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PAGNE.

932.

En cette année 894. Witiza un des principaux Seigneurs

DE

J. C. 894. Witiza fe

Galice.

Sa défaite & fon châtiment.

ERE D'ES- de la Province de Galice, viola la fidélité qu'il devoit à ANNE'E fon Souverain, & fe révolta, mettant en ufage divers moïens pour se faire un puiffant parti, & tourmentant fortement ceux qui montroient le plus de zéle pour le Roi. Ce fou- fouleve en levement devint fi redoutable, que le Roi Don Alfonse fut contraint d'emploïer les Armes pour l'appaifer. Le Monarque aïant donc affemblé quelques Troupes, les envoïa contre le Tyran, fous la conduite du Comte Hermégilde, grand-pere de Saint Rofend, lequel s'acquitta de cette commiffion avec tant de valeur & de prudence, qu'il défit Witiza, le prit prifonnier & le conduifit au Roi *. On croit que Don Alfonfe fit punir le Tyran, qui eut tous fes biens confifqués, dont une partie fut la récompenfe du service fignalé que le Comte Hermégilde venoit de rendre à P'Etat (A).

933.

895: Autres trou

Malgré le châtiment de Witiza, quelques efprits inquiets qui lui étoient attachés, ne virent pas plûtôt les Troupes bles en Galice du Roi retirées, qu'ils commencerent à remuer de nouveau. caufes par Sarracin & Sandine fa femme, furent ceux qui allumerent Sacracin, & ce feu dans la Galice contre le Roi Don Alfonfe. J'en appaifés. ignore le motif, mais quel qu'il foit, je m'en tiens toujours à ce principe, que jamais Sujet ne peut en avoir de juste pour manquer à la fidélité qu'il doit à fon Prince. Sur cette nouvelle, le Roi Don Alfonfe, fit marcher des Troupes contre le Rébelle, dont tous les biens furent confifqués; mais l'on ignore quel châtiment fubit Sarracin (B). Pendant que des Sujets audacieux s'attiroient ainfi la colére de Dieu & celle de leur Roi, S. Gennade & fes Compagnons fe rendoient recommendables par leur Sainteté dans le Vier

(4) Privilége de l'Eglife de Saint Jacques dans MORALES, CASTELA & d'autres.

(B) Chartre de l'Eglife de Saint Jacques dans Don MAURO DE CASTELA.

* Mariana garde le filence fur cette révolte, & fur celle qui te fit l'année suivante. Il y a fuppléé par une autre dont il n'eft pas facile de fixer le tems, parce qu'on voit en marge années 888. & fuivantes. Au refte, il dit que le Comte Don Zuria Gendre de Zénon, dont il a été parlé dans une Note fous l'année 868. fit foulever les Bafques contre Don

Alfonfe, fe mit à leur tête, battit le
Prince Don Garcie, envoïé par le Roi
fon pere pour le dompter, & eut en-
fuite l'infolence de fe faire reconnoître
Seigneur Souverain de la Bifcaye, fans
que le Roi fe mit en devoir de le réduire.
Mais comme l'on ne fçait d'où il a tiré
cette lumière, & que Ferreras ne parle
point d'un événement fi confiderable,
après en avoir rapporté plufieurs autres
bien moins importans, il me femble
que l'on peut en douter, jufqu'à ce que
l'on produife de bonnes autorités an-
cieunes,

Monaflére

de S. Pierre des Monts

J. C.

895.

PAGNE.

933

dans le Défert du Vierze. La haute réputation de ces vrais ANNE'E DE Serviteurs de Jesus-Christ, porta Ranulfe Evêque d'Aftor- ERE D'ES ga à relever le Monaftére de Saint Pierre, que le Glorieux ze relevé & Saint Fructueux avoit bâti dans ces lieux folitaires, & que repeuplé. Saint Valére avoit aggrandi. Lorfqu'il l'eut rétabli, il y mit pour Abbé l'Illuftre Saint Gennade, qui y fit bien-tôt florir cette Vie Monaftique, que l'on y admire encore aujourd'hui. Ce Monaftére eft le même que l'on appelle Saint Pierre des Monts, & on y observe la Régle de Saint Benoît (A).

gne,

896.

