PAGNE. J. C. 683. de Toléde & d'autres Evêques qui étoient encore à la Cour, ERE D'ES virent les Lettres, que le Légat leur remit. Reconnoiffant ANNE'E DE 721. l'impoffibilité qu'il y avoit d'affembler pour lors un Concile, à caufe de la rigueur de la faifon, ils convinrent, que pour obéir promptement à l'ordre du Pape, il falloit envoïer à tous les Métropolitains, le Sommaire de la définition du Concile, afin de la faire accepter dans chaque Province, par la Soufcription de tous les Evêques. Tout fut ainfi exécuté, de forte que l'on obtint de cette maniére ce que l'on défiroit (A). 722. Loayfa & le Cardinal d'Aguirre ont produit fur cette ma- Il étoit char tiére quatre Lettres de Saint Léon : la premiére à tous les gé de deux Evêques d'Efpagne, la feconde au Roi, la troifiéme à Qui- Lettres. rice Métropolitain de Toléde, & la quatrième au Comte Simplicius. Le Cardinal Baronius les tient toutes pour fausses & fuppofées; mais il eft conftant par le Concile XIV. de Toléde que Saint Léon II. a écrit fur cette matiére à tous les Evêques d'Espagne. On peut auffi fe perfuader qu'il écrivit pareillement au Roi, parce qu'il n'est pas croïable que la tenue des Conciles, dépendant du confentement du Prince, il eût négligé de s'adreffer à lui, fur-tout, puifqu'il demandoit que la définition du fixiéme Concile Général de Conftantinople fût reçue dans un Concile National. Le foin même que le Roi prit de la faire accepter par tous fes Etats dans des Conciles Provinciaux convoqués à cet effet, femble en fournir un témoignage affûré. Par conféquent, les deux Lettres aux Evêques & au Roi, font fans doute véritables, ainsi que les hommes les plus fçavans & les plus critiques en conviennent (B). A l'égard des deux autres à Quirice & à Simplicius, l'on peut convenir qu'elles font fufpectes; premiérement, parce que Quirice étoit mort au commencement de l'année 680. & en fecond lieu, parce que dans les Soufcriptions des Palatins, il n'eft point fait men tion d'un Comte du nom de Simplicius, quoiqu'il eût dû être de ce nombre, puifqu'on ne peut foutenir que le Pontife de Rome lui ait écrit, fans fuppofer qu'il étoit un Seigneur d'un grand poids & d'un grand crédit. Le Roi Ervige manda aux Métropolitains de convoquer les Evêques de leurs Provinces, pour faire recevoir la défi- Zéle d'Ervi (4) A&es du Concile XIV. de (B) DUPIN, Tom. VI. de la Bibliothéque Eccléf, en parlant de Saint Léon. Ddd 684: ge pour ré DE 'ANNE'E pe nition du fixiéme Concile Ecuménique. Chacun d'eux aïant Concile léde pour condamna tion des Mo nothélites. Ervige non-content d'avoir ainfi donné des preuves de XIV. de To- fon zéle pour l'Orthodoxie, fit affembler à Toléde un Confoufcrire à la cile pour le même sujet, ordonnant que tous les Métropolitains y envoïaffent leurs Vicaires, & que les Suffragans feuls de la Province y affiftaffent. Ainfi le quatorziéme jour de Novembre, on fit à Toléde l'ouverture du Concile, où concoururent Saint Julien Métropolitain, Léandre Evêque d'Elche, Palmace d'Urci, Recilla de Guadix, Gaudence de Valérie, Rogat de Baeza, Déodat de Ségovie, Antonien de Baza, Simpronien d'Arcavica, Ella de Siguença, Grégoire d'Oret, Agritius d'Alcala, Procul de Bigaftre, Flor de Mentefe, Sona d'Ofma, Martien de Denia & Olipa de Ségorve. Il s'y trouva auffi Felix Archiprêtre de Toléde, les Abbés Asfal, Géronce, Gabriel, Castor & Sifebert ; cinq Vicaires qui repréfentoient Cyprien Métropolitain de Tarragone, Sunifred de Narbonne, Etienne de Mérida, Liuva de Brague & Florefind de Séville; Concorde Evêque de Palence & Sarmata Evêque de Valérie. L'on n'y fit rien autre chofe que de recevoir & d'approuver le VI. Concile Général, tenu à Conftantinople, & la Doctrine qui y eft contenue, de même que l'Apologie de la Foi écrite en conféquence. Après que l'on fe fut expliqué fur ces Points, on (A) Actes du Concile XIV. de Toléde: FELIX dans l'Appendice des Ecriva ins de Saint ILDEFONSE: ISIDOR Ede Badajoz. *Titre que l'on a donné dans l'Eglife, depuis le Ve. Siécle, à toute perfonne ERE D'E 7334 termina le Concile le vingtiéme du même mois de NovemERE D'ES- bre, rendant graces à Dieu & au Roi en la maniére ordinaire (A). PAGNE. 722. 723. 