avec des Moines & avec une
Régle, parce que dans la fuite, les guerres ont contraint
plufieurs autres de profiter du même azile. A l'égard de la
Régle que Saint Donat a apportée la plupart des Efpa-
gnols font perfuadés, que ce fut celle de Saint Auguftin.
Cependant les Critiques les plus éclairés de ce Siècle font
d'avis, que Saint Augustin n'a pas écrit de Régle pour les
hommes, & cette opinion met un chacun en pleine liberté
de croire fur cette matiére ce qu'il jugera à propos.

Quelques-uns ont cru auffi que la Régle, connue sous le
nom de Saint Donat, étoit celle de cet Illuftre Abbé ; mais
Luc Holftenius & les Bollandiftes enfeignent qu'elle a été
compofée par Saint Donat, Evêque de Befançon en France.
Il y avoit long-tems que Cordoue rcftoit soumise aux
Impériaux, par le plaifir qu'elle avoit d'appartenir à un
Prince Catholique. Léovigilde de fon côté, perfuadé que
la reddition de cette Place lui faciliteroit la conquête des
autres qui étoient fous la puiffance de l'Empire, fouhaitoit
fort de s'en rendre maître. Pour le faire plus promptement
& à moins de frais, il tâcha de fe procurer dans la Ville à
force d'or, un parti qui lui en donnât l'entrée. Ce métail,
qui fait mieux bréche que l'Artillerie, lui procura ce qu'il
défiroit. Léovigilde fut introduit de nuit dans Cordoue avec
(4) S. ILDEFONSE dans les Hommes 32. MORALES, GARIBAY, PADILLA
DIAGO & d'autres.

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fon Armée, & la Garnison aïant été égorgée, la Place fut RE D'ES réduite fous la Domination des Gots. Après la prife de Cor609. doue, Léovigilde alla affiéger d'autres Villes & plufieurs Forts des environs, dont il s'empara facilement, & dans ces expéditions, quelques Laboureurs perdirent la vie pour avoir refufé de fubir la Loi du Vainqueur (A).

Pendant que Léovigilde affoibliffoit ainfi les Impériaux en Espagne, Mir Roi des Suéves, fe mit en Campagne à la tête d'une bonne Armée & entra fur un Territoire, dont Jean de Biclar, fuivant le Livre imprimé par Scaliger, appelle les Habitans Aragonès; ce qui paroît affés difficile à croire, parce que ce Païs étoit foumis aux Gots, avec qui les Suéves étoient en parfaite intelligence: Saint Ifidore les nomme dans la Chronique des Suéves Rucones ou Rocones. De cette diverfité, quelques-uns s'imaginent que cette guerre fe fit dans la Province de la Rioja, dont le nom paroît avoir quelque rapport avec celui de Rucones: d'autres qu'elle fe foit faite contre les Peuples des Alpujarras, qui étoient fous la Domination des Impériaux, & qui pour cette raison, & à caufe de la quantité de Rocs dont ces Montagnes font couvertes, ont été appellés Romains, Rocons, ou Rucons; mais toutes ces opinions n'ont point d'autre fondement que la conjecture. L'on ignore le motif, le fuccès & la fin de cette guerre : il paroît feulement que Mir la fit en qualité d'Allié de Léovigilde (B).

Le Glorieux Saint Martin Evêque & Abbé du Monaftére de Dume avoit fuccédé à Lucréce, Métropolitain de Brague. Ce Saint Evêque faifant attention qu'il y avoit encore plufieurs réformes à faire dans la Discipline Eccléfiaftique, follicita la permiffion du Roi Mir pour la tenue d'un Concile à Brague. L'aïant obtenue, l'on fit dans cette Ville l'ouverture du Concile, non pas le premier Juin de l'année suivante, comme le marque le Cardinal d'Aguirre, mais dans la préfente année le 15. de Décembre, qui eft le 18. des Calendes de Janvier. Outre que l'on voit cette date dans les Manufcrits, fur lefquels Loayfa a fait l'Edition de ce Concile; elle s'accorde bien avec la Chronologie de Jean de Biclar, & avec celle que je fuis. Les deux Métropolitains, l'un de Brague & l'autre de Lugo, y concouru→ (4) JEAN DE BICLAR. dans la Chronique des Suéves, & (B) JEAN DE BICLAR; S. ISIDORE plufieurs autres.

