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ANNE'E DE

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trame une au

que endurci & obftiné, n'aïant point voulu renoncer à l'Aria-
nisme, fut envoïé en Mauritanie, où il finit fes jours mifé-
rablement, après avoir infecté quelques perfonnes de fes
erreurs. Récared condamna Seggon à avoir les mains cou-
pées, & à être relégué à l'extrêmité de la Galice:Vacrila, sa
femme & fes enfans, à être Efclaves de l'Eglife de Sainte Eu-
lalie, à laquelle tous leurs biens furent appliqués, & les
autres à la confifcation de leurs biens, à l'exil, & à la dé-
gradation de leur Nobleffe. Pour Witeric, il lui pardonna
entiérement, en faveur de ce qu'il avoit découvert la conf-
piration (A).

Quoique la Reine Gofuinthe, veuve de Léovigilde, eût
Gofuinthe auffi embraffé en apparence la Religion Catholique, l'Aria-
tre conjura nifme, qu'elle avoit toujours profeffé, étoit resté gravé
tion, qui n'a dans fon cœur; de forte que cette Princeffe avoit coutu-
pas plus d'ef-
me de recevoir l'Hoftie de la main des Miniftres Catholi-
fet.
quès, & de la recracher, dès qu'elle croïoit pouvoir le faire
fans être apperçue. Elle étoit étroitement liée d'amitié &
de confiance avec Ubila, Evêque Arien. L'un & l'autre au
défefpoir de voir que leur Secte s'affoibliffoit de jour en
jour dans l'Espagne, réfolurent de fe défaire du Roi Ré-
cared. Mais leurs deffeins aiant été découverts, Ubila fut
feulement banni de l'Espagne, en confidération du Carac-
tére Epifcopal, dont il étoit revêtu, & la mort qui furprit
Gofuinthe dans le même tems, tira de l'embarras où l'on
étoit fur le genre de peine que l'on devoit infliger à cette
Reine douairiére (B).

Sa mort.

Le Roi fait

de tous les Li. vres Ariens.

Récared principalement occupé des moïens de déraciner brûler à Tolé- entiérement l'Héréfie dans tous fes Etats, ordonna d'en ramaffer tous les Livres, & de les lui envoïer à la Ville de Toléde, où ils furent tous dépofés dans une Maison, à laquelle il fit mettre le feu, pour enfevelir ainfi dans les cendres tous ces Ecrits dangereux & empestés (C).

Gontran

refufer la

paix.

1

Il fouhaitoit fort auffi de terminer par quelque arranges'obtine à lui ment honnête, la guerre que Gontran, Roi des Francs lui faifoit dans la Gaule Narbonnoife. Pour cet effet il envoia à ce Monarque fes Ambaffadeurs, aufquels il ordonna auffi d'aller à la Cour du Roi Childebert & de Brunichilde, les affûrer du deffein, où il étoit de continuer de

(A) JEAN DE BICLAR, PAUL DE MEKIDA, chap. 17. & 18,

(B) JEAN DE BICLAR (C) FREDEGAIRE.

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vivre avec eux en bonne intelligence. Les Ambaffadeurs
pafferent dans les Gaules, & n'aïant pû obtenir audience ANNE'E
de Gontran, ils se rendirent auprès de Childebert, qui les
reçut avec bonté, quoiqu'il leur répondit fur certaines pro-
pofitions qu'ils lui firent, que l'on ne pouvoit rien régler
fans l'agrément de Gontran. Affûrés néanmoins de fa bon-
ne correfpondance, ils s'en retournerent en Efpagne ren-
dre compte à leur Maître de ce qu'ils avoient fait (A).

DE

la Gaule Nar.

L'on n'eut pas de peine à juger au procédé de Gontran, Hoftilités des puifque Récared & prefque tous fes Sujets étoient Catholi- Francs dans ques, que la Religion n'avoit pas la moindre part à la bonnoife. guerre qu'il faifoit aux Gots, & que le défir d'envahir la Gaule Narbonnoife en étoit le feul principe. Ce Monarque irrité d'avoir tenté cette conquête les années précédentes avec tant de défavantage, réfolut de le faire pour cette fois avec toutes les forces de fon Roïaume, & mit fur pied une Armée de foixante mille Hommes, dont il en donna le Commandement à Bofon. Pendant ce tems-là, Auftrobalde, un des principaux Officiers de Gontran, entra dans la Contrée de Carcaffone, foumit toutes les Places & tous les Villages qu'il trouva, prit beaucoup de prifonniers, & fit tant qu'il s'empara même de la Ville de Carcaffone. Toutes ces expéditions étoient faites, lorfque Bofon arriva dans ces Quartiers avec les Troupes de Xaintes, de Périgueux, de Bourdeaux, d'Agen & de Touloufe; de forte que celuici fut très-mécontent de ce qu'Austrobalde avoit voulu lui enlever la gloire de la prife de cette Ville.

