ELE D'ES- 448. retirer fans avoir néanmoins perdu un feul homme, quoi- ANNE'E DE J. C. 410. lée par les Le Roi Got d'autant plus étonné de cette action, qu'il avoit moins lieu de s'y attendre, ne douta point qu' 'elle Rome piln'eût été commise par ordre d'Honorius, qui fous prétex- Gots. te de paix, cherchoit fans doute à l'amufer & à le furprendre. Furieux d'un procédé, dans lequel il ne voïoit que noirceur & que fourberie, il décampa brufquement & il marcha vers Rome à grandes journées, dans la résolution de faire éprouver les juftes effets de fon reffentiment à cette Métropole de l'Empire, dont il promit la dépouille à fes Soldats. En effet dès qu'il fut arrivé devant cette Place, quelques-uns de fes Partisans lui aïant ouvert une porte, il entra dans la Ville la nuit du 24. d'Août, & il permit le pillage à fes Troupes. Quoiqu'il leur recommenda en général de ne point toucher aux Eglifes, ni à tous les Ornemens ou Vases facrés deftinés à fervir au Culte Divin, ni aux perfonnes qui s'y réfugieroient, il leur enjoignit fur tout de refpecter les Eglifes des Apôtres Saint Pierre & Saint Paul, & il leur défendit expreffément de répandre du fang (B). Je paffe fous filence plufieurs événemens arrivés dans cette occafion,pour ne pas trop m'étendre: je me contente seulement d'observer qu'Ataulphe fit prisonniere Galla Placidie, fœur de l'Empereur Honorius, pour laquelle les Gots Placidie fœur témoignerent toujours beaucoup de refpect, dans l'efpoir faite prifonque l'Empereur, pour la ravoir, leur accorderoit tous les partis qu'ils voudroient. d'Honorius niere par les Gots. Mort & Sé pulture d'A laric. Rome cette Ville fameufe & opulente aïant été ainsi en (1) ZOSIME, Liv. 6. Sozomene, (B) S. JEROME, Lettre 16. S. Au- chap. 7. OROSE, Liv. 7. chap. 39. So- D ANNE'E 410. 411. lui fuccéde DE fe de faire la porius. gran nouvelle à Cofenza, où il mourut fubitement au grand re- pour Après la mort d'Alaric, les Gots choifirent leur Ataulphe Roi Ataulphe, frere de la femme du défunt, lequel ne cédans la Roi- doit ni en valeur, ni en prudence à fon Prédéceffeur. Quoiauté, & cef- que le nouveau Souverain fût pleinement inftruit des proguerre à Ho- jets qu'Alaric avoit formés, la difficulté de les mettre à exécution fit qu'il fe détermina à s'accommoder avec Honorius, de qui il efpéroit pouvoir facilement obtenir tous les partis qu'il défireroit, & un établiffement dans quelques Provinces de l'Empire où il pût vivre en paix avec fes Sujets & fe délaffer de tant de travaux. Il avoit encore un autre motif bien plus puiffant pour lui dans la conduite qu'il vouloit tenir avec Honorius. La grande fréquentation & le commerce qu'il avoit avec Galla Placidie fa prifonniere, firent qu'il devint éperdument amoureux de cette Princeffe, à qui il avoit fait connoître plufieurs fois fa paffion. Dans cet état, ne défirant rien avec plus d'ardeur que de s'unir à elle par les liens du Mariage, il fe perfuada que le meilleur moïen de mériter & d'obtenir la main de cette aimable perfonne, étoit de mettre fin à la guerre avec Honorius. Placidie de fon côté flattée de l'efpoir de faire ceffer par fon Mariage avec ce Prince les maux dont l'Italie & l'Empire étoient affligés, & de procurer aux Provinces par la valeur des Gots la délivrance des Barbares qui les défoloient, étoit portée à époufer Ataulphe, qui d'ailleurs ne lui paroiffoit point indigne de fon alliance, ni par fa naiffance, ni par fon rang, ni par fes qualités perfonnelles. Ataulphe informé des difpofitions favorables de la Princeffe, réfolut de quitter l'Italie, & de La plupart des Auteurs précédens, JORNANDES & d'autres. ERE D'ES- 448. 449 ERE D'ES paffer dans les Gaules, fuivant le dernier Traité fait entre Honorius & Alaric. Il décampa donc avec fon Armée, & ANNE'E DE 449. épargnant la Ville de Rome à la priere de Placidie, dont PAGNE. les volontés étoient pour lui autant de Loix, il alla à Imo- J..C. 411. L'Empereur raffûré du côté des Gots, & tirant en longueur les négociations qu'Ataulphe avoit entamées, forma la réfolution de recouvrer les Gaules fur le Tyran Conftantin. Pour cet effet, il confia le commandement de fes Armées au Comte Conftance, natif de Nicée Ville d'Illyrie, lequel lui avoit affés donné de preuves de fa fidélité & de fa bravoure, dès le tems même du grand Théodofe. Il y a apparence qu'Ataulphe lui fournit auffi quelques Trou- envoie des pes de Gots fous la conduite