PAGNE. 738. J. C. 700. Quelques-uns l'accufent avec auffi peu de raifon d'avoir ERE D'ES- été cruel, & de n'avoir point épargné le fang de fes Sujets. ANNE'E Pour détruire cette imposture, il fuffit de fe rappeller à la mémoire les éloges que les Conciles lui ont donnés, & par lefquels il paroît, qu'il ufa d'une grande clémence à l'égard d'un bon nombre de perfonnes, pardonnant aux unes leurs fautes, & réhabilitant les autres; faveur dont fe reffentit entre autres Theudemond, que Wamba, oncle d'Egiza avoit dégradé de la Dignité de Palatin, peu de tems après fon avénement à la Couronne, à la follicitation d'Etienne Métropolitain de Mérida. Witiza n'eut pas plûtôt appris la mort de fon pere, qu'il fe rendit à Toléde, où il fut facré folemnellement Monarque des Gots le quinzième jour de No- Witiza. vembre (A). Sur la fin de ce Siécle mourut Saint Martien Evêque de Pampelune, que le Vulgaire appelle Saint Martial : on revére fon corps dans le Monaftére de Léire. Il y en a qui le mettent au nombre des Martyrs; mais il ne paroît pas qu'il eut alors aucune occafion d'obtenir cette Couronne. L'on conferve le fouvenir de fa Sainteté, fans avoir connoissance de fes actions (B). (4) L'Appendice de la Chronique de S. JULIEN, ISIDORE de Badajoz, Don ALFONSE le Grand dans les Chroni Iques, & d'autres qui les ont fuivis. (B) SANDOVAL, dans le Catalogue des Evêques de Pampelune. Sacre de Mort de S. Martien de Pampelune, REFLEXIONS TIRE'ES DE L'HISTOIRE :L 29 'Histoire est le Flambeau le plus fûr de la prudence, ce qui fait que tous les Ecrivains l'appellent le Maître de la Vie Humaine, & le Guide le plus fidéle pour faire ju ger des chofes fainement. Mais comme la Religion eft ce qu'il y a de plus important pour obtenir la Vie Eternelle; » la connoiffance de la véritable & de la feule, par laquel»le on puiffe parvenir à la Gloire Céleste, eft indispensable, comme Jesus-Christ l'a enseigné par ces paroles, en » Saint Jean, chap. 3. Verf. 18. Qui non crediderit jam judicatus eft; celui qui ne croit pas, eft déja condamné : en » Saint Marc, chap. 16. Verf. 16. Qui crediderit, & bapti»fatus fuerit, falvus erit, qui vero non crediderit, jam condem La Foi s'eft toujours confervée dans fa pagne. » nabitur ; celui qui croira, & qui fera baptisé, sera sauvé : » mais celui qui ne croira point, fera condamné. C'est ce » que Saint Paul nous apprend dans fon Epître aux Hébreux, chap. II. Verf. 6. lorsqu'il dit: Sine fide impofibile eft placere Deo; il eft impoffible de plaire à Dieu fans » la Foi. » Ces trois Siécles de l'Hiftoire d'Espagne, font les témoignages les plus fûrs de la vraie Religion Chrétienne, pureté en Ef-» que les Efpagnols profeffent aujourd'hui, depuis que l'Evangile leur a été annoncé, & prêché par les Saints Apôtres Saint Jacques Zébédée & Saint Paul, & par les fept Saints Evêques Torquat & fes Compagnons, qui » avoient reçu leur Miffion de l'Apôtre Saint Pierre, ainfi » que je l'ai marqué dans la Partie précédente. En effet, » l'on voit par tant de Conciles qui ont été célébrés dans » cet efpace d'années, & par tant d'Ecrivains recommen»dables qui ont fleuri pour lors, que l'on a toujours cru » en Espagne au Myftére de la Sainte Trinité, comme on le croit aujourd'hui; contre les erreurs des Sabelliens & des Prifcilianiftes; contre celles des Ariens, introduites » dans ce Païs par les Gots qui en étoient fouillés; contre » les Photiniens, appellés de nos jours Sociniens, de Faufte Socin, qui les a tirés de l'abîme. Il en eft de même du Mystére de l'Incarnation : contre les erreurs de Neftorius, d'Eutychès, des Monothélites & des Acéphales : des fept Sacremens, particuliérement de la Pénitence, de la Confeffion & de l'Abfolution par le Prêtre, de la Préfence réelle de J. C. dans l'Euchariftie: du Sacrifice des Meffes » pour les Vivans & pour les Morts, du Purgatoire, de la » Grace & des bonnes Œuvres; de la Hiérarchie Eccléfiaf tique, compofée d'Evêques, de Prêtres, de Diacres, &c. & de