Victoire cé

par les Trou

Sur la nouvelle que l'Armée des Francs marchoit vers la Gaule Narbonnoise, le Roi Récared fit partir de Mérida lébre remporle Duc Claude avec toutes les Troupes qu'il put affembler, tée sur eux pour défendre cette Province. Le Duc arrivé à Narbonne, pes de Récaréunit aux Troupes qu'il amenoit toutes celles qui étoient red. dans la Province, afin d'obferver les mouvemens des Ennemis. Informé qu'ils étoient campés proche de Carcaffone, y alla avec fon Armée. Les aïant furpris dans une grande fécurité, & uniquement occupés à fe réjouir & à faire débauche, il pofta fon monde en embuscade avec les ordres néceffaires, & il donna fur eux tout à coup avec les Compagnies de fes Gardes, qui formoient un Corps de trois cens Hommes extrêmement braves. Cette premiére attaque mit (4) S. GREGOIRE de Tours, Liv, 9. de l'Hiftoire, chap. 15.

il

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d'abord la confufion parmi les Ennemis. Dans le même DE tems, les autres Troupes furvinrent & fondirent auffi fur eux

Concile III. de Toléde.

de toutes parts avec tant de réfolution, que ne leur donnant
pas le tems de fe reconnoître, elles en firent un grand car-
nage, & mirent les autres en fuite. Les Gots refterent par-
là maîtres du Camp, des bagages & de tout le butin que les
Troupes Ennemies avoient fait, & remporterent une vic-
toire des plus fameufes de ce Siécle, & d'autant plus glo-
rieufe pour eux, qu'ils étoient de beaucoup inférieurs en
nombre aux Ennemis. Saint Grégoire de Tours dit (4), que
les Francs ne perdirent que fept mille Hommes, dont cinq
mille furent tués & les deux autres faits prifonniers. De tout
tems, les Hiftoriens ont affecté de diminuer les malheurs ar-
rivés à leur Nation, & de groffir les objets qui peuvent
lui faire le plus d'honneur. Jean de Biclar & Saint Indore
affûrent, qu'il n'y a point eû dans ces tems de victoire fem-
blable. Le premier prétend que le Duc Claude la gagna seu-
lement avec les trois cens Hommes de fes Gardes, ce qui
paroît incroiable à tout homme fenfé, à moins que Dieu
n'y ait contribué par quelque miracle. Mais ce que
l'on peut
tenir pour certain, eft que l'Armée des Gots, quoique beau-
coup moins nombreufe que celle des Francs, défit entiére-
ment les Ennemis, dont la plûpart furent maffacrés, ou pris
prifonniers (B).

Le pieux Koi Récared, animé du défir d'extirper du
cœur des Gots, les reftes de l'Héréfie, voulut affembler
un Concile de tous les Evêques de fes Domaines, pour y faire
avec les Principaux de la Monarchie une profeffion publi-
que & authentique de la Foi Orthodoxe, & pour procurer la
réforme dans la Difcipline Eccléfiaftique, qui s'étoit extrê-
mement relâchée fous les Régnes des Princes Hérétiques fes
Prédéceffeurs. Il chargea de ce foin Saint Léandre, Métro-
politain de Séville, & Eutrope, Abbé du Monastére de Ser-
vit, deux Sujets vénérés en Efpagne pour leurs excellen-
tes vertus & pour leurs lumiéres.

Suivant les Lettres de convocation qu'il expédia à ce fujet, le Concile fe tint dans la Ville de Toléde, & le Roi, la Reine & tous les Grands y affifterent. Les Evêques qui s'y trouverent furent Saint Maufona, Métropolitain de Méride l'Hiftoire, chap. 31. JEAN DE BICLAR, S. ISIDORE & d'autres.

(4) Livre 9. de l'Hiftoire, chap. 31.

(B) S. GREGOIRE de Tours, Liv. 9.

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da; Euphemius Métropolitain de Toléde; Saint Léandre
Métropolitain de Séville; Migetius Métropolitain de Nar-
bonne; Pantard Métropolitain de Brague, pour lui & pour
Nictigiofus, Métropolitain de Lugo, avec foixante & deux
autres en perfonne ou par leurs Vicaires, tous Suffragans
des fix Métropoles, defquels le Lecteur curieux pourra lire
les noms dans les Conciles d'Efpagne.

