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J. C.

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des Afturies, & emporterent avec eux toutes les Reliques & ANNE'E DE tous les Corps des Saints. Ceux qui enleverent le Corps de ERE D'ESSaint Ildefonfe, le dépoferent à Zamora dans l'Eglife de Saint Pierre, jugeant que les Armes des Sarazins ne pénétreroient pas fi facilement jufqu'à cette Place. Les Reliques & les Corps de Saint Eugêne & de Saint Julien Archevêque de Toléde, furent cachés dans une Eglife des Afturies, près de l'endroit où l'on a fondé par la fuite la Ville d'Oviedo. L'on croit encore que dans cette occafion, celui de la Glorieufe Sainte Léocadie fut porté dans les Asturies, où il resta jufqu'à ce qu'il fût tranfporté en France, & de là en Flandre, comme j'aurai occafion de le dire *.

Fuite de Sin

derede, & bar ble d'un Pré

barie détefta

lat.

Sinderéde Métropolitain de Toléde, prit auffi la fuite, & s'en alla à Rome, laiffant fon Troupeau à l'abandon & expofé à la fureur des Loups, au lieu de refter pour l'animer & le foutenir dans fes tribulations. Les Principaux Seigneurs qui compofoient le Sénat ou qui étoient revêtus de la Dignité de Palatins, voïant que la reddition de la Ville étoit inévitable, en fortirent promptement; mais Taric les aïant' fait fuivre par un Corps de Troupes de Cavalerie, que Don Oppas Métropolitain de Séville** commandoit, ils furent pris & facrifiés, au moins pour la plupart, à la vengeance de cet abominable Prélat, en haine de ce qu'ils n'avoient

* Le P. d'Orléans dit que l'enlevement de ces Reliques fe fit par un Archevêque de Toléde, nommé Urbain, qui fut escorté par Pélage, le même qui fut par la fuite reconnu Roi dans les Afturies. Il fuit en cela Mariana, qui prétend qu'après la fuite de Sinderéde, qui occupoit ce Siége Métropolitain, le Clergé ne voulant pas laiffer dans ces tems fâcheux, l'Eglife de Toléde fans Pafteur, & regardant Oppas, dont il eft parlé dans une autre Note, comme un Intrus contre les Loix & l'Ancienne Difcipline de l'Eglife, éleva Urbain à l'Epifcopat. Mais comment comprendre qu'un Clergé qui auroit tenu Oppas pour un Intrus, parce qu'il avoit été transféré de Séville à Toléde du vivant de Sinderéde, fe foit dépouillé de cette délicateffe au fujet d'Urbain. On auroit fçu gré au P. d'Orléans, s'il avoit fait cette remarque & en avoit donné

la folution, avant que d'adopter l'opi
nion de Mariana. En attendant, on a
toujours lieu de croire qu'Urbain n'a
jamais été Métropolitain de Toléde
& c'eft auffi le fentiment de Ferreras,
comme on le verra fous la même an-
née.

**

Mariana, je ne fçais fur quelle autorité, prétend qu'il paffa de l'Archevêché de Séville à celui de Toléde, déja occupé par Sinderéde, de forte que ce Siége Archiepifcopal étoit rempli par deux perfonnes. Cependant il ne tombe pas fous les fens, que Witiza ait voulu donner une pareille mortification à Sinderéde, qui étoit efclave de la volonté. de ce Prince, de l'aveu même de Mariana. L'Abbé de Vayrac fans doute penfe de même, puifqu'il le qualifie feulement. d'Archevêque ou Métropolitain de Séville; le P. d'Orléans a fuivi Ma riana.

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point voulu couronner un de fes Neveux. C'eft ainfi que
je crois, que l'on doit entendre Ifidore de Badajoz, à moins
que l'on n'aime mieux fe perfuader, qu'ils tâcherent de s'é-
chapper dans le tems que la Ville étoit affiégée, ce qui me
paroît fouffrir quelques difficultés.

Toléde af

le.