Véré

lice contre

en

Des cendres des deux féditions qui s'étoient élevées en Froila, Nu Galice, & qui avoient été diffipées, on en vit naître une mond & troifiéme, dont les fuites étoient beaucoup plus à craindre. Odoaire conf Un nommé Froila en fut l'auteur & il étoit foutenu par fes pirent en Gafreres Nugne, Vérémond & Odoaire. Ce téméraire n'afDon Alfonfe. piroit à rien moins qu'à ôter le Trône & la vie à Don Alfonfe. Quelques Historiens ont avancé qu'il étoit frere du Roi *; ce que j'ai d'autant plus lieu de révoquer doute, que le Moine de Silos dit que le Roi Don Alfonfe étoit fils unique du Roi Don Ordogno. La confpiration ne put être tenue fi fecrette, que Don Alfonfe n'en eût avis, avant que l'on pût exécuter un fi noir complot. Froila, qui fçut qu'elle avoit tranfpiré, s'enfuit au plûtôr avec fes freres vers la Caftille pour se mettre à labri de l'orage qui les menaçoit; mais le Roi les aïant fait suivre, Leur puni- ils furent pris, & pour punition de leurs crimes, Don Alfonfe leur fit créver les yeux, & les condamna à une prison perpétuelle (B).

tion.

troubles dans

897. Vérémond, quoiqu'aveugle, trouva le moïen de s'évader Nouveaux du lieu où on le tenoit enfermé, & de fe rendre à Aftorles Etats de ga, où il y avoit plufieurs perfonnes qui lui étoient dévouées. Don Alfonfe, A fon arrivée, la Ville fe fouleva en fa faveur, de même appaifés, que Bentofa, appellée préfentement Laftanofa. Perfuadé qu'il avoit befoin de forces Etrangeres pour se maintenir

(4) Chartre de la Fondation par RA NULFE, inférée dans le Privilége de Don Ordogno II.

(B) SAMPIRE, & les autres,

Du nombre de ceux qui ont embraffé cette opinion, eft Mariana, lequel met cette confpiration peu après la prétendue révolte de fon Bernard-del Carpio, qu'il a fixée en 874. Il a été

fuivi par le P. d'Orléans, qu'il a induit
ainfi en erreur fur la Chronologie de cet
événement, & fur la fraternité des qua-
tre Chefs des Rébelles avec le Roi Don
Alfonfe, puifque ce Monarque étoit fils
unique, fuivant le Moine de Silos; &
que la conjuration dont il s'agit, ne
commença qu'en 896. & ne fut entié-
rement éteinte que l'année fuivante.

dans

934

9358

dans fa révolte, il eut recourslaux Mahométans, qui lui enE D'ES- Voierent quelques Troupes qu'il fit entrer dans Aftorga.

AGNE.

935.

Don Alfonfe, qui fçavoit combien il eft important de diffiper dès leur naiffance les mouvemens féditieux, affembla au plûtôt fes Troupes, & marcha à leur tête vers Aftorga pour réduire cette Ville, & châtier le Tyran. Vérémond la défendit pendant quelque tems avec une valeur extraordinaire. Reconnoiffant néanmoins qu'il feroit à la fin obligé de fuccomber, fi le Roi de Cordoue ne le fecouroit, il députa à ce Roi Mahométan une perfonne de confiance, pour lui demander un renfort de Troupes, avec lequel il pût fe maintenir dans fes intérêts; lui faisant entendre, que plus Don Alfonfe auroit d'occupations dans fes Etats, moins ce Monarque feroit en état d'inquiéter fes voifins.

ANNE'E DE

J. C.

897.

fidéles, & fait

avec eux.

