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ANNE'E J. C. 465.

DE

lique pour l'Arianifme.

Mort de Sévére.

Lettre du Pa

aux Evêques

nifme. Non-content d'avoir fait cette fauffe démarche, il
ne fe laiffoit point de faire prier par fes Ambaffadeurs fon
beau-pere Théodoric de lui envoier des Miniftres, qui pus-
fent foutenir la Secte d'Arius contre les Evêques Ortho-
doxes. Son beau-pere à la fin laflé de fes follicitations,
lui envoia un Evêque Arien, nommé Ajax, natif des Gau-
les, lequel infecta de fes erreurs la plupart des Suéves; &
je crois qu'à ce fujet, il s'éléva quelques féditions, ce qui
fit
que Théodoric rappella Arborius pour s'informer de ce
qui fe paffoit en Espagne (4).

Le 15. d'Août de cette même année l'Empereur Sévére
mourut de maladie, fuivant les uns, & empoisonné, felon
d'autres, par ordre de Ricimer (B).

Pendant que la Religion Catholique commençoit ainfi à recevoir un échec dans la Galice, les Evêques de la Province de Tarragone touchés de voir que la Difcipline Eccléfiaftique fe relâchoit en beaucoup de points, tant par la tolérance que l'on avoit pour Silvain, Evêque de Calahorra, que par leur indulgence au fujet de la fucceffion d'Irénée à l'Evêché de Barcelone, écrivirent deux Lettres au Pape Hilaire pour le prier de remédier à ces abus. Sur cette nouvelle, Silvain obtint des Lettres en fa faveur des Villes & Places de Tarazone, de Cafcante, de Calahorra, de Varia qui eft aujourd'hui un petit Village, proche de Logrogno, de Léon & d'autres endroits, & les fit tenir aufli au Pontife, pour se justifier de ce qu'il avoit fait.

Le Pape S. Hilaire aïant reçu ces Lettres, ordonna qu'on pe S. Hilaire les lût le jour que l'on célébroit l'Anniversaire de fon Exalde la Provin- tation, en préfence des Evêques d'Italie qui devoient se rafce de Tarra- fembler pour cette augufte cérémonie, comme c'étoit la

gone.

coutume. Après que l'on en eut donc fait la lecture dans cet-
te fameufe Affemblée, les actions de Silvain, & la succession
d'Irénée à l'Evêché de Barcelone furent défapprouvées &
condamnées ; c'eft pourquoi le Pontife de Rome écrivit deux
Lettres, l'une aux Evêques de la Province de Tarragone,
& l'autre en particulier à Afcanius, leur Métropolitain,
dans laquelle il marqua; 1°. Que l'on eût à s'abstenir de
facrer aucun Evêque fans la permiffion du Métropolitain.

(4) IDACE.

(B) IDACE, MARCELLIN, SIDOINE APOLLINAIRE, PAUL Diacre, la CHRO

NIQUE ANONYME d'ONUPHRE PAN

VINI.

ERE D'ES

PAGNE.

503.2

ERE D'ES

PAGNE.

503.

504.

505.

J. C.

465.

466. Prife d'Au nona par les

Suéves.

2o. Qu'aucun Evêque n'abandonnât fon Siége pour aller à
un autre. 3°. Qu'Irénée eût à quitter l'Eglife de Barcelone ANNE'E DE
& à retourner à la fienne. 4°. Qu'Afcanius eût à dépofer
tous les Evêques qui feroient facrés contre les Canons, tels
que les Ignorans, les Bigames, les Difformes, ou ceux qui
auroient fait pénitence publique, défendant qu'il y eût deux
Evêques dans une même Eglife, & menaçant Irénée d'être
dépofé, s'il refufoit de retourner à fon premier Siége. Il fit
porter à Afcanius cette Lettre datée du 30. Décembre de
cette année par un de fes Sous-Diacres, nommé Trajan (A).
Les Suéves, fuivant leur coutume, furprirent Aunona,
& y commirent de grands défordres : cette Place étoit fur
les Confins de l'ancienne Galice, entre le Duero & le Mi-
gno, & a été nommée, à ce que je m'imagine, Abona, de
La Riviére Abus, appellée aujourd'hui par corruption Ri
viére d'Aves. Dans cette extrêmité, les Citoïens députerent
au Roi Théodoric un des principaux d'entre eux, nommé
Opilion, pour le prier de faire ceffer les hoftilités de Ré-
mifmond & de les délivrer de leur oppreffion. Théodo-
ric eut égard à la demande des Habitans d'Abona, & en-
voïa à Rémismond des Ambaffadeurs qui tâcherent de le
porter à la douceur; mais le Roi Suéve non-content de fai-
re peu de cas de ce qu'ils lui dirent, les traita encore avec
beaucoup de mépris. Ceux-ci retournerent auprès de Théo-
doric, qui jugea à propos de renvoier à Rémifmond un
autre Ambaffadeur, appellé Sala, fans que l'on fçache le
fuccès qu'eut cette Ambaffade (B)

tué
par Euric

Quelque tems après, Evaric ou Euric, frere de Théodo- Théodoric ric, oubliant les loix du fang, pour n'écouter que fon am- fon frere qui bition, forma le noir projet de s'affeoir fur le Trône des fe fait faluer Gots par un fratricide. Pour l'exécuter, il fe mit à la tête Roi des Gots. de quelques Gots mécontens, qui, après avoir tué Théodo-. ric, le proclamerent Roi à Touloufe fur la fin de cette année 466. (C).