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Concile

de Brague,

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rent avec leurs Suffragans. Les Prélats de la Métropole de
Brague étoient Saint Martin Métropolitain, Remifol Evê- ERE D'Es
de Vifeu, Lucence de Coimbre, Adoric d'Idagna, Sar-
que
dinaire de Lamégo, & Viator de Magnate, Siége mécon-
nu en Espagne : les autres qui relevoient de la Métropole
de Lugo, & qui avoient Nitigius pour Métropolitain,
étoient André, Evêque d'Iria aujourd'hui le Padron, Witi-
mer d'Orense, Anila de Tuy, Poleme d'Aftorga & May-
locus de Britonia, à préfent Mondognedo. Tous ces Peres
affemblés réglerent de concert ce qui fuit.

I. Chaque Evêque fera la Visite des Eglifes de fon Dio-
céfe, & examinera avec foin, comment les Eccléfiaftiques
adminiftrent le Baptême, & célébrent la Meffe & les autres
Offices Divins, afin de retrancher ce qui y fera défectueux.
Ils ordonneront tous de faire venir les Cathécuménes à
l'Exorcisme vingt jours avant leur Baptême, & de leur ap-
prendre fur tout le Symbole de la Foi pendant ce tems-Îà.
Après avoir inftruit les Eccléfiaftiques de leur devoir, ils
exhorteront le Peuple de fuir les erreurs de l'Idolâtrie,
c'est-à-dire les erreurs de Prifcilien, ainfi appellées à cau-
fe de leur grand rapport avec le Paganifme, & toutes for
tes de péché mortel : de croire la Résurrection de la Chair,
& le jour du Jugement, où chacun doit recevoir la récom-
pense ou le châtiment conformément à ses œuvres.

II. L'Evêque en fa Vifite ne prendra que le Droit nom◄ mé Cathédratique, c'est-à-dire deux fols, & n'exigera en aucune maniére la troifiéme partie des Offrandes des Fidéles, laquelle fera confervée pour le Luminaire & pour la Fabrique. Il n'emploïera point à des œuvres ferviles, les Eccléfiaftiques des Paroiffes qui feront feulement tenus de remplir leurs Ministéres.

III. Défense aux Evêques de rien prendre pour les Ordinations, ainfi qu'il eft prescrit par la Loi Divine & par les Canons, afin que par des vûes d'intérêt, ils ne conférent point les Ordres à des perfonnes indignes d'être ad- · mifes dans le Clergé.

IV. L'on ne prendra rien pour le Saint Chrême, avec lequel on adminiftre le Sacrement de Confirmation. [On fit ce Canon, parce qu'on avoit coutume de donner pour le Saint Chrême une certaine monnoie, appellée Tremefis, & qu'on jugea qu'il y avoit de l'indécence, & même du

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crime à vendre la matiére du Sacrement. ]

V. Toutes les fois que les Evêques feront appellés pour bénir quelque Eglife, ils en feront la confécration fans rien exiger du Fondateur : ils pourront feulement recevoir ce qu'il leur offrira de fon plein gré, pourvû néanmoins qu'il ne foit pas pauvre. Cependant ils auront foin de ne bénir aucune Eglife, avant que le Fondateur lui ait affûré écrit les revenus néceffaires pour l'entretien de la Lampe, & de l'Eccléfiaftique qui doit la deffervir.

par

VI. Si quelqu'un bâtit une Eglife fur fa Terre ou dans fon Fief, afin d'avoir la moitié des Offrandes, abandonnant l'autre moitié aux Eccléfiaftiques, ainfi que cela fe pratiquoit affés fouvent, les Evêques refuseront abfolument de la confacrer, comme étant fondée plûtôt par intérêt que par dévotion.

VII. Les Evêques défendront expreffément de rien exiger pour le Baptême, & permettront de recevoir ce que l'on préfentera volontairement, pourvû toutefois que les perTonnes qui feront l'Offrande, ne foient pas pauvres, parce que plufieurs différoient, à caufe de la rétribution, de faire baptifer leurs Enfans. Les Eccléfiastiques, qui n'écoutant que leur avarice, refuseront de se foumettre à cette Loi, seront refponfables des Enfans qui mourront fans Baptême. VIII. Quiconque accufera d'incontinence quelque Eccléfiaftique, fans pouvoir s'autorifer de deux ou trois témoins, fera excommunié.

