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jette volontairement, il en fera privé pour toujours: s'il fait ANNE'E DE néanmoins une digne Pénitence de cette faute, on la lui donnera au bout de cinq ans. On condamnera au fouet & au banniffement perpétuel, celui qui n'étant pas Chrétien, l'aura reçue & rejettée.

J. C. 675.

676.

Divifion de chés d'Efpagne faite par

tous les Evê

Wamba.

XII. Permiffion de relever de l'excommunication & d'abfoudre ceux qui feront en danger de mort, pourvû qu'ils témoignent un fincére repentir, de même que de faire à l Eglife mémoire des Pénitens qui moureront avant que de s'être réconciliés avec l'Eglife, & de recevoir ce que l'on offrira pour le falut de leurs ames.

XIII. L'on ne fouffrira point que les Miniftres dans les Ordres Sacrés, qui font poffédés ou frénétiques, exercent leurs Ministéres, jufqu'à ce qu'après un an d'examen, l'Evêque les jugeant guéris de cette maladie leur rende leurs

Pouvoirs.

XIV. Afin de prévenir les accidens qui peuvent arriver à un Prêtre dans le tems qu'il offre le Saint Sacrifice ou qu'il officie, il est ordonné, que fi les revenus de l'Eglife font fuffifans pour l'entretien de deux Miniftres, il aura toujours un Affistant capable d'achever ce qu'il laifferoit d'imparfait.

tifs

XV. Le Concile s'affemblera tous les ans dans le tems marqué par le Roi ou par le Métropolitain. Aucun des Suffragans ne manquera de s'y trouver fans avoir de puiffans mopour le faire, fous peine d'excommunication pour un an. Ils feront auffi tous excommuniés, fi l'année expirée, ils ne follicitent point la tenue du Concile, à moins que le Roi n'y apporte quelque empêchement. Les Peres terminerent enfuite leur Concile de la maniére accoûtumée, qui étoit de rendre graces à Dieu & au Roi, & d'implorer la protection du Ciel pour la confervation du Prince & pour la profpérité de la Monarchie (A).

Tous les Hiftoriens Efpagnols conviennent, que fous le Régne de Wamba l'on marqua de nouveau les Limites de tous les Diocèfes d'Efpagne. Je m'imagine que vers ce tems il y avoit de grandes conteftations entre les Evêques fur ce fujet: cela pofé, il y a lieu de croire que Wamba, pour met tre fin à ces difputes, fit faire une divifion éxacte des Diocèfes, marquant leurs bornes à l'Orient, à l'Occident, au Midi & au Septentrion. Quelques-uns jugent que cette divi(4) Actes du Concile dans Loarsa, & le Cardinal d'AGUIRRE,

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PAGNE.

714.

755.

fion fe fit dans un Concile, mais jufqu'à préfent l'on n'a trou-
vé aucun Monument fur lequel on puiffe s'appuier, puifque
l'on n'a point connoiffance qu'il fe foit tenu de fon tems d'au-
tres Conciles que les précédens. Il paroît donc plus vrai-
femblable, que le Roi prit ce foin, & envoïa exprès des
Commiffaires par toutes les Provinces, pour marquer l'éten-
due de chaque Evêché, fuivant les bornes anciennes, ordon-
nant que l'on s'en tint à ce qu'ils régleroient.

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Erection da d'Aquis eq

Monaftére

Wamba avoit beaucoup de dévotion à Saint Pimenius, dont le Corps étoit dans le Monaftére d'Aquis. Son zéle pour ce Saint, fit, que s'appuïant de l'exemple du Monaftére de Evéché. Dume, il fouhaita de voir l'Eglife qui poffédoit fes Reliques, érigée en Evêché,& qu'à fa follicitation, Etienne Métropolitain de Brague en facra Evêque Cuniulde *

Cependant les Sarazins avoient déja conquis une grande partie de l'Afrique, & tourmentoient confidérablement toutes les Provinces Occidentales avec leurs Flottes. Wamba attentif à tout, ordonna de tenir fa Flotte en bon état, afin de pouvoir s'opposer aux entreprises de ces Barbares, s'ils ofoient en former contre fes Domaines : précaution que les plus grands Monarques d'Espagne ont toujours jugée nécef faire, & ont toujours eue. L'Armée Navale des Sarazins arant donc paru fur les Côtes d'Efpagne, celle de Wamba alla la chercher. S'étant rencontrées toutes deux, il fe livra un com bat opiniâtre; mais les Gots montrant qu'ils n'étoient pas moins braves fur Mer que fur Terre, firent au bout de quelque tems déclarer la victoire en leur faveur. Outre qu'ils firent un butin considérable & un grand nombre d'Efclaves fur les Sarazins, ceux-ci perdirent deux cens foixante & dix Barques, tant grandes, que petites, dont les unes furent prifes, d'autres brûlées & d'autres coulées à fond. Vafée met cet événement en 675. mais je crois qu'il vaut mieux le placer en cette année 677. parce que dans les précédentes, Wamba étoit occupé à faire célébrer des Conciles, & marquer les Limites des Diocèses (A): le nombre des Barques paroît exceflif.

