ANNE'E DE J. C. 587. 588. trame une au que endurci & obftiné, n'aïant point voulu renoncer à l'Aria- Quoique la Reine Gofuinthe, veuve de Léovigilde, eût Sa mort. Le Roi fait de tous les Li. vres Ariens. Récared principalement occupé des moïens de déraciner brûler à Tolé- entiérement l'Héréfie dans tous fes Etats, ordonna d'en ramaffer tous les Livres, & de les lui envoïer à la Ville de Toléde, où ils furent tous dépofés dans une Maison, à laquelle il fit mettre le feu, pour enfevelir ainfi dans les cendres tous ces Ecrits dangereux & empestés (C). Gontran refufer la paix. 1 Il fouhaitoit fort auffi de terminer par quelque arranges'obtine à lui ment honnête, la guerre que Gontran, Roi des Francs lui faifoit dans la Gaule Narbonnoife. Pour cet effet il envoia à ce Monarque fes Ambaffadeurs, aufquels il ordonna auffi d'aller à la Cour du Roi Childebert & de Brunichilde, les affûrer du deffein, où il étoit de continuer de (A) JEAN DE BICLAR, PAUL DE MEKIDA, chap. 17. & 18, (B) JEAN DE BICLAR (C) FREDEGAIRE. ERE D'ES 625. 626. ERE D'ES- 626. J. C. 588. vivre avec eux en bonne intelligence. Les Ambaffadeurs DE la Gaule Nar. L'on n'eut pas de peine à juger au procédé de Gontran, Hoftilités des puifque Récared & prefque tous fes Sujets étoient Catholi- Francs dans ques, que la Religion n'avoit pas la moindre part à la bonnoife. guerre qu'il faifoit aux Gots, & que le défir d'envahir la Gaule Narbonnoife en étoit le feul principe. Ce Monarque irrité d'avoir tenté cette conquête les années précédentes avec tant de défavantage, réfolut de le faire pour cette fois avec toutes les forces de fon Roïaume, & mit fur pied une Armée de foixante mille Hommes, dont il en donna le Commandement à Bofon. Pendant ce tems-là, Auftrobalde, un des principaux Officiers de Gontran, entra dans la Contrée de Carcaffone, foumit toutes les Places & tous les Villages qu'il trouva, prit beaucoup de prifonniers, & fit tant qu'il s'empara même de la Ville de Carcaffone. Toutes ces expéditions étoient faites, lorfque Bofon arriva dans ces Quartiers avec les Troupes de Xaintes, de Périgueux, de Bourdeaux, d'Agen & de Touloufe; de forte que celuici fut très-mécontent de ce qu'Austrobalde avoit voulu lui enlever la gloire de la prife de cette Ville. Victoire cé par les Trou Sur la nouvelle que l'Armée des Francs marchoit vers la Gaule Narbonnoise, le Roi Récared fit partir de Mérida lébre remporle Duc Claude avec toutes les Troupes qu'il put affembler, tée sur eux pour défendre cette Province. Le Duc arrivé à Narbonne, pes de Récaréunit aux Troupes qu'il amenoit toutes celles qui étoient red. dans la Province, afin d'obferver les mouvemens des Ennemis. Informé qu'ils étoient campés proche de Carcaffone, y alla avec fon Armée. Les aïant furpris dans une grande fécurité, & uniquement occupés à fe réjouir & à faire débauche, il pofta fon monde en embuscade avec les ordres néceffaires, & il donna fur eux tout à coup avec les Compagnies de fes Gardes, qui formoient un Corps de trois cens Hommes extrêmement braves. Cette premiére attaque mit (4) S. GREGOIRE de Tours, Liv, 9. de l'Hiftoire, chap. 15. il ANNE'E 5.8. 589. d'abord la confufion parmi les Ennemis. Dans le même DE tems, les autres Troupes furvinrent & fondirent auffi fur eux Concile III. de Toléde. de toutes parts avec tant de réfolution, que ne leur donnant Le pieux Koi Récared, animé du défir d'extirper du Suivant les Lettres de convocation qu'il expédia à ce fujet, le Concile fe tint dans la Ville de Toléde, & le Roi, la Reine & tous les Grands y affifterent. Les Evêques qui s'y trouverent furent Saint Maufona, Métropolitain de Méride l'Hiftoire, chap. 31. JEAN DE BICLAR, S. ISIDORE & d'autres. (4) Livre 9. de l'Hiftoire, chap. 31. (B) S. GREGOIRE de Tours, Liv. 9. ERE D'ES 626. 627. PAGNE. 