J. C. 570. PAGNE 608. plufieurs années. Il n'est pas aifé de marquer l'endroit où ANNE'E DE étoit ce Monaftére : les uns veulent qu'il ait été proche de ERE D'E Xativa; Diago qui fuit Malvenda, dit qu'il étoit proche d'Oliva ou Elche, & qu'il a été le même que le Monaftére de Saint Martin, dont je ferai mention par la fuite. La difficulté qu'il y a d'éclaircir cette matiére, fait qu'un chacun peut en penfer ce qu'il voudra (A). Saint Ildefonfe raconte, que l'on difoit, que Saint Do- Quelques-uns ont cru auffi que la Régle, connue sous le 600 PAGNE. fon Armée, & la Garnison aïant été égorgée, la Place fut RE D'ES réduite fous la Domination des Gots. Après la prife de Cor609. doue, Léovigilde alla affiéger d'autres Villes & plufieurs Forts des environs, dont il s'empara facilement, & dans ces expéditions, quelques Laboureurs perdirent la vie pour avoir refufé de fubir la Loi du Vainqueur (A). Pendant que Léovigilde affoibliffoit ainfi les Impériaux en Espagne, Mir Roi des Suéves, fe mit en Campagne à la tête d'une bonne Armée & entra fur un Territoire, dont Jean de Biclar, fuivant le Livre imprimé par Scaliger, appelle les Habitans Aragonès; ce qui paroît affés difficile à croire, parce que ce Païs étoit foumis aux Gots, avec qui les Suéves étoient en parfaite intelligence: Saint Ifidore les nomme dans la Chronique des Suéves Rucones ou Rocones. De cette diverfité, quelques-uns s'imaginent que cette guerre fe fit dans la Province de la Rioja, dont le nom paroît avoir quelque rapport avec celui de Rucones: d'autres qu'elle fe foit faite contre les Peuples des Alpujarras, qui étoient fous la Domination des Impériaux, & qui pour cette raison, & à caufe de la quantité de Rocs dont ces Montagnes font couvertes, ont été appellés Romains, Rocons, ou Rucons; mais toutes ces opinions n'ont point d'autre fondement que la conjecture. L'on ignore le motif, le fuccès & la fin de cette guerre : il paroît feulement que Mir la fit en qualité d'Allié de Léovigilde (B). Le Glorieux Saint Martin Evêque & Abbé du Monaftére de Dume avoit fuccédé à Lucréce, Métropolitain de Brague. Ce Saint Evêque faifant attention qu'il y avoit encore plufieurs réformes à faire dans la Discipline Eccléfiaftique, follicita la permiffion du Roi Mir pour la tenue d'un Concile à Brague. L'aïant obtenue, l'on fit dans cette Ville l'ouverture du Concile, non pas le premier Juin de l'année suivante, comme le marque le Cardinal d'Aguirre, mais dans la préfente année le 15. de Décembre, qui eft le 18. des Calendes de Janvier. Outre que l'on voit cette date dans les Manufcrits, fur lefquels Loayfa a fait l'Edition de ce Concile; elle s'accorde bien avec la Chronologie de Jean de Biclar, & avec celle que je fuis. Les deux Métropolitains, l'un de Brague & l'autre de Lugo, y concouru→ (4) JEAN DE BICLAR. dans la Chronique des Suéves, & (B) JEAN DE BICLAR; S. ISIDORE plufieurs autres. ANNE'E DE J. C. 57 Concile de Brague, ANNE'E DE 571. PAGNE. 609. rent avec leurs Suffragans. Les Prélats de la Métropole de I. Chaque Evêque fera la Visite des Eglifes de fon Dio- II. L'Evêque en fa Vifite ne prendra que le Droit nom◄ mé Cathédratique, c'est-à-dire deux fols, & n'exigera en aucune maniére la troifiéme partie des Offrandes des Fidéles, laquelle fera confervée pour le Luminaire & pour la Fabrique. Il n'emploïera point à des œuvres ferviles, les Eccléfiaftiques des Paroiffes qui feront feulement tenus de remplir leurs Ministéres. III. Défense aux Evêques de rien prendre pour les Ordinations, ainfi qu'il eft prescrit par la Loi Divine & par les Canons, afin que par des