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ERE D'ESPAGNE. 798.

799.

l'on fit main baffe fur tout ceux que l'on put attrapper. II
y a même

apparence que Don Froila ne fouffrit point qu'il ANNE'E DE restât dans les Etats un seul Mahométan (4).

J. C. 760.

Abderrame

Ville de Cor

douë.

voltent contre Abderra

Dans le tems que ceci fe paffoit fur les Terres des Chrétiens, Abderrame commença à faire conftruire à Cordoue embellit la de fomptueux Palais & de beaux Jardins pour embellir cette Ville, où il vouloit fixer fa demeure & tenir fa Cour (B). Sur ces entrefaites, les Gouverneurs Mahométans des Plufieurs Provinces ou Territoires de Grenade, de Murcie, de Va- Villes fe rélence, de Saragoffe & de Béja, du côté de l'Occident, hardis fans doute par la défaite de l'Armée floriffante que me. l'Amir Amoménim avoit envoïée contre les Chrétiens, fecouerent le joug du nouveau Monarque & prirent les Armes, pour venger la mort de Juzif, dont ils étoient proches Don Roderic dans l'Hiftoire des Arabes marque parens. Îement Girat, Haladra & Béja, que la plûpart ont pris pour des noms de perfonnes, & qui me paroiffent être des noms de Territoires, puisque Béja est en Portugal, & que l'on trouve Adra & Haladra dans les Alpurjarras ou le Roïaume de Grenade.

feu

761.

Don Froila enrichi des dépouilles de la victoire précédente, réfolut d'en témoigner à Dieu fa reconnoiffance, Oviedo bala conftruction d'une nouvelle Ville, qui fût la Capi- Froila. tie par Don tale de fes Etats, & le Siége de l'Evêque de ce Territoire.

par

Il fit donc travailler à cet Ouvrage, qui fut bien - tôt au
point où il fouhaitoit : cette Ville est Öviédo (C).

Elle eft éri

ché.

Les Hiftoriens des Afturies difent, que Don Froila trans-
féra à cette Ville le Siége Epifcopal de Sainte Marie de gée en Evê-
Lugo, qui eft à quatre lieues d'Oviédo; ce qui donne lieu
à une réfléxion importante. Si l'on prétend foutenir fur
l'autorité de Don Pelage, Evêque d'Oviedo, qu'il y avoit
anciennement dans cette Ville un Siége Epifcopal, diftinct
de celui de Lugo, qui fubfifte en Galice, l'on fe trompe grof
fiérement, parce qu'il n'eft fait aucune mention d'un tel
Evêché dans les Conciles tenus les trois Siécles précédens.

Ainfi je crois, que l'on peut dire feulement, que le Siége
de Lugo en Galice, fut transféré dans les Afturies par Don

(4) Don ALFONSE le Grand, LE MOINE de Silos, Don RODERIC, Don LUCAS & d'autres.

(B) Don RODERIC dans l'Hiftoire des Arabes.

Tome II.

(C) Priviléges du Roi Don ALFONSE le Chafte, Infcription en pierre dans cette Eglife, rapportée par MORALES, Don ALFONSE le Grand & les autres.

Rrr

ANNE'E DE
J. C.
761.

Froila, & je me fonde, fur ce que depuis Odoarius, il n'est point parlé pendant long-tems de l'Evêque de Lugo: ou du moins je me perfuade, que ce Prince, pour faire d'Oviédo un Siége Epifcopal, ôta à l'Evêché de Lugo tout le Païs de Mondognedo, & les Afturies qu'on y avoit joints, lorfqu'on l'avoit rétabli, parce que dans tous ces Quartiers, il n'y avoit point d'Eglifes bâties: c'est ce qui me paroît Adulphe fon de plus vraisemblable. Adulphe fut le premier Evêque premier Evê- d'Oviedo.

1

que. Monaftére de S. Vincent

d'Oviedo.

Comment & en quel tems

Yepes, ce célébre Ecrivain, à qui la Sacrée Religion de Saint Benoît & l'Espagne ont tant d'obligations, produit dans l'Appendice du Tome III. de même que le Cardinal d'Aguirre dans le Tome III. des Conciles, un Tître de la Fondation du Monaftére de Saint Vincent d'Oviedo, par lequel Montanus Prêtre, & vingt-quatre autres Moines, fe livrerent avec tous leurs biens à l'Abbé Fromestan, & à fon Neveu Maxime. Il y eft encore marqué, que Maxime passa à Oviedo, & qu'aïant été joint par fon oncle, ils avoient fondé ensemble l'Eglife de Saint Vincent, où ils vivoient Hermites depuis vingt ans, lorfque Montanus & les autres fe rangerent fous leur direction. Ce Tître est daté de l'an 819. de l'Ere, qui répond à l'année 781. de JesusChrist, fous le Régne de Don Silo.

