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ANNE'E

J. C.

7.65.

767.

DE

Action bar

Foila.

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PAGNE

pagne, & lui envoïa pour cet effet une Ambaffade avec
de riches préfens. Ses Ambaffadeurs eurent tout lieu d'être RE
contens de Pépin, qui répondit obligeamment aux défirs
de leur Maître, & les congédia, après les avoir auffi chargé
de préfens magnifiques (A). Ce qui eft marqué des Ambassa-
deurs Sarazins dans l'Appendice II. de Frédegaire, regarde
ceux du Calife de Damas, pour les circonftances qui y font
rapportées, lefquelles ne conviennent point à ceux d'Ab-
derrame, quoique l'Auteur s'efforce de le faire enten-
dre (B).

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Le Roi Don Froila avoit un frere, appellé Don Wimaran, cs bare de Don jeune Prince refpectable par fes grandes qualités, & aussfi affable & généreux, que Don Froila étoit févére & intraitable. La grande douceur de Don Wimaran lui avoit gagné le cœur des principaux Seigneurs du Païs, qui s'empreffoient à lui faire leur cour, tandis qu'ils ne rendoient à fon frere, que les devoirs dont ils ne pouvoient fe dispenser. Il n'en fallut pas davantage à Don Froila pour le lui rendre fufpect, & pour lui faire croire qu'il cherchoit à fe révolter & à lui enlever la Couronne. Le Roi, pour se délivrer de cette crainte qui augmentoit de jour en jour, réfolut de lui ôter la vie, & n'eut point horreur de tremper fes propres mains dans le fang de fon frere, qu'il poignar da lui-même dans fon Palais. La mort de cet Infant jetta la confternation dans les efprits, & caufa de plus grandes méfiances à toutes les perfonnes de la Famille Roïale, qui ne fe crurent plus à l'abri des caprices d'un Roi fi cruel (C).

768.

Il eft poi gnardé,

Les principaux Seigneurs, à qui le caractére dur de Froi-
la donnoit de plus en plus de l'ombrage, prirent le parti de
fe défaire d'un fi méchant Prince, tant pour ne pas devenir
les victimes de fa cruauté, que pour venger le fang inno-
cent de Don Wimaran. Aïant fait une confpiration avec
beaucoup de fecret, ils épierent une occafion favorable
pour l'exécuter. L'aïant trouvée, ils la faifirent; de forte
qu'ils affaffinerent à Cangas ce Roi cruel & dénaturé. Ainsi
finit ce Prince, à qui la dureté du caractére, & les foupçons
mal fondés, qui lui firent commettre un fratricide, procure-
rent la mort, après avoir tenu le Sceptre pendant onze ans &

(4) SISEBERT dans la Chronique. II Chronique d'ALBAYDA, LE MOINS
(B) PAGI
de Silos, Don RODERIC & Don Lu-

(C) Don ALFONSE le Grand, la

CAS.

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E D'ES

06.

lui élire

ANNE'E J. C. 768.

DE

Don Auréle

trois mois *. Au refte, ce fut un Prince Religieux & magnaGNE. nime, comme on le connoîtroit plus amplement, s'il s'étoit rencontré quelqu'un qui eût décrit toutes fes actions. Il fut enterré dans l'Eglife d'Oviedo qu'il avoit fait bâtir (A). Après fa mort, les Seigneurs s'affemblerent pour lui élire un Succeffeur, & tous voïant que Don Alfonfe fon fils étoit eft élu Roi en fa place. trop jeune pour être affis fur le Trône, proclamerent Roi, Don Auréle, coufin Germain du défunt **, étant fils de Don Froila, frere de Don Alfonfe le Catholique, & petitfils, comme lui, du côté de fon pere, de Don Pédre, Duc de Cantabrie (B).

807.

769.

le la paix avec Abderrame.

Il y a apparence que Don Auréle propofa à Abderrame de renouveller la Tréve & la paix conclues avec fon Pré- renouveldéceffeur, & que le Roi Mahométan y confentit volontiers, perfuadé qu'elle lui étoit néceffaire, pour mettre ordre aux affaires de fa nouvelle Monarchie: c'est ce qui a fait que pendant tout le tems de fon Régne, il n'a point eu guerre avec les Infidéles (C).

En cette année, une Dame appellée Munia Bella, fon-
da proche de Belorado, le Monaftére de Saint Michel de Pe-
drofo, où elle fe voua avec plufieurs autres au Service de
Dieu, fous l'Habit de Religion (D).

Par la Chartre de fa Fondation, il eft conftant que
Valentin étoit alors Evêque d'Auca, aujourd'hui Oca,
d'où l'on transféra le Siége Epifcopal à Burgos; parce
que, quoique la principale Eglife fût détruite, le Diocèse
fubfifta toujours,
& eut toujours un Evêque : l'on en doit
croire autant de la plupart des Territoires qui compofoient
les Etats des Chrétiens.

(4) Don ALFONSE le Grand, la Chronique d'ALBAYDA; LE MOINE de Silos, l'Hiftoire de COMPOSTELLE, Don RODERIC, Don LUCAS & autres. (B) Don ALFONSE le Grand, la Chronique d'ALBAYDA & autres.

