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ANNE'E

J. C.

411.

412.

dique l'Empi

ment.

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vé l'ennemi qui étoit proche de Clermont en bon état & DE bien fur les gardes, il ne put lui tuer qu'un Parti de Sol- ERED dats (A). L'année fuivante Maxime que Géronce avoit fait proMaxime ab- clamer Empereur en Efpagne, fe voïant avec trop peu de re volontaire- forces pour pouvoir garder ce Tître, y renonça volontairement. Quoiqu'en confidération de fa modeftie on lui accorda la vie, il ne crut pas pouvoir affés compter fur la parole d'Honorius, pour ne pas devoir fe mettre à l'abri du reffentiment de cet Empereur; c'eft pourquoi il alla vivre parmi les Barbares qui poflédoient les autres parties de l'Espagne (B). Par fon abdication la Province Tarragonoife, excepté ce que les Barbares occupoient, fut de nouveau réunie à l'Empire, fans que l'on puiffe sçavoir si le Comte Constance paffa pour cet effet en Efpagne avec fon Armée, ou s'il y envoïa feulement fes Capitaines.

Retraite des

Ataulphe étoit cependant toujours dans l'Illyrie à attenGots dans les dre la réponse d'Honorius fur les propofitions de paix qu'il

Gaules.

Ils y commettent des hoftilités.

lui avoit fait faire. Ennuïé à la fin de la lenteur d'Hono-
rius dans cette affaire, & convaincu par expérience de l'ex-
trême mifére des Provinces d'Italie où fon Armée ne pou-
voit fubfifter, il réfolut de mener fes Troupes dans les Gau-
les, quoique ce Païs fût défolé par les guerres, & d'y fixer
fa demeure, afin de prouver à l'Empereur qu'il fouhaitoit
réellement la paix, & de mériter la main de la Princesse
Placidie *. D'autres difent qu'Ataulphe & Honorius firent
ensemble un Traité fécret, par lequel Honorius donna l'A-
quitaine dans les Gaules à Ataulphe, afin qu'il s'y établît
avec tout fon monde, à condition qu'il ferviroit l'Empire
Romain.

Le Roi Got étant donc paffé dans les Gaules où il emme-
na avec lui Atalus & Placidie, ravagea tout le Païs; foit par
la néceffité d'avoir des vivres pour fon Armée; foit pour
fe venger de ce qu'Honorius tardoit tant à convenir des
conditions de la paix, & à lui accorder fon confentement

(4) OLYMPIODORE, OROSE, PROS-11 fa femme, & l'Abbé de Vairac qu'elle
PER dans la Chronique, S. GREGOIRE
de Tours, Liv. 1. chap. 9.

(B) OLYMPIODORE, OROSE, Liv. 7. chap. 42. PROSPER dans la Chronique & d'autres.

Mariana marque qu'elle étoit déja

l'avoit époufé à Imole. A en juger
néanmoins par la fuite de l'Hiftoire,
il paroît qu'elle fe contenta de l'entre-
tenir dans l'espérance jusqu'en 414. de
J. C. qu'elle confentit, étant à Nar-
bonne, de lui donner la main.

ELE D'ES

PAGNE.

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451.

pour fon Mariage avec Placidie, à la main de qui le Comte
Conftance afpiroit auffi, fur la promeffe que l'Empereur lui
avoit faite de lui donner fon agrément; foit à la perfuafion
d'Atalus qui lui confeilla de joindre fes armes à celles de
Jovinus, afin de contraindre Honorius d'acquiefcer à tout
ce qu'il vouloit (A).

Dans ce même tems deux Evêques zélés, appellés Paul &
Eutrope, dont on ignore les Siéges Epifcopaux, animés du
défir d'arrêter le poifon de Prifcilien, écrivirent au glorieux
Pere Saint Augustin, dont la profondeur de la fcience étoit
déja connue & refpectée dans tout l'Occident, pour l'infor-
mer des erreurs de cet Héréfiarque, & pour l'engager à les
réfuter; mais Saint Augustin ne put point alors répondre à
leurs fouhaits, parce qu'il étoit occupé à d'autres Ouvra-
ges (B)..

En 413. Avit Prêtre, natif de Brague, partit pour la Palestine, foit dans le deffein de vifiter les Lieux Sacrés où Jefus-Chrift a opéré notre Rédemption, foit par envie de voir Saint Jerôme & de s'informer plus parfaitement des erreurs d'Origêne (C).

