ERE D'ES-
PAGNE.

694.

Evêque de Barcelone : le Métropolitain & tous les autres
Suffragans ne s'y trouverent point. Witéric Evêque d'Elna ANNE'E DE
fut auffi le feul de la Métropole de Narbonne qui s'y ren-
dit. Tous ces Evêques firent fept Canons.

J. C. 656.

I. Comme le jour de l'Incarnation du Verbe Divin, autre- Ses Conftiment nommé Annonciation, qui eft dédié à Notre Seigneur tutions. Jefus - Christ & à la Vierge Marie fa très - Sainte Mere tombe ordinairement dans le Carême ou dans les Fêtes de Pâques, tems où l'Eglife a des Offices propres & particuliers; déformais on célébrera cette Fête dans tous les Etats des Gots, le huitiéme jour avant Noël. [ Les Espagnols appellent cette Fête la Expectacion de Nuestra Señora, l'Attente de Notre-Dame. ]

II. Quiconque, depuis l'Evêque jufqu'au fimple Ecclé-
fiaftique, violera le ferment fait en faveur de la vie du Roi,
fera dégradé & dépofé du Ministére,à moins que le Roi ne
juge à propos de lui faire grace.

III. Défense aux Evêques de confier à leurs parens ou à
leurs amis le Gouvernement des Monaftéres ou des Eglifes
Paroiffiales, fous peine d'excommunication pour un an,
de nullité de leur nomination.

&

IV. Toutes les Veuves qui voudront fe confacrer à Dieu,
feront par écrit & figneront leur Profeffion en présence de
l'Evêque, ou du Miniftre commis à cet effet, & porteront
l'Habit que l'Eglife a coûtume de donner pour marque de
leur obligation, fans qu'il leur foit permis de le changer,
ni dans l'étoffe, ni dans la forme, ni dans la couleur, afin
que
l'on connoiffe leur Etat. Elles auront auffi fur leur tête
un Voile rouge ou un Voile noir, pour être entiérement
distinguées du refte des femmes.

V. Ordre à toutes les Femmes qui ont reçu l'Habit de Re-
ligion, de fe mettre fous la Difcipline Réguliére, fans qu'el-
les puiffent s'en éxempter fous aucun prétexte, & aux Evê-
ques,
fi elles refusent d'obéir, de les renfermer dans des Mo-
naftéres & de les excommunier. La même chofe fe doit ob-
ferver à l'égard de celles, qui ont pris d'elles-mêmes l'Habit
de Religieufes, quoiqu'elles ne l'aïent point reçu de l'Evêque
ni de quelque autre Ministre. Il est enjoint aux unes & aux
autres d'avoir la tête couverte de la maniére portée par le
Canon précédent, & de ratifier par écrit leur Profeffion, afin
qu'elles ne puiffent point quitter leur Etat: fi elles y manquent,
Tome II.

Xx

Dépofition

Métropoli

Fru&tueux

elles feront excommuniées & enfermées dans des Monafté

res pour y faire pénitence pendant toute leur vie.

VI. Les enfans que les peres auront offerts dans un âge tendre à l'Eglife par la premiére Tonfure, ou à la Religion, leur en aïant fait prendre l'Habit, pour marque de leur destination, ne rentreront jamais dans le Monde & ne porteront jamais l'habillement des Séculiers. Cependant, ils ne pourront déformais être voués par leurs peres à l'Etat Eccléfiaftique, ou Monaftique, qu'au-deffous de dix ans : paffé cet âge, ils ne le feront que de leur propre mouvement, foit que les peres le veuillent ou non.

VII. Ileft défendu de vendre aux Juifs des Efclaves Chrétiens. (Ce Décret eft confirmé par plufieurs paffages de l'Ecriture Sainte.) Aïant enfuite rendu graces à Dieu, & aïant fupplié le Ciel de récompenfer le zéle fervent du Roi, l'on termina le Concile.

pu

Potame Métropolitain de Brague avoit eu la foibleffe & le 'de Potame malheur de pécher contre la continence. Reconnoifsant sa tain de Bra- faute, il avoit quitté volontairement le Gouvernement de gue, & Saint fon Eglife, conformément à ce qui étoit ordonné par les élû en la pla- Canons, contre ceux qui manquoient à la chasteté & à la reté qu'éxige l'Epifcopat. Pénétré d'un fincére repentir, il confeffa fa chûte fondant en larmes, en préfence du Concile, afin que les Peres prononçaffent fur cette matiére. Ceux-ci, après l'avoir entendu, le dépoferent d'un commun accord, & élurent en fa place pour Métropolitain de Brague, Saint Fructueux Evêque de Dume.

ce.