leur Célibat de la Primatie & Supériorité du » Pontife de Rome dans toute l'Eglife Catholique, comme Vicaire de Jefus-Christ, en qualité de légitime Succeffeur de l'Apôtre Saint Pierre, que le Fils de Dieu, après fa Réfurection, établit Pasteur de tout fon Troupeau. On en » peut dire autant de l'Etat Monaftique, de la Vénération » des Saints, de leurs Reliques, de leurs Images & de leurs » Invocations, comme je pourrois le démontrer fort au long, fi c'étoit mon principal & mon unique but. 25 A Il fuit delà, que les Espagnols, croïant à tous ces Points par d'une maniére particuliére, dans ces trois Siécles & au» paravant, pendant que la Religion Chrétienne fleuriffoit » en Orient, en Gréce, en Italie, en France, en Angleterre » & en Afrique; ils n'ont jamais été traités d'Hérétiques, » ni de gens féparés de la vraie Religion Chrétienne » aucune de ces Nations. Par conféquent, fi de tant d'Ecri vains Catholiques, on n'a pas encore pû en découvrir un » feul qui le leur ait reproché dans tous ces trois Siécles, » on ne peut leur refufer de les reconnoître pour vrais Chrétiens, aujourd'hui qu'ils font attachés aux mêmes princi» pes, aufquels ils l'étoient dans ce tems où ils ont été tenus » pour tels. En méditant férieusement cette réflexion, fur laquelle je pourrois m'étendre amplement, elle convainc » les Efpagnols de l'obligation qu'ils ont à Dieu d'avoir >> confervé chez eux la Religion Chrétienne, dans fa pureté, & fans mêlange d'erreurs, contre toute la puissance » des Rois Gots Ariens qui ont régné dans leurs Païs, depuis Euric jufqu'à Léovigilde. Gentils juf L'on voit auffi par ce que j'ai dit en l'année 528. qu'il Il y avoit en » s'eft confervé, jufques vers le milieu du Siécle VI. quel- Efpagne des ques reftes de la Gentilité dans les Montagnes les plus ques dans le efcarpées. Si l'on en juge même par les Actes de Saint Siécle VI. Léon Evêque de Bayone, l'on croira que le Paganisme y » » a fubfifté encore plus long-tems. Le droit de Patronage Laïc dans l'Eglife, s'eft intro-Origine du duit dans ces trois Siécles, parce que, comme il y avoit Patronage Laïc dans » en Espagne beaucoup de petites Places, de Fermes & de l'Eglife d'Ef » Hameaux, où les Habitans n'avoient ni Eglifes, ni Mi- pagne. L'on n'a point découvert dans ces trois Siécles, & juf On ignore qu'à préfent, aucun témoignage fûr de l'entrée de la Ré- s'il y a en E pagne des Moines de gle du Glorieux Patriarche Saint Benoît : ainfi l'on ne l'Ordre de S. " peut fçavoir avec certitude, fi les Saints Moines qui la profeffent, font d'une Religion fi facrée & si respectable. Benoît. La Couron- » ne des Gots élective. Quoique la Monarchie des Gots en Espagne, à laquelle Euric donna commencement, fût d'abord héréditaire pour Alaric fils de ce Prince & pour Amalaric fon petit-fils, elle devint par la fuite élective. Alors, il n'y avoit que les Sei❤gneurs du Palais & les Principaux du Roïaume qui puf» fent faire l'élection; cependant, depuis le Roi Récared » le Catholique, les Métropolitains & les Evêques ont auffi été Electeurs. Par conféquent, quoique les fils foient mon» tés fur le Trône après leurs peres, ce n'a point été par » droit de Succeffion, mais parce que leurs peres follicitoient les Prélats & les Palatins de leur accorder cette » faveur, comme on le voit dans le cours de l'Histoire. Humblot del. E D'ES GNE. 39. A Maisonneuve Sculpsit HISTOIRE GENERALE DESPAGNE. QUATRIEME PARTIE. SIECLE HUITIEME. ורט ANNE'E DE J. C. 701. Le Roi Witiza fignale le ITIZA devenu poffeffeur de la Couronne des Gots, par la mort du Roi Egiza fon pere, travailla à gagner l'affection de fes Sujets, & à faire en forte que le cœur eût plus de part à leur foumiffion, que le devoir. Pour cet effet, il accorda une ment de fon Amniftie Générale pour toutes les perfonnes, qui fubiffoient Gouverne le châtiment des crimes qu'elles avoient commis du vivant ment. de fon pere: ainfi tous les Exilés furent rappellés, & les commence |