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RE D'ES

PAGNE. 661.

662.

poffédoit dans ce Pais, il lui permit de faire ce qui lui paroî-
troit de plus convenable (A).

ANNE'E
J. C.

623. 624.

DE

Les Impériaux con

& de s'en al

ler.

Le nouveau Patrice arriva en Espagne, dans le tems que Suinthila ouvroit la Campagne, ou fe difpofoit à le faire. Comprenant à la vûe des forces des Gots & du de monpeu de qu'il avoit pour faire tête à l'Ennemi, qu'il ne pourroit traints de forjamais défendre ce qui reftoit, il refléchit fur les mefures tir d'Espagne qu'il devoit prendre. Cependant, Suinthila qui ne vouloit point perdre de tems, alla avec fon Armée fe pofter à la vûe des Impériaux. Remarquant que ceux-ci n'étoient point en état de lui résister, il fit dire au Patrice, qu'il devoit faire refléxion, que vouloir s'oppofer aux entreprises des Gots, ce feroit être téméraire, & facrifier fans aucun efpoir fa perfonne & celle de fes Soldats; & que puifque les Généraux les plus braves & les plus prudens fe font toujours un principe de céder à la néceffité, il lui confeilloit d'abandonner aux Gots, des Places & des Terres qui leur avoient appartenu anciennement, & dont ils répétoient avec tant de droit la poffeffion. Il accompagna cet avis de la promeffe de lui accorder, pour lui & pour tout fon monde, tels partis qu'ils défireroient, s'ils vouloient tous fortir d'Espagne, & de la menace, en cas de refus, de faire la guerre à toute outrance fans épargner perfonne.

Suinthila

de toute l'Ef

pagne.

Le Patrice qui étoit déja persuadé qu'il ne pouvoit tenir contre Suinthila, ni tenter le fort d'un combat fans être ex- premier Roi pofé à périr avec tous ceux qu'il commandoit, profita de la générofité & de la politeffe du Roi, aufquelles il fut très-fenfible. C'est pourquoi, faifant de néceffité vertu, il offrit & livra à Suinthila tout ce que les Impériaux poffédoient en Espagne, & le Roi fit à ceux-ci tous les partis qu'ils fouhaiterent *. Les Impériaux aïant donc évacué toutes les Places qu'ils avoient en Efpagne, pour s'en retourner à Conftantinople, les Gots en prirent auffi-tôt poffeffion; de forte que Suinthila fut le premier Monarque des Gots, qui régna fur toute l'Espagne (B).

625.

Suinthila glorieux d'être parvenu à chaffer les Impériaux de ce qu'Athanagilde leur avoit donné en Espagne, folli- Il s'affocie

(4) S. ISIDORE dans l'Hift. des Gots. (B) S. ISIDORE, Hiftoire des Gots; FREDEGAIRE, AIMOIN & d'autres.

* Mariana retarde cet événement de deux années. Il feroit à fouhaiter que Tome II.

l'on connût les Guides qu'il a fuivis,
pour éclaircir ce Point important de
I'Hiftoire d'Espagne. Puifqu'il ne les
a pas nommés, on doit s'en tenir à
Ferreras qui cite fes autorités.

Oo

Ricimir.

ANNE'E J. C. 622.

623.

guerre aux Impériaux d'Espagne.

finiment plus de gloire à faire grace aux Ennemis, & à se DE laiffer toucher par leurs priéres, qu'à les détruire, reçut avec bonté leurs Députés, & confentit de leur accorder la vie & la liberté, pourvû qu'ils rendiffent leur butin. Cependant, en réparation des ravages qu'ils avoient faits, il leur ordonna de travailler à la conftruction d'une nouvelle Ville, qu'il fit bâtir pour leur fervir de barriére, & pour empêcher leurs incurfions en Espagne. Tout s'exécuta au gré du Roi, & cette Ville fut appellée Oligito. Les uns veulent que ce foit Olite dans la Navarre, d'autres croïent que c'eft Fontarabie, & quelques - uns prétendent avec Vafé que c'est Valladolid; mais ils ne raifonnent tous que par conjectures (A).

per

Après avoir appaifé ces défordres, Suinthila qui avoit mis 11 fait la fur pied une bonne Armée, ne crut pas devoir laiffer échapper l'occafion d'achever de détruire les Impériaux & de les dépouiller du peu de terrein qu'ils occupoient encore en Efpagne. Il fe flatta d'autant plus d'y réuffir, que Sifébut avoit extrêmement affoibli leurs forces, & qu'il étoit fuadé qu'Heraclius ne pouvoit les fecourir, à caufe de l'éloignement, & de la guerre qu'il avoit contre les Perfes. Tous ces motifs l'engagerent à mener fes Troupes, Enseignes déploiées, fur ce que les Impériaux avoient dans cet Angle d'Espagne, que forme le Cap de Saint Vincent. Le Patrice, qui commandoit dans ces Quartiers au nom de l'Empereur Heraclius, ne fçut pas plûtôt fon approche, qu'il rassembla du Monde & des Soldats pour s'oppofer à fes entreprises. Aiant formé une Armée fuffifante, il marcha à fa rencontre, mais fes Troupes furent taillées en piéces. Il y a même apparence qu'il fut tué ou fait prifonnier dans l'action, parce que l'on trouve qu'il fut remplacé par un autre Patrice, & qu'il n'eft pas croïable qu'il y en eût deux dans une fi petite étendue de Païs. Après cette journée, Suinthila s'avança avec fes Armes victorieufes dans le Païs ennemi, où il fit plufieurs Conquêtes. Les Impériaux qui s'échapperent, firent fçavoir à Conftantinople l'état où étoient les affaires d'Efpagne, afin que l'on envoïât un nouveau Gouverneur. Sur cette nouvelle, l'Empereur nomma un autre Patrice, qui fe rendit en Espagne, & je m'imagine, qu'à cause de l'éloignement & de la difficulté qu'il y avoit de conferver ce qu'il