vûes d'intérêt, ils ne conférent point les Ordres à des perfonnes indignes d'être ad- · mifes dans le Clergé. IV. L'on ne prendra rien pour le Saint Chrême, avec lequel on adminiftre le Sacrement de Confirmation. [On fit ce Canon, parce qu'on avoit coutume de donner pour le Saint Chrême une certaine monnoie, appellée Tremefis, & qu'on jugea qu'il y avoit de l'indécence, & même du ERE D'ES- 609. crime à vendre la matiére du Sacrement. ] V. Toutes les fois que les Evêques feront appellés pour bénir quelque Eglife, ils en feront la confécration fans rien exiger du Fondateur : ils pourront feulement recevoir ce qu'il leur offrira de fon plein gré, pourvû néanmoins qu'il ne foit pas pauvre. Cependant ils auront foin de ne bénir aucune Eglife, avant que le Fondateur lui ait affûré écrit les revenus néceffaires pour l'entretien de la Lampe, & de l'Eccléfiaftique qui doit la deffervir. par VI. Si quelqu'un bâtit une Eglife fur fa Terre ou dans fon Fief, afin d'avoir la moitié des Offrandes, abandonnant l'autre moitié aux Eccléfiaftiques, ainfi que cela fe pratiquoit affés fouvent, les Evêques refuseront abfolument de la confacrer, comme étant fondée plûtôt par intérêt que par dévotion. VII. Les Evêques défendront expreffément de rien exiger pour le Baptême, & permettront de recevoir ce que l'on préfentera volontairement, pourvû toutefois que les perTonnes qui feront l'Offrande, ne foient pas pauvres, parce que plufieurs différoient, à caufe de la rétribution, de faire baptifer leurs Enfans. Les Eccléfiastiques, qui n'écoutant que leur avarice, refuseront de se foumettre à cette Loi, seront refponfables des Enfans qui mourront fans Baptême. VIII. Quiconque accufera d'incontinence quelque Eccléfiaftique, fans pouvoir s'autorifer de deux ou trois témoins, fera excommunié. IX. Le Métropolitain déclarera & fera fçavoir aux Suffragans, le jour que la Pâque devra fe célébrer l'année fuivante. Les Evêques & les Curés en informeront le Peuple le jour de Noël, afin que les Fidéles fçachent quel jour de l'année fuivante le Carême devra commencer. Au commencement de cette Sainte Quarantaine, les Eglifes circonvoifines fe réuniront, & iront toutes en proceffion pendant trois jours vifiter les Temples, en chantant des Litanies. Le troifiéme jour, on célébrera la Meffe après l'heure de None, & l'on fera au Peuple, pour l'exhorter au jeûne du Carême, un Sermon, au milieu duquel l'on avertira, que ceux qui devront être baptifés, aïent à fe préfenter à l'Eglife vingt jours auparavant celui de Pâque, afin d'être inftruits de ce qu'ils doivent fçavoir pour recevoir ce Sacrement. Aucun Prêtre ne pourra dire qu'à jeûn la Meffe des Morts, ANNE'E DE J. C. 5710 ANNE'E DE J. C. 571. 572. ainfi qu'il a déja été réglé : il avoit été queftion de ce point de L'on ignore le jour de la mort de Liuba, qui régnoit dans ba. Gots, Il s'affocie ne fes deux la guerre contre les Impériaux, & étant entré sur le Ter- Il n'eft pas facile de marquer cette Contrée, parce que Tant d'heureux fuccès firent naître à Léovigilde le défir à la Couron- de s'affocier à la Roïauté fes fils Herménégilde & Réchared, fils Herméné qu'il avoit eûs de Théodofie fa premiére femme. Pour le gilde & Ré- faire, il fe fervit fi adroitement de fon crédit, qu'il fçut gagner l'efprit des principaux Gots, avec l'approbation defquels, les deux Princes furent proclamés Compagnons & Succeffeurs de leur pere dans la Souveraineté (D). chared. (4) Les Actes de ce Concile dans LOAYSA & dans le Cardinal d'AGUIRRE. (B) JEAN DE BICLAR. JEAN DE BICLAR. (D) JEAN DE BICLAR. ERE D'E PAGNE 609. 610 Le |