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ERE D'ES

PAGNE.

671.

672.

673.

J. C. 6330

me peine fut prononcée contre Gélan, frere de Suinthila,
pour avoir été traître, non-feulement à Suinthila fon beau- ANNE'E DE
Frere, mais au Roi Sisenand. On termina enfin le Concile,
en adreffant des voeux au Ciel pour la fanté & la confer-
vation de Sifenand, & pour la tranquillité & le bonheur
de l'Etat, priant Dieu de le prendre fous fa protection, &
d'y faire fleurir la Foi Catholique; après quoi les Peres
souscrivirent avec l'agrément du Roi (A).

Je m'imagine, que quoique ce Concile commença en la
préfente année, il ne finit que l'année fuivante, parce qu'il
y avoit trop d'affaires à traiter, pour que l'on pût les exa-
miner & les régler toutes dans le peu de jours qu'il man-
quoit au mois de Décembre de l'année 633. pour être à
fa fin.

Conjectu rée de ce Cou

res fur la du

cile.

634:

chila Abbé

d'Agali.

Réchila Abbé du Monaftére d'Agali, penfoit à fe décharger du péfant fardeau du Gouvernement, pour embraffer lede écrit une Jufte de Toune vie plus tranquille. Le Vénérable Jufte, Métropolitain Lettre à Réde Toléde, en aïant eû avis, lui écrivit une Lettre fçavante ou un petit Traité, pour lui prouver qu'il ne pouvoit point fe défifter de la conduite du Monaftére, quand la Gloire de Dieu y étoit intéreffée, & demandoit qu'il la gardât. Il y a apparence que cette Piéce eft périe (B).

635

Nonit de Gi

ronne.

Prêtre audacieux, puftice Divine.

ni par la Ju

Nonit Evêque de Gironne, homme d'une Sainteté finguliére, qui avoit été tiré de l'Etat Monaftique, pour être éle- Mort de S vé à l'Episcopat, mourut en cette année, fans que l'on fçache quel jour. Il eut beaucoup de dévotion à Saint Felix Martyr de cette Ville, & après fa mort, il s'opéra par fon interceffion beaucoup de miracles à fon Tombeau (C). Géronce, Prêtre, devenu infolent, parce qu'il avoit gagné la confiance du Roi Sisenand, commença à avoir quelques difputes affés confidérables avec Jufte, Métropolitain de Toléde, & s'oublia jufqu'au point de manquer de refpect à ce digne Evêque, & de le traiter avec mépris. Peutêtre tint-il cet affreux procédé, parce que Jufte aura voulu punir fes défordres, ou parce que ce Prêtre ambitieux fe flattoit, qu'appuïé de la faveur du Roi, il parviendroit à faire dépofer Jufte, en terniffant fa réputation par quelques calomnies, & à fe faire élever fur fon Siége Métropolitain. Car, de quoi un Eccléfiaftique, qui oublie le refpect qu'il doit

(A) A&tes du même Concile.
(B) S. ILDEFONSE dans les Hommes
Tome II.

11

Illuftres & dans les Ecrivains, chap. 8.
(C) S. ILDEFONSE, chap. 10.
Qq

ANNE'E DE
J. C.

635.

636.

être

à fon Evêque, n'eft-il point capable & ne peut-il pas
foupçonné? Enfin ce Prêtre audacieux, à l'abri de la pro--
tection du Prince, donnoit de grandes mortifications à fon
Evêque, le Vénérable Jufte, qui fouffroit tout avec une pa-
tience admirable. Mais la Justice Divine se lassa de tant de
hardieffe, & permit qu'il perdît le jugement tout-à-coup. On
lui fit envain plufieurs remédes, aucun ne lui procura le moin-
dre foulagement: ils ne fervirent tous au contraire qu'à le met--
tre dans un état plus terrible. Ainfi il demeura fou jusqu'à
la mort, faisant horreur à tous ceux qui le voïoient & qui
lui parloient. Exemple mémorable de la déférence. & des.
égards, que l'on doit avoir pour les Evêques (A)!

Jufte Métropolitain de Toléde, mourut au commence-
Mort de Juf- ment de Mars. Il eut pour Succeffeur Eugêne, homme
te Métropoli-
tain de Tolé- très-habile dans l'Aftonomie. Celui-ci étoit fon Condifci-
de. Eugéne I. ple, & avoit été élevé dès fa jeuneffe dans le Monaftére
lui fuccéde.. d'Agali, fous la conduite de Saint Hellade, qui l'avoit em--
mené avec lui, lorfqu'il étoit monté fur le Siége de Tolé--
de, & qui lui avoit conféré les Ordres Sacrés. C'est ce que
l'on apprend de Saint Ildefonfe (B), qui dit, que dix-neuf.
jours après la mort de Jufte, arriva celle de Sisenand.

Mort de S. Mdore.