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Révolte

d'Héraclien

DE

Héraclien s'étant révolté en Afrique, paffa en Italie avec une nombreuse Armée dans la réfolution de faire la guerre contre Honeà Honorius ; de forte que le Comte Conftance fut obligé rius. d'accourir avec toutes fes Troupes au fecours de l'Empereur fon Maître. Dès que celui-ci fe fut éloigné des Gaules, Ataulphe & Jovinus qui s'étoient ligués ensemble, travail-lerent à affermir leur parti. Jovinus prit Vienne en France. & plufieurs autres Villes, mais au milieu de fes glorieuses. expéditions, il se brouilla avec Ataulphe, pour avoir nommé Céfar, contre fon gré, Sebastien son frere. Le Roi Got picqué de ce procédé, députa fécrettement à l'Empereur Honorius un de fes Confidens pour l'affûrer, que s'il concluoit avec lui la paix qu'il fouhaitoit depuis fi long-tems, & qu'il lui avoit fait demander tant de fois, il lui envoïeroit les tê-tes des deux Tyrans, & il remettroit les Gaules fous fa domination. Honorius prêta volontiers l'oreille aux propofition d'Ataulphe, & les articles du Traité furent, qu'Ataul phe auroit dans les Gaules l'Aquitaine pour s'y établir, lui

(4) OROSE, Liv. 7. chap. 42. OLYM-II Auguftin. PIODORE, PROSPER.

(C) Conjectures tirées de ce que l'on (B) OROSE dans l'Avertiffement à S. dira par la fuite.

Ataulphe fait la paix

avec l'Empe

reur.

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DE

Défaite &

baftien fon

frere.

& tout fon monde ; & pour y vivre tous comme Sujets de
l'Empire; que l'on donneroit aux Gots la folde & des vi-
vres pour leur ôter tout fujet de remuer, & que l'on ren-
droit la Princeffe Galla Placidie fœur de l'Empereur (A).

Ataulphe foufcrivit à ces conditions, quoiqu'affés méconmort de Jovi- tent de la derniere. Voulant remplir fes promeffes, il marcha nus & de Sé à la tête de fon Armée contre les Troupes que Sébastien commandoit, & il fondit fur elles tout-à-coup avec tant de fureur qu'il les mit facilement en déroute au grand préjudice de Sébastien à qui il fit couper la tête. Sur la nouvelle de cette expédition, Jovinus fe retira à Valence fur le Rhône, parce que c'étoit une Place forte. Le Roi Got alla tout de fuite l'y affieger, & aïant emporté la Ville d'affaut, les uns difent qu'il tua Jovinus, & d'autres qu'il l'envoïa prisonnier à Honorius, & que Dardane ôta la vie à ce Tyran (B).

Héraclien a

Le brouillent de nouveau.

Lorfqu'Honorius fut délivré en Italie du Tyran Hérale même fort. clien que Marinus défit, & qui perdit la vie, le Comte Les Gots & Conftance retourna dans les Gaules. Arrivé dans cette Proles Impériaux vince, il fomma Ataulphe de lui remettre la Princeffe Placidie, avec laquelle il vouloit fe marier, en vertu d'un confentement qu'Honorius lui avoit donné en fécret; mais Ataulphe qui étoit entiérement épris des charmes de fa prifonniere, & qui ne fouhaitoit pas avec moins d'ardeur que lui de l'avoir pour femme, éludoit toujours fous différens prétextes de fatisfaire à cette demande. Un des principaux motifs qu'Ataulphe alléguoit pour fon refus, étoit, qu'on ne lui païoit point l'argent ni le bled dont on étoit convenu: ainfi il fe contentoit de promettre qu'en lui donnant l'un & l'autre, il rendroit la Princeffe; perfuadé que les Romains dont le Tréfor étoit épuifé, ne pourroient pas remplir ces conditions. Le Comte Conftance choqué de fes réponses, réfolut enfin de contraindre les Gots par la voie des armes à lui livrer Placidie. Ataulphe de fon côté commenà douter de la folidité de la paix conclue avec Honoçant rius, fe difpofa à recommencer la guerre, fans qu'il parût agir dans d'autres vûes que d'avoir pour fa demeure quelPlace forte. Flatté de l'efpérance de pouvoir donner Narbonne & ainfi quelque couleur à fes entreprises militaires, il fortit

Prife de

que

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ERE D

PAGN

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de

de Valence fur le Rhône, & il alla tenter de prendre Marfeille par furprise; mais Boniface qui commandoit dans 45. cette Place, fit une fi vigoureuse défense qu'Ataulphe fut

IRE D'ES-
PAGNE.

452

ANNE'E DE

J. C.

413.

autres Places

contraint de faire retirer fon monde, après avoir été lui- de quelques
même bleffé dans l'attaque. Delà le Roi Got alla avec fes par Ataul-
Troupes pour s'emparer de quelque Ville Maritime, peut- phe.
être dans le deffein de paffer en Afrique, & prit Narbonne
dans le tems des Vendanges. Les Auteurs ne difent point
de quelle maniére il fe rendit maître de cette Ville, dans
laquelle il demeura tranquille, follicitant Placidie à lui don-
ner fa main. Tout ce qui paroît vraisemblable eft qu'il fe
faifit encore de quelques autres Places des environs, où il
fit prendre à fes Troupes leurs quartiers (A).

414.