617 da; Euphemius Métropolitain de Toléde; Saint Léandre font anathé Le Concile s'ouvrit le 8. de Mai, & le Roi Récared fit Les erreurs le même jour aux Peres de ce Concile un difcours, dans le- d'Arius y quel il leur témoigna avec quelle ardeur il avoit fouhaité de matifées par les voir tous affemblés pour faire une profeffion publique les Gots. de la Foi Catholique, qu'il avoit embraffée peu de jours après la mort de fon pere, afin qu'on l'obfervât dans tous fes Etats, & il les exhorta à mériter du Ciel, par la prière & par les jeûnes, les lumiéres néceffaires pour réformer la Difcipline Eccléfiaftique. Enfuite il leur préfenta en fon nom, & au nom des Grands & de tous les Gots de la Monarchie, une Profeffion de Foi, conforme à celle des Conciles de Nicée, de Conftantinople & de Chalcédoine, afin qu'ils l'examinaffent. Après que l'on en eut fait la lecture, les Peres du Concile ordonnerent, qu'il ne feroit permis à perfonne, de prononcer, d'écrire, d'enseigner, ou de croire une autre Foi que celle contenue dans cette Profeffion, fous peine, pour les Evêques & les Eccléfiaftiques qui feroient le contraire, d'être dépofés ; & pour les Moines & les Laïques, d'être excommuniés. Ils exigerent auffi, que ceux qui avoient renoncé à l'Arianifme pour l'Orthodoxie, condamnassent de nouveau l'erreur par vingt-trois Anathêmes, aufquels foufcrivirent Ugne Evêque de Barcelone, Murila de Valence, Ubiligifcus auffi de Valence, Sumila de Vifée, Gardingue de Tuy, Becila de Lugo, Argiovite de Porto, Fruifcle de Tortofe avec les autres Prêtres & Diacres; parmi les Grands. Fonfa, Aguila, Eila, & tous les autres qui avoient été admis dans le Concile, en firent autant. Après que la Profeffion & la proteftation de Foi furent faites, les Peres travaillerent à régler la Difcipline Eccléfiaftique, & ordonnerent ce qui fuit. I. Dans toutes les Eglifes d'Espagne, l'on obfervera ce qui eft prefcrit par les anciens Canons, décidé par les Saints Conciles, & recommendé par les Epîtres Synodales des Pontifes de Rome, au fujet des Ordres Sacrés & des honneurs Eccléfiaftiques. II. L'on chantera dans toutes les Eglifes d'Efpagne, au tems de la Meffe, avant la Priére du Pater nofter, le Šymbole de la Foi du Concile de Conftantinople, afin que les Fidéles ainfi purifiés, foient plus difpofés à recevoir dignement le Corps & le Sang de Jefus-Chrift. III. Aucun Evêque ne pourra rien aliéner des biens des Eglifes s'il le fait, fans que cela foit préjudiciable à l'Eglife, foit pour entretenir des Moines, foit pour fubvenir aux befoins d'une autre Eglife, cette aliénation fera valide. Il ne lui fera permis que de donner à rente pour un tems fixe les biens en terre, lorfqu'il s'agira de foulager les Eccléfiaftiques néceffiteux & les Pauvres. IV. L'Evêque, qui voudra faire d'une des Eglifes Paroiffiales de fon Diocèfe un Monaftére, aura befoin pour cet effet du confentement du Concile de la Métropole, & s'il donne, fans faire tort aux Eglifes, quelques revenus pour l'entretien des Moines, cette difpofition aura lieu. V. Les Evêques, les Prêtres & les Diacres convertis de l'Arianifme à la Foi Catholique & mariés, vivront déformais féparés de leurs femmes, comme il est ordonné par les anciens Canons. Tous les Eccléfiaftiques, qui auront dans leur maifon des femmes fufpectes, avec lefquelles ils meneront une vie scandaleuse, feront punis conformément aux Canons, & les femmes vendues pour Efclaves, donnant le prix de la vente aux Pauvres. VI. Ceux des Efclaves que les Evêques auront affranchis, fuivant le pouvoir qu'ils en ont par les anciens Canons, feront entièrement libres & fous la protection de l'Eglife, eux & leurs Defcendans, de même que les Affranchis donnés à l'Eglife. VII. On fera toujours la lecture de l'Ecriture Sainte, lorfque les Prêtres feront à table, pour empêcher dans les repas les converfations inutiles. VIII. Aucun Eccléfiaftique des Députés, pour recueillir les revenus appartenans aux Eglifes, ne pourra véxer ni mettre à contribution les Efclaves ou Affranchis donnés aux Eglifes par le Roi, & ceux-ci ne feront tenus que de païer leur Capitation tout le tems de leur vie, fervant l'Eglife à laquelle ils auront été attachés. C'eft ainfi que j'entends ce Canon, qui me paroît très-corrompu. XI. Les Eglifes, qui fervoient aux Ariens, demeure ront ERE D'ES. 627. |