ERE D'ES

PAGNE.

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des Troupes pour lui faire la guerre. Le Succeffeur, s'il
veut fe laver de cette tache, punira la mort du Roi, com-
me fi c'étoit celle de fon pere, & toute la Nobleffe des Gots
y contribuera de toutes fes forces, fans que perfonne puiffe
s'exempter de le faire, fous quelque prétexte que ce puiffe
être, à moins que de vouloir s'expofer au mépris de toute
la Nation.

Enfin les Evêques affemblés, après avoir rendu graces à
Dieu, & ratifié tous les Décrets précédens, firent au Roi
Chintila leurs remercimens, priant la Majefté Divine de le
combler d'années & de félicités. Aïant enfuite tous foufcris,
on fit la clôture du Concile (4).

Il paroît que le principal but de ce Concile, fut d'arrêter les défordres & les troubles que les élections des Monarques occafionnoient parmi les Gots, & qui devoient être très-considérables, à en juger par les peines & par les Cenfures prononcées contre ceux qui en feroient les Auteurs. Mais qui pourra jamais parvenir à forcer l'ambition de se contenir dans les juftes bornes de la modération?

ANNE'E DE
J. C.

·638..

639.

Mort de S.

Palence.

Saint Conantius Evêque de Palence termina fa vie en cette année 639. après avoir gouverné cette Eglife pendant Conantius plus de trente ans, avec une grande réputation de fainteté. Eveque de C'étoit un homme extrêmement tranquille, fort éloquent, & grave dans fon extérieur. Il s'appliqua à régler les Offices Eccléfiaftiques & à perfectionner le Chant de l'Eglife, & il compofa un petit Livre d'Oraisons pour les Pfeaumes. Habile Maître dans la Vie fpirituelle, il y eut pour Difciple le Glorieux Saint Fructueux, dont j'aurai occafion de parler dans la fuite (B).

640. Celle de Chintila.Tul

Au commencement de cette année 640. mourut le Roi
Chintila*, au grand regret de toute la Nation, à caufe de
fes grandes vertus qui le mettent au-deffus de tout éloge, ga élu Roi.
comme le dirent les Peres du Concile de Tolédé en 638.

(4) A&es de ce Concile, dignes 11 63 9. Suivant néanmoins le propre cal-
d'être lus, dans LOAYSA, le Cardinal
d'AGUIRRE, BARONIUS, LABBE &
plufieurs autres.

(B)S. ILDEFONSE, dans les Hommes
Hluftres, chap. 11. S. VALERE dans

Vie de S. Fructueux, Don NICOLAS
ANTONIO dans la Bibliothèque, & plu-||
fieurs aut res.

* Sa mort eft placée par Mariana en

cul de cet Hiftorien pour la durée du
Régne de Chintila, dont le commence-
ment fe trouve fixé par Ferreras en Avril
636, on voit que pour trouver les trois
années, neuf mois & huit jours qu'il lui
donne, que ce Prince a dû mourir en
640. année dans laquelle on doit met-
tre par conféquent l'élection de Tulga
à la Couronne.

ANNE'E DE
J. C.

640.

641.

En confidération de toutes les obligations qu'on lui avoit,
les Gots élurent pour Roi fon fils Tulga, qui étoit encore
jeune, mais qui paroiffoit promettre beaucoup par fon
bon naturel & par les autres belles qualités qu'il poffé-
doit (A).

Parmi les Gots, plufieurs enhardis par la jeunesse &
par
Troubles en le caractére doux du Roi, commirent quelques excès très-
Efpagne.
préjudiciables, à ce qu'il paroît, au bien public,.ce qui
caufa de grandes altérations & de grands troubles. Le peu
de foin que l'on apportoit pour réprimer cette licence, fit
que les crimes augmenterent de jour en jour, tant il est
néceffaire de fe fervir de l'épée, en tems de guerre con-
tre les Ennemis, & en tems de paix contre ceux qui s'écar-
tent de leur devoir (B).

642.

the ufurpe la Couronne.

