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ERE DES-
PAGNE.

882.

ce Comte rébelle fut condamné à mort dans l'Affemblée
des Grands du Roiaume (A).

ANNE'E
J. C.

DE

Guillaume

De quelque maniére que la chofe fe foit paffée, Guillau- 844. me, fils du Comte, ne fçut pas plûtôt le fort de fon pere, fons me qu'il fe mit en Campagne à la tête de fes Troupes, & s'em- la venger, & a para de Toulouse, jurant de ne rien épargner pour ven- recours à Ab. ger la mort de Bernard. Ne fe croïant pas néanmoins affez derrame. en sûreté dans cette Ville, où il fut bien-tôt affiégé par le Roi Charles, il s'évada & se sauva en Espagne, où il se rendit Vaffal d'Abderrame **, dont il implora le fecours, pour conferver & recouvrer le Gouvernement de fon pere. Abderrame, qui fouhaitoit ardemment de mettre fous fa Domination tout ce que les François avoient conquis fur fes Prédéceffeurs, faifit avec avidité cette occafion qui lui paroiffoit fi favorable à fes vûes. Il donna des Troupes à Guillaume, qui étant repaffé dans la Gaule Narbonoife, les incorpora avec d'autres qui lui étoient dévouées. Avec ce Corps d'Armée, Guillaume courut la Campagne, & fit quelques dégâts; mais il paroît que les Généraux de Charles étant accourus avec des forces fupérieures aux fiennes, il fe retira en Espagne fous l'appui & la protection d'Abderrame (B).

voiage que

En cette année Saint Euloge Prêtre, natif de Cordoue, Commence réfolut de fortir de fa Patrie, pour chercher fes deux freres, ment d'un Alvare & Ifidore, qui étoient allés voïager en France & s. Euloge fit en Allemagne avec des Marchandises de prix ; parce que en Espagne, les Mahometans s'étant emparés de tous les biens en fonds, le Commerce & le Mécanisme étoient les feules reffources qui reftaffent aux Chrétiens, pour fubfifter & pour païer Les tributs exceffifs dont ils étoient accablés par leurs Souverains. Etant donc parti, il voulut paffer en France par

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guedoc ne parlent point de cette fuite
de Guillaume auprès du Roi de Cor-
douë. Ils difent feulement fous l'année
34. qu'il alla trouver ce Prince par
ordre de Pepin, à qui il étoit attaché,
pour négocier avec lui une ligue, l'en-
gager à rompre la paix avec le Roi
Charles le Chauve, & à attaquer la Sep.
timanie. Ils ajoûtent qu'il étoit chargé de
travailler en même tems à faire foulever
cette Province, & de ne rien oublier
pour s'en rendre maître. On verra par
la fuite ce qu'on doit penfer de tout ceci,
Eeee

ANNE'E DE J. C. 849.

La Chronique d'Iria rapporte, que Don Ramire II. devant fe mettre en Campagne contre le Roi de Cordoue, alla dabord vifiter le Tombeau & le Corps de Saint JacA quelle oc ques, & qu'il fit ce Vou au Saint Apôtre, fi par son interquelle manié- ceffion Dieu lui accordoit la Victoire fur fes Ennemis ; de re il fut fait. forte que l'aïant obtenue dans la bataille de Cimencas, le tribut demeura établi. Il fuit de-là que la Chartre origina

cafion & de

850.

le aïant été perdue, on forma, pour y fuppléer, celle qui
a été contestée, comme l'on en voit beaucoup d'autres faites
pour le même fujet, ou pour d'autres motifs, dont je par-
Îerai dans les Réfléxions fur ce Siècle.

gar

Charles, Roi de France, voïant que Guillaume s'étoit
emparé de Barcelone & d'Ampurias, eut foin de bien
nir les Frontiéres d'Efpagne, de Soldats & d'habiles Gé-
néraux pour les mettre à couvert de fes entreprises (A).