IX. Le Métropolitain déclarera & fera fçavoir aux Suffragans, le jour que la Pâque devra fe célébrer l'année fuivante. Les Evêques & les Curés en informeront le Peuple le jour de Noël, afin que les Fidéles fçachent quel jour de l'année fuivante le Carême devra commencer. Au commencement de cette Sainte Quarantaine, les Eglifes circonvoifines fe réuniront, & iront toutes en proceffion pendant trois jours vifiter les Temples, en chantant des Litanies. Le troifiéme jour, on célébrera la Meffe après l'heure de None, & l'on fera au Peuple, pour l'exhorter au jeûne du Carême, un Sermon, au milieu duquel l'on avertira, que ceux qui devront être baptifés, aïent à fe préfenter à l'Eglife vingt jours auparavant celui de Pâque, afin d'être inftruits de ce qu'ils doivent fçavoir pour recevoir ce Sacrement. Aucun Prêtre ne pourra dire qu'à jeûn la Meffe des Morts,

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ainfi qu'il a déja été réglé : il avoit été queftion de ce point de
Difcipline dans le premier Concile de Brague. Les Evêques,
que j'ai nommés plus haut, après avoir fait ces Canons,
dont ils enjoignirent l'observation, fous peine pour tout
Contrevenant d'être dépofé du Miniftére, foufcrivirent &
firent la clôture du Concile (4). Pagi place ce Concile l'an-
née suivante; mais je fuis les dates des Eres qui font indu-
bitables pour les Espagnols.

L'on ignore le jour de la mort de Liuba, qui régnoit dans
Mort de Liu- la Gaule Narbonnoife: tout ce que l'on fçait, c'est qu'elle
Léovigilde arriva cette année, & que par là Léovigilde demeura feul
feul Roi des Souverain de tous les Etats des Gots (B). Celui-ci continua

ba.

Gots,

Il s'affocie

ne fes deux

la guerre contre les Impériaux, & étant entré sur le Ter-
ritoire de Sabaria, il ravagea tout le Païs, & il mit la Ville
avec tous les environs fous fa Domination (C).

Il n'eft pas facile de marquer cette Contrée, parce que
les Géographes anciens ne mettent en Espagne aucune Ville
de ce nom. Quelques-uns fe font imaginés, que c'est le Can-
ton où fe trouve la Ville de Toro, anciennement appellée
Sarabris. J'ai auffi douté, fi ce ne feroit point Sanabria fur
l'Evêché d'Aftorga, & fi Sabaria ne feroit point une faute
de Copiste. Au refte, je fuis perfuadé qu'il y a une mépri-
fe dans ce nom, & qu'on doit lire Salaria dans Jean de
Biclar. En effet, il y a eû en Efpagne deux Villes de ce
nom, dont l'une fur les Confins de la Bétique, à laquelle
répond aujourd'hui, felon quelques-uns, Caçorla dans le
Roïaume de Jaën, ou felon d'autres, Réquena fur les Confins
de la Valence. Or, comme il paroît que ces deux Villes étoient
fous la Domination des Empereurs d'Orient, il y a lieu de
croire que Léovigilde fit cette guerre fur le Territoire de
Caçorla, ou dans le Quartier de Réquena..

Tant d'heureux fuccès firent naître à Léovigilde le défir à la Couron- de s'affocier à la Roïauté fes fils Herménégilde & Réchared, fils Herméné qu'il avoit eûs de Théodofie fa premiére femme. Pour le gilde & Ré- faire, il fe fervit fi adroitement de fon crédit, qu'il fçut gagner l'efprit des principaux Gots, avec l'approbation defquels, les deux Princes furent proclamés Compagnons & Succeffeurs de leur pere dans la Souveraineté (D).

chared.

(4) Les Actes de ce Concile dans LOAYSA & dans le Cardinal d'AGUIRRE. (B) JEAN DE BICLAR.

JEAN DE BICLAR. (D) JEAN DE BICLAR.

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Le

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