Imágenes de páginas
PDF
EPUB

ANNE'E J. C. 630.

DE

11 fe rend

odieux, & Si

fenand confpire contre

lui.

631.

Roi des

nand.

Les Gots entiérement rebutés de la Domination tyrannique de Suinthila, ne s'entretenoient que des moïens de chaffer du Trône un Souverain fi cruel. Sifénand, un des principaux de la Monarchie, qui étoit, à ce que je m'imagine, Gouverneur ou Vice-Roi de la Gaule Narbonnoife, informé de ces difpofitions, réfolut d'en profiter, pour enlever le Sceptre à fon Souverain, foit à la follicitation des Gots d'Espagne, foit par fa propre ambition. Quoiqu'il fût perfuadé que perfonne n'embrafferoit la défenfe de ce Prince odieux, parce que les Sujets n'ont pas plûtôt pris leur Monarque en averfion, que le Trône perd fes foutiens qui font l'amour & la fidélité, il crut devoir se servir des Armes de Dagobert, Roi des Francs, fans négliger cependant, felon toutes les apparences, d'entretenir des intelligences fecrettes avec les Principaux Gots. Pour cet effet, il offrit à Dagobert, s'il vouloit l'aider à réuffir dans fon entreprise, une fontaine d'or péfant cinquante livres, qu'Aëce avoit donnée au Roi Torifmond, pour l'avoir affifté contre Attila, & que l'on gardoit avec foin dans le Tréfor Roïal, comme un Monument glorieux. Dagobert fe prêta volontiers aux défirs de Sifenand, à qui il promit de tenir fes Troupes prêtes, pour lui procurer la Couronne (A).

En cette année, l'on bâtit proche de Médina-Sidonia, une petite Eglife dédiée à Saint Jacques l'Apôtre de l'Espagne : c'est ce que l'on apprend par une Infcription rapportée dans Morales.

Dagobert, en vertu de la promeffe qu'il avoit faite à SiDagobert, fenand, fit affembler les Troupes qu'il avoit dans la BourFrancs, i fa- gogne & celles qui étoient à Toulouse, & en aïant donné vorife Sife- le Commandement à Abondance & à Vénérand, il ordonna à ces deux Généraux de paffer avec Sifenand en Espagne. Sur cette nouvelle, Suinthila se mit en Campagne à la tête des Troupes des Gots, pour s'oppofer aux entreprises du Gouverneur de la Gaule Narbonnoife. Cependant l'Armée des Francs paffa les Pyrénées, & s'avança jufqu'à Saragoffe, fans avoir rencontré le moindre obftacle. Elle parut à la vûe de cette Place, dans le même tems que le Roi Got y arrivoit avec la fienne. Les Troupes de celui-ci faifant refléxion qu'il falloit répandre beaucoup de fang pour le maintenir fur le Trône, & que d'ailleurs c'étoit un Tyran qui (4) FREDEGAIRE le Scholaftique, AIMOIN & d'autres.

Suinthila dé. pouillé du Sceptre, & Sifenand reconnu Roi.

ERE D'ES

PAGNE.

668.

609.

PAGNE.

669.

les perfécutoit depuis long-tems, proclamerent Roi Sife

J. C. .63t.

RE D'ES- nand, à l'exemple & à la perfuafion des Partifans de ce Su- ANNE'E DE jet rébelle. Suinthila ainfi abandonné de tous les Officiers & même de fon propre frere Gélan, fe retira dans un lieu fûr pour fe conferver du moins la vie, puifqu'il avoit perdu la Couronne. Abondance & Vénérand voïant qu'ils n'avoient plus rien à faire, puifque Sifenand étoit reconnu Roi par les Gots mêmes, s'en retournerent de Saragoffe en France avec leurs Troupes. Sifenand, avant leur départ, les traita fplendidement & leur fit de grands préfens, après quoi il partit lui-même pour Toléde, où il fut de nouveau proclamé Roi par les acclamations publiques & à la satisfaction de tous les Peuples (A).

670

Il est étonnant qu'Ifidore de Badajoz ne raconte rien de cet événement, non plus que la Chronique d'Albeyda, Don Roderic Archevêque de Toléde & Don Lucas de Tuy, & qu'il y en ait même quelques-uns qui difent, que Suinthila mourut en paix à Toléde. Cependant, comme le Concile IV. de Toléde parle d'une maniére claire du détrônement de ce Monarque, je ne puis me difpenfer de fuivre un Monument fi refpectable, quoique ces Auteurs aïent gardé le filence à ce fujet : d'ailleurs Ifidore de Badajoz marque, que Sifenand ufurpa tyranniquement la Couronne.