Don Ramire glorieux par fa piété & par fa valeur, mou-
Mort de Den rut dans un âge très-avancé le premier jour du mois de
Ramire.
Février, après avoir régné fept ans *. Il fut marié deux
fois; la premiére avec Doña Paterne, & la feconde avec
Doña Urraque; on l'enterra dans l'Eglife d'Oviedo, dans
la Chapelle que Don Alfonfe le Chaste avoit fait bâtir pour
la fépulture des Rois, où l'on voit fon Epitaphe. Don Or-
dogno fon fils, & de la Reine Doña Paterne, digne héri-
tier de fa vertu & de fa valeur, lui fuccéda à la Couronne,
aïant déja un certain âge. C'est ce que l'on apprend de Don
Alfonfe le Grand, & de la Chronique d'Oviedo, qui se ter-

mine à cette année.

(4) Annales de Saint Bertin.

Mariana, qui s'accorde avec Ferreras fur l'année de la mort du Roi Don Ramire, convient auffi que ce Prince avoit régné fept ans accomplis. Par cet aveu, il fournit contre lui des Armes, dont le fuccès n'eft point douteux touchant fon Epoque de l'avénement de Don Ramire à la Couronne, & de la mort de Don Alfonfe for Prédéceffeur; car fi celui-ci n'avoit terminé fa vie, & laiffé le Trône vacant qu'en 845. comment l'autre qui lui fuccéda, auroitil pû en 85. avoir régné fept années accomplies? L'im, offibilité de concilier ces deux Points, & les contradictions le font affez fentir d'elles-mêmes, pour que l'on ne puiffe douter du Parachronifie de Mariana fur la mort de

Don Alfonfe Prédéceffeur de Don Ra-
mire. Le P. d'Orléans qui eft tombé
dans la même faute, fait auffi conno
tre fon Parachronisme, en mettant en-
tre la mort du Roi Don Alfonfe & cel
le de Don Ordogno Succeffeur de Don
Ramire, dix-neuf années. En effet, fiDon
Ordogno eft mort, felon lui, en 862.
après douze années de Régne, ce Mo-
narque doit néceflairement être monté
fur le Trône en 850. année qu'il faut
par conféquent que cet Ecrivain recon-
noiffe avec les autres Hiftoriens pour
la huitième année courante du Régne
de Don Ramire : ce qui ne pourroit pas
étre, fi le Roi Don Alfonfe n'eût termi-
né la vie & n'eût laiffé le Sceptre à
celui-ci qu'en 84.5.

ERE D'ES

PAGNE.

887.

888

ERE D'ES

PAGNE,

888.

ANNE'E DE

J. C. 850.

Le Roi Or

dogno fon fils

Sur ces entrefaites, les Vafcons d'Alava fe fouleverent contre le Roi Don Ordogno, à la follicitation de quelques Grands du Roïaume, qui voïoient avec douleur que la Couronne devenoit héréditaire dans une même famille. II paroît même qu'ils fe lierent avec les Mahometans, pour fegnale par pouvoir fe foutenir dans la prétendue liberté. Don Ordo- fes exploits, gno inftruit de ce qui fe tramoit, fe mit auffi-tôt à la tête de fon Armée, fondit fur les Rébelles, les châtia sévérement, & les fit entrer dans le devoir. Lorsqu'il s'en retournoit, il eut avis que les Troupes Mahométanes deftinées à feconder les Vafcons, s'avançoient à fa pourfuite. Sur le champ, il retourna fur fes pas, & donnant fur elles brufquement, il les battit à plate couture; de forte qu'il fe retira comblé de gloire (Â).

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Les Navar

rois fe met

tent fous la

Les Navarrois, qui fe gouvernoient déja par eux-mêmes, fe nommant des Comtes & des Ducs, commencerent à redouter les Armes du Roi Don Ordogno. Pour s'en garantir, protection des ils envoïerent leurs Députés avec quelques préfens au Roi François. Charles, dont ils reclamerent la protection, affectant par néceffité de montrer de la dépendance (B).