Le Glorieux Saint Martin Fondateur du Monaftére de Dume, & Métropolitain de Brague, avoit fait les Rois Suéves & leurs Succeffeurs, fes Exécuteurs Teftamentaires. Récéfuinthe inquiet de fçavoir fi cette difpofition le regardoit, & s'il devoit prendre foin d'exécuter le Teftament de ce Grand Saint, parce que la Couronne des Suéves étant réunie à celle des Gots, il fe trouvoit Succeffeur des Rois

* On a lieu de croire que cet Evêché || criptions le nom d'un Evêque de ce lieu,
fut alors fupprimé, & que le Diocèle
en fut réuni à celui de l'Archevêché de
Brague, de qui il avoit été formé. Du

non plus qu'au IIIe. de la Province de
Brague célébré en 675. il fuit de-là, que
cet Evêché a fubfifté 100. ans un peu

moins, il n'en eft plus fait aucune men-plus ou un peu moins, quoiqu'en difent

tion par la fuite, & quoiqu'il fe foit te-
nu à Toléde plufieurs Conciles Natio-
naux, on ne trouve plus dans les souf-

quelques Ecrivains, qui s'efforcent de
lui donner une durée beaucoup plus

courte

ERE D'E
PAGNE

694

PAGNE.

Suéves, chargea l'Illuftre Wamba de confulter le Concile ERE D'ES fur ce point. Tous les Peres déciderent unanimement, qu'il n'y avoit point de doute, que le Roi Récéfuinthe, jouiflant de tous les Droits des Monarques qui avoient occupé le Trône des Suéves, ne fût aufli tenu & chargé des mêmes obligations.

694.

On agita enfuite une autre queftion, qui étoit de fçavoir, fi l'on devoit accomplir le Teftament de Richimire, Evêque de Dume. Le motif pour lequel on traita cette matiére, fut que l'Eglife de Dume fe plaignit au Concile, de ce que Richimire avoit fait quelques Legs qui lui étoient préjudiciables. Cette affaire fut renvoiée à la décifion de Saint Fructueux, à qui l'on enjoignit de la régler, conformément aux Canons & à l'équité (A).

Protais Métropolitain de Tarragone, prévenu en faveur du grand génie & de la Veine Poëtique de Saint Eugêne Métropolitain de Toléde, écrivit à cet Homme Illuftre, pour le prier de lui compofer une Meffe de Saint Hyppolite, & quelques Oraifons pour d'autres Fêtes. Saint Eugêne lui fit réponse, qu'il confentoit volontiers à ce qu'il défiroit, pourvû que fes infirmités lui permiffent de s'acquitter de cette commiffion. Il ajoûtoit cependant, qu'il n'ofoit pas lui promettre de rien faire de femblable à d'autres compofitions de cette nature, qui étoient faites d'un ftile très-élégant (B).

Saint Eugêne Métropolitain de Toléde, continuellement accablé de maladies, mourut le 13. de Novembre de cette année 658. pour aller recevoir la Couronne de la Gloire. Il apporta tous fes foins pour mettre de l'ordre & de la décence dans le Chant Eccléfiaftique, pour régler & corriger les Offices Divins. Il avoit compofé un Traité de la Trinité, fans que l'on fçache fi fon but fut de combattre les Hérétiques, qui ont foutenu des fentimens erronés contre ce Mystére, ou d'expliquer & confirmer ce Point de notre Religion par des paffages de l'Ecriture Sainte. Par ordre de Chindafuinthe, il corrigea le Livre de la Création du Monde, fait par Draconce, & il fupplea à ce qui y manquoit du feptiéme jour. Il a écrit beaucoup d'autres Vers, qui étoient bons pour ce Siécle, & quelques Lettres.

ANNE'E DE

J. C.

656.

657. Mérite & modeftie de S.

Eugêne de

Toléde.

658. Mort de ce Saint Prélar.

ANNE'E DE
J. C.

6581

S. Ildefonfe lui fuccéde

660.

Ildefonse,

Jacques Sirmond a mis au jour fes Ouvrages en l'année 1619.
mais fon Traité de la Trinité eft péri. L'on trouve dans un
Manufcrit de la Sainte Eglise de Toléde, d'autres Vers &
d'autres Lettres, dont l'une adreffée au Roi Chindafuinthe,
en lui envoïant Draconce corrigé, & l'autre à Protais Mé-
tropolitain de Tarragone. On l'enterra dans l'Eglife de
Sainte Léocadie de Toléde, & on ignore à présent où eft
fon Corps (4).

Le Siége Métropolitain de Toléde étant donc venu à va-
quer par la mort de Saint Eugêne, Saint Ildefonfe Abbé
du Monaftére d'Agali y fut élevé, quoique malgré lui.
Il avoit été Difciple cans la Vie Monaftique, de Saint Hel-
lade, qui devenu Métropolitain de Toléde, l'ordonna Dia-
cre, & il s'étoit beaucoup appliqué à la lecture des Ecrits
de Saint Ifidore. Quoiqu'il fût de la premiére Nobleffe des
Gots, fa Sainteté l'a rendu beaucoup plus recommendable
que l'éclat de fa naiffance; c'eft pourquoi, il y a lieu de
croire que l'Eglife de Toléde étant tombée fous la direc-
tion d'un Homme fi Saint, eut tout fujet de fe confoler
de la perte de Saint Eugêne, à laquelle elle fut d'abord très-
fenfible (B).