Cependant le défordre croiffoit tous les jours, parce que Chindafuin- chacun faifoit impunément tout ce qu'il vouloit. Quelquesuns des Principaux Gots, qui prévirent que les fuites pourroient en être funeftes à l'Etat, confulterent entre eux fur les moïens d'y remédier. Faifant attention que Tulga n'avoit point affés de résolution, ni d'autorité, à cause de sa grande jeuneffe & de fa douceur, pour appliquer à ce mal les remédes néceffaires, ils convinrent de le faire defcendre du Trône, & d'y faire monter en fa place, un Homme d'un âge mûr, qui fût capable de fe faire craindre & refpecter, en montrant toute la fermeté & toute la rigueur que demandoit la conjoncture préfente. Ils jetterent les yeux pour cet effet fur un d'entre eux, nommé Chindafuinthe, qui étoit d'un âge très-avancé, comme je le marquerai au tems de fa mort, mais qui avoit encore beaucoup de vigueur, & qui poffédoit toutes les qualités néceffaires pour la fin qu'ils fe propofoient dans le changement de Maître. Après avoir donc conféré entre eux fur cette matiére, ils firent la pofition à Chindafuinthe qui ne héfita point à l'accepter ; la Couronne & le droit de commander aïant des charmes féduifans, pour les perfonnes mêmes qui font aux portes de la mort. Enfin Chindafuinthe fecondé des Gots qui lui offroient la Couronne, détrôna Tulga & s'empara du Sceptre. Il fit auffi-tôt couper les cheveux à ce jeune Prince,

(4) S. ISIDORE de Badajoz, dans la Chronique, FREDEGAIRE le Scholaftique, nom. 82.

pro

ERE D'E
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PAGNE. 680.

682.

& que

ANNE'E
J. C.

DE

642. Guerre civile à

ce qui étoit la même chofe que de le faire Eccléfiaftique ou
Moine, afin de le rendre ainfi pour toujours inhabile à
rentrer en poffeffion de ce qu'il perdoit (A).
Je n'ignore pas que les Auteurs Efpagnols difent, que cette
Tulga mourut de mort naturelle,
Chindafuinthe occafion.
ufurpa tyranniquement la Couronne *, fans aucun égard
pour ce qui avoit été réglé par les Conciles précédens, au
fujet de la maniére dont fe devoient faire les élections des
Rois. Mais foit que cette révolution foit arrivée ainsi, soit
que la chofe fe foit paffée, comme je l'ai d'abord racontée,
il eft fûr que Chindafuinthe s'attribua par violence & par
force la Souveraineté. Delà vint que plufieurs des Grands
de la Monarchie & beaucoup de perfonnes du menu Peu-
ple prirent les armes, refufant de le reconnoître pour Roi.
Cette méfintelligence occafionna une guerre civile entre les
Gots, les uns s'efforçant de fecouer le joug de la violence,
& les autres à la tête defquels étoit Chindafuinthe, de fou
tenir leur ouvrage (B). Suivant la Chronique de Saint Ju-
Lien de Toléde, Chindafuinthe commença à régner le pre-
mier jour de Mai.

643. Ses fuites fu

pagne.

La guerre civile qui s'étoit allumée entre les Gots à l'occafion de Chindafuinthe, jetta tout le monde dans une neftes à l'EG grande confternation, par les maux aufquels toute la Monarchie fe vit en proïe. En effet les fuites en furent d'autant plus funeftes à l'Etat, que les Mutins, pour foutenir leur parti, allerent dans les Gaules & fans doute en Afrique, lever des Troupes, lefquelles étant étrangeres, fe porterent à toutes fortes d'excès. Les Séculiers n'étoient pas les feuls qui commmettoient ces défordres, plufieurs Eccléfiaftiques même n'avoient point honte d'y avoir part. Chindafuinthe, qui avoit intérêt de faire rentrer au plûtôt les Rébelles dans le devoir, marcha contre eux à la tête d'une bonne Armée, & tua en différentes rencontres plus de deux cens Hommes de la Nobleffe, & plus de cinq cens des autres Par ces avantages, il eut la fatisfaction de rétablir peu peu la tranquillité (c)..

(4) FREDEGAIRE le Scholaftique

nom. 82.

(B) Concile VII. de Toléde, ISIDORE de Badajoz, FREDEGAIRE le Scho Laftique, nom. 82.

(C) Concile VIL de Toléde, FRE

DEGAIRE le Scholaftique, nom 82.

* C'eft le fentiment de Mariana, qui continue d'avancer d'une année la mort & l'avènement des Rois Gots au Trône, par une fuite de fon Anachronifme fur la mort de Chintila.

ANNE'E
J. C.

640.

641.

DE

En confidération de toutes les obligations qu'on lui avoit,
les Gots élurent
pour Roi fon fils Tulga, qui étoit encore
jeune, mais qui paroiffoit promettre beaucoup par fon
bon naturel & par les autres belles qualités qu'il poffé-
doit (A).

Parmi les Gots, plufieurs enhardis par la jeuneffe & par
Troubles en le caractére doux du Roi, commirent quelques excès très-
Effagne.
préjudiciables, à ce qu'il paroît, au bien public, ce qui
caufa de grandes altérations & de grands troubles. Le peu
de foin que l'on apportoit pour réprimer cette licence, fit
que les crimes augmenterent de jour en jour, tant il est
néceffaire de fe fervir de l'épée, en tems de guerre con-
tre les Ennemis, & en tems de paix contre ceux qui s'écar-
tent de leur devoir (B).