Abdalla fit auffi - tôt partir quelques Troupes pour le Don Alfon fecourir, fous la conduite d'un de fes Généraux les plus afi- fe bat les Indés. Celui-ci aïant fait fçavoir à Vérémond qu'il s'appro- une Treve choit avec un Corps d'Armée, le Tyran fortit d'Aftorga, fans que l'on fçache s'il y fût contraint par la crainte d'être pris dans cette Ville, ou s'il le fit, pour fe rendre aux Troupes Mahométanes & livrer bataille au Roi Don Alfonfe. Quoi qu'il en foit, le valeureux Roi, aïant appris l'approche des Mahométans, alla fiérement à leur rencontre avec fon Armée, leur livra bataille dans la Plaine de Grajal de Ribera, fur le bord de la Riviére d'Ezla, & les tailla en piéces. La meilleure partie des Ennemis périt dans cette action, & les autres ne trouverent leur falut que dans la fuite. Du nombre de ces derniers fut Vérémond, qui, quoiqu'aveugle, fe réfugia dans les Etats du Roi de Cordoue. Au bruit de cette victoire, Aftorga, Bentofa & les autres Places qui s'étoient déclarées en faveur du Tyran, rentrerent dans leur devoir. Il paroît qu'Abdalla après cette déroute, convint avec le Roi Don Alfonfe d'une trêve de quelques années (A).

d'Aftorga S.

Peu de tems après que le calme eut été rétabli dans la Mort de RaContrée d'Aftorga, mourut Ranulfe Evêque de cette Ville. nulfe Eveque Saint Gennade Abbé de Saint Pierre des Monts, fut facré Gennade fon fon Succeffeur en cette année ou la fuivante, par ordre du Successeur. Roi qui connoiffoit fa Sainteté. C'eft ce qu'infinuent Mo

(4) SAMPIRE & la fuite de l'Hiftoire.
Tome II.

PPPP

ANNE'E
J. C.

897.

DE

rales & Pellicer, & ce que confirme le Teftament du Saint qui le date de l'an 915. & qui dit, que quand il le fit, il y avoit plufieurs années qu'il étoit Evêque. Or, fi Goméle ou Gomade eût été une perfonne diftincte de ce Prélat, S. Gennade n'auroit pû avoir été élevé à l'Epifcopat que vers l'an 901. parce que Goméle ou Gomade affifta à la confécration de de l'Eglife de Saint Jacques & au Concile d'Oviedo tenu en 900. d'où il fuit qu'il n'auroit pû avoir été Evêque que quatorze ou quinze ans ; ce qui ne s'accorderoit pas avec le long tems dont il parle. Il fuit de-là que la Soufcription de Saint Gennade eft mal copiée, lorfque l'on met Goméle ou Gomade. Saint Gennade fut remplacé par Saint Vincent dans la dignité d'Abbé de Saint Pierre des Monts (A). Don Alfonfe fe trouvant un peu tranquille, & voïant Le Roi Don que l'Eglife de Saint Jacques étoit prefque achevée, tourmande au Pa- na tous fes foins au rétabliffement de la Difcipline Ecclépe fon agré- fiaftique; parce que, quoiqu'il y eût dans fon Roïaume des ment pour Evêques, les Eglifes Métropolitaines étoient ou détruites, daus fes Etats comme celle de Tarragone, ou fous la Domination des un Métropo- Mahométans, comme Toléde, Mérida & Séville, ou peu af

898.

'Alfonfe de

faire ériger

litain.

Jean IX. le

fûrée, telle que Brague, qui n'avoit qu'un Evêque Titulaire,
n'étant point encore affez fortifiée pour être à l'abri des in-
curfions des Mahométans. Cependant le Roi étoit convain-
cu de la néceffité d'avoir dans fes Etats un Métropolitain,
qui pût convoquer les autres Evêques, tant pour célébrer
des Conciles, que pour connoître de leurs propres excès
& des autres affaires Eccléfiaftiques. Mais comme cette
érection ne se pouvoit faire qu'avec l'agrément & par or-
dre du Pape, il envoïa à Rome deux Prêtres, Sévére &
Sindéred avec des Lettres pour prendre à ce sujet avec le
Pontife les arrangemens qu'il jugeroit à propos, & pour
lui demander la permiffion de confacrer folemnellement
l'Eglife de Saint Jacques, ce que Don Alfonfe fouhaitoit
ardemment.

