charmes pour lui, que la divifion qui régnoit dans ce Païs, ANNE'E DE femblât lui en promettre un fuccès affûré, & que les folli J. C. 711. Entrée des Infidéles en Espagne, & prife de Calpé citations du Comte Don Julien & des fils de Witiza fuffent Tarif, après avoir paffé le Détroit, débarqua au pied du Mont Calpe, & s'empara bien-tôt de la Ville de ce nom, où il fe fortifia. L'on croit que les fils de Witiza, qui avoient préfentement appellé les Sarazins, contribuerent beaucoup à lui faciliter Algézire. la prife de cette Place, d'où il commença à faire des courfes fur les Territoires voifins. Quoiqu'il en foit, dès que Tarif s'en fût rendu maître, il en changea le nom, & il l'appella Geicira-Haladra, qui fignifie en langue Arabe Isle verte, parce qu'à une certaine distance, elle paroît de cette ERE D'ES PAGNE 749. E D'Es AGNE. 749. couleur à ceux qui navigent. Depuis ce tems, les Espagnols * Quoiqu'il paroiffe par le récit de Jean de Ferreras & par l'autorité dont il s'appuie que les Sarazins, après la prife de Calpé, ne penferent à rien moins qu'à faire des courfes confidérables; l'Abbé de Vayrac avance, fans marquer fur quel fondement, que le Comte Don Julien alla avec eux prendre & piller Cadiz, dont la meilleure partie des Habitans fut paffée au fil de l'épée, & le refte mis à la chaîne. Il ajoûte que les Ennemis coururent enfuite toutes les Côtes de l'Andaloufie, & pénétrerent dans la Lufitanie, pillant, brûlant, faccageant tout ce qui fe trouva fur leur paffage. Mais, quand Jean de Ferreras, & le Géographe de Nubie ne lui feroient pas contraires, il fuffit d'obferver qu'il mar que, que Tarif-Abdalahi, qui prit Cal- ANNE'E DE J, C. 711. ANNE'E 711. 712. DE Progrès de (A). Ebnalgocia, l'Anonyme Andalucien, & Novieire difent Muza aïant appris que Tarif avoit le pied en Espagne & Don Rodri à les chaffer. Le Roi Don Rodrigue voïant que fon Armée n'avoit pû gue le difpofe battre & détruire celle des Sarazins, tâcha d'engager les fils de Witiza à fe réconcilier avec lui, afin de réunir toutes les forces contre l'Ennemi commun. Ceux-ci y confentirent en apparence, gardant dans le fond du cœur la réfolution de fe venger, dès que l'occafion s'en préfenteroit. Don Rodrigue qui étoit dans la bonne foi, s'applaudit d'avoir ainfi raffemblé toutes les forces des Gots, & se mit à leur tête, afin de les animer par fon exemple à contraindre (4, ISIDORE de Badajoz, la Chronique d'ALBAYDA & d'autres. ERE D'ES- 749 750. ERE D'ES PAGNE. 750. J. C. 7120 les Infidéles de retourner en Afrique. Sur cette nouvelle, tiérement dé Les deux Armées, qui fentoient une égale ardeur pour le Seg Trou combat, s'étant approchées, dans la réfolution de fe heurter, pes font enchacun des Généraux exhorta fes Soldats à fe comporter faites proche avec bravoure, leur représentant que de cette action dépen- de Xerés. doit la Monarchie d'Efpagne. Cette fameufe Bataille fe livra fur le bord de la Riviére de Xeres de la Frontera, le onziéme de Novembre Fête de S. Martin Evêque de Tours, jour que Dieu avoit marqué pour le châtiment des péchés, dont l'Efpagne étoit inondée. Quoique les Troupes de Taric fuffent inférieures en nombre à celles du Roi, leur valeur & leur intrépidité qui y fuppléerent, firent bientôt déclarer la Victoire en leur faveur. Les Gots furent taillés en piéces, & mis en fuite, laifant le Champ de bataille couvert de leurs Corps morts. Du nombre de ceux qui fe fauverent de cette déroute, furent quelques Grands, & le Roi qui s'enfuit, fans que l'on fçut où il s'étoit réfugié. Don Manuel Britto, Frere Bernard Britto, Don Thomas Tamayus dans les Notes fur Paul Diacre de Mérida & après eux Don Jofeph Pellicer dans le Liv. I. des Annales d'Espagne, affûrent qu'après la perte de la bataille, Don Rodrigue alla fe cacher proche de Mérida dans le Monaftére de Caulinien où il ne demeura que quelques jours, & qu'y aïant reçu le Sacrement de Pénitence & pleuré amérement fes péchés, il paffa accompagné d'un Moine nommé Roman, dans le Païs que l'on appelle aujourd'hui le Portugal, pour éviter d'être pris par les Sarazins.. Il emporta avec lui une Image de Notre-Dame qu'un certain Moine Grec appellé Cyriaque avoit apportée de Jérufalem à ce Monaftére. Aïant trouvé une Grotte dans une Sentimens de quelques Auteurs fur fon fujet. ANNE'E J. C. 712. Découverte de fon Tombeau & phe. PAGNE 750 Montagne efcarpée & affreufe, qui s'éleve fur le bord de l'Océan, près de Pederneyra, il y dépofa l'Image qu'il ap- ERF E portoit, & il y vêcut inconnu des Hommes pendant l'efpace d'une année avec le Moine Roman. Dela, il fe retira proche de Visée dans l'Hermitage de Saint Michel où il finit fes jours, & où il reçut la fépulture, Roman restant toute fa vie poffeffeur de la précieufe Image de la Sainte Vierge. Ces Hiftoriens se fondent fur le témoignage de Don Fuas Roupigne, qui dans une Donation qu'il fit en 1182. à de fon Epita- l'Eglife de Notre-Dame de Nazareth, dont il a été le Fondateur, marque toutes ces circonftances, déclarant qu'il les a apprifes par un écrit qui étoit dans un Coffre d'ivoire que les Maçons découvrirent en démoliffant un vieux Autel qu'il y avoit dans cette Grotte, où il trouva la Sainte Image que l'infortuné Monarque y avoit portée. Le Roi Don Alfonfe le Grand dit que dans le tems qu'il faifoit ravager les environs de Vifée, on trouva dans une Eglife une Tombe fur laquelle on lifoit; Cigit Rodrigue dernier Koi des Gots. Comme il n'eft pas poffible de révoquer ce fait en doute, après une autorité fi refpectable, & qu'un des principaux Chefs des Sarazins conquit l'année fuivante tout ce qui compofe le Portugal & la Galice ; j'ai peine à comprendre que Don Rodrigue s'étant retiré fur une Montagne efcarpée de la Côte de l'Océan, pour conferver fa vie, foit forti & ait été fur le Territoire de Vifée fe mettre entre les mains des ennemis. Je fuis donc plus porté à croire que ce malheureux Prince, après avoir perdu la bataille de Xeres, s'enfuit couvert de bleffures avec quelques Gots du côté de Vifée, & qu'étant mort, on l'enterra dans l'Eglise où le Roi Don Alfonfe dit que fe trouva fon Epitaphe (A). L'on raconte auffi dans les Hiftoires d'Efpagne que les fils de Witiza, & le Comte Don Julien contribuerent beaucoup à la déroute des Gots dans la fatale Journée de Xeres, parce que dans le fort de l'action, ou ils pafferent avec leurs Troupes à l'Armée des Sarazins ou ils tournerent leurs Armes contre leurs Compatriotes *. Mais ceci n'est (4) Don RODERIC & beaucoup d'au n'ofe rien décidér à ce fujet, fe conten- |