(4) S. ISIDORE, Hiftoire des Gots.

poffédoit

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poffédoit dans ce Pais, il lui permit de faire ce qui lui paroîELE D'ES- troit de plus convenable (A).

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Le nouveau Patrice arriva en Espagne, dans le tems que
Suinthila ouvroit la Campagne, ou fe difpofoit à le faire.

ANNE'E DE

J. C.

623.

624.

Les Impé

& de s'en al

ler.

Comprenant à la vûe des forces des Gots & du peu de mon- riaux con-
de qu'il avoit pour faire tête à l'Ennemi, qu'il ne pourroit traints de for.
jamais défendre ce qui reftoit, il refléchit fur les mefures tir d'Espagne
qu'il devoit prendre. Cependant, Suinthila qui ne vouloit
point perdre de tems, alla avec fon Armée fe pofter à la
vûe des Impériaux. Remarquant que ceux-ci n'étoient point
en état de lui résister, il fit dire au Patrice, qu'il devoit faire
refléxion, que vouloir s'oppofer aux entreprises des Gots,
ce feroit être téméraire, & facrifier fans aucun efpoir fa per-
fonne & celle de fes Soldats; & que puifque les Généraux les
plus braves & les plus prudens fe font toujours un principe
de céder à la néceffité, il lui confeilloit d'abandonner aux
Gots, des Places & des Terres qui leur avoient appartenu
anciennement, & dont ils répétoient avec tant de droit la
poffeffion. Il accompagna cet avis de la promeffe de lui ac-

corder, pour lui & pour tout fon monde, tels partis qu'ils
défireroient, s'ils vouloient tous fortir d'Efpagne, & de
la menace, en cas de refus, de faire la guerre à toute ou-
trance fans épargner perfonne.

Le Patrice qui étoit déja perfuadé qu'il ne pouvoit tenir
contre Suinthila, ni tenter le fort d'un combat fans être ex-
pofé à périr avec tous ceux qu'il commandoit, profita de
la générofité & de la politeffe du Roi, aufquelles il fut
très-fenfible. C'est pourquoi, faifant de néceffité vertu, il
offrit & livra à Suinthila tout ce que les Impériaux poffé-
doient en Espagne, & le Roi fit à ceux-ci tous les partis
qu'ils fouhaiterent *. Les Impériaux aïant donc évacué tou-
tes les Places qu'ils avoient en Efpagne, pour s'en retourner
à Conftantinople, les Gots en prirent auffi-tôt poffeffion;
de forte que Suinthila fut le premier Monarque des Gots,
qui régna fur toute l'Efpagne (B).

Suinthila

premier Roi de toute l'Ef

pagne.

625.

Suinthila glorieux d'être parvenu à chaffer les Impériaux de ce qu'Athanagilde leur avoit donné en Espagne, folli- affocie

(4) S. ISIDORE dans l'Hift. des Gots. (B) S. ISIDORE, Hiftoire des Gors; FREDEGAIRE, AIMOIN & d'autres.

* Mariana retarde cet événement de deux années. Il feroit à fouhaiter que Tome II.

l'on connût les Guides qu'il a fuivis,
pour éclaircir ce Point important de
I'Hiftoire d'Efpagne. Puifqu'il ne les
a pas nommés, on doit s'en tenir à
Ferreras qui cite fes autorités.

Oo

Ricimir.

J. C.

cita les Gots de déclarer fon Compagnon & fon Succeffeur ANNE'E DE dans la Roïauté, fon fils Ricimir, qui étoit encore très-jeune, & l'obtint facilement, en confidération des foins qu'il s'étoit donnés pour aggrandir le Roiaume & lui donner plus d'éclat (A). Saint Ifidore termine ici fon Histoire des Gots, qu'il finit l'année fuivante..

625.

Mort de S. Fulgence, Evéque d'Ecija.

626.