2

Muza arrivé à la vûe de Toléde, fit fans doute fommer les Habitans de fe rendre; mais ne les aïant pas trouvés dif- fiégée par Mupofés à lui obéir, il les affiégea dans les formes. Les Tolé- za, & capitudains, après avoir foutenu courageufement quelques affauts, comprirent à l'ardeur des Affiégeans, que le meilleur parti qu'ils avoient à prendre, étoit de fe foumettre, s'ils ne vouLoient pas être traités avec la derniére rigueur; c'est pourquoi, ils demanderent à capituler. Informés toutefois, que les Maures qu'il avoit dans fon Armée, n'observoient pas les conventions, comme ils le devoient, ils dirent qu'ils vouloient que la Foi du Général Muza, fût le garant des Ar-ticles qui feroient dreffés. Muza y aïant confenti, ils convinrent entr'autres chofes, qu'ils exerceroient librement la Religion Chrétienne dans les Eglifes de Saint Luc, de Sainte Jufte, de Saint Torquat, de Saint Marc, de Sainte Eulalie, de Saint Sébastien & de Notre-Dame d'Alficen, qui eft l'Eglife de Notre-Dame, des Carmes de l'Ancienne Obfervance. Lorfque tout fut réglé, Muza entra dans la Place & y mit une Garnifon d'Arabes, ce qui a fait que par la fuite les Chrétiens de Toléde ont été appellés Muzarabes 5terme dont le Marquis de Mondejar, Alderete, & d'autres ont donné de fçavantes explications. Alcocer & Pifa, Hiftoriens de Toléde, racontent d'une autre maniére la reddition de cette Ville, difant fur l'autorité de Don Lucas de Tuy, que Taric fut celui qui la foumit; mais j'ai fuivi Ifidore de Badajoz qui donne cette expédition à Muza. Pendant que Muza, à la tête de fon Armée pénétroit ainfi dans l'intérieur de l'Espagne, l'Officier Général qu'il avoit chargé de la Conquête de la partie Occidentale, faifoit un ravage épouvantable avec fon Corps de Troupes. L'on croit qu'il paffa dans le Païs que l'on nomme aujourd'hui le Portugal, & qu'il démolit Egitanie, d'où il alla en faire autant à Offonoba. Evora, Lisbonne, Visée & Lamégo effraïées du fort de ces deux Villes, fe rendirent par compofition. IL y a apparence que Coimbre ne voulut point en faire autant, & que fa réfiftance fut caufe que les Barbares la dé

E D'ES-
AGNE.

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ANNE'E

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DE

Deftruction de plufieurs Infidèles. Villes par les

ANNE'E
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truifirent prefque entiérement *. Rafis rapporte autrement
la prise de Mérida, & après lui Vargas dans l'Hiftoire de ERE D
cette Ville; mais j'ai déja marqué le crédit que mérite cet
Ecrivain Arabe **.

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Expéditions

fils de Muza.

Abdalaziz fils de Muza ne travailloit pas avec moins d'Abdalaziz, d'ardeur ni d'acharnement à conquérir la partie de l'Espagne, baignée par la Méditerranée, où font les Roïaumes de Jaen, de Grenade, de Murcie & de Valence; mais il ne trouva pas d'abord la même facilité que les autres GénéThéodomir raux. Le brave Théodomir, un des Principaux Seigneurs Gots, dont j'ai déja parlé, après s'être échappé de la malheureuse bataille de Xeres, avoit ramaffé quelques débris de l'Armée des Gots, & avoit formé avec eux & avec d'autres gens qui s'étoient joints à lui, un petit Corps de Troupes. Trop foible néanmoins pour se présenter à découvert à l'Ennemi, il fe contentoit, à la faveur des Poftes & des occafions, de le harceler & de lui enlever quelques Partis, fe retirant toujours dans les endroits les plus efcarpés. Malgré tout ce qu'il put faire, il ne lui fut pas poffible d'empê cher qu'Illiberi, à qui répond aujourd'hui Grenade, ne fût emportée de force & ruïnée par Abdalaziz. Mentése, qui est

s'oppose

courageufe

mentaux Bar: bares.

*La Chronologie de ces événemens eft confondue par l'Abbé de Vayrac.