(C) Don ALFONSE le Grand & d'au

tres.

(D) Chartre de la Fondation de ce Monaftére dans PELLICER & ailleurs.

* On voit dans Mariana & dans le P. d'Orléans, qu'il laiffa en mourant, outre fon fils Don Alfonfe, une fille, nommée par le premier Doña Ximénes, & par le fecond Chiméne: l'on marquera ailleurs ce que l'on doit en penser.

**Le P. d'Orléans ne convient point: de ce dégré de parenté, puifqu'il prétend que Don Auréle étoit propre frere de Don Froila, & Mariana paroit vouloir laiffer la chofe indécife. Suivant néanmoins la Généalogie de ce Prince, rapportée par Ferreras, il est évident que le premier s'eft trompé, & que le econd a eu tort de laiffer du doute fur ce point. Au refte, l'un & l'autre accufent Don Auréle de s'étre fait Chef de la Conjuration qui fit périr Don Froila,. Ferreras n'en dit rien, faute d'avoir trouvé fans doute, ce fait attefté par des Ecrivains, fur la foi defquels on. puiffe fe repofer.

Monaftére

fondé par Mufemme d'im

nia Bella,

portance.

Valentin E

vêque d'Oca

J. C.

770.

Efclaves des Chrétiens, appaifée &

Ext

La paix dont jouiffoit les Chrétiens, fut troublée par les ANNE'E DE Prifonniers & Efclaves que les Rois Don Alfonfe & Don E:" Froila fon fils avoient faits dans les guerres qu'ils avoient Révolte des eues contre les Infidéles. Comptant fur leur grand nombre, ils complotterent fecrettement de fe révolter contre leurs Maîtres & de recouvrer la liberté; ce qu'ils firent, se réuniffant tous, & prenant les armes pour se défendre. A ce mouvement, tout le monde fut effraïé, & on fut contraint d'emploier la force pour les foumettre & pour les châtier. Don Auréle s'étant donc mis auffi-tôt à la tête de fes Troupes, marcha droit à eux, les défit, punit les plus coupables, & reftreignit l'espèce de liberté que la confiance de leurs Maîtres leur avoit procurée (A).

punie.

771.

marie Ado

Comme Don Auréle n'avoit point d'enfans, & qu'il étoit Don Auréle déja d'un certain âge, que fon frere Don Bermude étoit finde fa coufi- Diacre, & que Don Alfonfe fon Coufin étoit trop jeune pour ne à Don Silo. gouverner, ce Prince fongea à procurer à Don Silo un des

972.

Donation

d'une Chapelle à l'Egli

dus.

principaux Seigneurs du Roïaume, les moïens d'afpirer à la Couronne, en cas qu'il vînt à mourir, avant que le jeune Don Alfonfe fût en âge d'être propofé. Dans ces vûes, il lui fit époufer Doña Adofinde ou Aufinde, fa coufine germaine, perfuadé que cette alliance lui pourroit être de quelque utilité (B).

Domandus Archidiacre de Lugo, fit donation à cette m Eglife de la Chapelle de Saint Etienne (C). Comme il fera déformais beaucoup parlé de ces donations dans les fe de Lugo Priviléges des Rois, il convient d'en donner ici l'explicapar Doman- tion. Lorfque quelqu'un avoit fait l'acquifition d'une terre, & y avoit élevé quelques bâtimens pour la demeure des Efclaves, ou des Affranchis, ou des Hommes de journée chargés de la cultiver & de la faire valoir, il arrivoit affez fouvent que l'on y fondoit par la fuite quelque Eglife, afin que ceux qui devoient travailler à la culture de ce Terrein ou de ces Métairies, euffent un endroit où ils puffent entendre la Meffe & faire leur priére. Delà vint que plufieurs de ces habitations prirent le nom du Saint qui étoit Titulaire de l'Eglife, & que les Fondateurs étoient les Patrons de ces Eglifes, conformément aux Décrets des Conciles d'Espagne.

(4) e Roi Don ALFONSE le Grand,
1a Chronique d'ALBAYDA & d'autres.
B) La Chronique d'ALBAYDA.

(C) Monument & Tître de cette Eglife dans MORALES.

Entre

Entre les Prélats Chrétiens, floriffoit en cette année le D'ES- vénérable Cixila, Métropolitain de Toléde, qui avoit con- ANNE'E DE nu Urbain & Evantius : j'ai déja fait mention ailleurs de ces trois Illuftres Perfonnages. Il a écrit la vie & les miracles de Saint Ildefonfe.

GNE.

I.

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J. C. 773. Cixila Mé tropolitain de Toléde.

774.

Auréle.