La Chaire de Saint Pierre étoit alors remplie par Jean Lui accorde. IX. qui avoit été élu le 12. de Mars de la présente année 898. Les deux Prêtres étant arrivés à Rome, remirent au Pape Jean les Lettres du Roi qui l'informoit de l'état où étoit l'Eglife dans fon Roïaume, & des victoires que Dieu lui avoit accordées. Ces nouvelles & celles que lui donne(4) SANDOVAL dans la Fondation de S. Pierre des Monts

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ERE D'ES

PAGNE.

936.

ANNE'E DE
J. C.

898.

rent de bouche les deux Envoïés, firent beaucoup de plaisir
au Pontife, lequel après avoir délibéré fur l'affaire qui les
amenoit, permit de confacrer le Temple de Saint Jacques,
de célebrer un Concile, & de nommer un Métropolitain
parmi les Evêques des Etats du Roi Don Alfonfe. Pour cet Il lui écrit
effet, le Pape écrivit deux Lettres, l'une au Roi & l'autre deux Lettres
à tous les Evêques, Abbés & Fidéles de fes Domaines. Il & une aux
Evêques de
en écrivit encore une autre au Roi Don Alfonfe en particu- fon Roïau
lier, pour louer fon zéle & fa dévotion, & pour lui de- me.
mander quelques Troupes de Cavalerie bien armées, que
T'on appelle en Langue Espagnole: Cavallos Alfaraces, afin
qu'avec l'expérience qu'ils avoient acquife dans les guer-
res des Mahométans d'Efpagne, ils puffent enfeigner la
maniére de fe battre avec ceux d'Afrique qui tourmentoient
fi fort P'Italie. Il remit les deux premiéres à Sévére & à
Sinderéde, & il chargea de la troifiéme Renaud qu'il dé-
puta au Roi Don Alfonfe, & qui fe rendit en Espagne
avec les deux Envoïés du Roi. Dès qu'ils furent arrivés,
ils donnerent les Lettres au Roi qui les reçut avec plaifir,
& qui les communiqua auffi-tôt à tous les Evêques & Ab-
bés de fon Roïaume; de forte que l'on prit des mefures,
tant pour
la confécration du Temple de Saint Jacques, que
pour la célébration d'un Concile, & l'élection d'un Mé-
tropolitain (A).

Quantité d'Historiens Espagnols ont jugé que cet événe-
ment appartient à l'an 871. parce que dans l'Hiftoire de
Sampire, que
Sandoval a fait imprimer, les Lettres du Pon-
tife font datées du mois de Juillet de l'Ere 906. mais l'on
a plufieurs preuves de la fauffeté de cette Copie; c'est pour-
quoi tout ceci appartient à la préfente année, comme le
portent la Copie de Sampire, que Pellicer a eûe en fon
pou-
voir, & plufieurs autres anciennes. Pour fe convaincre de
la vérité de ce que j'avance, je crois que les réfléxions qui
fuivent, fuffiront.

Suivant l'opinion de ces Hiftoriens, ces Lettres ont été
écrites ou reçues dans le mois de Juillet de l'année 871.
Or, Jean VIII. n'a été élu Pontife que le 14. de Décembre
de l'an 872. comme on le voit par les Catalogues les plus
exacts des Papes; ainfi elles ne peuvent être de lui en cette
année, dans laquelle il n'étoit point encore Pontife. Quel-
(4) SAMPIRE, Don RODERIC,, Don Lucas & les autres.

Pppp ij

Erreurs de

plufieurs Hi

toriens au fujet de ces Lettres, relevécs,

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