Les noms des Députés font Induon & Micion, qui ont été corrompus, fi l'on en croit de Marca, Pagi, & d'au

tres.

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Fin tragi

laume.

Il paroît que Guillaume, fils de Bernard, Comte de Barcelone, vouloit s'emparer de tout ce que les François pof- que de Guilfédoient en Catalogne, & qu'il trouva le moïen de se faifir des Comtes Ademare & Ifembard, lefquels il emmena prifonniers à Barcelone. Aïant reçu dans cette Ville un grand renfort du Roi Abderrame qu'il réunit à fes Troupes, il alla fe camper proche de Girone. Sur cette nouvelle, les Comtes de la Frontiére affemblerent leurs Troupes, marcherent à lui, l'attaquerent, tuerent la meilleure partie des Mahométans, & contraignirent Guillaume de prendre la fuite, & de fe retirer à Barcelone, où il perdit la vie peu de tems après. Pendant fon absence, Ademare & Ifembard, qui avoient beaucoup d'amis dans la Place, tramerent con tre lui une confpiration qui éclata dans le tems qu'il s'y at tendoit le moins. Les Conjurés, qui ne cherchoient qu'une occafion favorable pour l'exécution de leur projet, en trou,

(4) Don ALFONSE le Grand, LE (B) La Chronique de FONTENEL MOINE de Silos & d'autres,

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LE

F fff ij

ANNE'E

J. C.

850.

DE

Les Chré

tés par Abderrame.

tyr:

verent une telle qu'ils la fouhaitoient; de forte que s'étant
jettés fur Guillaume comme des furieux, ils le poignarde- ERE D'ES
rent, & ils remirent la Place fous la Domination Fran-
çoife (A).

Abderrame curieux d'embellir Cordoue, où il tenoit fa
Cour, en fit paver les Places & les rues, & y fit conduire
du dehors de la Ville de l'eau par des tuïaux, pour con-
ftruire quelques Fontaines, fur-tout proche de la Citadel-
le, & dans d'autres endroits publics (B).

En cette année, commença à Cordoue la Perfécution des siens perfécu Chrétiens, dans laquelle tant de Fidéles ont obtenu glorieufement la Couronne du Martyre. Voici ce qui y donna origine. Quelques Mahométans aïant demandé d'un air S. Parfait d'amitié au Prêtre Saint Parfait ce qu'il penfoit de leur RePrêtre &Mar- ligion, le Saint s'expliqua avec franchise & fans détour. Sur fa réponse, ils l'accuferent de mal parler de la Religion Mahometane, ce qui étoit défendu aux Chrétiens fous .. peine de mort. Auffi-tôt, il fut arrêté, mis en prison & chargé de fers très-péfans, jufqu'à ce que confeffant toujours avec conftance le Saint Nom de Jefus-Christ, il eut la tête tranchée le dix-huitiéme jour d'Avril, & alla ainsi recevoir la Couronne éternelle de la Gloire (C).

Martyre d'un Marchand Chrétien.

Peu après la mort de Saint Parfait, les Mahométans arrêterent un riche Marchand Chrétien, appellé Jean, fous prétexte qu'il faifoit à l'extérieur quelques démonstrations, en dérifion de la Religion Mahométane, dans les achâts & les ventes qu'il faifoit. Comme le témoignage de ceux qui l'accufoient, ne paroiffoit point fuffifant pour le condamner à mort, on le fit fouetter cruellement. Jean déclara alors ouvertement, qu'il n'avoit dit ni fait ce qu'on lui reprochoit; mais que jamais il ne renieroit Jefus-Christ. Le Juge irrité de ce difcours, fit redoubler les coups de fouets, & lorfque les Bourreaux fatigués l'eurent laiffé à demimort, on le mit fur un Afne, la tête tournée vers la queuë de l'animal. Après qu'on l'eut ainfi promené par toute la Ville, on le reconduifit en prifon, où chargé de chaînes, il obtint au bout de quelque tems la Couronne du Martyre (D)..