** Il a été fuivi par Mariana, & en-
fuite par l'Abbé de Vayrac & par le P.
d'Orléans. Tous trois font d'après lui
une rélation très - ample du Siége de
Mérida, dont la fin eft accompagnée
d'une circonstance qui paroît fabuleufe,

Compatriotes, lorfqu'ils furent rentrés
dans la Place, qu'il n'y avoit point d'au-
tre parti à prendre, que celui de fe ren-
dre à un homme, pour qui la nature
fembloit avoir changé fes Loix. Tel fut,
conculut-il, le motif qui détermina la
Ville de Mérida à capituler. A la véri
té, le Traducteur de Mariana & le P.

ou du moins très-douteufe. Ils préten-d'Orléans, ont fenti que les perfonnes

dent que les Affiégés difpofés à fe ren-
dre, envoïerent des Députés à Muza.
Ceux-ci de retour dans la Ville, rani-
merent leurs Concitoïens par le récit
qu'ils leur firent de la caducité de Mu-
za, qui leur avoit paru fi infirme & fi
caffé, qu'ils ne doutoient point qu'il ne
mourât de défaillance, avant que de les
avoir réduits à la derniére extrêmité.
Muza inftruit de la caufe de leur nouvel-
le résistance, se fit peindre en noir la bar-
be & les cheveux qui étoient blancs, &
offrit enfuite de recevoir la Ville à com
pofition. On lui envoïa les mêmes Dé-
putés, qui furpris de voir dans fa per-
fonne un fi grand changement, le cru-
rent réellement rajeuni. Perdant alors
sout efpoir, ils perfuaderent à leurs

fenfées ne croiroient pas facilement,
qu'une rufe fi grofliére ait pu avoir un
femblable effet. Delà vient que le pre-
mier en attribue le fuccès à la fimplici
té des Habitans de Mérida. Mais quelle
apparence que des Hommes éclairés de-
puis long-tems des lumiéres de la Foi,
aïent pu être féduits par une miétamor
phofe de cette nature. Le fecond juge,
qu'il eft plus vraisemblable que les Dé-
putés crurent à leur feconde entrevue,
qu'ils s'étoient trompés la première fois,
mais je trouve encore cette explication
forcée, parce qu'il n'eft guéres naturel
de croire, que deux ou trois perfonnes
puiffent fe perfuader qu'ils ont pris pour
blanc, ce qui auroit été réellement
noir.

ERE D'ES

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à préfent un lieu défert, proche de Cazorla, fut traitée de
même qu'Illiberi. Toutes les autres Villes de ces Quartiers ANNE'R
se soumirent au Vainqueur, Théodomir fe maintenant dans
les environs de Murcie fur les Confins de la Valence (A).

J. C.
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Autres ex

za.

Théodomic

avec Abdalaziz à

Muza, après la reddition de la Ville de Toléde, qui étoit alors la Capitale de l'Empire des Gots, fongea à faire au ploits de Muplûtôt la Conquête de tout le refte, qu'il regardoit déja comme à lui. Ainfi étant forti à la tête de fon Armée, il courut tout le Païs qui compofe préfentement le Roïaume de Toléde, & il le réduifit en peu de tems fous son obéiffance. Les Places qui oferent lui résister, furent rafées de fond en comble, telles que Valérie & Arcobriga, Villes Epifcopales dans le voifinage de Cuença. De ceci, l'on a lieu de croire que Théodomir, qui étoit dans le Roïaume traite de Murcie, fur les Confins de la Valence, confidéra que fa des conditions perte étoit inévitable, fi Muza, dont l'Armée étoit proche, honorables faifoit une jonction avec fon fils; parce qu'outre qu'il étoit déja inférieur en force à celui-ci, il ne pouvoit efpérer aucun fecours, l'intérieur & la meilleure partie de l'Espagne étant au pouvoir des Ennemis. Jugeant donc, que pour prévenir ce malheur, il étoit à propos de s'accommoder avec Abdalaziz, il lui remit cette Contrée à des conditions très-honorables, qui furent couchées par écrit & fignées. Valence & toutes les Villes voifines fe rendirent, en fe faifant comprendre dans ce Traité. Quoiqu'Ifidore de Bada joz ne défigne point l'endroit, où Théodomir fit la résistance dont j'ai parlé, j'ai conjecturé que ce devoit être le Roïaume de Murcie fur les Confins de la Valence, fur ce res fur le Païs qu'il dit que ce Seigneur alla trouver Walid, Monarque Suprême des Sarazins, pour l'engager à ratifier le Traité qu'il avoit fait avec Abdalaziz. Je me fonde encore fur ce que le Géographe de Nubie donne le nom de Théodomir à ce Canton du Roïaume de Murcie & à une partie de la Valence, & fur ce que Sandoval raconte de la reddition de la Ville de Valence à Abdalaziz par Capitulation. Les conjectures bien fondées, fuppléent au défaut des témoignages pofitifs. L'Anonyme Andalucien & l'Hiftoire de Rafis, rapportent ces faits de la même maniére.