Il fe trouve dans cette Piéce plufieurs difficultés, dont la il a été fondé. plus grande pour moi eft, que Fromeftan acceptant l'offre de Montanus & des autres, déclare qu'il demeuroit depuis vingt ans dans ce lieu, où perfonne n'avoit jamais habité: Qui jam viginti annos fum, quod fimul cum mes Sobrino Maximo Prefbytero hunc locum fqualidum a nemine habitante, vel habitato irrupimus. Or, la premiére des vingt années antérieures à la date, qui eft de 781. tombe dans la préfente qu'Oviedo a commencé d'être peuplée ou aggrandie; d'où l'on paroît être en droit de conclure, que cet Ecrit ne peut prouver la Fondation du Monaftére en cette année. Je juge donc , que cette Maison Religieufe eft plus ancienne & qu'étant devenue fameufe, le même lieu commença à se peupler; ce qui détermina le Roi Don Froila à l'aggrandir, & à en faire la Capitale de fes Etats & le Siége d'un Evêque. Ma conjecture, que je foumets au jugement des plus. Sçavans, vient de ce qu'en Allemagne on voit de grandes Villes, qui doivent leur origine à la Fondation de quelques

ERE D'ES-
PAGNE.

799

Monaftéres. Ainfi, je n'ai dans cette occafion aucun égard ERE D'ES- à ce que marque Sandoval, parce que les Priviléges ne peuvent faire foi qu'autant qu'ils s'accordent avec les Hiftoires les plus fûres & tenues pour telles.

PAGNE.

799.

800.

ANNE'E DE

J. C.

761.

par Don Froi

la.

Cependant Abderrame avoit deux chofes également à Les Maho-
cœur, l'une d'avoir fa revanche de la perte qu'il avoit fai- métans battus
te en Galice, & l'autre de châtier les Audacieux, qui avoient Par
ofé prendre les Armes contre lui. L'on croit que pour la
premiére, il envoïa un Corps de Troupes, que Don Froi-
la alla recevoir avec les fiennes, & qui ne pouvant tenir
contre la bravoure des Chrétiens, eut le même fort que
l'Armée de l'année précédente (A).

A l'égard des Rébelles qui étoient dans les Parties Orien-
tales de l'Espagne, & dans la Partie Occidentale où est la
Ville de Béja, il paroît qu'il marcha en perfonne contre
eux avec de plus grandes forces. D'abord, il tourna fes pas
du côté de Béja *, & étant entré dans le Portugal à la tête
de fes Troupes, il foumit tout le Païs, & il donna aux Ré-
belles tout lieu de fe repentir de leur révolte. N'aïant plus
rien à faire ni à craindre dans cette Contrée, il porta fes
Armes dans les Alpujarras & dans le Roïaume de Murcie;
où elles eurent bien-tôt le même fuccès. Il pafla enfuite
dans le Roïaume de Valence, où il affiégea & prit la Ville
de même nom, quoiqu'elle fe défendît pendant quelque
tems. Satisfait d'avoir remis tous ces Païs fous fon obéiffan-
ce, & d'avoir févérement puni les perfonnes qui les avoient
fait foulever, il ceffa les hoftilités (B).

762.

Abderrame

ragon,

Le Gouverneur de Saragoffe, & celui de Barcelone,
appellé Silonoan ou Suleiman, qui s'étoit rendu Vaffal, foumet la Vil-
comme je l'ai déja dit, de Pépin Roi de France, avoient le de Saragof-
pris parti dans le foulevement. Abderrame, qui vouloit réu- fe & tout l'A-
nir ces Provinces à fa Couronne, fe remit en Campagne
avec fon Armée, dès que la faifon le lui permit. Il alla
droit à Saragoffe, & auffi heureux cette année que la pré-
cédente, il paroît qu'il n'eut pas beaucoup de peine à met-
tre cette Ville & tout l'Aragon fous fa Domination. Pour-

(4) Don ALFONSE le Grand.
(B) Don RODERIC, Hiftoire des
Arabes.

* Mariana & le P. d'Orléans affûrent
qu'il affiégea cette Place, & que Don
Froila lui fit lever le fiége. Or, pour

qu'on pût les croire, il faudroit qu'ils
euffent marqué ce qui détermina Don
Froila à fecourir cette Ville qui ne lui
étoit, ni foumife, ni alliée, puisque
l'Hiftoire n'en fournit aucune preuve.

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1

J. C.

762.

PAGNI.

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fuivant fa marche par les Montagnes d'Aragon, il trouva ANNE'E DE proche de Jaca quelques Chrétiens qui s'étoient retranchés ERE DES fur le Mont - Panus. Auffi- tôt, il détacha des Troupes d'élite, fous les ordres d'Abdelmélich Iben Keatan, qui monta la Montagne, fit main baffe fur tous les Chrétiens, qui étoient dans ce lieu en trop petit nombre pour lui résifter, & ruina tous leurs travaux (A).

Saint Jean

d'Atares,
Hermite.

763.

La Catalo

De ceci, l'on peut conjecturer que le digne Hermite Saint Jean d'Atares, qui s'étoit retiré dans cette Caverne de Saint Jean de la Pegna, étoit déja mort. Il y avoit vécu inconnu des Hommes, & il laiffa fa mémoire écrite fur une Pierre triangulaire, que Saint Votus trouva depuis, & qui a été long-tems confervée dans le Monastére de Saint Jean de la Pegna (B).