Mariage

Placidie qui étoit toujours dans le pouvoir d'Ataulphe,
dont elle approuvoit l'amour, par les bons offices de Can- d'Ataulphe &
didien pour qui elle avoit une eftime particuliere, con- de Placidie.
fentit enfin de donner fa main à ce Prince, dans l'efpoir
que par cette union les Romains & les Gots ne feroient
plus qu'un même Peuple, & que la paix & la bonne in-
telligence étant rétablies entre ces deux Puiffances, il ne
feroit pas difficile de remédier aux maux que l'Empire avoit
foufferts. Les Nôces de ces deux illuftres Perfonnes furent
célébrées à Narbonne le premier de Janvier avec de grands
applaudiffemens & une joie univerfelle, & à la grande
mortification du Comte Conftance, qui s'imagina qu'Ataul-
phe lui avoit enlevé la récompenfe dûe à fes travaux (B).

l'Ame, pro

La question fur l'origine de notre Ame étoit alors fort Question fur
agitée en Espagne, foit parce que les uns fouillés des er- l'origine de
reurs d'Origene, s'imaginoient que Dieu avoit créé les Ames pofce à Saint
raifonnables avant que de créer l'Univers, foit parce que Auguftin.
les Prifcilianiftes croïoient que c'étoit une portion de Dieu,
& une partie de fa Substance; Point, fur lequel il n'y avoit
encore rien de décidé parmi les Catholiques. Ces disputes
firent qu'Orofe Prêtre natif, felon les uns, de Brague, &
felon d'autres, de Tarragone, alla par ordre de Balconius
Evêque de Brague & d'autres Prélats, confulter fur cette
matiére & fur plufieurs autres, le glorieux Pere Saint Au-
guftin Evêque d'Hippone, qui étoit alors l'Oracle de l'Oc-
cident. Orofe fut très-bien reçu du Saint, qu'il informa
(4) OLYMPIODORE, IDACE dans la (B) OLYMPIODORE,
Chronique & d'autres,

Tome II.

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E

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pendant le féjour qu'il fit avec lui, des erreurs des PrifciANNE'E DE lianiftes qui infectoient l'Efpagne, le fuppliant de

J. C.

414.

415.

S. Jérôme confulté fur

le

jet. Pélage fa

meux Héréfiarque.

pren

dre la plume, pour les combattre & pour les détruire (A).
Saint Auguftin très - embarraffé, comme il l'avoue lui-
même dans plufieurs endroits de fes Ouvrages, comment
réfoudre la question fur l'origine de l'Ame, qui étoit le prin-
cipal motif du voiage d'Orofe, fut d'avis que ce digne Prê-
tre Efpagnol allât en Palestine confulter fur ce point le
grand Saint Jérôme, pour qui il lui donna une Lettre de
recommendation. Orofe animé du défir de vénérer les
Saints Lieux de Notre Redemption, & de voir un homme
auffi recommendable que le fameux Saint Jérôme, n'hési-
ta point à partir d'Afrique pour la Palestine où il fe rendit
heureufement. Peu après fon arrivée, Dieu permit que l'on
découvrit le 2. d'Août les Corps du Protomartyr Saint
Eftienne, de Saint Nicodême, de Saint Gamaliel & de fon
fils Avibon; Reliques qu'Orofe eut l'avantage d'honorer,
dès le tems même de leur invention. Avit Prêtre, natif
d'Efpagne, qui fe trouvoit alors à Jérufalem, curieux de
faire fçavoir à tout l'Univers Chrétien cette découverte mi-
raculeuse, en traduifit en Latin l'Hiftoire que Lucain avoit
écrite en Grec (B).

Orofe vit Saint Jérôme à l'occafion du principal doute femme fur qui l'amenoit & des autres qu'il étoit bien aife d'éclaircir. Il y avoit alors à Jérufalem, Pélage Moine Anglois, qui après avoir femé fes erreurs en Angleterre & à Rome, étoit paffé à cette Ville Sainte pour y en faire autant. Sur la nouvelle de fon voïage en Paleftine, l'Eglife de France le fit fuivre de deux vénérables Evêques appellés Lazare Evêque de Marseille, & Heros Evêque d'Arles, pour empêcher que fes erreurs ne fiffent du progrès en Orient. Les deux Députés du Clergé de France animés d'un faint zéle, ne négligerent rien pour engager les Evêques de Paleftine à examiner dans un Concile la conduite de cet Héréfiarque, & leurs peines ne furent point entiérement perdues. Ils eurent la fatisfaction de voir affembler à Diofpolis un Concile, à la tenue duquel Orofe, ce Prêtre Espagnol dont j'ai déja

Concile de Diofpolis te

nu à fon fujet.

(4) S. AUGUSTIN, Epitre 28. Livre contre les Prifcilianiftes, Tom. VI. OROSE dans l'Avertiffement à S. Auguftin.

(B) IDACE, dans les Faftes, MARCELLIN dans la Chronique, GENNADE dans les Ecrivains, chap. 47. & beaucoup d'autres.

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