Anthemius

Comme il s'étoit écoulé, depuis la mort de Sévére, un 467. long interrégne, pendant lequel Ricimer avoit gouverné Empereur l'Empire, le Peuple Romain envoïa des Ambaffadeurs à d'Occident. l'Empereur Léon, pour le fupplier de nommer à l'Empire

A) Lettres d'AsCONIUS Métropo1itain de Tarragone, de fes Suffragans, & du Pape S. HILAIRE.

(B) IDACE, & S. ISIDORE.
(C) IDACE, JORNANDES, Hiftoire
des Gots, chap. 45. S. ISIDORE, &

J. C.

467.

d'Occident un Prince capable de mettre ordre aux affaires. ANNE'E DE L'Empereur d'Orient y confentit, & déclara Empereur & fon affocié Anthemius, gendre de Marcien, & iffû d'une illuftre famille, lequel fe rendit en Italie où il fut proclamé Empereur le 15. de Février, felon les uns, le 12. d'Avril. felon d'autres, & felon plufieurs dans le mois d'Août. Dès qu'Anthemius fut reconnu Empereur, il donna une de fes filles en mariage à Ricimer, dont le pouvoir à Rome étoit redoutable, afin de tâcher, s'il étoit poffible, de s'affûrer de lui & de fe l'attacher : ces Nôces furent célébrées avec beaucoup d'éclat & de magnificence pendant quelques jours (A).

Coimbre pillée, dépeupar les Sué

plée & ruînée

ves.

Prodige à Toulouse

pendant la renue des Etats

des Gots.

Euric qui avoit ufurpé la Couronne des Gots fur fon frere Théodoric, envoïa fes Ambaffadeurs au Roi Rémifmond, pour refferrer les noeuds de la bonne intelligencequ'il y avoit entre les Suéves & les Gots, & en fit auffi partir d'autres pour Genféric Roi des Vandales. Rémifmond de fon côté, pour s'affermir dans la poffeffion de ce qu'il avoit en Espagne, dépêcha auffi des Ambaffadeurs au nouvel Empereur, aux Vandales & aux Gots, détachant néanmoins en différens endroits quelques Partis pour piller &

ravager..

Les Ambaffadeurs des Gots & des Suéves apprirent à leur arrivée à Carthage, que les deux Empereurs équippoient une Flotte pour faire la guerre à Genféric Roi des Vandales, & en donnerent auffi-tôt avis à leurs Princes. Rémifmond fur cette nouvelle rappella les Troupes qu'il avoit envoïées au pillage, & paffa en Lufitanie à la tête de fon Armée. Etant entré dans Coimbre, fous les apparences d'une bonne correfpondance, il abandonna cette Place au pillage, il fit démolir fes maisons & une partie de ses murailles, il mit aux fers tous les Habitans qui n'eurent pas le bonheur de s'échapper, & il paffa outre, après avoir faccagé & détruit tous les environs de la Ville (B).

Euric n'eut pas plûtôt appris l'armement des deux Empereurs, qu'il tint à Toulouse les Etats des Gots, pour délibérer fur ce qu'il étoit à propos de faire dans la conjoncture préfente.. Ce fut dans cette occafion, que l'on vit le fer

(4) IDACE, le Pape Saint GELAST dans BARONIUS, CASSIODORE, MAR CELLIN, CHRONIQUE d'Alexandrie,

SIDOINE APOLLINAIRE dans le Pané

gyrique d'Anthemius.

(B) IDACE..

ERE D'ES

PAGNE.

sas.

PAGNE.

des armes que les Gots avoient dans les mains, changer fa ERE D'ES- couleur naturelle; de maniére que les unes paroiffoient vertes, d'autres de couleur de fafran, d'autres de couleur de rofe & d'autres noires, tandis que dans la même Ville la terre jetta du fang; prodiges, qui furent des préfages funeftes de ce qui arriva par la fuite (A).

505.

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ANNE'E

J. C.

467.

Suéves, &

DE

Après que les Ambaffadeurs, que Rémifmond avoit en- Lisbonne voïés à Euric, furent retournés de Toulouse en Efpagne, prife par les Euric fit passer dans cette Province un Parti de Gots, pour hoftilités des pourvoir à la fûreté des Places qu'il y avoit. Cependant Gots en ERémifmond fe campa avec fon Armée à la vûe de Lifbon- pagae. ne, & fe rendit maître de cette Place, y aïant été introduit par un de fes Citoïens, nommé Lufidius, avec qui il avoit des intrigues fécrettes. Les Gots qu'Euric avoit envoïés en Espagne, informés de la prife de Lisbonne, commencerent aussi à courir la Campagne, & à ravager fans distinction tout ce qui appartenoit ou aux Suéves, ou aux Romains (B).