Quelques-uns placent vers ce tems la mort de Saint Ful-
gence, Evêque d'Ecija; mais ils ne font que deviner, parce
que ce fentiment n'est fondé sur aucun témoignage ancien :.
que
il en eft de même de fon paffage du Siége Epifcopal d'Ecija
à celui de Carthagêne. Il y en a auffi plufieurs qui préten-
dent qu'il mourut à Séville, & qu'il fut enterré dans l'Egli-
fe de Saint Jean-Baptifte. Cependant, comme l'on a trouvé
enfemble les Corps de Saint Fulgence & de fa fœur Sainte-
Florentine à Berçocana, proche de Guadalupe, il paroît
vraisemblable qu'on les emporta tous deux dans l'invafion
des Sarazins, & qu'ils étoient inhumés ou placés à Ecija, où
il eft certain que Sainte Florentine avoit fa fépulture. En.
effet, fi le Corps de Saint Fulgence avoit été enterré à Sé--
ville & proche de celui de Saint Ifidore, il ne paroît pas
naturel que l'on eût laiffé expofé le Corps de ce dernier aux
outrages des Mahometans, lorfque la piété fit emporter ce-
lui du premier pour l'en mettre à l'abri. Toutes ces confi-
dérations font que je tiens pour plus fûr, que Saint Fulgen-
ce eft mort dans fon Evêché d'Ecija.

La condescendance des Gots à confentir de reconnoître
Sainthila fe Ricimir
pour Succeffeur de fon pere Suinthila, fut cause que
conduit en
le Roi n'aïant plus rien à défirer & ne croïant point avoir
Тугав.
à craindre aucun revers de fortune, commença à dégénérer
de la grandeur d'ame & des vertus qui l'avoient rendu di-
gne du Sceptre. De Roi jufte & modéré, il devint Tyran
& Perfécuteur, à la follicitation de fa femme & de fon fre-
re Galan, par les confeils de qui il gouvernoit. Ainfi, au
lieu de faire goûter à fes Sujets les douceurs de la paix, il
les accabla d'Impôts, & au lieu d'être le pere des Pauvres,
comme il l'avoit été jusqu'alors, il les réduisit
rice détestable à une extrême mifére (B).

par une ava

Saint Ifidore acheva en cette année fon Hiftoire des
Gots (C).

(4) S. ISIDORE, Hiftoire des Gots.

(B) Concile IV. de Toiéde. II (C) S. ISIDORE.

ERE D'ES

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ERE D'ES-
PAGNE.

J. C.

627. Mort de S. Rénovat de Mérida.

La mort de Saint Rénovat, Métropolitain de Mérida, arriva le 31. de Mars de cette année. Il étoit iffû d'une des ANNE'E DE 665. principales Familles des Gots, & quoiqu'il fût d'une aimable figure & très-bien pris dans fa taille, les beautés de l'ame l'emportoient en lui fur celles du corps. Sçavant en tout genre de Lettres, il excelloit fur-tout dans les Sacrées qu'il enfeigna à beaucoup de perfonnes, & dans lefquelles il fit de grands Difciples. Il gouverna pendant plufieurs années l'Eglife de Mérida, & il fut enterré dans celle de Sainte Eulalie (4). Les Hiftoriens Efpagnols mettent fa mort en 63 2. ou en 633. mais ils fe trompent, parce que dans le Concile IV. de Toléde tenu l'an 633. Eftienne foufcrivit le troifiéme en qualité de Métropolitain de Mérida, & Jufte, qui fuccéda à Saint Hellade l'an 63 2. le cinquième. Puifqu'il fuit donc de ceci qu'Eftienne étoit plus ancien que Jufte, il me femque l'on doit placer vers ce tems la mort de Rénovat: l'on peut encore ajoûter, pour autorifer cette opinion, qu'Eftienne avoit auffi le droit d'ancienneté fur Julien, Métropolitain de Brague.

666.

667.

ble

628,

S. Jean de Saragoffe ter

En cette année 628. mourut Saint Jean Evêque de Saragoffe, qui avoit profeflé la Vie Monaftique, & qui d'Abbé de fon Monaftére, avoit été élevé à l'Epifcopat & affis fur mine fa vie. le Siége de cette Eglife. Sa grande charité envers les Pauvres éclata d'une maniére finguliére, & fon air ouvert annonçoit la paix parfaite qui régnoit dans fon ame. Quoiqu'il fût fçavant, fur-tout dans les Lettres Sacrées, il enfeigna le chemin du Ciel à ceux dont il avoit la direction plûtôt par fes actions & par fes paroles, qu'avec la plume. Il a feulement compofé un petit Traité fur la maniére de fçavoir le jour que tombe la Pâques, duquel j'ignore le fort, ges. & quelques Offices Eccléfiaftiques, dont la Mufique ou le Chant répond à l'élégance du ftile (B).

Ses Ouvr

629.

Suinthila porte la Ty

rannie à l'ex

Cependant la Tyrannie de Suinthila augmentoit de plus
en plus. Toujours guidé par une avarice infatiable, ce Prin-
ce faifoit mourir de fa pleine autorité & fur des prétextes
frivoles, tous ceux dont il vouloit envahir les biens; de cès.
forte que, tous les Sujets, tant Grands que Petits, oppri-
més par tant de violences, gémiffoient fous le poids de fes
injuftices (C).

(4) PAUL Diacre de Mérida dans les Vies des Peres de cette Ville.

(B) S. ILDEFONSE dans les Ecriv. ch. 6.
(C)Dernier Canon du Con.IV. de Tol.

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