Conje&u

qu'il défendit

DE

Le Général, qui commandoit l'autre Corps d'Armée, pour Conquête conquérir la partie Occidentale de l'Espagne, paffa le Dué- des Sarazine

(4) ISIDORE de Badajoz.

J. C.

713.

ce.

ro, après avoir foumis toute l'ancienne Lufitanie, & entra ANNE'E DE dans la Galice, où il fe porta aux mêmes excès. Brague, Tuy, Orenfe, Lugo, & Britonia qui eft à peu de distance dans la Gali- de Mondognedo, furent prifes de force & démantelées pour punition de leur résistance. Iria qui est le Padron s'étant rendue volontairement, fut épargnée, & obtint que fon Evêque reftât dans le libre exercice de fon Ministére. Il me paroît que ces événemens ont pû occuper pendant toute l'année les Armes des Sarazins, parce que les fiéges qu'il fallut faire, dûrent confommer quelque tems: ainfi je m'imagine que toute la préfente année 713. a été emploïée à ces expéditions.

Plufieurs Re

droits.

On a lieu de croire qu'en cette année les Habitans d'Anliques empor- dujar enleverent le Corps de Saint Euphraife & le tranftées par les Fidéles, en porterent en Galice, où ils le dépoferent dans la Montadifférens en- gne de Valdemar. Ceux de Guadix en firent autant de celui de Saint Torquat, qu'ils placerent dans le voifinage du lieu que l'on a depuis appellé Celanova. On vénére encore aujourd'hui dans ces endroits ces précieux Tréfors. Je crois auffi pour la même raison, que Muza s'étant emparé de Toléde, Saint Urbice emporta d'Alcala de Hénares, qui eft l'ancienne Complute, les Corps des Saints Martyrs Juste & Paftor aux Monts Pyrénées, afin de les garantir des outrages des Infidéles, parce que cette invafion des Sarazins a été la caufe du tranfport de ces Reliques. Ce n'eft au refte qu'une conjecture de ma part.

714.

7531

expéditions

Les Sarazins, après avoir fait prendre quelque repos à Suite des leurs Troupes fatiguées par tant de marches qu'elles avoient des Sarazins été obligées de faire, & pour ainfi dire, affoiblies fous le en Espagne. poids glorieux de leurs Conquêtes, continuerent leurs travaux Militaires. Muza prit avec fon Armée la route de la Celtibérie, dans le deffein d'aller fe rendre maître de Saragoffe, Ville Capitale de tout le Païs que l'Ebre arrofe de l'un & de l'autre côté de ce Fleuve. Chemin faifant, il foumit toutes les Places qu'il rencontra, faifant éprouver les cruels effets de fon inhumanité à celles qui lui réfiftoient, comme il arriva à l'ancienne Bilbilis, Patrie du Poëte Martial, & à d'autres Villes. Saragoffe fe voïant hors d'état de fe défendre, fe rendit d'abord; de forte que Muza envahit tout le refte du Pais jufqu'au pied des Pyrénées.

Pendant que ceci fe pafloit en Celtibérie, l'autre Corps

de

ERE D'ES

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