Le Glorieux Saint Ifidore, Métropolitain de Séville ter-mina auffi fa vie en cette année. 636. le 4. d'Avril, après avoir tenu le Siége de cette Eglife près de quarante ans.. Avant que de mourir, ce Saint Evêque fe fentant proche de sa fin, se fit transporter à l'Eglise de Saint Vincent. Là, affifté de deux de fes Suffragans, qui étoient Jean Evêque: d'Ilipa, & Eparce d'Italique, il reçut les Sacremens avec beaucoup de dévotion.. Il voulut auffi recevoir la Pénitence, conformément à l'ufage de ce tems, & après avoir de-mandé publiquement pardon de fes fautes, à Dieu & aux Affiftans, il fit à ceux-ci une courte exhortation, pour les inviter à s'aimer les uns les autres, & à fervir Dieu avec zéle:: il ordonna enfuite de diftribuer aux Pauvres tout ce qu'il

(4) S. ILDEFONSE dans la Préface des ce fait. Ainfi l'on a lieu d'en douter, de
Livres des Hommes Illuftres.

(B) Chapitres . & 13.

Mariana, après en avoir fait un portrait odieux, j'ignore fur quelle autorité, dit qu'il fut étranglé dans fon lit. Cependant, Ferreras qui s'eft fait une Loi d'étre véridique, ne parle point de

méme que du prétendu mauvais carac-
tére de Jufte, qui paroit être démenti
par l'avanture du Pretre Géronce, que
Mariana a paffée fous filence. On peut
ncore ajouter, que M. Fleuri qualifie
Jufte du Titre de Saint...

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avoit. On le mit dans un appartement de l'Eglife, où il ERE D'ES- rendit fon Ame au Créateur, & l'on tient pour fûr, que fon Corps fut enterré dans la même Eglife de Saint Vincent (A).

PAGNE. 674.

Saint Ifidore avoit beaucoup d'érudition & étoit trèsfçavant dans tout genre de Lettres, quoiqu'en dife un Critique Moderne, qui paroît vouloir détruire le jugement qu'en a porté toute l'Antiquité, & celui de tous les Hommes qui le regardent comme tel. A s'en rapporter en effet au jugement de ce Critique, Saint Ifidore n'avoit point une connoiffance exacte de plufieurs chofes dont il a parlé; mais fi ce Cenfeur avoit fait attention & avoit eû égard au grand nombre de matiéres différentes dont il a traité, & principalement dans fes Livres des Etimologies, & à la différence de ce tems à celui d'à préfent, où l'on a travaillé fur-tout avec beaucoup de foin, il y a lieu de croire qu'il n'auroit pas été fi rigide. D'ailleurs ne pourroit-on pas en dire autant des Peres les plus fçavans de l'Eglife, puifque l'on trouve dans leurs Ouvrages certaines chofes qui ne paroissent point, par rapport au tems préfent, avoir été écrites avec foin & exactitude? L'on doit avoir toujours beaucoup de refpect pour les Saints, & les éloges qui ont été faits de la Doctrine de Saint Ifidore par les Ecrivains qui étoient de fon tems, ou qui l'ont fuivi, ainfi qu'on peut le voir dans les Bollandiftes au mois d'Avril, & dans la Bibliothéque ancienne de Don Nicolas Antonio, Liv. 4. chap. 3. fuffisent pour confondre la témérité de ce Critique.

ANNE'E DE

J. C.

636.

Ouvrages

pofés.

Deux célébres Perfonnages Saint Braulion Evêque de Saragoffe, & Saint Ildefonfe dans les Ecrivains ou Hommes Il- qu'il a comluftres, ont fait mention de fes Ouvrages, dont voici ceux qui font fûrs: Un Volume des Etymologies, que Saint Braulion a divisé en vingt Livres : Deux Livres de la Différence des Mots, ou de la Propriété des Paroles: Un Livre de la Nature des Chofes, adreffé à Sifebut : Une Chronique depuis le commencement du Monde, jufqu'à la cinquième année de l'Empereur Heraclius, & la quatriéme de Sifebut : Un de la Naiffance & de la Mort des Anciens Peres ; quoique quelques-uns aveuglés par leur paffion, prétendent qu'il n'est pas de lui: Un Livre des Hiftoires des Gots, des Vandales & des Suéves: Un Livre des Ecrivains ou Hommes Illuf(4) REDEMPTUs Diacre, dans ce qu'il raconte de fa mort.

Qq ÿ

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tres: Trois Livres de Sentences, dans lefquels il traite fuc-
cintement tout ce qui appartient à la Théologie : Un Livre
de Préfaces pour les Livres de l'Ecriture Sainte: Un Livre
d'Exposition mystique, fur le Pentateuque, fur les Juges,
& fur les Livres des Rois, d'Efdras & des Machabées
Un Livre d'Allégories fur les personnes du Vieux & du
Nouveau Teftament: Deux Livres contre les Juifs: Un Li-
vre des Héréfies, lequel n'a point paru: Deux Livres des
Offices Eccléfiaftiques : Une Régle pour les Moines : Deux
Livres intitulés Sinonamos, ou de la Trifteffe de l'Ame: Quel
ques Lettres & plufieurs autres chofes. Quiconque voudra
fçavoir le jugement que l'on a porté de fes Ouvrages, & le
nombre de fois qu'ils ont été imprimés, pourra avoir re-
cours à Don Nicolas Antonio, & à la Bibliothéque Eccléfiaf-
tique de Dupin.