[ocr errors]

Sifenand étant paifible poffeffeur de la Couronne des Gots, le Roi Dagobert lui envoïa en Ambaffade Amalgare & Vénérand, pour le fommer de lui remettre la fontaine qu'il lui avoit promife. Le nouveau Souverain des Gots les reçut, comme il le devoit, & leur livra fans conteftation ni délai, ce qu'ils demandoient. Les Gots qui faifoient grand cas de cette piéce, la virent emporter avec douleur; c'est pourquoi quelques-uns d'eux guetterent les Ambaffadeurs fur le chemin, par où ils devoient paffer, & la leur ôterent par force. Il y a apparence que les Ambaffadeurs en porterent leurs plaintes à Sifenand, mais les Gots s'émurent regardant comme une infulte que l'on donnât à un autre Monarque un Vafe qui avoit toujours été le prix & le témoignage de leur bravoure dans la célébre bataille des Champs Cataloniques. Sifenand, pour appaifer les Gots, fut contraint de garder la fontaine, & d'écrire à Dagobert, qu'il n'étoit pas en fon pouvoir de tenir la promeffe qu'il (4) FREDEGAIRE.

6323

1

ANNE'E
J. C.

632.

DE

· Gélan veut fe révolter contre Sife

nand, eft

puni.

و

PAGNE

lui avoit faite, ainfi que fes Ambaffadeurs pourroient le lui
témoigner. Il lui offrit cependant en dédommagement deux ERE D'
cens mille fols, & il les lui envoïa, après que Dagobert 67
lui eut fait fçavoir qu'il s'en contentoit (A). Je place cet
événement en cette année, parce qu'il ne paroît pas naturel
que Dagobert ait exigé de Sifenand le Vafe promis, avant
que
celui-ci ait été affermi fur le Trône & ait mis ordre aux
affaires de la Monarchie.

Il y a apparence que Gélan, frere de Suinthila, prit occafion du mécontentement que les Gots montrerent au fujet and & de l'aliénation de cette Fontaine, pour remuer contre Sifenand, & troubler la tranquillité publique. Mais tout ce qu'il put faire, tourna à fa propre ruïne. La plupart des Gots qui le connoiffoient pour un efprit turbulent, fermerent l'oreille à fes difcours & à fes follicitations, & s'oppoferent même avec fermeté à tout ce qu'il voulut tenter. Ses deffeins aïant enfin été découverts, on lui ôta tous fes Emplois, & on lui confifqua tous fes biens, fans qu'il m'ait été poffible de fçavoir ce qu'il devint par la fuite (B).

Mort de S.

Toléde. Juf

ce.

Saint Hellade Métropolitain de Toléde mourut dans fon Archevêché le 18. de Février, jour que l'Eglife célébre fa te le rempla mémoire. Il étoit déja d'un grand âge, & il avoit donné pendant fa vie des marques d'une piété exemplaire & de fon grand amour pour les Pauvres. On le fit remplacer par Jufte, qui avoit embraflé dès fon enfance la Vie Monaftique, & qui avoit été Difciple de Saint Hellade dans le Monaftére d'Agali. C'étoit un homme d'une grande vertu, d'un efprit vif & pénétrant, fçavant & affés éloquent (C).

633

de Toléde.

Le Roi Sifenand, faifant attention que les Etats ne fleurifConcile IV. fent jamais plus, que quand la Religion & la justice y régnent, follicita tous les Evêques de fes Domaines de s'affembler, pour régler les affaires de l'Eglife & celles de la Monarchie. Ainfi il fe rendit à Toléde foixante & neuf Evêques en perfonne ou par leurs Vicaires, de toutes les Métropoles de la Domination des Gots. Voici leurs noms.

De la Métropole de Séville, Saint Ifidore Métropolitain & le plus ancien de tous les Métropolitains, Jean Evêque d'Ilipa, Deodatus de Cabra, Leudefroid de Cordouë, Avence d'Ecija, Piméne d'Affidonia, Ethére d'Illibéri,

(4) FREDEGAIRE.
(B) Concile IV. de Toléde.

(C) S. ILDEFONSE dans les Ecri

Il vains, Chap, DETON SE

[ocr errors]

RE D'ES

PAGNE.

671.

aujourd'hui Grenade, Eparce d'Italique, & Fidence de Mar-
fon Vicaire Contaure Prêtre.
tos par

De la Métropole de Narbonne, Selva Metropolitain &
le second des Métropolitains Pierre de Béziers, Acutule
d'Elne, Remafaire de Nîmes, Anatole de Lodéve, Ginese
de Magalone par fon Vicaire Eftienne Archidiacre, & So-,
lemne de Carcaffone par Donel fon Vicaire.

De la Métropole de Mérida, Eftienne Métropolitain & le troifiéme des Métropolitains, Boniface Evêque de Coria, Sificle d'Evora, Profuturus de Lamégo, Servus-Dei de Calabre ou Montanches, Montéfe d'Idagna, Théodige d'Avila, Waric de Lisbonne, Laufe de Vifée, Modarius de Ba-, dajoz, Hiccila de Salamanque, & Ermulphe de Coimbre par fon Vicaire Rénat.