(4) Dom ALFONS Ele Grand, dans If Toléde, d'où Jean de Ferreras a tiré la
la Chron. CANDIDUS, dans MARISOTE,
Lib. 2. Orbis Maritimi, Cap. 3.
* L'on voit par le Concile XII.

Connoiffance de ce fait, que cet Evêché
ne fubfifta que jufqu'en 681. qu'il fut
defupprimé par les Peres du méme Concile,

677. Combat na

val entre les Gors & les Sarazins qui

font défaits.

J. C.

Prêtre, fe re

folitude.

Vers ce tems, le Glorieux Saint Valére, originaire de ANNE'E DE l'Evêché d'Aftorga, fleuriffoit en Sainteté & vivoit avec 678. quelque tranquillité dans l'Oratoire de l'Apôtre Saint PierS. Valére, re, que Saint Fructueux avoit bâti dans le Vierze, & qui tire dans la eft à préfent, comme je l'ai déja dit, le Monaftére de Saint Pierre des Monts de l'Ordre de Saint Bénoît. Prévenu dès fa jeuneffe contre les vanités du Siécle, il forma le projet de renoncer au Monde & de prendre l'habit de Religion dans le Monastérè de Complut. Etant déja Prêtre, il alla s'y préfenter, mais fur le refus que l'on fit de l'y recevoir, il s'en retourna à Aftorga. Delà il paffa fur une Montagne proche de Caftropiedra, & s'étant enfermé dans un Hermitage qu'il y trouva, & qui me paroît être le même que celui de Notre-Dame de Castre, il y vécut en Anachoréte.

Il y fouffre 'de grandes perfécutions.

Il étoit dans cette Solitude continuellement en Oraison & en Méditation, lorsque l'odeur de fes grandes vertus fe répandit dans tous les environs, & lui attira la vénération de tous les Peuples circonvoifins, qui commencerent à obtenir par fes priéres du reméde à leurs maux. Comme les Offrandes, que la dévotion des Fidéles apportoit en ce lieu, augmentoient de jour en jour, un Eccléfiaftique, nommé Flainus, qui étoit attaché à cette Eglife, & qui avoit été ordonné pour la déffervir, réfolut de le chaffer à force de perfécutions & de mauvais traitemens. En effet, le Saint voïant le mauvais procédé de Flainus, prit le parti de quitter l'Hermitage, afin d'ôter à l'Eccléfiaftique les occafions d'exercer fa méchanceté.

Saint Valére fe retira plus avant dans cette Montagne, & emporta avec lui les Livres de la Sainte Ecriture, & quelques Vies de Saints qu'il avoit écrites dans le tems qu'il n'étoit point occupé à l'Oraison, comme le pratiquoient alors les Moines & les Anachorétes. Flainus non-content des mortifications qu'il lui avoit fait effuier, alla le chercher dans l'endroit où il étoit, & lui enleva d'une maniére outrageante les Livres qu'il avoit compofés, fous prétexte qu'ils appartenoient à l'Eglife, où il avoit demeuré. Le Saint auffi patient dans cette occafion, qu'il l'avoit été dans les autres, fouffiit cette violence fans fe plaindre, & fe confola de la perte qu'il faifoit, par l'efpérance dont il fe flatta, que Flainus n'auroit plus aucun motif pour le per

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fécuter. Mais Dieu qui éprouve fes Saints par le moïen des
tribulations, permit qu'il en effuïât d'autres, dont l'une ANNE'E DE
fut de fe voir volé & maltraité par quelques Voleurs, qui
fans aucun refpect pour fon caractére, lui prirent tout ce
qu'il avoit.

Les Peuples des environs de Caftropiedra, informés de
ces avantures & mortifiés d'être privés de la confolation
qu'il leur donnoit, allerent le trouver, & tâcherent de l'at-
tirer à une Chapelle voifine d'une Métairie, appellée Ebro-
nante. A leur follicitation, le Saint confentit d'y faire fa de-
meure, dans la pensée qu'il pourroit leur être de quelque
utilité, & jouir lui-même de quelque repos, pour fe livrer
à Dieu. Mais le Démon ne l'y laiffa pas long-tems tranquil-
le. Entre autres perfécutions, il lui en fufcita une de la part
du Seigneur ou Patron de l'Eglife. Celui-ci lui ordonna de
fe retirer, fous prétexte que c'étoit à lui à mettre une per-
fonne dans cette Chapelle pour la déffervir, & qu'il vou-
loit y élever un Autel: ainfi il y nomma un Eccléfiaftique,
appellé Juste, qui déshonoroit par fes actions le caractére
refpectable dont il étoit revêtu. Saint Valére contraint de
quitter fa Cellule, ne fçavoit plus où fe réfugier, lorfque
par la permiffion de Dieu, un Diacre très-vertueux, nommé
Simplice, lui donna charitablement azile dans la fienne; de
forte qu'ils fervoient tous deux de concert cette Eglife,
mais fubordonnés à Jufte.