Le Roi Sisenand mourut dans le mois de Mars*, & il y
a apparence que l'on eut de la peine à s'accorder fur le choix
d'un Succeffeur, quelqu'un ou quelques-uns afpirant à la
Couronne, fans avoir les qualités néceffaires pour la poffé-
der. Cependant, après que toutes les conteftations & tous
les troubles furent appaifés, on élut & on proclama Roi
Chintila au commencement d'Avril, comme on le voit par
la Chronique de Saint Julien de Toléde, qui met la mort
de Chindafuinthe au premier jour d'Octobre, en rétrogra-
dant par les années, par les mois & par les jours que ré-
gna celui-ci, par la durée du Régne de Tulga fon Prédé
ceffeur, & par celle que cet Ecrivain marque pour Chin-
tila (A).

cile

Dès que Chintila fut für le Trône, il convoqua un Con pour faire ratifier son élection & régler d'autres affaires qui regardoient la Discipline Eccléfiaftique & le bon Gouvernement. Il s'y trouva Eugêne Métropolitain de Toléde, Conance Evêque de Palence, Clarence Evêque de Guadix, Bigitin de Bigastre, Eusebe de Baza, Hilaire d'Alcala de Hénares, Marcel d'Urci, Florence de Xativa, Brau

(4) ISIDORE de Badajoz dans la dit lui-même, en marquant qu'il le tint Chronique,

Mariana met la mort de Sifenand en 637. mais les obfervations de Jean de Ferreras fur le tems de l'élection de Chintila, prouvent la fauffeté de cette opinion. D'ailleurs, Mariana. fe contre

à Toléde un Concile la première année
de Chintila, & la fix cens trente-fixié-
me de N. Seigneur; aiant avoué aupa-
ravant que Chiatila ne monta fur le
Trône qu'après la mort de Sisenand.

ERE D'ES

PAGNE.

6746

ERE D'ES-
PAGNI.

lion de Saragoffe, Olla de Barcelone, Elpide de Carcaffone, Mufitace de Valence, Ubaric de Lisbonne, Jacques de Men674 téfe, Eufébe de Valérie, Serpentin d'Elche, Suanila d'Oret, Amanungus d'Auca, Egila d'Ofma, Anféric de Ségovie,. Idifcle de Siguença, Antoine de Denia, Afphalius Vicaire de Perfevérance, Evêque de Caflona, & Pierre Vicaire d'Antoine Evêque de Ségorbe. On tint ce Concile à- Toléde dans l'Eglife de Sainte Léocadie, & on en fit l'ouverture dans le mois de Juin, parce que l'Edit du Roi Chintila, rendu en conféquence d'un Décret du Concile, auquel il doit être néceffairement poftérieur, eft daté du premier de Juillet. Le Roi y affifta le premier jour avec tous les Grands de la Monarchie, & fe recommenda aux priéres de tous les Peres du Concile, pour obtenir la Bénédiction du Ciel fur fon Roïaume & fur fa Perfonne. Après leur avoir enfuite: représenté, que puifque les défordres augmentoient, il falloit auffi que la piété augmentât; il leur témoigna, que pour appaifer la colére de Dieu, il défiroit que l'on établît dans tous fes Etats trois jours de Rogations, qui fe feroient dans le mois de Décembre, & qui commenceroient au 13. de ce mois, à moins que ce ne fût un Dimanche, auquel cas on les différeroit jusqu'au jour fuivant.

ANNE'E DE
J. C.

63.6.

I. Les Evêques, après qu'il leur eut ainfi fait connoître Ses Canons. fes intentions, commencerent par ordonner que l'on fit tous les ans ces Rogations aux jours marqués ci-deffus.

II. A l'égard de la Personne du Roi, on obfervera inviolablement ce qui a été prefcrit par le Concile précédent, & fi quelqu'un manque à la fidélité & à l'amour que l'on doit au Souverain, il fera excommunié.

III. Celui qui n'aïant point la prudence néceffaire pour le Gouvernement, ou qui n'étant point iffû de l'Illuftre Sang des Gots, aspirera à la Couronne, encourera l'excommu

nication.

IV. On excommuniera tous ceux qui du vivant du Roi chercheront à fçavoir le tems qu'il mourra, par envie, ou dans l'efpérance de lui fuccéder, & qui feront des vœux pour cet effet.

V. Quiconque maudira le Roi, ou lui donnera quelque enchantement, fera excommunié.

VI. Ceux qui ont reçu des Rois quelques récompenfes. pour leurs bons & fidéles fervices, jouiront paifiblement

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