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XVIII.

AVANT 1615.

EPIGRAMME,

Au nom de Monfieur Puget, pour fervir de dédicace à l'Epitaphe précédente.

Belle AME, qui fus mon flambeau,
Reçoi l'honneur qu'en ce tombeau
Je fuis obligé de te rendre.
Ce que je fais te fert de peu :
Mais au moins tu vois en la cendre

Comme j'en conferve le feu.

XIX.

AVANT 1615.

EPIGRAMME,

Pour mettre au devant des Heures de
Madame la Vicomteffe d'Auchy.

Tant que vous ferez fans amour,
CALISTE, priez nuit & jour;
Vous n'aurez point miféricorde.
Ce n'eft pas que Dieu ne foit doux:
Mais penfez-vous qu'il vous accorde
Ce qu'on ne peut avoir de vous?

XX.

AVANT 1615.

EPIGRAMME

Sur le même fujet.
Prier Dieu qu'il vous soit propice,

Tant

que vous me tourmenterez,

C'est le prier d'une injustice.
Faites moi grace, & vous l'aurez.
**

X X I.

AVANT 1615.

CHANSON.

Sus de bout la merveille des Belles; Allons voir fur les herbes nouvelles Luire un émail, dont la vive peinture Défend à l'art d'imiter la nature.

༢༣༩

L'air eft plein d'une haleine de rofes; Tous les Vents tiennent leurs bouches clofes; Et le Soleil semble fortir de l'onde

Pour quelque amour plus que pour luire au monde,

On diroit à lui voir fur la tête

Ses rayons comme un chapeau de fête, Qu'il s'en va fuivre en fi belle journée

Encore un coup la fille de Penée.

*

Toute chofe aux délices confpire,

Mettez-vous en votre humeur de rire;

Les foins profonds d'où les rides nous viennent, A d'autres ans qu'aux vôtres appartiennent.

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Il fait chaud: mais un feuillage fombre Loin du bruit nous fournira quelque ombre, Où nous ferons parmi les violettes

Mépris de l'ambre & de fes caffolettes.

Près de nous fur les branches voisines

Des genets,
des houx & des épines,
Le Roffignol déployant fes merveilles
Jufqu'aux rochers donnera des oreilles.

Et peut-être à travers des fougeres, Verrons-nous de Bergers à Bergeres Sein contre fein & bouche contre bouche, Naître & finir quelque douce escarmouche.

C'eft chez eux qu'Amour eft à fon aife;

Il

y faute, il y danfe, il y baise,

Et foule aux pieds les contraintes fervilles De tant de loix qui le gênent aux villes.

O qu'un jour mon ame auroit de gloire D'obtenir cette heureufe victoire, Si la pitié de mes peines paffées Vous difpofoit à femblables pensées!

*

Votre honneur, le plus vain des idoles, Vous remplit de menfonges frivoles : Mais quel efprit que la raifon confeille S'il eft aimé, ne rend point la pareille?

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