642.

the ufurpe la Couronne.

Cependant le défordre croiffoit tous les jours, parce que Chindafuin- chacun faifoit impunément tout ce qu'il vouloit. Quelquesuns des Principaux Gots, qui prévirent que les fuites pourroient en être funeftes à l'Etat, confulterent entre eux fur les moïens d'y remédier. Faifant attention que Tulga n'avoit point affés de résolution, ni d'autorité, à cause de sa grande jeuneffe & de fa douceur, pour appliquer à ce mal les remédes néceffaires, ils convinrent de le faire defcendre du Trône, & d'y faire monter en fa place, un Homme d'un âge mûr, qui fût capable de fe faire craindre & respecter, en montrant toute la fermeté & toute la rigueur que demandoit la conjoncture préfente. Ils jetterent les yeux pour cet effet fur un d'entre eux, nommé Chindafuinthe, qui étoit d'un âge très-avancé, comme je le marquerai au tems de fa mort, mais qui avoit encore beaucoup de vigueur, & qui poffédoit toutes les qualités néceffaires pour la fin qu'ils fe propofoient dans le changement de Maître. Après avoir donc conféré entre eux fur cette matiére, ils firent la proposition à Chindafuinthe qui ne héfita point à l'accepter; la Couronne & le droit de commander aïant des charmes féduifans, pour les perfonnes mêmes qui font aux portes de la mort. Enfin Chindafuinthe fecondé des Gots qui lui offroient la Couronne, détrôna Tulga & s'empara du Sceptre. Il fit auffi-tôt couper les cheveux à ce jeune Prince,

(4) S. ISIDORE de Badajoz, dans la Chronique, FREDEGAIRE le Scholaftique, nom. 82.

(B) FREDEGAIRE le Scholaftique, nom. 82.

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ce qui étoit la même chofe que de le faire Eccléfiaftique ou
Moine, afin de le rendre ainfi pour toujours inhabile à
rentrer en poffeffion de ce qu'il perdoit (A).

au

ANNE'E
J. C.

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DE

vile à cette

Je n'ignore pas que les Auteurs Efpagnols difent, que Guerre ciTulga mourut de mort naturelle, & que Chindafuinthe occafion. ufurpa tyranniquement la Couronne **fans aucun égard pour ce qui avoit été réglé par les Conciles précédens, fujet de la maniére dont fe devoient faire les élections des Rois. Mais foit que cette révolution foit arrivée ainsi, soit que la chofe fe foit paflée, comme je l'ai d'abord racontée, il eft fûr que Chindafuinthe s'attribua par violence & par force la Souveraineté. Delà vint que plufieurs des Grands de la Monarchie & beaucoup de perfonnes du menu Peuple prirent les armes, refufant de le reconnoître pour Roi. Cette méfintelligence occafionna une guerre civile entre les Gots, les uns s'efforçant de fecouer le joug de la violence, & les autres à la tête defquels étoit Chindafuinthe, de fou tenir leur ouvrage (B). Suivant la Chronique de Saint Ju-Lien de Toléde, Chindafuinthe commença à régner le mier jour de Mai.

pre

643. Ses fuites fu

pagne.

La guerre civile qui s'étoit allumée entre les Gots à l'occafion de Chindafuinthe, jetta tout le monde dans une eftes à l'E grande confternation, par les maux aufquels toute la Monarchie fe vit en proïe. En effet les fuites en furent d'autant plus funeftes à l'Etat, que les Mutins, pour foutenir leur parti, allerent dans les Gaules & fans doute en Afrique, lever des Troupes, lefquelles étant étrangeres, fe porterent à toutes fortes d'excès. Les Séculiers n'étoient pas les feuls qui commmettoient ces défordres, plusieurs Eccléfiaftiques même n'avoient point honte d'y avoir part. Chindafuinthe, qui avoit intérêt de faire rentrer au plûtôt les Rébelles dans le devoir, marcha contre eux à la tête d'une bonne Armée, & tua en différentes rencontres plus de deux cens Hommes de la Nobleffe, & plus de cinq cens des autres. Par ces avantages, il eut la fatisfaction de rétablir peu la tranquillité (c)..

peu

(4) FREDEGAIRE le Scholaftique, пот. 82.

(B) Concile VII. de Toléde, ISIDORE de Badajoz, FREDEGAIRE le SchoLaftique, nom. 82.

(C) Concile VII. de Toléde, FRE

DEGAIRE le Scholaftique, nom 82.

* C'eft le fentiment de Mariana, qui continue d'avancer d'une année la mort & l'avénement des Rois Gots au Trône, par une fuite de fon Anachronifine fur la mort de Chintila.