L'Illuftre Saint Ildefonse & tous les Habitans de ToZéle de S. léde étoient très-affligés d'avoir perdu le fouvenir de l'enpour la dé- droit où étoit le Corps de la Glorieufe Martyre Sainte LéoCouverte du cadie leur Concitoïenne. On célébroit cependant la Fête Corps de Ste. de cette Sainte avec beaucoup de folemnité dans l'Eglife compenfe mi- fous fon invocation, laquelle eft hors des murs de la Ville,

Léocadie, ré

raculeufe

ment.

& les Rois & les Grands avoient coutume d'y affifter. Com-
me l'on en faifoit la Fête cette année 660. fuivant cet ufa-
ge, en préfence du Roi Récéfuinthe, des Grands & de
quelques Evêques qui affistoient à la Cour, conformément
à un Décret du Concile VII. de Toléde, de tout le Cler-
gé & de toute la Ville, le Glorieux Saint Ildefonse de-
manda à Dieu humblement de faire connoître le lieu où
étoit le Corps de la Sainte. Dieu fenfible à fes pieufes &
ferventes priéres, permit qu'à la vûe de tous les Affiftans,
la Tombe de fon Sépulere, que trente hommes n'auroient
(4) S. ILDEFONSE dans les Ecrivains,
dernier chapitre, Don NICOLAS AN-
10NIO dans la Bibliothéque ancienne.

(B) S. JULIEN dans l'Appendice des Ecrivains de S. ILDEFONSE.

Mariana met la mort de Saint Eugène de Toléde, & l'élection de Saint Ildefonfe en 657. par une fuite du renversement de la Chronologie, au sujet de la proclamation des Rois Gats..

ERE D'ES

PAGNE,

696.

6983

LE D'ES

PAGNE.

693.

699.

pas pû foulever, s'éleva d'elle-même, & la Glorieufe Sainte
Léocadie fe montra aux yeux de tous ceux qui étoient pré-
fens. Auffi-tôt tout le monde faifi d'admiration, rendit
graces à Dieu pour un fi grand bienfait, & Saint Ildefonse
pénétré de toute la reconnoiffance que demandoit une fa-
veur fi fignalée, en fit autant. Le Saint animé toujours du
même zéle, embraffa la Sainte avec beaucoup d'humilité &
avec un profond respect, pendant que le Clergé chantoit
les Verfets, que l'on avoit coutume de chanter ce jour-là.
Mais la Sainte voulant rentrer dans fon Sépulcre, Saint Il-
defonfe fit figne de lui donner un couteau ou quelque autre
inftrument pour couper quelque Relique. Pendant que
les Affiftans éprouvoient tous les effets qu'une fi grande
merveille ne peut pas manquer de produire, le Roi Récé-
fuinthe tira un couteau, ou plûtôt quelque arme en forme de
dague ou de poignard, & l'aïant remis à Saint Ildefonse,
celui-ci s'en fervit pour couper un morceau du Voile de la
Sainte. Ce fut-là la feule Relique que l'on put avoir alors
de Sainte Léocadie, pour la confolation de tous les Tolé-
dains, qui tréfailloient de joïe de fçavoir l'endroit où
repofoit fon Saint Corps. Par ce miracle, la grande Sainteté
de Saint Ildefonfe fut accréditée & conftatée & ce di-
gne Métropolitain expofa à la vénération des Fidéles le
Voile & le Couteau. L'on conferve encore aujourd'hui
cette Relique dans la Sainte Fglife de Toléde (A).

661.

DE

Baptifte, éle

vée à Bagnos par Récéluin

Récéfuinthe, qui avoit beaucoup de dévotion à Saint JeanEglife fous Baptifte, voulut en donner des preuves convaincantes. Pour l'invocation cet effet, il bâtit fous l'invocation de ce Saint une Eglife à de S. JeanBagnos, Place du Diocèfe de Palence, proche de Duegnas, & afin de tranfmettre & de conferver à la postérité la mémoire de l'origine de cet Edifice, il y fit mettre une Inf- the. cription, par laquelle il paroît que ce Monarque & fes Ancêtres étoient originaires de Tierra-de-Campos, puifqu'ils y avoient leur patrimoine (B).

(4) CIXILA Metropolitain de Toléde dans la Vie du Saint, laquelle a été imprimée par plufieurs, & en dernier lieu par les BOLLANDISTEs au 23. de Janvier.

(B) Infcription dans MORALES, BARONIUS, PADILLA, PULGAR & d'autres.

* Mariana rapporte qu'on dit, que depuis ce tems-là, & en confidération

de ce miracle, le Saint Archevêque
voulut étre Chanoine de Toléde. It
ajoûte qu'encore à préfent, la nuit de
Noël on le picque, comme un des
autres Chanoines abfens. Cependant le
filence de Ferreras fur ces deux Points,
fait juger qu'ils font apocryphes, ou
du moins qu'ils n'ont pas toute l'au
torité qu'exigent les faits Hiftoriques.