De la Métropole de Brague, Julien Métropolitain & le quatriéme des Métropolitains, Germain Evêque du Monaftére de Dume, Samuel d'Iria, Concorde d'Aftorga, Anfiulphe de Porto, Mitope de Britonia à préfent Mondognedo, Anaftafe de Tuy, Balcone de Lugo, & David d'Orenfe par Marc fon Vicaire..

De la Métropole de Toléde, Jufte Métropolitain, & le
cinquiéme des Métropolitains, Conance Evêque de Palen-
ce, Clarence de Guadix, Bigitin de Bigaftre, aujourd'hui
Murcie, Hilaire d'Alcala de Hénares, Eufébe de Baeza, Mar
cel d'Urci, préfentement Almérie, Eufébe de Valérie, Jac-
ques de Mentefe, Florence de Xativa, Perfeverance de
Caflona, Mufitace de Valence, Antoine de Ségorbe, Ser-
pentin d'Elche, Suanila d'Oret, Anféric de Ségovie, Ydif-
cle de Siguença, Egila d'Ofma, & Carterius d'Arcobriga
par fon Vicaire Domarius.

De la Métropole de Tarragone, Audax Métropolitain &
le fixiéme des Métropolitains, Eftienne Evêque d'Ofone,
aujourd'hui Vich ou Vique, Nonit de Girone, Sifalde
d'Ampurias, Gabin de Calahorra, Jean de Tortofe, Ra-
naire d'Urgel, Eugêne d'Egara, Fructueux de Lérida, Il-
pide de Tarazone, Ordulphe de Huefca, Braulion de Sara--
goffe, & Sévére de Barcelone par Jean fon Vicaire..
L'on fit l'ouverture du Concile le neuviéme de Décembre ***
* Mariana met ce Concile en 634. ne en 631. dans le tems que les Trou-
Cependant, en convenant avec lui qu'il pes pouvoient tenir la Čampagne, on
s'eft tenu la troisième année du Régne de fera forcé de recomontre que le mois
Sifenand, il eft für que ce fut en 632. par-de Décembre de 634, fut de la quatrié
ce que Sifenand étant monté fur le Tró-

me année du Régne de ce Monarque

ANNE'E
J. C.

633

DE

J. C..

633.

PAGNE. 671.

dans l'Eglife de Sainte Léocadie, & Saint Ifidore y préANNE'E DE fida, comme le plus ancien des Métropolitains. Quand ERR D'ES tous les Peres, qui le compoferent, furent affemblés, le Roi Sifenand entra, & après s'être profterné en terre & s'être enfuite relevé, il les exhorta à examiner avec foin ce qui concernoit la Difcipline Eccléfiaftiqué, & à travailler férieufement à corriger les abus. Tous les Peres du Concile tranfportés de joie à la vâe du faint zéle du Roi, firent les foixante & quinze Canons qui fuivent.

Ses Confti. tutions.

I. D'abord l'on commença par dreffer une confeffion de Foi, conforme au Symbole des Apôtres avec plus d'étendue fur tous les articles.

II. L'on obfervera dans toute l'Espagne & la Gaule Gotique, un même ordre & une même forme pour la célébration des Meffes & pour les Offices publics & particuliers des Heures Canoniques, des Matines & des Vêpres, pour ôter tout fujet de Schifme & de fcandale.

III. Tous les ans, on tiendra des Conciles; s'il s'agit de la Foi ou d'une affaire commune, le Concile fera général de toute l'Espagne & de la Gaule Gotique: pour les affaires particuliéres, on célébrera les Conciles en chaque Province, au lieu défigné par le Métropolitain, où puiffent se rendre les perfonnes qui auront à fe plaindre des Evêques & des Juges Roïaux, afin qu'on leur faffe juftice. L'on marqua le 18. de Mai pour la tenue des Conciles.

IV. Les Peres prescrivent la forme de tenir les Conciles, & marquent ceux qui doivent y entrer, & ce que l'on doit y obferver.

V. A cause de la diverfité qui fe trouvoit ordinairement dans les Cycles Pascals, il eft ordonné que trois mois avant l'Epiphanie, les Métropolitains conféreront enfemble par écrit fur le jour que l'on doit célébrer la Pâque l'année fuivante, afin qu'on l'annonce dans les Eglifes le jour de P'Epiphanie, & qu'on célébre par tout cette Fête en même

tems.

-VI. Dans l'adminiftration du Baptême, l'on ne fera
qu'une feule Immersion, afin de détruire le Schifme de quel-
ques-uns, qui s'imaginoient que ce Sacrement n'étoit point
valide, à moins que l'on ne plongeât trois fois.

VII. On ne fermera point les Eglifes le Vendredi-Saint:
on les tiendra au contraire toutes ouvertes, on y fera l'Offi-

ce

« AnteriorContinuar »