(4) Annales de Saint Bertin, & la Chronique de FONTENELLE.

(B) Don RODERIC dans l'Hiftoire des Arabes.

(C) S. EULOGE, Liv. 1. & 2. chap... (D) S. EULOGE, Liv. 1. duMémorial des Saints

PAGNE, 888

PAGNE. 888.

Le Monaftére de Saint Jean de la Pegna eft un des plus

J. C.

Monaftére de

ERE D'ES- célébres de la Couronne d'Aragon & de toute l'Efpagne. ANNE'E DE Tous les Historiens qui en parlent, penfent différemment 850. fur le tems de fa Fondation *. Les Continuateurs de Bollan- Origine du dus produisent au 29. de Mai trois Actes qui lui font pof- 5. Jean de la térieurs, & qui ont été tirés avec beaucoup de foin de ceux Pegna. que l'on conferve dans ce Monaftére, fans que je puiffe m'en fervir avec afsûrance pour la Chronologie. L'origine de ce Monastére y eft racontée de la maniére qui fuit.

Il y avoit dans la Ville de Saragoffe deux freres, Saint Vote & Saint Felix. Quoiqu'ils fuffent de la premiére Nobleffe des Chrétiens de cette Ville, & qu'ils poffédaffent des biens confidérables que leurs Ancêtres leur avoient laiffés, ils étoient encore plus illuftres par leur vertu que par leur naiffance & par leurs richeffes. Saint Vote, qui aimoit beaucoup la chaffe, alla un jour chaffer du côté de Jacca dans les Montagnes, où eft aujourd'hui fondé le Monastére. Aïant lancé un Cerf, il le pourfuivit à toute bride avec fes chiens, & l'animal preffé, fe précipita du haut en bas d'une roche qui étoit coupée & fe tua de la chûte. Saint Vote qui le fuivoit de près, étant arrivé au précipice, fut saist d'effroi à la vûe du danger où il étoit. Pour s'en garantir, il invoqua auffi-tôt avec une foi vive Saint Jean-Baptifte, le Glorieux Précurfeur de Jefus-Chrift, & Dieu permit à l'inftant que le cheval demeurât immobile, comme s'il eût été cloué fur le bord du précipice, où la mort étoit inévitable pour fon Maître & pour lui, s'il eût fait un pas de plus.

Saint Vote pénétré de reconnoiffance, mit prompte-
ment pied à terre, & rendit graces à Dieu & à Saint Jean-

* Si l'on en croit Mariana, ce Mo- Saint Jean, qui avoit bâti la Chapelle,
naftére, ou fi l'on veut la Chapelle dont étant mort fur ces entrefaites, une fou-
il tire fon, origine, fubfiftoit dès le tems le de Peuple accourut à fes funerail-
que Don Pélage régnoit dans les Aftu- les. Entre ceux qui affifterent à fes ob-
ries. Pour prouver que c'eft fon opi féques, il fe trouva fix cens Gentils-
mion, il ne faut qu'obferver qu'il mar-hommes, qui raffemblés ainfi, foit par
que que les Chrétiens établis ou fugitifs
fur les Monts Pyrénées, animés d'une
noble ardeur, & excités par l'exemple
des Afturiens, qui venoient de choisir
Don Pélage pour leur Chef & leur
Roi, formerent la généreufe réfolu-
tion defecouer le joug des Mahomé-
mans, & de fe donner auffi un Chef. 11

hazard, foit à deffei, fe communi-
querent leurs vûes, & ne fe féparerent,
qu'après avoir élu & reconnu pour
Chef, Don Garcie Ximenez, qui prie
le Titre de Roi de Sobrarvé. On ver-
ra par
la fuite de l'Hiftoire & par quel--
ques Notes, que tout ce récit eft une:
Fable inventée à plaifir.

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