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font anathé

Le Concile s'ouvrit le 8. de Mai, & le Roi Récared fit Les erreurs le même jour aux Peres de ce Concile un difcours, dans le- d'Arius y quel il leur témoigna avec quelle ardeur il avoit fouhaité de matifées par les voir tous affemblés pour faire une profeffion publique les Gots. de la Foi Catholique, qu'il avoit embraffée peu de jours après la mort de fon pere, afin qu'on l'obfervât dans tous fes Etats, & il les exhorta à mériter du Ciel, par la prière & par les jeûnes, les lumiéres néceffaires pour réformer la Difcipline Eccléfiaftique. Enfuite il leur préfenta en fon nom, & au nom des Grands & de tous les Gots de la Monarchie, une Profeffion de Foi, conforme à celle des Conciles de Nicée, de Conftantinople & de Chalcédoine, afin qu'ils l'examinaffent. Après que l'on en eut fait la lecture, les Peres du Concile ordonnerent, qu'il ne feroit permis à perfonne, de prononcer, d'écrire, d'enseigner, ou de croire une autre Foi que celle contenue dans cette Profeffion, fous peine, pour les Evêques & les Eccléfiaftiques qui feroient le contraire, d'être dépofés ; & pour les Moines & les Laïques, d'être excommuniés. Ils exigerent auffi, que ceux qui avoient renoncé à l'Arianifme pour l'Orthodoxie, condamnassent de nouveau l'erreur par vingt-trois Anathêmes, aufquels foufcrivirent Ugne Evêque de Barcelone, Murila de Valence, Ubiligifcus auffi de Valence, Sumila de Vifée, Gardingue de Tuy, Becila de Lugo, Argiovite de Porto, Fruifcle de Tortofe avec les autres Prêtres & Diacres; parmi les Grands. Fonfa, Aguila, Eila, & tous les autres qui avoient été admis dans le Concile, en firent autant.

Après que la Profeffion & la proteftation de Foi furent faites, les Peres travaillerent à régler la Difcipline Eccléfiaftique, & ordonnerent ce qui fuit.

I. Dans toutes les Eglifes d'Espagne, l'on obfervera ce qui eft prefcrit par les anciens Canons, décidé par les Saints Conciles, & recommendé par les Epîtres Synodales des Pontifes de Rome, au fujet des Ordres Sacrés & des honneurs Eccléfiaftiques.

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II. L'on chantera dans toutes les Eglifes d'Efpagne, au tems de la Meffe, avant la Priére du Pater nofter, le Šymbole de la Foi du Concile de Conftantinople, afin que les Fidéles ainfi purifiés, foient plus difpofés à recevoir dignement le Corps & le Sang de Jefus-Chrift.

III. Aucun Evêque ne pourra rien aliéner des biens des Eglifes s'il le fait, fans que cela foit préjudiciable à l'Eglife, foit pour entretenir des Moines, foit pour fubvenir aux befoins d'une autre Eglife, cette aliénation fera valide. Il ne lui fera permis que de donner à rente pour un tems fixe les biens en terre, lorfqu'il s'agira de foulager les Eccléfiaftiques néceffiteux & les Pauvres.

IV. L'Evêque, qui voudra faire d'une des Eglifes Paroiffiales de fon Diocèfe un Monaftére, aura befoin pour cet effet du confentement du Concile de la Métropole, & s'il donne, fans faire tort aux Eglifes, quelques revenus pour l'entretien des Moines, cette difpofition aura lieu.

V. Les Evêques, les Prêtres & les Diacres convertis de l'Arianifme à la Foi Catholique & mariés, vivront déformais féparés de leurs femmes, comme il est ordonné par les anciens Canons. Tous les Eccléfiaftiques, qui auront dans leur maifon des femmes fufpectes, avec lefquelles ils meneront une vie scandaleuse, feront punis conformément aux Canons, & les femmes vendues pour Efclaves, donnant le prix de la vente aux Pauvres.

VI. Ceux des Efclaves que les Evêques auront affranchis, fuivant le pouvoir qu'ils en ont par les anciens Canons, feront entièrement libres & fous la protection de l'Eglife, eux & leurs Defcendans, de même que les Affranchis donnés à l'Eglife.

VII. On fera toujours la lecture de l'Ecriture Sainte, lorfque les Prêtres feront à table, pour empêcher dans les repas les converfations inutiles.

VIII. Aucun Eccléfiaftique des Députés, pour recueillir les revenus appartenans aux Eglifes, ne pourra véxer ni mettre à contribution les Efclaves ou Affranchis donnés aux Eglifes par le Roi, & ceux-ci ne feront tenus que de païer leur Capitation tout le tems de leur vie, fervant l'Eglife à laquelle ils auront été attachés. C'eft ainfi que j'entends ce Canon, qui me paroît très-corrompu.

XI. Les Eglifes, qui fervoient aux Ariens, demeure

ront

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