d'Ulphilas ; de forte que tre ConftanConftance partit pour les Gaules avec une Armée confi- tin. dérable (B). Honorius Troupes con Révolte de Géronce con tre Conftantin, & Maxi pagne. Quand Conftance arriva dans cette Province, le Tyran Conftantin étoit dans un grand embarras. Le Comte Géronce qui ne refpiroit que la vengeance, de ce que Conftantin l'avoit dépofé du Gouvernement de l'Espagne, s'étoit me falué Emmis à la tête d'un Corps de Troupes que les Barbares, qui pereur en E étoient dans les Gaules, lui avoient fourni. Etant auffi-tôt repaffé en Espagne, il avoit ôté la vie ou du moins le Gouvernement à Jufte dans Tarragone, & après avoir attiré à son parti la Milice qu'il y avoit dans cette Province, il avoit fait proclamer Empereur Maxime qui étoit fon fils, fuivant le témoignage d'Olympiodore. Laiffant celui-ci à Tarragone, il étoit retourné dans les Gaules faire la guer re au Tyran Conftantin. Arrivé à Vienne en France où étoit Constant, il s'étoit campé à la vûe de cette Place qu'il avoit bien-tôt emportée, & dans laquelle il avoit donné la mort au fils de Conftantin. Il étoit allé tout de fuite faire le fiége d'Arles où fe trouvoit alors le Tyran fon ennemi, & il preffoit cette Ville de près, lorfque l'on eut avis dans fon Camp de l'approche de Conftance qui s'avançoit avec l'Armée d'Honorius. Sur cette nouvelle, la plupart des Soldats commencerent à déferter pour aller fe joindre à ceux Diacre, Liv. 14. (4) JORNANDES. (B) OROSE, Liv. 7. chap. 421. PAUL Diacre, J. C. de Conftance, & Géronce effraïé de la diminution confi PAGNE. ANNE'E DE dérable de fes Troupes, & du voifinage du Général de l'Em-ERE D'ES pereur, s'en retourna en Espagne à grandes journées avec 44 le peu de monde qui lui reftoit (A). 4II. Prife de Conftantin Après le départ de Géronce, Conftance affiégea à for par les Trou- tour la Ville d'Arles. Informé qu'Edovec Capitaine de pes d'Hono- Conftantin amenoit un gros renfort de Francs & d'Allerius, & fa mands au fecours de fon Maître, il alla l'attendre au paf mort. ge fage, poftant Ulphilas Commandant des Gots dans une em- Fin tragique (A) OLYMPIODORE, SOZOMENE, Liv. 9. chap. 14. MARCELLIN & d'au tres. (B) OLYMPIODORE dans PHOTIUS, Cod. 80. SozoMENE, Liv. 9. chap. 13. 14. & 15. OROSE, Liv, 7. chap. 42. !ELE D'ESPAGNE. 449. J. C. 41.I. mirent le feu, ce qui fit que ceux qui s'y étoient enfermés DE Etabliffement des Suéves, des Van dales, des Alains,& des Silingiens dans parties de l'E pagne. Les Vandales, les Suéves & les Alains laffés enfin de la défolation qu'ils avoient caufée dans l'Espagne, & touchés du déplorable état où leur fureur fanguinaire & la Peste avoient réduit cette Province, ou plûtôt animés par leur propre intérêt qui leur fit comprendre qu'ils ne pour différentes roient point fubfifter dans ce Païs, fi les terres n'étoient point cultivées, fe déterminerent à mettre fin à leurs Hoftilités, & à vivre en bonne union avec les Naturels, qui étant hors d'état de fe défendre, fe foumirent à eux fous des conditions honnêtes. Quelques Villes néanmoins firent feulement avec eux des Traités d'alliance, demeurant fous la domination de l'Empire. Alors les Barbares partagerent entre eux tout le Païs dont ils s'étoient emparés, afin d'y fixer leur demeure. Les Suéves, & une partie des Vandales s'établirent dans la Province de Galice, qui renfermoit alors toutes les Afturies & tout le Païs de Campos ; mais les Suéves en occuperent la meilleure partie, les Vandales fe contentant d'un peu de terrein dans la partie Oc-cidentale. Pour les Alains, le refte des Vandales & les Silin-giens, ils s'arrêterent les premiers dans la Lufitanie qui s'étendoit alors fur tout le Pais que comprennent aujourd'hui. les Evêchés de Coria, de Ciudad-Rodrigo & de Salamanque: les Vandales & les Silingiens prirent pour eux la meilleu-re partie de la Bétique (B). Gaules, Pour augmenter le nombre des Tyrans, Jovinus homme. Jovinus Tyd'une des premieres Familles des Gaules, appuïé de Gonde- ran dans les ric Roi des Bourguignons, & fecondé d'autres Barbares qui étoient à la folde de l'Empire, fe fit faluer Empereur à Trêves. Sur cette nouvelle Conftance marcha auffi-tôt contre lui avec quelques Troupes, dans l'efpérance de pouvoir facilement éteindre cette flamme naiffante; mais aïant trou- (A) OLYMPIODORE dans PHOTIUS, Cod. 80. SoZoMENE, Liv. 9. chap. 13. 14. & 15. OROSE, Liv. 7. chap. 42. (B) OROSE, Liv. 7. chap. 42. IDACE. |