ý d'une maniére particuliére, dans ces trois Siécles & au paravant, pendant que la Religion Chrétienne fleurifloit » en Orient, en Gréce, en Italie, en France, en Angleterre » & en Afrique ; ils n'ont jamais été traités d'Hérétiques, » ni de gens séparés de la vraie Religion Chrétienne par » aucune de ces Nations. Par conséquent, si de tant d'Ecris » vains Catholiques, on n'a pas encore pû en découvrir un seul qui le leur ait reproché dans tous ces trois Siécles, » on ne peut leur refuser de les reconnoître pour vrais Chré tiens, aujourd'hui qu'ils sont attachés aux mêmes princi» pes, ausquels ils l'étoient dans ce tems où ils ont été tenus pour tels. En méditant sérieusement cette réflexion, fur laquelle je pourrois m'étendre amplement, elle convainc a les Espagnols de l'obligation qu'ils ont à Dieu d'avoir » conservé chez eux la Religion Chrétienne, dans sa pureté, & sans mêlange d'erreurs, contre toute la puissance » des Rois Gots Ariens qui ont régné dans leurs Païs, depuis Euric jusqu'à Léovigilde. L'on voit aussi par ce que j'ai dit en l'année 528. qu'il Il y avoit en s'est conservé, jusques vers le milieu du Siécle VI. quel- Espagne des u ques restes de la Gentilité dans les Montagnes les plus ques dans le - escarpées. Si l'on en juge même par les Actes de Saint Siécle VI. » Léon Evêque de Bayone, l'on croira que le Paganisme y » a subfisté encore plus long-tems. Le droit de Patronage Laïc dans l'Eglise, s'eft intro- Origine du » duit dans ces trois siécles , parce que, comme il y avoit Patronage » en Espagne beaucoup de petites Places, de Fermes & de l'Eglise d'El Hameaux, où les Habitans n'avoient ni Eglises, ni Mi- pagne. » nistres, les Seigneurs de ces endroits offrirent de bâtir des - Eglises, à condition que les Evêques recevroient pour » les défservir, les Prêtres qu'ils présenteroient , fi ceux-ci » étoient propres pour le Ministére. Les Evêques considé» rant l'utilité qui en résulteroit pour ces Peuples, qui au» roient par ce moïen des Temples où ils pourroient prier, » entendre la Parole de Dieu, & recevoir les Saints Sacre» mens , accepterent avec plaisir ces propofitions. Delà le » Patronage Laïc dans les Eglises, tire son origine, comme » Thomasin l'a amplement observé dans la Discipline Ec• clésiastique. L'on n'a point découvert dans ces trois siécles, & juf On ignore qu'à présent, aucun témoignage für de l'entrée de la Ré, s'il y a en ef pagne des gle du Glorieux Patriarche Saint Benoît : ainsi l'on ne Moines de l'Ordre de S. » peut fçavoir avec certitude, fi les Saints Moines qui la Benoît. professent, sont d'une Religion fi sacrée & fi respectable. La Couron- » Quoique la Monarchie des Gots en Espagne, à laquelle ne des Gots śledive. - Euric donna commencement, fût d'abord héréditaire pour » Alaric fils de ce Prince & pour Amalaric son petit-fils, elle v devint par la suite élective. Alors, il n'y avoit que les Sei» gneurs du Palais & les Principaux du Roïaume qui puf» sent faire l'élection ; cependant, depuis le Roi Récared » le Catholique, les Métropolitains & les Evêques ont aussi o été Electeurs. Par conséquent, quoique les fils soient mon» tés sur le Trône après leurs peres, ce n'a point été par » droit de Succession, mais parce que leurs peres sollici» toient les Prélats & les Palatins de leur accorder cette » faveur, comme on le voit dans le cours de l'Histoire. Hanblei det Muisonneuve Sculpsi HISTOIRE G E N E R A L E QUATRIEME PARTI E. S D'EsIGNE. 139. J. C. 701, SIECLE HUI TIE M E. ITIZA devenu possesseur de la Cou- gagner l'affection de tiza signale le commencele devoir. Pour cet effet, il accorda une ment de Toga Amnistie Générale pour toutes les perfomnes, qui fubissoient Gouverne le châtiment des crimes qu'elles avoient commis du vivant ment. de son pere : ainsi tous les Exilés furent rappellés, & les DE Anne'e J. C. 701. 739. Concile Toléde. biens furent rendus à ceux qui en avoient été dépouillés. ses Prédécesseurs, fit célébrer à Toléde un Concile, dont XVIII, de les Actes sont péris; ce qui me met hors d'état de sçavoir les affaires qui y ont été traitées (A). Quelques-uns pré- s'af. fondé à donner pour principe aux bonnes actions qui ont été faites d'abord, la corruption qui ne s'est fait connoître que par la suite * Gunderic Métropolitain de Toléde étoit alors en grande 740. Gunderic de odeur de vertu, & la haute réputation se trouva accrédigrande répu- tée par quelques Prodiges, dont on fut redevable à ses prié reb. Il y a apparence qu'il apporta tous ses soins Cependant Witiza fe yoïant paisible possesseur de la plonge dans la Couronne, & en paix avec ses Voisins, commença de là cher la bride à ses passions. Aveuglé par les appas trom 702. tation. pour main 704. Witiza Te 742, débauche. (A) ISIDORE de Badajoz. de son cæur; mais je crois qu'il auroit (B) ISIDORE de Badajoz. pû s'en tenir à la sage reflexion de Jean * L'Abbé de Vayrac , sur l'autorité de Ferreras, qui probablement ne l'aufans doute de Mariana, veut que Wiz roit pas faite , s'il y eût eu lieu de pentiza ne se paroit alors que des vertus ser qu'il y avoit alors de la fourberie apparentes, lesquelles n'étoient que les dans la conduite du Roi, sur tout puis. vices réels , qui couvoient dans le fond Il qu'il ne ménage pas ce Prince par la suite. peurs ERE d'EsPAGNE, 742, ANNE'A DI 743 10. Le Roi le peurs de l'impureté, il s'abandonna tout entier à la diffo- abusant ainsi de l'autorité qu'il avoit pour assouvir la tent inaciles de tant d'abominations, le Prince voluptueux enyvré de meat de l'ena fes détestables plaisirs, fut sourd à leurs avis & à leurs re- cirer. montrances (A). L'incontinence étant le vice qui aveugle le plus la raifon, Witiza qui continuoit toujours ses désordres, mit bas livre à de plus toute pudeur & toute considération; de maniére qu'il n'é- grands excès. couta plus que son goût & lon penchant pour le libertinage. Ainsi dépouillé de tous les respects humains, qui ont coûtume de servir de frein à la débauche, il ne se contenta plus, comme il avoit fait jusqu'alors, de prendre pour objet de sa sensualité, les femmes qui n'étant retenues par aucun engagement, pouvoient disposer d'elles en vertu de leur liberté; il porta encore ses désirs jusques sur celles qui étoient liées par les liens du mariage. Tout lui étant alors indifférent, pourvû qu'il se satisfît, les femmes & les filles mêmes des Grands, ne furent pas moins exposées à ses entreprises criminelles, que celles du moindre Artisan. La liberté & le scandale, avec lequel il commettoit ces excès, firent bientốt changer en haine, la satisfaction universelle que l'on Les Grands ne purent se voir déshonorés dans la person- Gg! |