724. On fouffrit en Efpagne dans cette année 685. une grande famine, qui caufa beaucoup de maladies (B). Le 14. de Mai, on fit à Rome la Cérémonie de l'Exaltation de Saint Benoît II. au Pontificat. Ce Saint Pape aïant reçû l'Apologie de la Foi, qu'on lui avoit envoïée de la part des Evêques d'Efpagne, avec l'acceptation du VI. Synode Général, ordonna de l'éxaminer. Après qu'on en eut fait la lecture, on jugea qu'il y avoit quelques phrafes, ou façons de s'énoncer qui demandoient à être corrigées, comme de dire, par exemple, en parlant du Mystére de la Sainte Trinité; que la Volonté a engendré la Volonté, & que dans Jesus-Christ, il n'y avoit pas feulement deux Substances, mais trois. Cela fit que le Pape prit le parti d'envoïer un Légat, appellé Pierre, pour demander que l'on corrigeât ces manieres de parler, fi elles n'avoient point d'autres défauts que celui d'être impropres (C). 686: Au commencement de l'année 686. le Pontife Saint Benoît II. dépêcha pour l'efpagne fon Légat, afin de faire Miffion d'un corriger ce que l'on avoit obfervé dans l'Apologie, parce pe en Espagne qu'il avoit été déclaré par le Concile précédent de Toléde, à ce sujet. que la Doctrine contenue dans cette Piéce étoit faine & orthodoxe. Il paroît naturel qu'il écrivit à ce fujet aux Evêques d'Espagne. On reçût en Espagne l'ordre du Pape ; mais il paroît, qu'après y avoir examiné de nouveau l'Apologie, on trouva que les phrafes qui avoient fouffert à Rome la Critique, avoient un fens catholique ; c'eft pourquoi les Evêques ne voulurent point alors s'embarraffer dans cette affaire. Je place ceci en cette année, parce que le Pape Saint Benoît II. mourut le vingt-cinquième de Mars. Âu furplus, il eft dit dans le Concile XV. de Toléde, tenu le onzième de Mai de l'année 688. qu'il y avoit déja pour lors plus de deux ans que l'on avoit reçû de ce Saint Pontife l'ordre de corriger les expreffions qui avoient paru défectueufes dans l'Apologie. Or il fuit delà que cette Légation de Saint Benoît II. fe fit fur la fin de l'année précé (4) Actes du même Concile dans || Chronique. LOAYSA, & le Cardinal d'AGUIRRE. (B) ISIDORE DE BADAJOZ, dans la (C) Concile XV. de Toléde. ANNE'E DE J. C. 686. Saint Julien de Toléde écrit contre les Juifs. 687. Mort d'Ervige.Egizareconnu pour Roi & Sacré 888. Mort de Wamba. ERE D'ES dente, ou plûtôt au commencement de la préfente, com- Saint Julien Métropolitain de Toléde, voïant la multi- qua Ervige aïant été attaqué d'une Malade mortelle, & fentant qu'il approchoit du terme de fa Vie, nomma le torziéme d'Août, du confentement des Palatins, fon Gendre Egiza pour fon Succeffeur à la Couronne, après lui avoir fait jurer de rendre justice à tout le monde. Content d'avoir fait cette difpofition, il reçut le lendemain la Pénitence, fuivant l'ufage de ce Siécle, & il releva les Seigneurs du Serment de fidélité qu'ils lui avoient prêté, afin qu'ils le fiffent à Egiza, & qu'ils reconnuffent celui-ci pour leur Roi. Peu après il mourut, laiffant paifible poffeffeur de la Couronne Egiza, qui fut facré un Dimanche vingtiéme de Novembre par Saint Julien Métropolitain de Toléde, dans l'Eglife Prétorienne des Apôtres Saint Pierre & Saint Paul (B) Ifidore de Badajoz fe trompe fur l'année de cet événement. * fa Au commencement de cette année, le Roi Wamba qui s'eft rendu fi illuftre par fa valeur, par fa justice, par grandeur d'ame & par fa piété, termina fa vie dans le Monaftére de Saint Vincent de Pampliéga, d'où le Roi Don Alfonfe le Sage a fait tranfporter fon Corps à Toléde dans le XIII. Siécle, comme je le dirai en fon tems. Il a été un des plus Grands Monarques qui fe font affis (4) Saint JULIEN de Toléde dans ce même Ouvrage : FELIX dans l'Appendice de Saint ILDEFONSE. (B) Saint JULIEN dans la Chronique. Don ALFONSE le Grand dans la Chronique. * Cette Epoque peut fervir à prouver que le P. Peteau s'eft trompé, en mettant le commencement du Régne d'Egiza dans l'année 688. Il donne à la vérité huit années de Régne à Ervige, mais il paroît que c'eft encore une autre faute contre la Chronologie, parce que ce Prince monta fur le Trône en 724. 7284 7260 ERE D'ES PAGNE. 7260 fur le Trône des Gots, & fa Mémoire sera toujours chere Le nouveau Souverain convoqua à Toléde un Concile Saint Julien Métropolitain de Toléde qui préfida au Sunifred Métropolitain de Narbonne, & Pacotaife Evêque de Béziers, un de fes Suffragans. Floréfind Métropolitain de Séville & de fes Suffragans Fauftin Métropolitain de Brague, & de fes Suffragans Maxime Métropolitain de Mérida, & de fes Suffragans Cyprien Métropolitain de Tarragone par fon Vicaire (4) Le Roi Don ALFONSE le Grand dans la Chron. ANNE'E J. C. DE 688. Concile XV. de Tolé de. |