Abderrame aïant conquis tout l'Aragon, mit à Saragofse un Gouverneur, dont la fidélité ne lui étoit pas suspecte, & l'on eft fondé à croire, fur ce que je dirai par la fuite, que celui qui y étoit, alla chercher azile dans les Pyrénées, ou fit fa paix avec le Roi Mahométan.

Dans cette année 763. ce Prince pafla avec fon Armée L dans la Catalogne, où l'on croit qu'il eut le même fuccès, gne foumi'e dans la Province de Saragoffe; parce que Pépin occupar Abderra- que pé dans fes Etats par des guerres inteftines, ne put point, ou ne voulut pas fecourir Suleiman fon Vaffal (C).

me.

Don Froila contraint Abderrame de faire la paix.

Je m'imagine que dans cette année, Abderrame retournant victorieux de Catalogne, voulut en perfonne tenter fortune contre Don Froila, & qu'étant entré dans la Caftille comme dans le Païs le plus proche, il y commit de grands défordres & toutes fortes d'hoftilités. Don Froila affembla auffi-tôt fes Soldats & invita ses Sujets à fe joindre à lui, pour s'oppofer à l'Ennemi. Quoique les Galiciens réfuferent de lui obéir & même fe révolterent, il ne laiffa pas que d'aller avec les Troupes qu'il put ramaffer, chercher les Mahométans, qu'il défit dans une bataille. Cette victoire confterna Abderrame, qui rebuté de la difficulté de pénétrer dans les Etats des Chrétiens, à caufe des Montagnes dont ils étoient couverts, & des pertes confidéra

(4) L'ANONYME de S. Jeande la Pegna, dans le P. D'ABARCA, & Actes des Saints du mois de Mai au 29. de ce mois, dans la Vie de S, Votus

& de S. Felix Hermites, & les Hifloriens d'Aragon.

(B) Hiftoire de ce Monaftére. (C) Tiré de ce que l'on dira par la suite.

ERE D'ES-
PAGNE.

801.

802.

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J. C. 7630

bles qu'il avoit faites dans toutes fes tentatives, où il avoit
toujours échoué, prit le parti de faire la paix avec un En- ANNE'E DE
nemi fi rédoutable. Don Froila s'y étant prêté volontiers,
afin de pouvoir dompter les Galiciens, elle fut conclue au
gré des deux Puiffances (A).

En 778. Pampelune étoit fous la Domination des Maho-
métans, & avoit été auparavant fous celle du Roi Don Al-
fonfe, & comme Don Froila fe trouva l'année suivante oc-
cupé à réduire les Galiciens, il falloit qu'il n'eût rien à
craindre d'Abderrame, parce qu'il n'étoit pas affez puiffant
pour pouvoir foutenir deux guerres dans un même tems.
C'eft ce qui me détermine à parler de plufieurs déroutes
d'Abderrame par Don Froila, & à marquer que ces deux
Princes firent enfin la paix. D'ailleurs Don Alfonfe le Grand,
&la Chronique d'Albayda, difent que Don Froila gagna
plufieurs victoires fur Abderrame, Monarque des Maho-
métans. Or, il a fallu pour cet effet que Don Froila en foit
venu aux mains avec lui plufieurs fois; de forte que l'on
ne doit pas être furpris, fi je dis qu'en cette année & dans
la précédente, les Chrétiens défirent les Armées Mahomé-

tanes.

Le Roi Don Froila débarraffé de la guerre avec Abderrame, rassembla toutes fes Troupes pour châtier les Galiciens qui s'étoient foulevés. Etant entré dans la Galice, il y fit de grands ravages, pour jetter par tout l'effror, & donner aux Habitans tout fujet de fe repentir de leur audace. I paroît qu'il fe faifir des principaux Chefs de la révolte, & qu'il les fit mourir, traitant les autres, conformément à leurs fautes. Dans cette action, il montra tant de févérité, que les efprits s'aigrirent, & que tous s'indifpoferent contre lui (B).

764. Don Froila

châtie les Galiciens, & s'alliéne les efprits par trop de févérité..

765.

Abderrame fait alliance

En cette année 765. Don Froila eut un fils, qu'il nomma Alfonfe, en mémoire de fon Aïeul, & qui étant par la fuite monté fur le Trône, eut un long Régne, comme nous le ver- avec Pépin. rons. La difficulté qu'il y avoit pour les Mahometans à reconquérir la Gaule Gotique fur un Prince auffi puiffant que Pépin, à qui toute la France étoit foumife, fit qu'AbderraRoi de Cordoue, rechercha l'alliance de ce Monarque, afin de s'affûrer la poffeffion de tout ce qu'il avoit en Ef(4) Fil de l'Hiftoire. MOINE de Silos, Don RODERIG, Don LUCAS & d'autres,

me,

(B) Don ALFONSE le Grand, LE

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