La Terre fur laquelle étoit cette Eglife, appartenoit à Ricimir, Seigneur d'une grande distinction, dont tous les biens furent confifqués par ordre du Roi, ce qui fit que l'Eglife fut détruite. Comme l'on ignore le fujet de cette révolution, je m'imagine que Ricimir étoit le Gouverneur de Barcelone, & le premier qui prit parti dans la confpiration de Paul; d'où vint qu'on appliqua tous fes biens au profit du Fifc. Suivant cette conjecture, il y a lieu de croire, que cet événement arriva en 674. après que le Roi Wamba fut de retour de la Gaule Narbonnoife.

Il y avoit alors vingt ans que le Saint cherchoit un endroit, où il pût s'attacher tout entier au Culte de Dieu; de forte que l'on peut conclure que le Saint avoit renoncé au Monde en 654. Saint Valére, après que l'Eglife où il étoit, fut ruînée, retourna dans les Montagnes du Vierze : il se réfugia dans l'Oratoire dédié à l'Apôtre Saint Pierre,

J. C.

678.

ANNE'E

J. C.

DE

PAGNE.

que Saint Fructueux avoit bâti pour fa retraite, & il y vécut en grande opinion de Sainteté. Ifidore Evêque d'Aftor. ERE D'E ga, tâcha de l'en tirer pour l'emmener avec lui à un ConL'année de cile de Toléde; mais la mort d'Ifidore l'exempta de faire ce voiage. L'on ignore en quelle année il termina fa vie, ce qui eft caufe que j'en fais mention dans celle-ci.

678.

fa mort est in

connue.

Ecrits de ce Saint.

Preuves,

que l'on ne peut révoquer en doute fa Sainteté

Il a compofé quelques Ouvrages, dont le principal est la Vie de Saint Fructueux, qui a été imprimée par plufieurs, & entre autres par les Bollandiftes: les autres font un Traité de la Vaine Sagesse du Siécle: Un autre Traité des Révélations qu'ont eues deux Moines, appellés Maxime & Bonel: Un autre Traité du Pélérinage d'une femme dévote, nommée Ethérie, & d'autres chofes. Tout ceci eft rapporté par Morales, qui a tiré ces lumiéres de fes Ecrits, dont il a trouvé deux Exemplaires, l'un à Oviedo, & l'autre dans le Monaftére de Carracede, de l'Ordre de Cîteaux, proche de Ponferrada. J'ai entre mes mains un autre Manufcrit qui a plus de fix cens ans, dans lequel font le Traité de la Vaine Sageffe du Siécle, & celui des Révélations de Maxime & de Bonel, adreffé à l'Abbé Dona-Dei,

Les Bollandifles l'ont obmis au 15. de Février, parce
qu'ils ont douté que fa Sainteté fût bien conftatée. Mais le
Pere Jean de Mabillon, gloire de la Religion de Saint Be-
noît, l'honneur de la France, & Ecrivain à qui l'Histoire
a tant d'obligation, juftifie ce fait par l'autorité de la Tra-
dition. Outre que le Glorieux Saint Gennade Evêque d'Af-
torga, qui fleurit dans le Siécle X. le qualifie de Saint dans
l'Infcription qu'il a mise, lorsqu'il a fait rebâtir le Monaf-
tére de Saint Pierre des Monts, & dans fon Teftament;
tous les Historiens d'Efpagne en parlent communément de
la même maniére (A).

Sur ce que Morales dit, qu'Ifidore Evêque d'Aitorga vou-
lut le tirer de l'Oratoire de Saint Pierre pour l'emmener
avec lui au Concile, je crois que ce Concile étoit celui de
Toléde, célébré en 681. fous le Régne d'Ervige Succeffeur
de Wamba, parce que l'Evêque d'Aftorga n'y a point fouf-
crit, ni en perfonne, ni par fon Vicaire, & que l'on voit
dans le Concile fuivant de l'année 683. la Soufcription d'Au-
réle, qui fuccéda à Ifidore. De là, il fuit qu'Ifidore a dû mou-
(4) MORALES, SANDOVAL, YEPES, MAYUS & autres.
PADILLA, HUGUES, MENARD, TA-

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715.

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