Don Silo eft

Le Roi Don Auréle mourut en cette année, après avoir régné fix ans & quelque mois. On l'enterra dans l'Eglife Mort de Don de Saint Martin de la Valée de Laneyo, à quatre ou cinq lieues d'Oviedo, laquelle eft appellée aujoud'hui par corruption Saint Martin d'Ordion. L'on croît qu'il fonda cette Eglife, ce qui fit qu'il voulut y avoir fa fépulture (A), Par la mort de Don Auréle, le Trône étant devenu vacant, Don Silo mari de Doña Adofinde, fille du Roi Don Alfonfe fut élu, du confentement unanime de tous les Grands du Roiaume, pour fuccéder au Roi défunt, tant en confidération de fa femme, qu'à caufe de fa Noblesse & de fa prudence. Le nouveau Monarque établit fa Cour à Pravia (B).

choisi pour

Succeffeur,

775: Il obtient d'Abderrame

Le premier foin du nouveau Roi fut de folliciter la continuation de la Tréve qu'Abderame avoit renouvellée avec Don Auréle, & il y a apparence qu'il y réuffit, puifqu'il la ratification n'eut rien à démêler avec les Mahométans. On voit dans de la paix. les trois Copies que j'ai de la Chronique d'Albayda, ces paroles: Cum Spania ob caufam matris pacem habuit; où je crois & je préfume qu'il faut lire : Cum Aldurrahamen obcaufam matris. Par-là, il paroît que l'on donne à entendre, que la mere de Don Silo contribua à faire proroger la paix ; & ce que je me fuis imaginé à cette occafion, est, qu'à la faveur des Tréves & de la Paix, que les Chrétiens & les Mahométans entretinrent entr'eux, on commença à contracter des mariages les uns avec les autres, de maniére que les Chrétiens épouferent des Mahométanes, & les Mahométans des Chrétiennés, comme nous le verrons dans la fuite par la Lettre d'Adrien I. Cela pofé, je me perfuade que la mere de Don Silo eut des liaisons avec quelqu'un des principaux Mahométans, ou qu'elle lui donna pour femme une de fes filles ; & qu'en cette confidération, Abderrame confentit à ratifier la Paix avec Don Silo. Dans des tems fi obfcurs & fi peu féconds en Hif

(4)

hronique d'ALFONDA le Grand, la|| (8) Don ALFONSE le Grand.

Chronique & d'autres.

Tome II.

srr

toriens

ANNE'E DE aveugles.

J. C.

775. 776. Tranflation

Ste. Eulalie

de Mérida

Don Silo.

E

il faut néceffairement aller à taton comme les

En cette année 776. Don Silo commença à faire bâtir à Pravia l'Eglife, ou felon d'autres, le Monaftére de Saint du Corps de Jean l'Evangeliste. Comme les Eglifes ont été célébres en tout tems par les Reliques des Saints que l'on y a vénédans une E. rées, il tâcha d'obtenir le Corps de Sainte Eulalie de Méglife fondée à rida, afin d'illuftrer celle qu'il faifoit conftruire. J'ignore Pravia par précisément le moïen qu'il emploïa pour y parvenir, fi ce fut par le canal de fon beau- frere Mahométan qui avoit épousé la fœur de ce Prince, comme je me l'imagine, ou fi ce fut en le demandant à Abderrame, ou en lui faifant quelques préfens, ou en le lui rachetant pour quelque fomme d'argent. Au refte, de quelque maniére que la chofe fe foit paffée, le Corps de la Sainte fut apporté de Mérida, jufqu'aux Afturies, & placé dans l'Eglife de Pravia, fondée par Don Silo, d'où le Roi Don Alfonfe le Chafte le fit par la fuite transférer à Oviédo (A).

777.

& une bonne

Quoique Abderrame tâchât de s'attacher les fils de Juzif, Saragoffe, en leur donnant & en leur confiant les meilleurs Gouvernepartie de l'A- mens de fes Etats, la blessure que leur avoient faite dans le ragon fe met- cœur la dépouille & la mort de leur pere, étoit si profonde protection de que tous les remédes que l'on appliquoit, ne pouvoient la Charlema- guérir entiérement. Ibin-Algrabi Gouverneur de Saragoffe,

tent fous la

gne.

& Abiatar Gouverneur de Huefca & de tout le Païs d'Ara-
gon, qui s'étend jufqu'au pied des Pyrénées, convinrent
de fe liguer ensemble, & de fecouer le joug de leur Prin-
ce. Prévenu qu'ils étoient trop foibles par eux-mêmes pour
fe maintenir dans leur révolte, ils réfolurent de fe rendre
Vaffaux de Charlemagne, Roi de France, dont les ex-
ploits & les Victoires faifoient l'admiration & l'effroi de
toute l'Europe. Etant tous deux paffés en France, ils alle-
rent trouver ce Monarque à la Diéte de Paderborn. Aiant
obtenu audience, ils expoferent à Charlemagne le fujet de
leur voïage, & lui repréfenterent que l'Efpagne foumise à
la tyrannie d'Abderrame, Ennemi cruel du nom Chrétien,
offroit une vafte carriere à fes Conquêtes. Charlemagne
flatté d'avoir pour Vaffaux des Gouverneurs dans ces
Quartiers, par l'efpérance de procurer du foulagement aux
Chrétiens qui y avoient leur demeure, reçût avec joïe leur
(4) Monumens de l'Eglife d'Oviedo, MORALES, MARIET. VILLEGAS & d'autres.

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