Le Pape Saint Hilaire étant mort le 21. de Février, Saint S. Simpli Simplicius fut affis fur la Chaire de Saint Pierre le 5. de cius Pape. Mars (C).

La Lufitanie

Les Ambaffadeurs de Rémifmond à Anthemius, de re- 468. tour en Espagne, rendirent compte à leur Maître des pré- & les Afturies paratifs Militaires que les deux Empereurs faifoient, tant faccagées par fur Mer, que fur Terre, contre Genféric Roi des Vandales, les Suéves & & les Habitans d'Abona perdant alors tout espoir d'être par les Gots. fecourus, s'accommoderent avec le Roi Suéve. Rémismond, d'un autre côté, confidérant que les armes des Romains étoient embarraffées, alla encore faccager la Lufitanie & une partie des Afturies, tandis que les Gots faifoient de fem-blables hoftilités dans les mêmes Païs, quoiqu'en d'autres endroits. Il envoïa auffi en Ambaffade à l'Empereur Anthemius Lufidius & d'autres Suéves, mais on ignore à quel but (D).

Pluie furprenantes en E

Dans cette même année, les quatres Saifons furent très- Pêche & rudes, & l'on pêcha dans le Migno quatre Poiffons extra-ordinaires, fur lefquels étoient repréfentés des Caractéres Hébreux, Grecs & Latins qui faifoient le nombre des jours

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pagne,

(B) IDACE.

ANNE'E DE
J. C.
468.

Idace Evê

& non pas de

Lamégo, ou de Lugo.

de l'année : il plut auffi peu loin de la dépendance de Lais,
où l'on prit les Poiffons, une efpéce de Lentilles très-ver-
tes, dont la fubftance étoit fort amére (A).

Ici finit la Chronique d'Idace, que les uns avec Sigebert que de Tuy, font Evêque de Lamego, & d'autres de Lugo, mais tous afou d'Oronte, fés mal-à-propos, à ce que je m'imagine; parce que ce Célébre Ecrivain dit feulement qu'il nâquit dans la Ville de Lémica, & rend témoignage, qu'il étoit déja Evêque, du tems qu'Agreftius occupoit le Siége de Lugo. D'ailleurs, comme Frumarius le trouva à Chaves, & que cette Place étoit alors de l'Evêché de Tuy, ou de celle d'Orenfe, il me paroît plus vraisemblable qu'il fut Evêque d'une de ces Fin des lu- deux Eglifes. J'ai grand regret qu'il ne fe foit trouvé permiéres fur le fonne qui ait continué fa Chronique, du moins jufqu'au tems de Jean de Biclare, puifque cela eft caufe que l'on a très-peu de connoiffances de ce que les Gots ont fait en Efpagne, & aucunes pour ce qui regarde la continuation & la durée du Roïaume des Suéves.

Roïaume des

Suéves.

469. Tentative inutile d'Eu

Sur la réputation & fur le bruit des grandes vertus de Zénon, Métropolitain de Séville, le Pape Simplicius écrivit à ce digne Evêque, l'exhortant à veiller à l'obfervance de la Difcipline Eccléfiaftique dans toute fa Province. Delà quelques-uns ont prétendu tirer la Primatie de l'Eglife de Séville fur toutes les autres d'Espagne, comme fi c'étoit accorder à quelqu'un des prérogatives, que de lui enjoindre de remplir fon devoir (B).

Le malheureux fuccès que la Flotte des deux Empereurs, Léon & Anthemius avoit eû l'année précédente, *fit perric fur Bour- dre aux Gots la crainte que ces préparatifs leur avoit donnée. Euric leur Roi étoit déja raffûré de ce côté là, lorfque l'Empereur d'Occident & Ricimer fe brouillerent jufqu'au point, que celui-ci fortit de Rome & fe retira à Mi

ges.

(4) IDACF.

(B) Lettre de SIMPLICIUS.

Bafilic beau-frere de l'Empereur
Léon, lequel étoit infecté des erreurs
d'Eutychés, avoit eû le Commande
ment de cette Flotte & de l'Armée :
mais arrivé en Afrique, où il rempor-
ta d'abord quelques avantages, il fa-
crifia l'une & l'autre à la perfuafion
d'Afpar & d'Ardaburius, deux autres
Généraux Gots (de Nation, lefquels in-
difpofés contre Léon, lui propoferont de 11

l'afféoir fur le Tróne d'Occident, pour.
vû qu'il permit l'Arianifme, dont ils
étoient Sectateurs. Tous trois de retour
à Conftantinopie, leur trahifon fut
découverte Afpar & Ardaburius la
paierent de la vie en 470. Pour Bafilic,
il évita le méme châtiment, s'étant fau→
vé & réfugié en Thrace par le fecours
de l'Impératrice Vérine fa fœur. Ni-
CEPHORE, Liv. 15. chap. 27. MARCEL-
LIN & d'autres.

ERI D'ES
PAGNE.

506.

507.

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